Tout le monde se séparait, visiblement. C'était pas pour déplaire à May, après tout elle voulait se barrer d'ici le plus rapidement possible, et ils pourraient couvrir plus de terrain ainsi. Si d'autres bêtes étaient là, avec eux, elle essayerait de se protéger comme elle le pouvait. Se défendre en groupe n'avait pas épargné sa jambe ni le bras de l'autre brun, de toute façon. Evy découvrait des lampes solaires et visiblement, ils n'avaient rien pour embarquer tout ça. Quelle merde, sincèrement. Tout ça pour ne pas pouvoir récolter le fruit de leurs recherches? Putain, le prix était cher payé, surtout pour elle et Lucas. Ils étaient où d'ailleurs, les deux autres?

La blonde continuait d'avancer seule, se pressant du mieux qu'elle le pouvait avec son outil de jardin qui lui servait de béquille. Des pièces se présentaient à elle, créant une drôle d'ambiance, alors qu'elle pointait sa torche tout autour. Elle était dans quelle foutue section, là? La petite essayait bien de lever les yeux pour lire le panneau, elle ne voyait que dalle. Les oreilles bien ouvertes, Liv était attentive au moindre bruit, craignant autant une Evy qui croisait une autre bestiole qu'un truc moins drôle.

Spoiler:

Cette odeur..... sérieusement c'était infecte, encore pire alors qu'elle approchait de la section envisagée plus tôt. Remontant le foulard contre ses voies respiratoires, Collins se figea directement quand le faisceau de sa lampe captura les restes d'un moche. Horrible, écrasé par des fontaines décoratives, rongé.... Voilà ce qui sentait encore plus sans doute. La nausée lui monta en bouche mais elle prit une grande bouffée de son propre parfum sur le tissu et recula d'un pas pour accepter cette image. On ne s'y habituait jamais néanmoins si elle voulait continuer, elle devrait passer outre. Lentement, l’assistante revint sur ses pas. Mieux valait être certaine et ne pas crever bêtement par manque d'anticipation. La jeune fille enjamba la dépouille pour continuer, sur ses gardes avant de froncer les sourcils en s'attardant sur les grincements de la structure. C'était quoi ça ? Ses yeux et sa lampe glissèrent vers le plafond, tournoyant une minute pour tenter de comprendre, pour mieux se rappeler et entendre les bras décharnés s'exciter sur la porte.

- Merde....!!!! Qu'est-ce qu'il aurait fait ?

Se replier, trouver les autres ou continuer à chercher ? Clairement le grincement ne lui disait rien qui vaille. Le magasin était sans doute fragilisé depuis le temps, le poids des pluies et de la neige, peut-être même du séisme de novembre s'il s'était réverbéré jusqu'à Renton. L'angoisse monta d'un cran, elle désirait trouver mais était partagée... Zut, cherchant encore un peu, ce fut un autre grincement qui la poussa à se redresser. Tant pis.... Ni une ni deux, Evelyn sauta par dessus la dépouille précédente, ramassa les pieds de biche à l'entrée du rayonnage et s'empressa dans le magasin. Les premiers qu'elle retrouva furent Will et Lucas. Un Lucas à l'aise dans le chariot  que Will se traînait.

- C'est pas normal ces grincements, j'ai pas confiance, on devrait dégager de là.... Puis, baissant les yeux sur son "frère" elle lui offrit un regard noir malgré l'inquiétude. Sors de là, ce serait plus à May de flemmarder, faut la retrouver. Prête à partir, elle déglutit en croisant le regard clair de Will. J'ai peur que le magasin s'éffondre avec les abrutis qui cognent depuis tout à l'heure, nos vies valent mieux que deux trois conneries.

Il avait vraiment fallu qu'elle pointe le bout de son nez dans ce recoin du magasin? Elle avait l'impression d'être bien isolée du trio qui l'accompagnait, soudainement. Comme si elle se retrouvait ailleurs, tout d'un coup. C'était vachement bizarre, ces démonstrations à la con qui la plongeait dans ce qui ressemblait vaguement à leur ancienne vie. Mais peut-être qu'elle pourrait y trouver un truc ou deux, non? Après tout, peu de gens avait dû s'attarder dans cette section stupide, après un temps. Elle fouinait maladroitement un peu partout, juste pour se dire qu'elle avait au moins essayé, se maudissant encore d'avoir décidé de partir déjà amochée pour cette joyeuse balade. Évidemment, que ce serait un désastre. Aussi, la princesse ignorait le tissu rongé des fauteuils du décor. Tout ça ne lui rappelait que les chiens qui avaient justement considéré sa jambe comme le coin d'un putain de canapé qu'on pouvait grignoter.

Mais quelque chose l'avait fait sursauter. Oui, la blonde en était certaine; quelque chose venait d'effleurer ses pattes, la rendant particulièrement nerveuse à cet instant. La peur lui avait arraché un frisson intense, se braquant de tout son être et causant ainsi une douleur immonde à sa jambe parcourue du spasme. Et autant elle détestait cette sensation qui lui disait que tout pouvait dégénérer d'une seconde à l'autre, autant elle n'était pas prête à rentrer bredouille. Non pas pour s'éviter la colère de qui que ce soit, mais pour que cette opération qui virait au ridicule puisse au moins avoir été un tantinet utile. Sa cuisse n'avait pas subi tout ça pour rien.

Pointant sa torche vers l'avant, elle revenait sur ses pas, retournant vraisemblablement plus près de la porte par laquelle ils étaient entré et se rapprochant par le fait même de ses comparses qu'elle croyait entendre au loin. Mais en fait, était-ce bien eux ou plutôt ces grincements inquiétants qui trompaient son esprit? Comment pouvait-elle savoir où ils étaient, en fait? L'épuisement de sa jambe la gagnait de plus en plus, mais elle s'entêtait à fouiner encore chaque bout de rangée qu'elle croisait en voulant se rapprocher de leur point de départ.

Spoiler:

SPoiler:

Est ce qu'elle croyait que les morts étaient rentrés ? Aucune idée, ces machins affreux et désarticulés ne savaient pas ouvrir les portes certes, mais rien ne certifiait que la masse et le poids n'aient pas fait céder le battant. Si tel était le cas, ils avaient encore un peu de temps grâce à l'idée de Will de refermer la double porte menant dans le magasin. Une fois Lucas sorti de sa charrette (A ROULETTES !), Collins y déposa les pieds de biche avant d'avancer plus vite, sans néanmoins perdre les deux hommes. Direction le rayon des luminaires où elle en profita pour embarquer les lampes et les déposer dans le chariot. Néanmoins pas de May..... Où était elle ? Pas le choix.

- MAY !!!!!! Sa voix se réverbéra dans le domaine et l’assistante n'attendait qu'une réponse, qu'ils puissent la situer et la récupérer. Les grincements jouaient encore et Collins n'avait plus envie de rester plus longtemps ici. Après tout, le souvenir du séisme remontait bien trop dans sa tête et avec deux blessés, si l'un d'eux, ou même les quatre, se faisait ensevelir sous pareille armature de métal, il n'y aurait aucune chance de s'en sortir. Dès qu'elle est avec nous, on retourne au rideau de fer, ça devrait aller avec les pieds de biche pour le soulever et se tirer. Elle espérait simplement que les morts seraient plus lents qu'eux sans quoi, ils devraient s'y frotter tout en tentant de soulever la grille.