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Even a broken heart can beat again [Terminée]
Jeu 28 Déc 2017 - 14:29
44 ans ≡ Américaine ≡ Gynécologue ≡ The Remnants
Vous savez, il existe tout un mythe autour du caractère de la femme asiatique. On aime les généralités, ça facilite la vie. Tenez, par exemple : les femmes conduisent mal et les hommes ne savent pas cuisiner. Pour les plus naïfs, cela permet de ne pas remettre en question l'ordre archaïque de la place de l'homme et de la femme dans la société.
Je suis contre les généralités.
Mon mari Johnny appelle ça « mon côté réactionnaire ». Adolescente, je me suis battue pour n'entrer dans aucune des cases généralement réservées aux asiatiques. La raison, par la voix de ma mère face à mes notes et les remarques de mes professeurs, m'a vite fait comprendre toute l'idiotie de cette croisade. Frustrée, mais compréhensive, je me suis tournée vers d'autres causes, plus générales. La place de la femme dans la société, par exemple. Puis la maltraitance faite aux animaux. Le traitement des Indiens d'Amérique. La malbouffe. J'ai toujours été quelqu'un d'engagé, consciente qu'il faut se battre pour garder et améliorer nos droits. J'aurais pu me tourner vers la politique, si je n'avais pas rencontré mon époux. Une politicienne et un inspecteur en couple… Je pense que celui-ci aurait rapidement battu de l'aile.
Je me suis souvent demandée ce que me trouvait Johnny. J'ai trop d'ambition pour une femme, toujours selon les généralités. Mes études, puis mon travail ont toujours beaucoup compté pour moi. Ma mère ne s'est pas saignée financièrement pour que je devienne moyenne. Ajoutez à cela le fait que je sois grandement impulsive, facilement sarcastique et possessive, et vous obtenez un cocktail détonnant pour rester célibataire jusqu'à la mort. Et pourtant j'ai été demandée en mariage.
J'ai obtenu les réponses à cette question en ouvrant finalement la bouche quelques mois après notre premier rendez-vous. Il me trouvait amusante, voyez-vous. Épatante, même. Toujours prompte à me prendre d'amour pour une cause et à faire des poings et des pieds pour que celle-ci remporte victoire. A cause de cette promptitude à m'enflammer, je suis devenue quelqu'un de plutôt cultivé. Du moins, selon le standing américain, je ne sais où pourrait me situer un comparse européen. Peut-être à « moins bête que la moyenne ». Cette culture a un prix : je suis devenue réaliste. Il est horrible d'être réaliste : nos yeux sont toujours à l’affût du petit détail qui anéantira l'illusion de bonheur.
Être réaliste vous rend attentive. Je sais, ou plutôt je sens, la détresse d'autrui. Notre maison est rapidement devenu un sanctuaire pour opprimés, au grand damne de mon mari, qui dit voir suffisamment de malheureux au travail. Il n'est jamais parvenu à me faire fermer ma porte. Ni la situation actuelle. Je suis une véritable tête de mule… Et susceptible. Ce qui me rend émotive. Je l'étais déjà avant tout ça, sauf que maintenant… Je ne peux pas blâmer les hormones tous les jours. Je pleure régulièrement. Quotidiennement. Maîtriser mes crises de nerfs demande beaucoup, beaucoup d'efforts, et c'est épuisant. Je pense que c'est normal. Avec le temps, je redeviendrai maître de moi-même.
"Ma mère est la plus belle femme du monde entier." - déclara fièrement une enfant de treize ans à un groupe de trois jeunes hommes en brandissant une photo.
Son affirmation déclencha une vague de rires contenus jusqu'à ce que ses aînés prennent la peine d'observer la photographie. Un juron admiratif résonna dans la petite pièce, transformée en dortoir pour cette nuit.
- " Genre ta daronne c'est elle ?!
- Tu t'fous de nous Kalena, aucune chance que le vieux ait pu scorer ça...
- Elle a quoi... Vingt-cinq ans ? C'pas un peu... crade ?"
L'enfant pinça ses lèvres, désapprouvant ces remarques. Si sa mère était la plus belle du monde, son père était le plus fort du monde, plus fort encore que The Rock. Bien sûr que sa maman avait pu tomber amoureuse de lui !
