Dans le camion, elle était restée bien silencieuse. Ce n'était pas tant la peur qui l'avait rendue muette, mais plutôt l'appréhension et surtout l'incompréhension totale. A quel moment il était normal qu'elle se porte volontaire pour aller dans ce genre de galère. Et quand la réalité l'a ramena sur terre. Ce n'était pas quelques têtes menaçantes, mais bien une marée. Elle n'arrivait jamais à ne pas être si ce n'est pas choquée mais toujours rebutée par leurs aspects. Pas un pour rattraper l'autre, fait de lambeaux de chair pourries, de râles affamés. Les infectés étaient tout de même la meilleure armée qui existait, une des raisons pour laquelle ils avaient tant de mal à s'en débarrasser. Il ne connaissaient ni la fatigue ni la peur. Alors qu'eux inspiraient des cauchemars.

Armée comme rarement elle l'était, elle s'était retrouvée à jouer les cow-boys avec d'autre. Oh, elle dénotait légèrement. Mais elle avaient en commun avec eux la même envie de protéger ce qui lui était cher, surtout maintenant. Très vite, elle sortait de ses pensées, et du camion. Les ordres étaient simples, en ligne, et quand il faut on avance. Personne ne devait jouer les héros, il aurait été égoïste et purement stupide de partir tête baissée dans cette horde râlante. Alors elle s’exécute. Tout le monde semblait dans le même état, si ce n'était pas de la panique, c'était bien le contre-coup de la réalisation que le nombre d'infectés dépassaient ce qui était tout bonnement imaginable. Valentine lève son arme comme son père lui a apprit, et si la première balle ne fait pas mouche de suite, elle prends une longue inspiration, se concentre et fait mouche la deuxième fois. Elle avait appris à ne pas être frustrée par l'échec du tir. La frustration entraînait souvent de mauvais réflexe. « Ils sont trop nombreux .. » fit-elle. Elle ne voyait pas comment ils allaient pouvoir tous les canarder les uns après les autres sans mettre leur réserves de munitions à mal. Elle continue de tirer. Ce qui l'inquiétait le plus c'était la situation qui pouvaient empirer à tout moment. Mais plutôt que de trop y réfléchir. Valentine tire.

Spoiler:

La tempête de la nuit avait secoué la végétation et chargé la mer de morceaux de bois. Cela rendit le voyage jusqu’à Agate Passage un peu plus délicat que prévu, d’autant que le vent s’était remis à souffler et secouait franchement les troupes à bord de canots. Ils ne purent pousser les moteurs à leur maximum. Toutefois la fine équipe parvint à destination et les premiers d’entre eux s’élançaient déjà en direction du pont, alors que Stan et Eddie, les deux conducteurs des zodiacs, remontaient leurs embarcations sur les berges. Ils prirent en même temps les armes supplémentaires, et approchèrent les sacs de munitions à proximité de la barricade. Rapidement Merl, ainsi que Lucas vinrent recharger leurs armes, alors que de nouvelles slaves de balles crépitaient.

- C’est par là ! Les avertit le garçon en leur montrant les sacs laissés en retrait. Prenez des réserves ! Ils ne seraient pas radins sur cette fois. Il invita ses compagnons aussi à s’emparer de plus gros calibres, tout en prenant à son tour le chemin du front.

La masse grouillante des morts était effectivement impressionnante. Stanley n’était pourtant pas réellement surpris, il savait à quoi ressemblait une horde de cet acabit. Ces derniers paraissaient toutefois plus nombreux que lors de leur intervention au ranch. Et ils étaient au final moins nombreux. Au moins n’avaient-ils pas ces rigolos de paysans dans les pattes pour les enfumer ou les prendre à revers, quitte à se faire eux-mêmes bouffer !

Spoiler:

Spoiler:

« Me déconcentre pas ! » Grogna-t-elle à Joann en essayant d’en rigoler.

Difficile dans ces circonstances à l’évidence. Elle ne comptait plus le nombre de balles qu’elle avait déjà tiré, ni le nombre de corps déjà tombé. Son idée faisait son effet, mais ça n’était pas exactement la joie à cet instant. C’était même à croire que la quantité de morts ne désemplissait pas, qu’il y en avait toujours plus devant eux. Ses yeux clairs sondèrent la foule à la recherche d’un indice lui indiquant que la situation basculait à leur avantage, même la trogne approximative de Donovan lui convenait !

Mais rien. Donnie et sa sale tête étaient trop loin. A sa droite, Graham faisait de son mieux. Méthodiquement, il tirait pour viser juste. Elle, n’était pas aussi efficace que lui. Il lui manquait probablement un entraînement militaire pour ça. Et lorsqu’elle croisa son regard, l’homme eut un sourire :

« Vous allez beaucoup trop bien ensemble ! » Fit-il en parlant du famas qu'elle tenait. Elle rit, se reconcentrant sur la foule.
« Ok, tu l’as bien nettoyé, j’admets ! » Ajustée à son poids, elle ne tirait pas sur ses bras malgré ce qu’elle pesait. Le recul n’était pas trop violent pour son épaule, et la visée efficace. Elle ne manquait pas ses cibles, et n’avait encore tiré sur personne pour l’instant. « Tu m’dis quand tu veux qu’on passe à la mitrailleuse. » Ajouta-t-elle.

L’homme hocha la tête. Elle recula d’un pas de concert avec ses compagnons d’infortune, avant de reprendre la salve qui acheva quelques morts supplémentaires. Stanley lui avait appris à compter ses balles d’ordinaire, mais elle en était ici incapable.

Spoiler:

Le concert des déflagrations faisait siffler ses oreilles. L’odeur de la poudre couvrait celle de la mort. Rapidement, June n’eut plus froid, parce que la tension, les déplacements et la concentrait réchauffaient tout son corps. Des gerbes de chair, de sang, d’os giclaient dans les airs mais ça n’arrêtait bien évidemment pas le rouleau compresseur putréfié. Les rambardes du pont, pressées de part et d’autre de la horde, commençaient à émettre des grincements sinistres – sans doute écrasée par le poids des voraces.

Le ciel quant à lui continuait de se charger. Maussade, sinistre. Clic-clic : le chargeur de l’avocate était désespérément vide. A toute vitesse, relayée par une Arizona qui avait encore suffisamment de plomb à faire pleuvoir sur les putrides, elle déclipsa son magasin pour en enclencher un autre. Des gestes rapides, précis. Signe étourdissant qu’aujourd’hui, elle avait bien changé. Elle put alors recommencer à presser la gachette de son MP5 mais leur ligne de défense était toujours contrainte de reculer. Un coup d’œil en arrière lui permit de se rendre compte que la barricade se rapprochait bien trop dangereusement à son coup. Il en restait des centaines et leur installation de fortune ne saurait en tolérer autant…

Spoiler:

Spoiler: