L'automne s’était installé peut à peut sur le ranch. L’humidité chaude et écrasante de l’été avait cédée sa place à un vent beaucoup plus frais. Transportant avec lui les effluves de la terre mouillée et des feuilles mortes qui tapissaient le sol. Pour l’occasion, les arbres avaient revêtit leurs plus belles robes flamboyantes. Nous faisant presque oublier les rôdeurs qui se dissimulaient sous leurs ramures. Si l’automne avait toujours été l’une de mes saisons préféré – pour sa beauté et le départ d’un temps beaucoup trop chaud et écrasant à mon goût – elle était devenue, avec l’épidémie, une saison remplit d’anticipations et de craintes. Avions nous les ressources suffisantes pour survivre à un autre hiver ? Pour la première fois depuis le tout début de cette apocalypse, j’entamais la saison froide avec un toit au dessus de ma tête. Pour la première fois, je ne craignais pas de succomber aux intempéries, perdu quelque part sur les routes désertes. J’avais une place où rester. Une place au chaud et à l’abri, entouré de ceux et celles que j’avais choisi de suivre peut importe ce que l’avenir nous réservait.

Adossé à la portière du véhicule, j’attendais Jesse avec cette légère impatience qui grimpait en moi. Mon sac à dos posé sur la banquette arrière de l’auto et mon marteau tournoyant entre mes mains. Ça faisait déjà un peu plus d’un mois depuis le passage de Victoria et de l’autre garce blonde qui avaient laissées trois morts dans leurs sillages. Trois des nôtres – quoi que je ne fusse pas convaincu que l’une d’elle puisse compter pour un – a enterrer. Je pouvais encore sentir la rage me monter à la gorge rien qu'en me remémorant leur visite qui s’était conclu par la trahison d’Arleen. Et voilà que quelques jours seulement s’était écoulés depuis l’attaque qu’avait du subir les gens de la prison par la faute de cette lâche. Par chance, ils avaient évité le pire et étaient parvenus à repousser l’ennemi. J’aurais d'ailleurs tant aimé voir la tronche de ces cinglés lorsqu’ils avaient sonné le repli. Ils n’y étaient pas habitué, pas vrai ? À la défaite. Le groupe de Selene avait néanmoins du fuir leur repère pour une question de sécurité. Se rapprochant un peu plus du ranch.

Lorsque Jesse m’avait enfin rejoint, mettant un terme à mes réflexions, je l’avais saluer d’un large sourire enthousiasme avant de brandir le trousseau de clé ; « Bienvenue à bord de la Fredmobile ! C’est moi qui conduit ».

De longues semaines étaient passées depuis que les autres étaient venus et avaient pris la vie de trois des leurs. D'abord Edward et Nola. Puis Arleen. Si leur mort avait affecté le bouclé, il était incapable de ne pas en vouloir à la plus âgée qui avait ainsi révélé la position de leurs alliés, privilégiant ainsi sa propre vie par rapport à celle des autres. Elle aurait pu dire n'importe quoi, donner n'importe quelle adresse, mais il avait fallu qu'elle donne la bonne. La peur faisait beaucoup de choses, mais tout n'était pas pardonnable pour autant. Ils étaient revenus depuis, pour chercher comme chaque mois des vivres, mais il n'y avait pas eu de vagues cette fois-ci. Pour autant, de ce qu'en savait le réceptionniste, leurs alliés à la prison avaient bien eu une visite eux aussi. Ils avaient su riposter et les salauds avaient battu en retraite mais le groupe de Selene avait lui aussi été obligé de fuir cet endroit qui leur avait pourtant accordé une sécurité considérable depuis tout ce temps. Une finalité relativement triste, inacceptable, et Jesse se doutait déjà de la suite : ils reviendraient, quand le moment serait venu, leur soutirer de nouvelles informations.

Malgré cela, il s'en était remis -en façade comme toujours- et arborait comme à son habitude ce sourire constant. Oh il se doutait bien que ça ne plaisait pas forcément à tout le monde, que certains ici devaient se dire qu'il n'en n'avait rien à foutre de leur sort, qu'il continuait de mener sa petite vie comme si de rien n'était. Mais c'était faux, totalement. Il restait simplement dans l'idée que s'il ne voulait pas perdre pied, il se devait de garder ce sourire et de communiquer au maximum un brin d'espoir à ses compagnons de galère. Parce-qu'il était comme ça, qu'il l'avait toujours été. Masquer la peine et la rage d'un sourire, pour se protéger autant que protéger les autres. Du monde. De lui.