Magnanime, elle daigna expliquer cela aux trois ignorants qui se tenaient devant elle. Aaron, à peine dix-neuf ans, souriait d'un air moqueur, tandis que Ahmed, du même âge, continuait à énumérer toutes les raisons pour lesquelles cette union étaient tout à fait improbable et impossible. Noah, du haut de ses seize ans, était resté bloqué sur la photographie.
On pouvait y voir une femme, d'origine asiatique, qui affichait un sourire rayonnant en tenant dans ses bras deux enfants en bas âge. Très photogénique, l’œil revenait quasiment instinctivement sur elle. Ses cheveux et yeux noirs sur sa peau diaphane créaient un contraste saisissant. Plutôt ronde, probablement à cause de ses récentes grossesses, elle dégageait une aura rassurante et maternelle, qui faisait bien défaut dans le monde actuel.
- "Elle a trente-et-un ans sur la photo, Ahmed, ne sois pas bête.
- Ouh, ça clash ! - charria Aaron en poussant du coude Ahmed, qui le lui rendit bien. - Tu vas pas t'défendre frère ?
- Kalena, c'est pas parce qu'elle a les cheveux noir comme toi et tes frérots que c'est ta mère.
- Sauf que c'est moi et Shan sur la photo. En plus, j'ai la même tâche de naissance qu'elle sur le bras, regarde. - Kalena leva son bras, remonta sa manche jusqu'à l'épaule et lui montra deux tâches à la forme ronde. Noah releva les yeux de la photo et confirma ses dires. - Vous voyez ?"
Les deux plus grands n'étaient pas convaincus.
- " Ce n'est pas grave. Vous verrez bien lorsque nous la retrouverons. - décida Kalena, grande dame, en récupérant la photo. - Parce que je sais que nous la retrouverons."
***
- "Merde, il avait raison le moustique..." - chuchota Ahmed à Aaron, ébahi.
Leur sauveur, Johnny Zhou, embrassait à pleine bouche un canon asiatique : le même que celui qui figurait sur la précieuse photographie de Kalena.
Plus maigre, plus dure et plus sévère, mais la même personne. Hokulani avait quelques cicatrices visibles sur ses bras nus, ses cheveux coupés court la vieillissaient mais on ne pouvait nier sa beauté. Beauté asiatique classique, qui ne rencontrait pas partout des émules (trop petite, trop plate...), elle avait néanmoins perdu son aspect polissé d'il y a quelques années pour ressembler davantage à un soldat. Ou à un général, vu l'aura de commandement qu'elle dégageait maintenant. On ne disait pas non impunément à cette femme.
Noah était sans voix, victime d'un coup de foudre. Quand il découvrit quelques jours plus tard par hasard qu'elle avait un tatouage au bas du dos, il crut mourir. « Ua ola loko i ke aloha. »… Que ne pouvait-il comprendre l'Hawaïen !
Aaron découvrirait pour lui bien plus tard le sens de cette phrase tatouée.
***
- "Sérieux ? « L'amour donne la vie » ?
- Je suis hawaïenne, Aaron, on a plutôt tendance à prôner l'amour et l'hospitalité. Et puis, « Abandonnez tout espoir vous qui entrez ici », c'était déjà pris par ma cousine. Donc j'ai choisi un message poétique." - expliqua tranquillement Hokulani en aiguisant un couteau de cuisine.
Aaron se garda de la contredire. Après les récentes tragédies qui avaient frappé leur petit groupe, la femme avait tendance à s'emporter rapidement. Il laissa son regard se promener sur leur campement de fortune, grimaçant en voyant les trois enfants imiter leur mère et aiguiser leurs propres petits canifs. Il ne s'habituerait probablement jamais à la coupe au ras que faisait celle-ci aux plus petits, pour qu'ils soient plus difficiles à attraper.
Ils n'avaient pas d'arme à feu. Trop bruyantes. Hokulani se débrouillait avec une pelle aiguisée et ce même couteau dont elle s'occupait avec amour. Lui frappait avec une barre de fer, qui lui avait déjà sauvé plusieurs fois la vie. Les enfants avaient chacun leur canif, et Kalena avait eu le droit à son marteau.
Mis mal à l'aise par le silence qui régnait, seulement troublés par les bruits de lames, Aaron relança Hokulani, décidant qu'il avait maintenant le droit de savoir ce qui avait forgé une telle femme. L'air de rien, il lui demanda :
- "Tu sais… J'ai jamais trop compris comment le vieux a pu se trouver une dame comme toi. T'aimais les flics ou quelque chose ?"
