Re: Life is a chessboard

Évidemment, comme il aurait pu s'y attendre, la réponse de Rogers était aussi ridicule et enfantine que lui prévu. ''La rue est à tout le monde, blablabla'', des arguments totalement bidons qui firent simplement soupirer le virologue. Les propos du redneck rentraient par une oreille pour ressortir par l'autre, lui valant un regard blasé de la part du quarantenaire qui finalement se mit à sourire d'un air mauvais. « Te porter non, te traîner par contre... mais je vais pas te toucher, j'ai pas l'intention de me rabaisser à ça. » Malgré son ton presque sympathique, ses orbes clairs montraient bien toute la haine qu'il ressentait face à son vis à vis. Il n'avait toujours pas digérer le poing qu'il lui avait assené quelques mois plus tôt, et n'hésiterait pas au moindre débordement à son égard à le foutre royalement dehors.

La voix de Joann s'éleva alors, appuyant son côté. Elle remuait le couteau dans la plaie mais qu'importait, le virologue n'était pas touché le moins du monde par la situation merdique qu'avait engendrée l'attitude de Rogers, il serait le seul à porter la mort de Siobhan sur ses épaules. Lorsque le concerné hurla une nouvelle fois qu'il ne pouvait pas bouger, Davis secoua simplement la tête. « Soit, avec un peu de chance tu te prendras une balle perdue » avait-il lancé son un ton neutre avant de se détourner pour se remettre aux côtés de son amie et Blackmore.

Il remarqua la voiture qui était désormais garée non loin du domicile des Chambers. Le moment était venu pour la plupart de ne pas risquer inutilement leurs vies. Quand la Canadienne s'adressa à nouveau à lui, il plongea dans le sien son regard clair, toute forme d'animosité disparue, et secoua la tête en souriant brièvement. « Non. Allez vous mettre plus loin, on sait jamais. » Mieux valait jouer la prudence en effet, qui savait ce qui allait encore arriver... Le sénateur ne pourrait pas s'en tirer aussi facilement, et s'ils ne lui réglaient pas son compte dans la maison, le brun osait espérer qu'ils ne le laisseraient pas partir du camp aussi facilement. Il fit à son tour quelques pas pour se diriger vers Phelbs et Amrani. « Quoi que vous ayez prévu, il va falloir agir avant que la troupe ne s'affole à nouveau » avait-il lancé à titre informatif, aucun ordre dans son ton. Il ne servirait sans doute pas à grand chose, pas vraiment capable de se mettre en sniper comme certains militaires l'avaient fait. Un court instant, Davis repensa à l'attaque du lycée, lorsqu'il était disposé sur le toit aux côté de Mason. Soupirant pour lui-même, il avait reporté son attention sur la fenêtre donnant sur le bureau du Sénateur. Les choses allaient se gâter encore, sans doute.

Spoiler:

Il n’y avait pas à dire, j’avais déconné avec cette histoire, les mots de Joann étaient en train de vibrer en mois alors que tout tournait. Oui, Chambers avait tué sa femme à cause de moi, c’était une certitude, mais est-ce que je l’en avais forcé ? Pas vraiment… Il l’aurait de toute manière non ? Sans doute que j’étais la cause, mais je n’avais pas envie d’être responsable. Je n’avais pas à être responsable en aucun cas je n’aurais tiré sur Ruby ! J’aurais donné ma vie pour elle, je me serais tué par amour pour elle si ça avait pu la maintenir en vie ne serait-ce qu’un peu plus longtemps. J’avais prié Dieu et les anges des jours durant pour espéraient qu’il me la redonne, mais ce n’était pas le cas. Je n’avais pas continué d’espérer pour autant.

Je ne comprenais même pas comment il avait pu prendre sa femme en otage, comment il avait pu menacer cette dernière. Mon cerveau ne pouvait pas comprendre comme un connard pouvait faire un truc comme ça. Peut-être que j’étais trop perdu dans les limbes de mon esprit pour véritablement comprendre, peut-être qui me manquait des clés, mais si j’étais responsable de sa mort, j’assumerais cette responsabilité. Des gens, j’en avais tué, des enfants, j’en avais tué même si je n’étais pas si heureux que ce soit arrivé, oui, ça faisait mal, mais cette fois, contrairement à toutes les autres ce n’était pas moi qui avais appuyé sur la gâchette.

Finalement, la main tremblante que j’avais tendue vers mon frère chuta le long de mon corps, j’avais remarqué Lawrence partir et sans doute que les deux abrutis aller faire la même chose. C’était tout ce que je souhaitais. J’avais la bouche pâteuse et une terrible sensation de mal-être. J’avais la vague impression que tout ça ne passerait pas et que même avec la meilleure volonté du monde, il deviendrait compliqué pour moi de passer outre. Alors que je fermais les yeux, je revoyais Ela me disant qu’elle désirait me parler de tout ça après et j’avais l’impression que ça allait être mauvais. Je savais que dans cette situation m’man m’aurait défoncé, Ruby aussi sans doute d’ailleurs. Mais ça je ne le saurais jamais puisque l’une comme l’autre n’était plus parmi nous depuis quelques années.