Aujourd'hui, une petite virée avait été prévue avec Frederik et le blond était dans sa chambre, préparant les quelques affaires dont il aurait besoin pour cette sortie. Un ravitaillement comme les autres, avec si possible un petit plus qui leur faciliterait la vie. Des armes, des munitions, n'importe quoi qui pourrait les aider dans cette guerre. Hissant son sac quasi vide sur le dos, composé uniquement d'une lampe torche, d'une bouteille d'eau et d'une trousse de soin, le jeune homme avait quitté la pièce, un sourire presque enthousiaste étirant ses lèvres. Vérifiant que son couteau était bien à sa ceinture, il avait dévalé les marches et était sorti, rejoignant rapidement son camarade qui l'attendait déjà près du véhicule. « Salut ! » avait-il lancé à son attention, lui assenant une légère tape amicale sur l'épaule avant de prendre place côté passager.

« J'ai hâte de voir tes talents de pilote » avait-il annoncé sur un ton qui portait un brin d'amusement, attachant néanmoins sa ceinture. Simple précaution. À dire vrai, cette sortie avec le Danois était une bonne idée. S'éloigner un peu du ranch et de toute ses tensions avec une personne qu'il appréciait lui ferait le plus grand bien. Oh Jesse n'était pas dupe, un moment viendrait sûrement où ils finiraient par se tirer dans les pattes à cause de leurs opinions trop divergentes mais c'était devenu chose courante entre eux, et ce n'était pas pour autant qu'il ne le considérait pas comme un ami. « T'as une idée d'où on peut aller ? »

De nos jours, il fallait survivre à tout… Survivre aux morts qui nous traquaient sans relâche où que l’on soit, aux intempéries que Dame Nature n’avait de cesse de nous rabattre sur la tête, aux manques de provisions qui nous obligeaient à prendre toujours plus de risques et maintenant, il nous fallait même survivre aux vivants. Ces mêmes vivants qui avaient débarqués au ranch, quelques mois plus tôt, pour nous soumettre à leurs lois tyranniques. Ceux là même qui venaient de s’en prendre aux gens de la prison, les chassant sans remords du refuge qui les avaient gardé en sécurité aussi longtemps. Ne s’empêchant pas de revenir au ranch par la suite. Ne manquant pas une fin de mois pour remplir cette part du marché qu’ils nous avaient forcé a respecter. Et si leurs dernières visites n’avaient pas fait de vagues, absolument rien ne nous garantissait que la prochaine n’en ferait pas. L’homme était devenu un loup pour l’homme, disait-on. Moi j’avais plutôt tendance à croire qu’il était devenu un putain de loup-garou dont l’instinct de survie avait remplacé la pleine lune. Lui faisant perdre toute trace d’humanité au profit de la bête qui s’éveillait en lui.

M’installant derrière le volant, souriant à Jesse qui prenait place à mes côtés, j’avais mis le moteur en marche. Conduisant le véhicule hors du ranch pour cette sortie de ravitaillement qui – je l’espérais – allait nous aérer quelque peu les esprits. Ça n’allait certainement pas faire de tord de s’éloigner un peu de la tension palpable qui régnait au ranch. De mettre une distance entre nous et ces regards accablés par les derniers évènements. Jesse et moi partagions certains points en communs ; notre enthousiasme, même dans les moments les plus sombres, en faisait partie. Une façade pour nous préserver de la souffrance. Se cacher derrière des plaisanteries et des rires pour s’empêcher de sombrer trop profondément dans le désespoir. Ça faisait un bien fou d’en croiser un autre qui me comprenne sur ce point. Un autre encore capable de sourire malgré tout ce qui nous tombait dessus. Et pourtant, on n’arrivait pas toujours à se mettre d’accord sur tout. Le côté rationnel du bouclé contrastait parfois un peu trop avec mon côté émotif, mais ça ne m’empêchait pas pour autant de le considérer comme un ami.

Où allions-nous ? Les endroits avaient presque tous été ratissés au peigne fin… Sans compter les dates de péremption qui étaient presque tous dépassées depuis un bon moment déjà. Il devenait de plus en plus difficile de trouver ce que nous cherchions – mais que cherchions nous exactement ? Des vives, des ressources, de l’équipement… de l’armement ! N’importe quoi pour nous aider à survivre à la menace que les gens de l’île faisaient planer au dessus de nos têtes. N’importe quoi pour nous préparer à l’affrontement qui aurait lieu un jour ou l’autre. La guerre se dessinait à l’horizon et nous n’étions pas idiot au point d’ignorer que l’on se retrouvait en sous effectif dans cet affrontement. Peut-être pourrions-nous trouver de quoi renverser la situation à notre avantage avant qu’il en soit trop tard.