Un rire clair échappa à la femme, qui cessa de s'occuper de sa lame.
- "Je ne peux pas nier aimer les hommes en uniforme. Johnny est tombé au bon moment, avec les mots justes. L'amour, ça ne se commande pas.
- Tu m'racontes ? C'est pas comme si j'étais attendu quelque part…
- Oh oui maman !" - s'exclama Kalena en se jetant dans les bras de sa mère, les yeux brillants. Ses frères aînés se rapprochèrent également, intrigués. Hokulani sourit tendrement à sa petite famille. Iokua, l'aîné, de dix-huit ans maintenant, guettait l'horizon. Shan se tenait en retrait : cet adolescent de seize ans n'avait plus lâché un mot depuis l'attaque. Aaron, à vingt ans, était déjà un survivant aguerri, qui savait les tirer de n'importe quelle situation. Pour leur faire plaisir et les divertir un peu, elle accepta gracieusement de raconter l'histoire de sa vie.
- "Je suis née à Hilo, à Hawaï. Votre grand-père était venu y vendre ses savoirs d'ingénieur pour quelques mois, et à cause de grand-mère, il n'en est jamais reparti. Je n'ai pas eu de frère et sœur. Il est mort pour les États-Unis quand j'avais quatorze ans. J'étais… un peu agaçante, c'est le moins qu'on puisse dire. Je ne faisais pas vraiment de grosses bêtises, mais je discutais tout. Je me suis engagée très tôt dans la vie citoyenne en participant à des manifestations et en distribuant des tracs.
- Et tu as rencontré papa en prison ! - intervint Kalena en gloussant.
- En garde-à-vue Kale, c'est pas la même chose. - la corrigea Iokua en secouant la tête. - A dix-sept ans ?
- C'est ça. C'est lui qui m'a arrêtée, et qui m'a libérée. A la fin, il pensait que je faisais exprès de me laisser attraper pour le revoir. Il était tout jeune policier à cette époque… Il a attendu que j'ai dix-huit ans avant de me proposer notre premier rendez-vous. Nous nous sommes mariés lorsque j'ai réussi le test d'admission en Études Médicales, à vingt-deux ans. Il m'a suivie lorsque je suis parti à Denver continuer mes études. Lui devenait inspecteur lorsque je recevais mon titre de médecin gynécologue cinq ans plus tard. J'ai redoublé ma première année… On est ensuite revenus à Hilo, nous avions tous les deux le mal du pays.
- Et je suis arrivé quand déjà ? - demanda Iokua, intrigué.
- Quand j'avais ving-six ans.
- Tu étudiais encore à ce moment-là !
- Oui, ça n'a pas été simple tous les jours… Mais je n'avais plus la patience d'attendre. J'avais dit à votre père que je voulais cinq enfants, il fallait bien commencer un jour ! Tu es arrivé, Shan ensuite, notre petite Kalena… la petite sœur ou petit frère qui n'a pas survécu… et j'ai décidé de m'arrêter là.
- Et on a déménagé à Seattle avec mamie aussi. C'est bête, parce que moi je commençais juste à bien savoir surfer. - regretta Kalena, qui ne s'était pas particulièrement plu dans la grande ville. Il était prévu qu'ils repartent sur leur île l'année où les morts se sont relevés. Le vol était prévu en Novembre, et voilà…
- De toute manière, c'est comme si j'avais un quatrième enfant avec toi, Aaron ! - changea de sujet Hokulani, ne désirant pas s'attarder dessus.
- Aaw, je fais parti de la famille… - fondit Aaron, une main sur son cœur pour exagérer encore ses paroles. - Je savais bien que le vieux était du genre à avoir la famille parfaite !
- Il nous parlait beaucoup de vous, les « petits cons » du quartier. Ça lui plaisait, d'être éducateur de rue. Il en avait assez de voir des choses sanglantes… Il aimait les enfants, mon Johnny.
- Et… Après que les moches soient arrivés ?"
- "Tu sais… J'ai jamais trop compris comment le vieux a pu se trouver une dame comme toi. T'aimais les flics ou quelque chose ?"
Un rire clair échappa à la femme, qui cessa de s'occuper de sa lame.
- "Je ne peux pas nier aimer les hommes en uniforme. Johnny est tombé au bon moment, avec les mots justes. L'amour, ça ne se commande pas.