- C’est ça, cassez-vous…

J’aurais voulu le hurler, mais ce n’était qu’un murmure qui sortait de mes lèvres traduisant une fois de plus que je n’étais plus apte à grand-chose.

Spoiler:

Jason eut les plus grandes peines du monde à conserver son calme alors que le trio infernal était venu leur chercher des noises, à son frère et à lui. Ils n'avaient rien fait de pire que de tuer le temps sans faire de mal à qui que ce soit, mais non. Certains avaient la passion d'emmerder le monde et devaient l'assouvir. Sans doute étaient-ils aussi en train de s'ennuyer et avaient-ils trouvé les deux frères comme boucs émissaires. Le blond n'était assurément pas quelqu'un de patient ni de réfléchi, tout le monde le savait et pouvait en témoigner. Mais la seule chose qui le retint de mettre son poing dans la figure de Lawrence et qui lui fit garder les mâchoires serrées était l'idée finir à la porte pour ce genre de geste. Au vu de la blessure de Merl, ils ne pouvaient pas se le permettre. Il laissa passer l'instant sans vraiment écouter leurs bêtises, ce qui était le meilleur moyen d'éviter d'exploser. Il passa à un cheveu de le faire tout de même et de tomber sur le râble de Lawrence en entendant la pic que fit ce dernier avant de partir. Au moins les laissaient-ils en paix.

« Putain de bande de trous de balle de... de... de phoque congénitaux !

Le jeune homme tremblait de rage difficilement contenue. Son aîné le connaissait et avait fait un geste pour le tenir tranquille pendant l'échange. Se levant en trombe, il fit les cent pas avant de ramasser de la neige pour en faire des boules qu'il balança rageusement sur la façade. Il avait envisagé de porter son frère jusqu'à un autre endroit. L'intérieur de la maison du sénateur s'il le fallait, comme ça ils sauraient pourquoi ils venaient les emmerder. Au bout d'un moment, il se calma et se rapprocha de Merl, qui avait l'air définitivement vidé.

- Eh... Ça va ? Tu veux quelque chose ? Boire, manger ? Je sais pas ce qu'ils foutent là-bas mais de toute façon ça nous concerne pas pour l'instant. Si ça se met à bouger, on le verra bien. »

Spoiler:

Mon regard était fixé sur leurs dos. J’étais intimement persuadé qu’on ne risquait rien ici et même si on avait tort ce n’était pas si grave que ça. Je regardais mon frère bougé avec les yeux dans le vague, non pas que je ne prêtais pas attention à lui, disons plutôt que ma force était ailleurs. Je souriais en le regardant faire. J’étais quand même chanceux d’avoir un petit frère comme lui. Quand il finit de se calmer les nerfs, il se rendait alors compte que ce n’était pas le pied pour moi, même si je faisais de mon mieux pour le cacher.

- Je veux rester là… Tout ira bien…

J’avais envie de continuer de surveiller tout ça d’aussi loin, pour m’assurer qu’il n’arriverait rien à Ela. C’était débile parce que je ne pourrais rien faire à cette distance avec mon trou dans la jambe, mais bon ça, je le gardais pour moi. Je me redressais enfin essayant de montrer à mon frère que c’était juste passager. Je comprends qu’il s’inquiétait et je ne pouvais pas lui en vouloir, mais c’était moi le grand frère, c’était à moi de m’occuper de lui et pas le contraire.

- Écoute, si vraiment tu me sens partir, amène-moi au chaud, mais sinon, il n’y a pas de raison.

Je lui donnais une tape dans le dos, sans doute un peu plus faible que d’ordinaire, mais tout était en place. J’avais l’impression que rester sur ses marches me permettait doucement de reprendre mes esprits. Il était évident qu’il devrait sans doute faire un peu plus que juste me soutenir pour rentrer à la maison, mais ça, c’était un détail. J’avais une certaine fierté, concernant ma force physique, mais tant qu’il s’agissait de mon frère, je savais m’en accoutumer. Mon regard se posa alors sur la fenêtre de l’étage de la maison où Chambers c’était enfermé.

- Je suis presque certain que mon chapeau est resté à l’intérieur.

C’était une pensée totalement débile alors qu’il y avait tout un tas de choses en plus desquels s’inquiéter. Par exemple l’état de la jeune fille à l’intérieur, savoir si la femme allait se réveiller pour les bouffer. Mais non, la seule chose qui avait de l’importance en ce moment, c’était mon chapeau.