« Apparemment qu’hier, dans leur sortie de ravitaillement, Isha et Quinn ont découvert un lieu d’entreposage plus au nord du Grand Ridge Plaza. Malheureusement, ils n’ont pas pu voir s’il restait quelque chose d’intéressant à l’intérieur, puisqu’un groupe de morts rôdaient trop près de l’entrée. J’ai pensé qu’on pourrait aller y faire un tour et voir si l’on aura plus de chance qu’eux. Qu’est-ce que t’en dit ?! » Tout en lui faisant cette proposition, je n’avais pas su caché à Jesse l’excitation que faisait naitre en moi cette perceptive de me lancer dans l’action. Me dégourdir les membres et défouler ma rage des dernières semaines sur un groupe de morts, était tout ce que je demandais. Ça, plus la belle trouvaille qui nous attendait peut-être dans cet entrepôt !

Attendant que le brun réponde à sa question, Jesse avait attaché sa ceinture, jetant un coup d’œil à la vie matinale qui prenait doucement au sein du ranch. À les voir tous comme ça, il aurait presque pu croire que tout était normal. Une communauté qui s'était reconstruit une vie et vivait en parfaite harmonie avec tout ce qui l'entourait. Mais c'était bien loin d'être le cas : il y avait les macchabées, et les autres. Et pas un jour ne passait où il ne pensait pas à eux et à leur camarades gardés là-bas, même s'il n'avait eu que quelques jours pour les connaître -de vue principalement- avant qu'ils ne se fassent prendre en otages. Jesse se rappelait qu'on lui avait déjà demandé à plusieurs reprises pourquoi il était resté alors qu'il n'avait aucune attache ici, on lui disait qu'il aurait pu sauver sa peau, penser à lui, que personne ne lui en aurait voulu. Mais en les voyant tous, là, il savait pourquoi il était resté, et il savait également que ç'avait été la meilleure décision. Se battre pour eux plutôt que pour sa seule vie devenue bien fade depuis que Milow et Ryan avaient disparu dans cette avalanche.

La voix du Danois le tira alors de ses pensées et il se montra attentif, reportant ses prunelles sombres sur lui. Un sourire étira les lèvres du bouclé qui percevait clairement l'enthousiasme de son ami. Un entrepôt qui pouvait contenir des vivres, bonne idée. Un groupe de cadavres... moins motivant mais ç'aurait au moins le mérite de lui faire oublier un peu que les Hommes étaient un danger encore plus important et au moins pourrait-il se décharger sur autre chose que le punching-ball à l'arrière du ranch. « C'est parti ! Les morts vont détaler rien qu'à nous voir arriver tu verras » avait-il rétorqué sur un ton amusé, sachant pertinemment que ses derniers mots n'imageraient en rien la situation qui les attendait sans doute mais qu'importait, un peu de légèreté ne faisait pas de mal.

Si auparavant le trajet aurait dû mettre environ dix minutes, les choses étaient bien différentes maintenant que le monde était tombé et entre carcasses de véhicules abandonnés et arbres sur la route, ils n'eurent d'autre choix que d'emprunter plusieurs détours. Comme leurs deux camarades de la veille, ils arrivèrent aux abords du Grand Ridge Plaza après une vingtaine de minutes de route. Jess avait parlé un peu durant le trajet, évitant soigneusement de parler des autres et de cette épée de Damoclès qui pesait sur chacune de leur tête. Évidemment, ils étaient tous deux conscients de la finalité de cette expédition : s'ils trouvaient quelque chose, même en faible quantité, ils devraient fournir la moitié à ces enfoirés.

Alors qu'ils approchaient de la zone d'entreposage, le réceptionniste aperçut des silhouettes décharnées non loin. « Ils ont pas bougé depuis hier on dirait... à croire qu'ils attendaient notre venue. » De là où ils étaient ils ne pouvaient pas vraiment les remarquer mais quelques uns semblaient déjà alertés par le bruit du moteur. « Tu veux faire ça comment ? » Parce-qu'ils n'auraient d'autre choix que de trouver une solution pour entrer. Les contourner et trouver une autre entrée ? Les attirer plus loin à l'aide de la voiture ? Ou bêtement se jeter dans le tas ? Dernière option compliquée quand ils n'étaient pas exactement certains du nombre de macchabées qui se traînaient là.

Il était difficile de garder le fil du temps et de toujours savoir précisément quelle date et heure nous étions dans ce monde sans horloge. Le soleil se levait et se couchait parfois sans qu’on le voit passer... Mais était-ce vraiment si important de savoir ? Après tout, si les calendriers avaient été essentiels avant que l’épidémie n’éclate, au temps où l’on ne voulait surtout pas rater un rendez-vous ou un événement important, aujourd’hui, ils ne l’étaient plus vraiment. On vivait – ou plutôt on survivait – au jour le jour. Au gré des intempéries et des menaces qui planaient sur nous en perpétuel. S’adaptant, la plus part du temps, au moment présent. Pourtant, de vieux réflexes nous revenaient parfois et c’était dans l’un de ces moments que je me demandais maintenant quel jour et quelle heure étions-nous ?