- Tu m'racontes ? C'est pas comme si j'étais attendu quelque part…
- Oh oui maman !" - s'exclama Kalena en se jetant dans les bras de sa mère, les yeux brillants. Ses frères aînés se rapprochèrent également, intrigués. Hokulani sourit tendrement à sa petite famille. Iokua, l'aîné, de dix-huit ans maintenant, guettait l'horizon. Shan se tenait en retrait : cet adolescent de seize ans n'avait plus lâché un mot depuis l'attaque. Aaron, à vingt ans, était déjà un survivant aguerri, qui savait les tirer de n'importe quelle situation. Pour leur faire plaisir et les divertir un peu, elle accepta gracieusement de raconter l'histoire de sa vie.
- "Je suis née à Hilo, à Hawaï. Votre grand-père était venu y vendre ses savoirs d'ingénieur pour quelques mois, et à cause de grand-mère, il n'en est jamais reparti. Je n'ai pas eu de frère et sœur. Il est mort pour les États-Unis quand j'avais quatorze ans. J'étais… un peu agaçante, c'est le moins qu'on puisse dire. Je ne faisais pas vraiment de grosses bêtises, mais je discutais tout. Je me suis engagée très tôt dans la vie citoyenne en participant à des manifestations et en distribuant des tracs.
- Et tu as rencontré papa en prison ! - intervint Kalena en gloussant.
- En garde-à-vue Kale, c'est pas la même chose. - la corrigea Iokua en secouant la tête. - A dix-sept ans ?
- C'est ça. C'est lui qui m'a arrêtée, et qui m'a libérée. A la fin, il pensait que je faisais exprès de me laisser attraper pour le revoir. Il était tout jeune policier à cette époque… Il a attendu que j'ai dix-huit ans avant de me proposer notre premier rendez-vous. Nous nous sommes mariés lorsque j'ai réussi le test d'admission en Études Médicales, à vingt-deux ans. Il m'a suivie lorsque je suis parti à Denver continuer mes études. Lui devenait inspecteur lorsque je recevais mon titre de médecin gynécologue cinq ans plus tard. J'ai redoublé ma première année… On est ensuite revenus à Hilo, nous avions tous les deux le mal du pays.
- Et je suis arrivé quand déjà ? - demanda Iokua, intrigué.
- Quand j'avais ving-six ans.
- Tu étudiais encore à ce moment-là !
- Oui, ça n'a pas été simple tous les jours… Mais je n'avais plus la patience d'attendre. J'avais dit à votre père que je voulais cinq enfants, il fallait bien commencer un jour ! Tu es arrivé, Shan ensuite, notre petite Kalena… la petite sœur ou petit frère qui n'a pas survécu… et j'ai décidé de m'arrêter là.
- Et on a déménagé à Seattle avec mamie aussi. C'est bête, parce que moi je commençais juste à bien savoir surfer. - regretta Kalena, qui ne s'était pas particulièrement plu dans la grande ville. Il était prévu qu'ils repartent sur leur île l'année où les morts se sont relevés. Le vol était prévu en Novembre, et voilà…
- De toute manière, c'est comme si j'avais un quatrième enfant avec toi, Aaron ! - changea de sujet Hokulani, ne désirant pas s'attarder dessus.
- Aaw, je fais parti de la famille… - fondit Aaron, une main sur son cœur pour exagérer encore ses paroles. - Je savais bien que le vieux était du genre à avoir la famille parfaite !
- Il nous parlait beaucoup de vous, les « petits cons » du quartier. Ça lui plaisait, d'être éducateur de rue. Il en avait assez de voir des choses sanglantes… Il aimait les enfants, mon Johnny.
- Et… Après que les moches soient arrivés ?"
Hokulani grimaça face à la question. Elle n'aimait pas particulièrement se remémorer tous les sacrifices qu'elle avait dû accomplir en chemin pour survivre. Le nombre de personnes qu'elle avait laissées derrière elle… Ses enfants ne dirent rien, mais elle savait qu'ils n'attendaient qu'une chose : qu'elle parle. Ils avaient été séparés la première année, et elle n'avait jamais eu le courage de leur raconter ce qu'elle avait traversé avant de pouvoir les retrouver. Peut-être que le moment de le faire était venu…
Elle poussa un long soupir, sachant que le récit serait long.