Spoiler:

Donovan ne lâchait rien et au-dessus de son épaule, la veuve appuyait qu’il ne fallait pas mettre la nounou en danger. Les traits fermés de l’avocate ne trahirent pas sa contrariété mais tout de même : elle voulait bien résoudre ce dilemme sans accroc mais encore faudrait-il que ses alliés y mettent du leur. Puisqu’au moins le militaire acceptait que sa petite-amie soit là pour s’occuper de la petite, les doigts pâles de la rouquine pressèrent le bouton du contact pour reprendre suite au conseil de l’israélienne :

- Ok. On la fait venir alors. Elle ne rentrera pas, mais il faut qu’elle soit présente pour le moment où Nina sera libérée.

Si elle était libérée. Mais June n’en parla pas ; pas plus qu’elle ne s’attarda sur le ressenti du sniper à savoir Beatriz dans les parages. Ils ne pouvaient pas faire les choses à moitié et en acceptant qu’elle ne tente pas de discuter avec le sénateur, la quarantenaire laissait déjà de côté le meilleur de ses atouts. La voiture arrivait alors, se frayant un chemin dans la rue efficacement dégagée et tout en la suivant de ses yeux d’émeraude, l’avocate répondait aux questions de Ela.

- Rassure-le, dis-lui qu’on a le temps, qu’on ne lui veut pas de mal, que la voiture est prête. Si on a son attention en lui montrant qu’on fait un pas vers lui, peut-être qu’il en fera un vers nous.

La rousse fut interrompue par la gamine qui osa monter le ton à son égard. Elle n’eut qu’à froncer les sourcils, fixant Evelyn d’un air glacial pour que cette dernière revienne immédiatement sur son comportement. Une seconde supplémentaire – rien que pour la faire languir – elle la dévisagea en silence avant de désigner une partie du trottoir sur lequel Benjamin Chambers devait avoir vue depuis son bureau.

- Là, bien en face de la fenêtre ; et pas si vite Miss Collins, la rattrapa-t-elle avant qu’elle ne s’éloigne, transmettez l’information et allez me trouver Beatriz Guttierez. Je la veux ici le plus vite possible, June reporta alors son attention à Ela comme si elle venait d’être dérangée par une enfant mal élevée, et bien entendu, ne le menace pas ni ne lui laisse comprendre que nous sommes prêts à l’abattre. Il faut créer un lien de confiance, pas le stresser plus qu’il ne l’est déjà, la quadragénaire n’avait pas trop d’inquiétude concernant les compétences de sa cadette, une dernière chose… une fois là-dedans, tu seras seule. Si tu veux nous faire entendre quelque chose que tu juges important, allume simplement le talkie.

Ah oui, il y avait ça aussi : ne pas laisser le sénateur comprendre que l’israélienne était missionnée et en contact avec l’extérieur. Il devait croire à une bulle isolée, pour cela, la veuve ne pouvait pas se permettre de contacter ses alliés ouvertement.

Spoiler:

Prête à partir dans le but de prévenir Clayton pour parquer la voiture là où Phelbs le désirait, cette dernière l'interpella. Les billes brunes de la jeune fille se plantèrent dans les siennes. La première demande, pas des moindres mais c'était dans ses cordes, rien à voir avec ce qu'elle s'était imaginée des jours, même des semaines, à l'idée que cette femme puisse se servir d'elle à des fins peu scrupuleuses. Il lui fallait ramener Béatriz, elle pouvait le faire, et elle pouvait tout aussi bien demander de l'aide au routier pour trouver l'endroit où se trouvait la jeune femme en question. Elle ne la connaissait pas plus que ça, ni ne savait véritablement où Donovan vivait, dans le cas présent la mission pouvait être plus difficile qu'il n'y paraissait si, toutefois, elle mettait dix plombes à trouver le logement de Floyd, mais Evelyn ne doutait pas que Clayton fusse au courant. Opinant, jetant un dernier regard encourageant à Ela qui s'apprêtait à rentrer de nouveau dans la demeure, Collins gonfla ses joues d'air puis souffla avant de s'éloigner au pas de course vers le véhicule dans lequel Buchanan attendait encore.

Se penchant par la fenêtre conducteur qu'il avait ouverte, elle reprit une goulée d'air et lui désigna l'endroit exact imposé par l'avocate avant de reculer pour le laisser manœuvrer. Quand il quitta la berline, la jeune fille attendit qu'il revienne vers elle, sans doute prêt à dégager la zone comme bien d'autres, pour le solliciter une dernière fois.

