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Qu'étaient ces drôles d'échos qui vrombissaient entre ses tempes ? Elena avait le regard vide, figé sur le convoi qui s'en allait, leurs amis entre leurs mains. Les paroles de Caleb résonnant encore dans sa tête. Le visage de Ludwig toujours là, comme s'il n'avait pas été enlevé. Ses mains, constellées de sang, tremblaient toujours. Comment avaient-ils pu en arriver là ? Les cris de Nathaniel, le désespoir et les larmes des siens étaient toujours profondément gravés. Douloureux. Sa cage thoracique peinait à recevoir de l'air. La grecque était abattue, ruinée. Ses yeux humides n'exprimaient rien d'autre qu'un terrible désespoir. Elle était impuissante, et ce seul sentiment lui compressait la poitrine.

Elle n'avait pas eu la force d'ouvrir la bouche de nouveau. Rien ne serait parvenu à sortir de toute façon. Elle avait seulement assister au départ de ses amis, de sa famille. Silencieusement, la jeune femme se promit de les sortir de là. Elle les sauverait, elle ne les laisserait pas finir comme Megan. Pauvre Megan... Elle les tuerait tous. Elle leur ferait payer pour le mal qu'ils causaient. Demain, le désespoir laisserait sa place à la rage, et la grecque dédierait chaque foutue seconde à l'élaboration d'un plan. Elle les aurait. Elle ramènerait les siens à la maison. Putain, oui. Ne t'en fais pas Ludwig, je viendrais moi même arracher le coeur à tes geôliers. Je viendrais te chercher. Peu importe si pour ça je dois mettre à feu et à sang toute une population. Peu importe si dois perdre mon âme dans ce voyage là. Je vous sauverai.

Et puis une main fit pression sur son bras, et la mine grave qu'on lui adressa lui fit comprendre qu'elle devait rentrer. Elle s'avança jusque dans la pièce où on avait mis Axel, et elle entendit les mots fatalistes de Caroline. Nouvelle douleur qui lui vrilla le ventre. Un coup de poignard aurait fait moins mal. Elle détourna les yeux, entrouvrit les lèvres pour capter un peu d'air. Ça faisait tellement mal. Elle ne pouvait plus le regarder. Cet homme qui avait gagné son respect. Cet ami, ce frère d'armes. Elle ne pouvait plus entendre les sanglots de Shawna. Affronter les regards de ceux qui l'entouraient. Elle ne pouvait pas non plus entendre ça. Non, pas lui. Elle secoua la tête, presque nerveusement. « Non. Fais quelque chose Caroline. » N'importe quoi. Mais Elena refusait de le perdre lui aussi. Ils avaient besoin de lui, plus que jamais. Le masque se fissurait un peu plus. À chaque seconde de plus où la respiration du brun perdait en vigueur. « Faites quelque chose putain ! » Sa voix s'était faite plus ferme, elle avait intimé dans un cri rageur à la vétérinaire, Quinn et Isha d'agir.

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    Étendu sur le canapé de la salle commune du ranch, j'observais sans vraiment le voir le plafond de ce lieu qui était mon chez-moi, persuadé que je le verrai pour la dernière fois sans vraiment vouloir y croire pour de bon. L'espoir n'est-il pas une capacité première des Hommes ? Et la vérité était qu'une fois encore je me retrouvais moi-même victime de ces faits humains. Parce-que l'espoir faisait mal, un mal de chien. Plus de mal encore que cette blessure qui m'affaiblissait de plus en plus. Que feront-ils après ? Que fera Shawna ? Que deviendra Liam ? Auront-ils la chance de voir des jours meilleurs ? Sauras-t-il devenir cet homme que j'aurai été si fier de voir grandir ?

    Ayant jusqu'alors senti la main de ma petite-amie dans la mienne, le contact se rompit lorsque Caroline approcha pour prendre connaissance de l'étendu des dégâts. Dis leur que les choses vont s'arranger, que tout n'est pas terminé. Dis le, au moins pour eux... Mais la sentence tomba, et l'espoir se brisa net, ne laissant que cette douleur incommensurable qui enserrait mon cœur. Fermant les yeux en serrant les dents, je déglutis difficilement. Ainsi donc tout était terminé. Pour de bon. Après avoir passé la quasi totalité de ma vie à ne pas savoir ce que je faisais là, ne pas y trouver ma place, je me retrouvais finalement arraché à ce monde et cette famille qui m'avait donné un but là où je ne voyais que du vide.

    La voix d'Elena s'éleva non loin, parmi tous les autres sanglots et réactions suite à l'annonce de la vétérinaire. Un poids de plus à porter sur mes épaules, et c'était là le plus lourd : la souffrance de ceux qui m'entouraient, de ceux qui comptaient. Ils auraient dû me laisser là-bas. Ces enfoirés n'auraient jamais dû infliger aux miens de me voir de la sorte... Le cri de la Grecque me fit cependant rouvrir les yeux alors que je tournais la tête pour chercher son regard.

« Elena... » Ayant capté son attention, je m'étais contenté de secouer brièvement la tête.

    Accepter son sort. Accepter que demain ne sera plus. Elle devait le faire elle aussi, ils devaient tous le faire. Et surtout ils devaient se battre, se battre pour les nôtres, se battre pour ne pas flancher sous toutes les horreurs du monde. Se battre pour ne plus avoir à pleurer qui que ce soit. Les mots d'excuse de Caroline me firent reporter mon attention sur elle.

« Ne le sois pas » avais-je soufflé d'une voix faible en relevant doucement la main pour serrer la sienne une seconde. Et un sourire naquit brièvement sur mes lèvres. Un sourire relativement fade qui devait contraster outrageusement avec la pâleur de ma peau, mais un sourire qui voulait dire beaucoup. Merci. Merci pour ce que tu es, pour avoir été là constamment, pour Liam, pour eux. Merci.

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