- "On se préparait pour le départ, tu sais ? On allait quitter Seattle ce mois de novembre, tout était quasiment prêt. Et puis les actualités ont commencé à parler de ces tordus qui mordaient des gens. Johnny n'y croyait pas jusqu'à ce qu'un malade essaye de le mordre lui. On a voulu précipiter les choses, mais… Les avions ne partaient plus. On s'est retrouvés coincés. Lorsque la situation a dégénérée, Johnny et les enfants sont partis dans le camp de réfugiés, tu sais, celui qui réunissait des centaines de personnes et que des militaires protégeait. CenturyLink, je crois. Je devais les rejoindre avec maman dans la journée.
- Et tu n'es jamais arrivée.
- Jamais, Aaron… Jamais. Il y avait trop de fous dans les rues. Maman et moi étions retranchées chez elle, nous avions trop peur pour sortir ! C'était le chaos. Des gens sont venus chez nous pour nous voler n'importe quoi, j'ai cru que nous allions mourir. Nous sommes restées deux semaines terrées, à nous défendre contre les monstres comme nous pouvions. Les militaires ne sont jamais venus nous chercher, et nous commencions à manquer de tout. Je me souviens que le treize Novembre, nous sommes parties de la maison, et nous avons commencé à errer. Nous nous sommes déplacées de New Holly à Beacon Hill, où se trouve un hôpital pour anciens combattants. Je pensais que, peut-être, les secours pourraient nous prendre en charge là-bas.
En Décembre, lorsque nous y sommes arrivées, il n'y avait plus personne. Nous sommes tombées sur un groupe de femmes, qui avaient investi une sorte de hangar proche du parc. L'hiver a été rude… Mais nous avions réussi à créer un petit potager. Certaines savaient chasser. J'ai appris à manier une arme à feu et la bonne manière de tuer un revenant. Nous avions notre routine, et elle était efficace. Nous formions un groupe soudé. Puis, quand la chaleur a commencé à revenir... nous nous sommes aperçues qu'il était bien dangereux d'être des femmes. Nous avons commencé à être régulièrement attaquées, et pas que par des monstres. Quoi que. Les hommes, vous savez, une fois revenus à l'instinct primal… Le moins que je puisse dire, c'est que ce n'a pas été facile tous les jours. En Avril, après une attaque particulièrement vicieuse, notre chef est morte des suites de ses blessures, et j'ai été élue à la tête de notre petit groupe. J'ai… fait des choix difficiles, c'est le cas de le dire. - Elle se tut un instant alors que le visage de ses protégées lui revenaient en mémoire. Antonia, Sarah, Mary, Edith… Elles avaient commencé à douze. Il n'en restait plus que quatre aujourd'hui. Hokulani fronça les sourcils et déclara d'un ton sans appel - Il s'agissait de manger ou être mangé. Zéro tolérance.
Vous êtes arrivés fin-Juillet, comme un don du Ciel. - Hokulani serra contre elle sa dernière, émue de sentir son corps contre elle. Elle marqua une pause, submergée par l'émotion, avant de reprendre d'une voix rauque. - Et en Novembre… En Novembre, les morts sont revenus en force. Vous étiez là… Papa a été mordu, Ahmed et Noah ont été dévorés, comme la moitié de mon groupe…
- Et depuis, on marche." - conclut Aaron par charité, ne souhaitant pas lui infliger de douleur supplémentaire en l'obligeant à raconter ce qui s'était passé il y a maintenant des mois.
Johnny avait survécu à sa morsure au poignet une semaine. Conscient que la mort lui tendait les bras, il avait demandé à son épouse de l'achever, pour être sûr de ne jamais se relever. Hokulani avait accepté, s'attirant ainsi la colère de sa mère, qui ne lui adressait plus la parole depuis.
Ils avaient effectivement marché depuis ce terrible jour. Le groupe avait passé l'hiver avec un autre composé de six personnes, dont deux femmes enceintes, dans le parc de Lakeridge. Le savoir de Hokulani la rendait indispensable pour celles-ci, ce qui leur permit de rester jusqu'au mois de Mai. Des affinités se créèrent, Aaron tomba amoureux, les groupes semblaient bien partis pour fusionner. Malheureusement, une des femmes ne survit pas à son accouchement et Hokulani, traumatisée par cette mort, s'en rendant coupable, souhaita partir immédiatement. Incapable d'abandonner la femme et sa famille à leur sort, Aaron remit à son amourette à plus tard et partit avec eux sur les routes, pour les aider à trouver un refuge viable.
