Elle n'était pas amie avec la brune, ni même vraiment proche de Clayton, pour autant la situation lui était pénible là. Ses yeux voguaient des marques de crocs contre le flanc et l'épaule d'Amanda, à celle qui lacérait le dos du routier. Lucas s'occupait de lui, du moins... Le ferrailleur semblait surtout péter une belle pile, vociférant à Clay de la fermer. Malgré tout, Buchanan avait raison, c'était fini.... pour eux deux. Ravalant sa salive, Joann ouvrit la porche intérieure de son cuir, y trouvant de quoi compresser la plaie contre le buste de la sœur de Rence. Approchant le mouchoir, elle grimaça en la sentant se tendre.

- Ça brûle, j'veux..... Cain lui offrit un piteux sourire. Elle savait pas vraiment rassurer les gens, elle savait pas faire ça, encore moins ceux avec lesquels elle n'avait pas d'affinité. Pourtant là, à défaut d'avoir la seule personne proche d'elle, Amanda ne pouvait se raccrocher qu'à l'escort-girl. j'veux pas partir Joann, je.... j'ai besoin d'le voir.

Swann avait dû ressentir ce que la jeune femme ressentait là. La peur, la fin.... la solitude. Richardson auprès d'elle s'agitait. Mais ouais, fallait les évacuer, ils pouvaient pas les... Non, elle pouvait pas le faire, elle pouvait plus le faire depuis qu'elle aussi avait ressenti ça. La perte, l'effondrement de son propre monde. Virant une larme reflétant ses propres ressentis, Joann pressa la plaie et ramena la main libre de la brune sur le mouchoir avant de l'aider à se redresser sans trop lui faire de mal.

- Faut les dégager d'là. Lucas ! Par zodiac, en bagnole ? Elle savait pas, clairement ça servirait à rien mais les laisser là serait... inhumain.

Là haut, sur le pont contre lequel ses yeux s'attardèrent une minute, les balles fusèrent encore puis les râles prirent le dessus. Si d'autres charognes se ramenaient pas c'était miraculeux. Mais fallait pas rêver. Le bordel amenait toujours le bordel. Cain espérait que ça se termine vite là haut, avant qu'il soit trop tard pour les deux personnes près d'elle. La trentenaire se hasarda à observer le routier, pas une émotion ne transparaissait sur ses traits à contrario de ce qui se produisait en elle. La brune avait aucune véritable attache avec lui, pourtant la situation était pire que merdique, pire que ça, la ramenant à ce mois de Mai, à ce qu'elle avait ressenti et ce qui, aujourd'hui, rouvrait la cicatrice. Ce serait toujours ainsi, pour des poignées de parasites achevés, on sacrifiait quelques-uns d'entre eux.

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Fallait pas perdre la face là, surtout pas maintenant. La pluie battait encore et la brune dégagea le trop plein de flotte contre ses traits, ainsi que les larmes des mauvais souvenirs, d'un bref mouvement de coude. Lucas était figé, Clayton était son pote non ? Fallait-il qu'elle beugle encore ? Non, ça servirait à rien. En un regard désolé, elle croisa les yeux bruns du routier qui pâlissait. En un clignement de cils il vint visser le cul auprès d'elle et d'Amanda à lui en arracher un rictus. C'était pas la super bonne entente entre eux, mais lui baver qu'il allait claquer, quoi qu'il arrive, c'était pas une bonne idée. Ça ferait paniquer la brunette, tenant difficilement assise, auprès d'eux.

- Ouais, 'fin y a jamais d'journée top. Lâcha-t-elle avant de jeter un regard vers le pont. Ça paraissait se calmer ou est-ce que l’appréhension, que de devoir annoncer ça à Rence, la poussait à délirer ? Pour m'extorquer du bouche à bouche, c'pas la peine Clay, rêve pas. Rit-elle malgré tout. S'tu fais une p'tin d'syncope ton pote t'roulera une pelle, t'inquiètes pas. Richardson était en stress, fallait les dégager de là. Aussi agrippa-t-elle le talkie qu'elle pensait plus tenir sur elle et se racla la gorge. Peu importait qui lui répondait finalement, le temps qu'on lui disait quoi faire. C'pas top ici, faudrait... Rapatrier Buchanan et Davis ils..... enfin, dites moi juste si on peut décamper en zodiac ou en bagnole, bref, c'qu'on doit foutre. Dégageant le doigt de l'interrupteur, Cain inspira et offrit un vague sourire à Buchanan. Amanda était pire que lui, en pire état, néanmoins fallait les faire parler pour qu'ils restent conscients.

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- Bougez-vous, rétorqua simplement June à Donovan, ce qui voulait tout dire.

Ensuite, elle retourna prêter main forte au front. Autant que possible, à tirer dans le tas des charognes agglutinées de l’autre côté de la barrière, jusqu’à ce que son arme soit vide également. Enlever le chargeur, le remplacer, se mettre en position. Pile au moment où la barricade de fortune parut commencer à se dégonder. Suivant les recommandations de Stanley, elle s’écarta vivement, juste avant que leur ultime protection ne se décroche et ne se heurte à la voiture garée en travers du chemin.  

Ça avait eu l’effet escompté : les morts étaient bien trop maladroits pour habilement grimper et passer ce barrage de dernier recours. Les premiers à y parvenir furent abattu sommairement d’une balle dans le crâne et retombèrent mollement sur le capot trempé. Pourtant, il y en avait d’autres. Les balles manquées qui fusèrent firent exploser les vitres et le pare-brise de la voiture. Enfin, ils en voyaient le bout… mais si la rouquine avait bien compté, il ne lui restait plus grand-chose en magasin. Le talkie crachota la voix de Joann mais cette fois, Arizona fut la première à réagir.

- J’arrive.
- Je reste ici, assura June en rangeant son beretta pour s’emparer de son couteau, on gère. Passez aux armes blanches, ordonna-t-elle ensuite par-dessus le vacarme tandis que son amie descendait prêter main forte aux blessés.

Les rangs de putréfiés étaient suffisamment clairsemés et les balles chères. Tant que la situation n’était pas parfaitement sous contrôle, ils pourraient avoir besoin de munitions plus tard ; autant conserver ce qu’il leur restait pour une potentiel urgence. Par précaution, la rouquine reprit la communication avec le chef de l’autre équipe pour l’informer :

- On passe au contact. Arrêtez de tirer, vous risquerez de nous toucher.

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