Shawna monta à l’étage, comme lui avait intimé Jonathan. Suivant Quinn et Jolan, la coiffeuse gravit les marches, Liam dans ses bras. Le regard échangé avec Axel, quelques secondes plus tôt, n’ayant pas suffi à la rassurer, la peur commençait déjà à la prendre au ventre. Et c’était loin d’être terminé. Chacune entra dans une pièce, et la jeune maman s’approcha prudemment de l’une des fenêtres avant de tirer le plus délicatement possible le rideau. Une fois le morceau de tissu tiré, elle jeta discrètement un œil à l’extérieur. « Non… » Murmura-t-elle alors qu’elle se décalait déjà du cadran de la fenêtre après avoir brièvement aperçu deux silhouettes à l’extérieur.

« Shawna, faut pas qu’on reste là, y’en a qui arrive par là. Il faut partir avec les petits. » Ils étaient cernés. Sentant son cœur rompre dans sa poitrine, Shawna se figea alors que la voix de Quinn lui sommait de la suivre. Finissant par prendre la métisse par le bras, elle peina à la faire avancer jusqu’en haut des escaliers. Elles ne devaient pas rester là. Elles commencèrent alors à descendre les premiers marches tandis que des éclats de voix s’élevaient à l’extérieur. Puis brusquement, il y eut une détonation, puis une autre. La coiffeuse sursauta, avant de s’arrêter net. Il lui semblait avoir entendu la voix d’Axel. « Faut y aller, Shawna ! » Lui souffla alors l’autre jeune femme pour l’encourager.

Mais la jeune mère sursauta encore lorsque la porte vola en éclat et qu’elle entendit du monde entrer dans la maison. « Ils sont entrés… » Shawna sentait la peur inonder ses veines, la moindre partie de son corp. Que pouvaient-elles faire à présent ? Elles n’avaient même pas eu le temps d’alerter les autres… Leurs ennemis étaient trop nombreux. Les deux jeunes femmes remontèrent alors les quelques marches en silence. Elles étaient prises au piège. Elles ne pouvaient que se cacher et espérer que personne ne les découvre… Mais elles n’eurent pas eu le temps d’aller jusqu’à la première chambre que Liam commença à gémir doucement, sûrement perturbé par tout ce vacarme. Shawna tenta de le bercer pour le calmer, mais le petit se mit à pleurer, encore plus fort…

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Jon hocha la tête à la requête faite par Axel. L’un et l’autre connaissaient pertinemment les dangers encourus, mais avaient-ils le choix ? Ils souhaitaient mettre les enfants en sécurité alors autant tenter la fuite. L’ancien livreur attrapa le hachoir pour lequel il avait opté plutôt qu’une arme à feu avec laquelle il savait d’avance que n’importe quel tire serait un échec si la cible se situait à plus de deux mètres. Adressant un regard à sa fille, il sentit sa gorge se nouer mais esquissa un sourire malgré tout avant de se retourner pour suivre Axel qui se trouvait déjà à l’extérieur.

Pourtant, le plus jeune des deux ne franchit pas la porte, non pas par manque d’envie, mais parce qu’il n’eut guère le temps. Se mettant contre le mur à côté de la sortie, il jeta un coup d’œil de l’autre côté où il vit Axel opposé à trois personnes. Pas le temps de cogiter ou d’agir que deux coups de feu se font entendre. Jonathan sursauta de surprise en pensant déjà à leur fin. Pour ne rien arranger, de lourds coups finirent par percer la porte qui, dans la foulée, fut littéralement défoncée. Pour lui, il était évident qu’il vivait ses derniers instants, tout comme le leader du groupe. L’assaut était lancé. Peut-être que les connards n’avaient pas vu les enfants et qu’ils pensaient que quelques personnes tentaient de fuir. Chose parfaitement qu’il voulait croire dur comme fer. Ils n’avaient pas fait tout ça pour rien et même s’il restait une chance des plus minimes pour les enfants Quinn, Isha et Shawna, alors il fallait tenter le coup. A choisir, mieux valait mourir dans les deux minutes en ralentissant autant que possible ces connards que de les laisser tous les massacrer, bien que la finalité pouvait ne pas changer.

Sans sentir un seul instant une once de culpabilité vis-à-vis d’Axel et sans réfléchir, il se jeta sur la personne venant de pénétrer dans les lieux sans prêter attention à s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme, pour lui, il n’y avait aucune différence, il s’agissait d’un assassin sans distinction de genre. Dans sa chute, s’il perdit son arme, il aperçut du coin de l’œil Isha emmener des enfants à l’étage. Cette image des plus furtives représenta pourtant un soulagement énorme pour Jonathan, un poids lui fut ôter et son visage changea du tout au tout pour afficher une rage. « Va bien t’faire foutre sale pute ! » dit-il en serrant les poings avant de commencer à frapper de toutes ses forces le visage de la jeune femme tandis que l’amérindien refit surface et se jeta à son tour sur un homme qui venait tout juste d’entrer, puis un nouveau coup de feu résonna et fit faiblir Jonathan.