Ils mirent du temps à le trouver, ce refuge. Fatigués de leur longue marche, désireux de retrouver un autre groupe, ils décidèrent finalement de choisir l'ancien complexe sportif Starfire Sports comme nouvelle demeure. Proche d'un point d'eau, entouré de verdure, défendable et habitable, manifestement oublié des revenants... Le reconstruire ne fut pas non plus de tout repos : le séisme qui avait secoué la terre ce mois de novembre avait détruit une bonne partie de leurs installations et prit la vie de la mère de Hokulani. La femme s'était montrée à la fois triste et soulagée de la savoir partie.
Mais ils s'y tenaient aujourd'hui, toujours vivants, prêts à se faire leurs adieux. Aaron devait partir ce soir retrouver sa chérie. Il ressentait une émotion douce et amère à la fois à l'idée de les quitter, mais Hokulani avait insisté : il avait sa propre vie à mener. Elle serait capable de s'occuper de tout, maintenant qu'ils avaient sécurisé ce complexe sportif abandonné. Les animaux réapparaissaient peu à peu, et les groupes survivants s'apparentaient moins à des pillards qu'à des personnes désireuses de rebâtir une société viable. Hokulani avait décidé de laisser se répandre la rumeur d'une femme médecin, consciente que ce savoir pouvait sauver la vie de toute sa famille par le biais d'Aaron. Elle, de son côté, transmettait peu à peu son savoir à ses enfants.
Aaron poussa un long soupir, puis se leva. Les autres l'imitèrent, conscients que le temps de la séparation était arrivé. Il les prit chacun à leur tour dans ses bras, gravant leurs traits dans sa mémoire. Hokulani fut la dernière. Elle lui murmura à l'oreille en le serrant fort contre elle.
- " Tu es quelqu'un de bien, Aaron. Reste-le.
- Toi aussi, Hokulani… Toi aussi."
Hokulani n'osa pas lui dire qu'elle ne l'était plus depuis longtemps. Elle regarda longtemps sa silhouette s'éloigner d'eux, le visage inexpressif, souhaitant simplement à ce jeune homme bienveillant d'arriver à destination sain et sauf. Elle l’espérait sincèrement. Les bonnes personnes se faisaient de plus en plus rares…
Elle ne sait pas s'il est parvenu à rentrer. Elle ne le saura probablement jamais. Après être restée deux semaines dans son nouveau refuge, Hokulani a comprit qu'il ne serait jamais viable : elle dût remettre sa famille sur les routes. Le sort finit par lui sourire : des militaires les retrouvent et les emmènent à leur campement, où ils retrouvent de nombreux survivants. De bonnes personnes aussi, probablement.
Elle, elle n'en faisait plus partie depuis qu'elle avait regardé sa mère tomber du toit de la station.
|
passeport :≡ recensement de l'avatar. - Code:
Lucy Liu• <bott>Hokulani Zhou</bott>
≡ recensement du prénom. (prénom utilisé uniquement)- Code:
• Hokulani
≡ recensement du nom. (nom utilisé uniquement)- Code:
• Zhou
≡ recensement du métier. - Code:
• Gynécologue
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Re: Even a broken heart can beat again [Terminée]
Jeu 28 Déc 2017 - 14:35
Bienvenuuue madame ^^ une fiche postée et déjà finie ! J'aime !! \o/
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Re: Even a broken heart can beat again [Terminée]
Jeu 28 Déc 2017 - 14:36
OMG J'ai pas encore lu ta fiche que je t'envoie déjà plein de love.
Je vais le faire de ce pas, et en plus j'adore Lucy Liu
Huhu, sois la re-bienviendue
EDIT : devancé par la naine
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Re: Even a broken heart can beat again [Terminée]
Jeu 28 Déc 2017 - 14:41
/me lance un grappin dessus
REBIENVENUE
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What a lovely day.
- Maxine E. Reynolds
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Re: Even a broken heart can beat again [Terminée]
Jeu 28 Déc 2017 - 15:07
Y a des gens qui ont l'air d'avoir des bails visiblement xD
Bon retour dans le coin et j'ai hâte de voir ton personnage en action
Bon retour dans le coin et j'ai hâte de voir ton personnage en action
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Re: Even a broken heart can beat again [Terminée]
Jeu 28 Déc 2017 - 15:11
(re)Bienvenue! Bon choix de vava =)
Au fait, tu as décalé tes info dans le profil (localisation/métier)
Au fait, tu as décalé tes info dans le profil (localisation/métier)
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