- J'aurai besoin que tu m'emmènes chez Donovan, enfin si c'est bien là que se trouve sa compagne. Dans le doute, la gosse préférait tout dire. Le temps était précieux, si Beatriz ne se trouvait pas là bas, que l'ex-routier pouvait la mener directement au bon endroit, les choses iraient plus vite. J'suis jamais allée chez lui, j'ai aucune idée de où il vit, mais Madame Phelbs insiste sur la présence de Beatriz. Me demande pas pourquoi j'en ai aucune idée et j'ai pas demandé....

C'était sans doute bête, mais June avait été claire lorsqu'elles avaient conversé toutes deux à peine avait-elle fait dégringoler Cain dans les escaliers de chez les Blackmore, elle devrait obéir quoi qu'il advienne.

- Faut simplement qu'on la trouve et qu'on la ramène ici très vite. Tous se mettent en place, je n'sais même pas c'qu'ils prévoient, mais étant donné le gilet que porte Ela... Inquiète, elle reprit une grande inspiration pour chasser les idées sombres qui lui assaillaient l'esprit et emboîta le pas à son aîné. j'espère simplement que ça n'finira pas mal.

Spoiler:

C’était le moment. Si Ela était nerveuse elle n’en laissa rien paraitre, et ce malgré son cœur qui tambourinait dans ses oreilles à cause de l’adrénaline. June avait été raisonnable, Donovan acceptait la présence de Beatriz – à condition qu’elle ne soit pas mise en danger, Ela était de son avis. Cet enfant était bien trop précieux. Tout comme la pauvre Nina coincée à l’intérieur du bureau de son père avec le corps de sa mère qui risquait à tout instant de se relever. Il était temps d’agir, c’était le moment.

Elle écouta son aînée très sérieusement, elle n’était pas entrainée pour ça. Mais l’israélienne avait de la ressource et elle irait puiser le courage que ces derniers mois lui avaient donné. Evelyn les interrompit, et June la toisa comme s’il s’agissait d’un moucheron entachant sa botte. L’israélienne ne releva pas mais offrit un léger sourire à Evelyn, se voulant rassurante ; tout irait bien. Peut-être pas, mais dans le pire des cas, dans le pire des scénarios… Elle serait avec toi. L’israélienne n’avait pas peur de ce qui l’attendait de l’autre côté. « J’y vais, je serai prudente. » Elle avait pris les avertissements au sérieux. A l’intérieur, elle serait seule. Il n’y aurait que son talkie en cas d’alerte. Et encore. Elle greffa son talkie à sa hanche. L’israélienne se dirigea vers l’entrée de la maison. Elle marqua un temps d’arrêt avant d’entrer, elle avisa June qui avait les choses en mains et discutait avec Lawrence, Evelyn s’en allait – ce qui n’était pas pour lui déplaire – elle balaya la foule du regard, rapidement, comme si elle cherchait quelqu’un mais, elle finit par se détourner et entrer. Elle traversa l’entrée et monta les escaliers. Sur le seuil, elle prit son talkie : « June… » Fit-elle, d’une voix douce. « Pour le bien de tous, Nina doit survivre. » Elle devinait la manœuvre de la rousse derrière, et l’israélienne avait confiance en elle pour diriger les choses. Mais si Nina n’en réchappait pas, elle serait considérée comme la femme qui n’avait pas ce qu’il fallait pour sauver une enfant. C’était difficile à rayer des mémoires.

Avant d’aller plus loin, Ela coupa son talkie et s’avança. Elle eut une hésitation en voyant le Stetson de Merl à terre, son cœur eut un raté. Hier encore, l’homme le lui confiait pour lui donner le courage d’avancer. C’était un peu ridicule peut-être, mais le voir là lui sembla être de bon augure. Alors d’apparente confiante, Ela s’avança jusqu’au bureau et toqua, trois coups. « Sénateur Chambers ? C’est Ela Amrani. » Elle n’était pas certaine d’avoir entendu de réponse. « Votre voiture est prête, elle est dans l’entrée, vous devriez la voir. » Fit-elle doucement. Son ton était mesuré, prudent. Elle pouvait s’écarter, attendre. Mais elle était venue ici pour tenter d’établir un contact. Alors elle se lança : « Je suis désolée, pour votre femme. Je suis désolée aussi, Nina, pour ta maman. Je sais ce que vous êtes en train de traverser … » Elle n’eut pas besoin d’en rajouter, simplement de laisser son propre chagrin parler pour elle. Abel Amrani était mort lors de l’attaque des pilleurs, personne n’ignorait à quel point la veuve était au plus bas. « On ne se remet jamais complètement d’une telle perte… Si je peux vous aider d’une façon ou d’une autre… » Elle n’osa pas en dire plus, c’était difficile à travers une porte. Elle aurait voulu demander si Nina allait bien mais… C’était suffisant. Prudente, l’israélienne retint son souffle.