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Manqué. Elle lui avait arraché un peu de duvet mais ce n’était pas ça qui allait l’arrêter. Bien au contraire. Victoria l’avait énervé et il dégainait maintenant un long couteau en s’avançant vers elle d’un air mauvais. Vraiment… le désespoir avait quelque chose de pathétique. Pensait-il seulement pouvoir l’atteindre ? Croyait-il qu’il suffisait de crier suffisamment fort qu’ils n’auraient tout sa bande de copains pour que ce ne soit pas le cas ? Même son pote s’était barré, sans doute en direction des coups de feu qui avaient retenti de l’autre côté de la maison. Le renfort enfonçait la façade et lui… il était seul.

A peine remit de la bastos qui s’était écrasée sur la plaque de son gilet pare-balle que Ludovic se jetait sur Davy Crocket comme un buffle. En quelques échanges musclés, il le maitrisa, le manche de sa hache écrasant sa gorge. Ça devait être un sacré morceau, il ne semblait pas facile à garder en place. Néanmoins, le paysan avait beau se débattre jusqu’à en rougir de rage, il était fait. Sur fond sonore de déflagration, de fracas et de cris, la pigiste s’avança lentement vers lui.

- J’comprends vraiment pas… pourquoi pas juste laisser tomber ?

Elle était à sa hauteur désormais, son regard glacial plongé dans le sien. Pas de sourire, pas de plaisanterie, car même pour elle, ce moment était sérieux. Victoria avait toujours été clair avec Zack sur sa façon de penser : il y avait deux types de personnes dans ce monde. Les dominants, les dominés. Pas d’entre deux, pas d’entorse à la règle. Si seulement tout le monde était capable d’embrasser sa vrai nature…ce serait plus simple. Et putain de moins fatiguant. Poussant un soupir dépité, l’ancienne pigiste tira brusquement son couteau professionnel et fit sèchement pénétrer l’acier dans le ventre de l’inconnu. Jusqu’à la garde. Une seconde, elle le fixa dans les yeux sans ciller et retira son arme de la chair.

- S’tu veux ma version des faits, il s’est j'té sur moi et j’me suis défendue, inventa-t-elle avec nonchalance en relevant son attention sur son complice, mais faut l’choper vivant alors…, elle essuya négligemment sa lame sur les vêtements de sa victime, on l’embarque comme ça.

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Ela avait été claire ; les enfants d’abord. Mais elle savait d’avance en croisant le regard de ceux qui composaient son équipe que de canaliser une telle énergie serait compliquée. D’autant plus qu’elle n’avait pas encore capté tout le respect des gens autour d’elle. L’étiquette de veuve fragile et fragmentée lui collait plus à la peau que son nouveau statut. Au moins avait-elle la présence de Jane et de son équipe pour la seconder. La présence de Morgan la confortait un peu, celle de Victoria par contre… C’était ‘grâce’ à elle qu’ils avaient récupéré deux otages. Elle réservait son jugement pour plus tard.

Comme soupçonné, l’autre camp avait tenté d’évacuer les enfants. Malheureux. Ils s’étaient mis en route, jusqu’à les retrouver coincé dans une maison. Entouré des Marines de Jane, Ela s’était arrêtée alors que Jenna donnait de la voix, en une comptine lugubre. Pour le coup, elle n’eut rien à répondre à Victoria, surprise également. Puis les choses s’enchaînèrent trop rapidement pour qu’Ela puisse intervenir. Au contraire, un peu résignée, elle leva la main pour empêcher Jane d’interférer. Deux coups de feu à l’arrière. Les grognements énervés de Lucas.En vie, donc. Puis la folie de Jenna qui défonça la porte d’entrée. Clayton qui suit à l’intérieur de la maison. Des pleurs de bébés. Ela jeta un coup d’œil à Morgan qui n’était pas encore intervenue non plus. L’israélienne soupira.

