A la bonne heure, Ludovic – c’était pas ça son prénom ? – vint lui aussi dire à la nénette de la boucler. Enfin bon, maintenant qu’elle avait foiré leur effet de surprise, ils n’étaient plus à ça près. Victoria crut voir bouger les rideaux à l’étage et si les gus qu’ils venaient cueillir les avaient vus, alors ils risquaient d’essayer de se barrer par derrière. Forte de cette pensée et pas spécialement parce qu’elle n’aimait pas son partenaire d’un jour, la pigiste commença elle aussi à contourner le pavillon. Comme toute maison américaine de campagne qui se respectait, elle aurait des portes-fenêtres à l’arrière, n’est-ce pas ?

Bingo. En quelques enjambés, voilà qu’elle rattrapa Ludo, lui-même braqué par un des types du ranch. Elle reconnaissait sa trogne. Une carabine. Ça pouvait faire mal. Instinctivement, la trentenaire pointa le canon de son arme vers le fermier antipathique. Il y avait un autre de ses camarades avec lui mais ce dernier ne semblait pas armé. Pas avec un flingue en tout cas.

- Pose le joujou Davy crocket, c’est fini, elle arborait sa mine sérieuse, pour une rare fois, j’aime pas m'répéter, insista-t-elle, alors j'vais compter jusqu’à trois. Un, il allait pas être assez stupide pour tenir tête, pas vrai ? Deux, de toute façon, le reste de l’équipe n’aurait qu’à enfoncer la porte d’entrée et ramasser tout ce beau monde, trois.

Soupir. Il ne lâchait rien. Et le pire dans tout ça, c’était qu’elle lisait dans ses yeux qu’il n’avait pas l’intention de ne pas tirer. Peut-être qu’il était l’heure d’arrêter d’être sympa ? Ils les avaient prévenus et ils essayaient de fuir. Elle venait de leur donner une chance de régler ça à l’amiable, avec même un sympa petit décompte, et l’autre la dévisageait comme s’il allait la manger. Stop les conneries. Elle pressa la détente.

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    Tenant toujours en joug le type juste en face, je ne le quittais pas des yeux, hasardant un simple regard vers sa copine qui venait d'approcher. Si j'étais prêt à tirer ? Évidemment. Sécurité ôtée et concentration au maximum, j'inspirais profondément aux premiers mots de la brune. C'était quoi cette certitude qu'ils pouvaient nous écraser en un claquement de doigt ? Que nous allions écouter au doigt et à l’œil ? Sombres crétins.

« Moi non plus je n'aime pas me répéter » avais-je répondu d'un ton sec, reportant toute mon attention sur l'homme en face.

    Et elle se mettait à compter, comme si je n'étais qu'un gosse qui allait à l'encontre des règles. Tirerait-elle seulement ? La question se posant dans mon esprit, j'entendis le coup de feu partir de l'arme de la concernée, tirant au même temps sur le type en face qui sembla suffoquer quelques secondes avant de sentir une vive douleur au niveau de mon oreille. Douleur qui me fit perdre contenance un instant, lâchant mon fusil sous le choc en portant une main à ma blessure. Entendre la balle fuser si prêt de mon crâne, y avait-il quelque chose de pire ? Passer aussi prêt de la mort sans réellement s'en rendre compte, et ne plus penser à ce qui pourrait arriver.

« Espèce de... » avais-je lancé d'un air mauvais, tirant de son étui mon couteau de chasse -et déjà ma machette me manquait- avant de me mettre à avancer vers elle.

    Essayer de surprendre, ne pas s'écraser pour les prendre au dépourvu et donner ainsi une chance aux miens restés à l'intérieur de prendre la fuite. Qu'importait si je devais rater mon coup, en prendre plein la figure, il était hors de question de me laisser faire de la sorte. Et si j'avais appris à réfléchir convenablement quand la situation s'y prêtait, la nervosité et l'angoisse avaient toujours coupé court à toutes pensées logiques dans mon esprit, me laissant décidé à riposter coûte que coûte.

« Vous ne les prendrez pas c'est clair ? Vous ne les aurez pas. »

    Restait qu'à espérer que Jon puisse assurer ses arrières voire même retourner à l'intérieur pour filer avec les nôtres. Servir d'appât pour détourner l'attention, en espérant que ce soit suffisant. Sans doute était-ce de la pure folie mais je n'avais qu'une idée en tête : donner une chance aux miens, sauver mon fils, Shawna, Jolan, Hope, quitte à devoir y laisser la vie.

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