Mais quand elle se mit en marche, ce fut avec allure et dignité. Gilet pare-balle, Glock chargé à droite, le couteau d’Abel à gauche et un chargeur à l’arrière, elle était équipée et pourtant, elle ne prit aucune arme en main. Enlevant juste la sécurité de son arme avant d’entrer dans la maison. Elle jeta un coup d’œil à Jane ; « Tu viens avec moi, laisse des gens en bas avec Morgan. Les autres, on y va. » Sur ces mots, Ela adressa un signe de tête à la rouquine, espérant son soutien afin de calmer le jeu. Accompagné de Jane et d’un autre marine, les mains toujours libre, elle monta à l’étage. En haut des marches, elle laissa les militaires passer devant. Au fond du couloir, un bébé pleurait. Cela effleura le cœur d’Ela. Les militaires firent leur boulot, enfonçant la porte et ils braquèrent Shawna et Quinn, Ela restant légèrement en retrait mais bien visible, sans arme à la main. L’israélienne jeta un coup d’œil à la ronde, découvrant les enfants apeurés. Alors naturellement, elle eut un sourire tendre lorsqu’une gamine la dévisagea (Hope). Puis elle leva les yeux vers l’une des femmes, blonde et avec une voix tout aussi douce que son sourire, elle prit la parole. « Pardonnez mes amis… Ils sont un peu à cran ces temps-ci … Mais il faut les comprendre, ils vous ont proposé une protection, et vous vous enfuyez comme des voleurs. Avec des enfants qui plus est. » Dit-elle en fronçant un peu les sourcils, l’air de les gronder pour ce geste inconsidéré. « C’est trop dangereux pour eux dehors. » Son regard s’attarda sur le nourrisson qui pleurait à chaudes larmes, avant de jeter un coup d’œil à tous les enfants, avec un sourire des plus engageants. « Nous sommes venus vous ramener à la maison, je pense que ce serait mieux pour tout le monde. N’est-ce pas les enfants ? » Dit-elle avec une pointe d’excitation et un sourire… tellement en décalage avec la situation actuelle. Elle avait l’air de venir d’une autre planète. Mais elle et les militaires veillaient. Au moindre geste, Ela dégainerait sans sourciller. Elle arracha un timide sourire à l’un des enfants, avant qu’elle ne relève la tête vers Shawna. Un sourire engageant aux lèvres.

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« Chuuuuut... » Shawna essayait tant bien que mal de calmer les pleurs de son fils. Malheureusement, il ne fallut pas longtemps pour que Jolan s'y mette à son tour, alors que la coiffeuse et Quinn s'étaient réfugiées dans l'une des chambres. Désemparée, la métisse échangea un regard effrayé avec son amie, alors qu'en bas retentissait un fracas terrifiant.

Puis brusquement des pas retentirent dans le couloir, à quelques mètres de là. Dans la chambre les pleurs des plus jeunes ne cessaient pas, Shawna eut la sensation de suffoquer à mesure que les bruits du couloir se rapprochaient. Mais finalement, ce fut la voix d'Isha qui retentit, alerté par les pleurs des petits. Un maigre espoir pourtant, l'amérindien fit son apparition dans la pièce accompagné des enfants. Il eut à peine le temps de leur dire de ne pas bouger de là, qu'il disparut aussitôt. Shawna ferma la porte à clé et attrapa alors Hope par le bras, avant de la serrer contre elle. « Viens ma puce... » Elle tira doucement la petit fille vers le bord du lit avant de s'y asseoir. Elle posa sa main contre la joue de la petite, tout en captant son regard effrayé, avant de lui dire d'une voix la plus calme possible. « Hope. Tu tu rappelles de la berceuse que tu chantais à Liam l'autre jour ? Tu t'en souviens ? Je crois que je vais avoir besoin de toi pour le consoler. Et... Et Jolan aussi... Tu... Tu veux bien m'aider? » Tenir bon, ne pas plier devant les enfants... Shawna ne pouvait décidément pas craquer maintenant, pas avec tous les petits ici. Une larme perla sur sa joue, mais elle offrit tout de même un sourire à la fille d'Ashley alors que la voix de la petite fille s'était finalement mêlée à la sienne, elle serra encore un peu  plus fort Liam contre elle.  

« Eloignez-vous de la porte! » Clama Quinn, alors que du bruit s'élevait derrière la porte. Shawna eut à peine le temps de se lever et de se reculer avec Hope et Liam, que la porte céda. La petite fille lâcha un cri, et la métisse serra sa main aussi fort qu'elle put. Là, apparut une femme, accompagné de deux soldats, leurs armes braqués sur les deux jeunes femmes et les enfants. Et maintenant ? Quoi ? Ils allaient s'en prendre aux enfants, aux bébés ? Le regard de Shawna se posta alors sur la femme qui venait d'entrer. La métisse chuchota quelques mots à Hope pour la rassurer alors que la brune prenait la parole, sourire aux lèvres. Shawna fronça les sourcils, la mitraillant du regard. Et alors qu'elle terminait en s'adressant aux enfants, la jeune mère ne put se contenir. Elle trouvait l'attitude de son vis-à-vis à vomir et elle n'était pas prête à l'accueillir à bras ouverts. « Oh laissez les tranquille ! Et arrêtez de les prendre pour des idiots. » Sa voix fut bien plus froide que d'habitude. Elle ne laisserait pas cette femme passer pour la gentille aux yeux des enfants. S'ils étaient là c'était de leur faute ! « Ils étaient bien plus heureux avant que vous débarquiez avec vos belles paroles ! Si certains de ces enfants ne sont plus avec leurs parents, c'est de VOTRE faute. » Non. Mais. Elle voulait qu'on lui file une médaille aussi ?

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