Vu la température qu'il faisait et l'automne qui semblait s'être confortablement installée, nous étions fort probablement vers la fin d’octobre. C’était à ce temps de l'année, que les maisons avaient jadis été décorées pour cette fête populaire d'Halloween. Citrouilles, sorcières, squelettes, araignées… On s’était tous préparé à célébrer la grande fête des morts. Pourtant, c'était tellement ironique de penser qu’autrefois, les gens avaient paradé dans les rues déguisées en zombies. Si seulement ils avaient vu ces zombies d’aujourd’hui, comment ils étaient nettement plus réalistes et effrayants que leurs piètres costumes d’avant. D’ailleurs, eux n’attendaient plus l’arrivée d’Halloween pour se pavaner et venait encore moins toquer aux portes pour réclamer des bonbons…

Après un trajet rallongé par ces nombreux détours et ces quelques zombies solitaires a éviter, nous avions enfin pu approché de la zone d’entreposage. Jesse avait raison de dire que les morts semblaient avoir attendu notre venue. Ils étaient nombreux à se mouvoir devant l’édifice. Immobilisant le véhicule assez loin pour ne pas nous faire repérer par la horde – mais visiblement pas assez pour éviter que certains d’entre eux, plus isolés, soit alertés par le ronronnement du moteur – j’avais pris quelques secondes pour détailler les lieux. L’entrée principale du bâtiment cible donnait sur la rue actuellement envahie par les morts. Impossible de passer par là sans se faire rapidement encercler par le comité d’accueil. « On devrait contourner et essayer de passer par derrière, avais-je répondu en m’étirant le cou pour tenter de mieux voir ce qui s’y cachait. Il semble y avoir un stationnement à plusieurs étages qui communique de l’autre côté. J’suis sûr qu’il y aura une entrée par là. Et attend un peu de voir la tronche d’Isha lorsqu’on va revenir le coffre remplis de ce qu’il a abandonné là, hier ! ».

Avec détermination – ou n’était-ce pas plutôt de l’entêtement mêlé à un esprit hautement compétitif ? – j’avais remis le véhicule en marche afin de contourner l’établissement d’entreposage le plus loin possible par la 9th avenue. Évitant les quelques morts qui s’amenaient déjà dans notre direction. Mais peut-être aurions-nous mieux fait de parcourir cette distance à pieds ? Une portion de la horde fut attirée par le bruit du moteur lorsqu’on traversa Hight Street et nous avait sournoisement suivit jusqu’à l’accès du stationnement où je venais de nous engouffrer. J’avais eut raison, il y avait bel et bien une entrée par là, mais à quel prix ? J’étais loin de m’imaginer cette possibilité de me retrouver dans un édifice encercler par les macchabés. Ne réalisant pas encore que si les morts gardaient l’entrée principale, je venais de leur montrer le chemin vers celle de derrière…

Spoiler:

Avisant les morts qui se traînaient près de l'entrée principale du bâtiment, le bouclé réfléchissait à un moyen d'entrer. Peut-être attirer leur attention ailleurs pour dégager la rue ? Possible, mais risqué, surtout à deux et sans savoir s'ils n'allaient pas se retrouver bloqués ailleurs. La suggestion de Fred lui fit arquer un sourcil, réfléchissant à cette option. Peut-être était-elle plus sûre, peut-être pas. Que trouveraient-ils à l'arrière ? L'inconnu était-il plus rassurant que cette horde qu'ils avaient en vue ? Sans doute pas, mais ils n'étaient pas venus ici pour faire demi-tour et ne se laisseraient pas démonter pour si peu. Écoutant les explications de son acolyte, le réceptionniste hochait la tête, souriant à la fin de ses paroles en lui adressant un regard amusé. « Rien que pour voir sa tête ça vaudra le coup. Va pour l'arrière » rétorqua-t-il avant que le Danois ne remette le véhicule en marche pour les conduire vers ce fameux parking à étages. Oh bien sûr, la réaction d'Isha n'était pas le plus important, et Jess n'avait pas l'intention de risquer leurs vies simplement pour voir son expression, mais sa motivation à ramener des vivres au groupe était belle et bien là. Si toutefois il mettait de côté l'idée qu'ils devraient en donner une partie aux autres, mais s'ils se débrouillaient bien peut-être pourraient-ils en cacher le maximum pour garder une bonne partie pour eux.

La voiture approchait du parking, s'y engouffrant finalement. Quelques cadavres avaient remarqué leur arrivée mais ils n'avaient eu qu'à les contourner facilement. Pour autant, l'idée de se retrouver bloqué à l'intérieur du bâtiment avec la voiture angoissait légèrement le blond. Mais ils y étaient désormais, et ressortir immédiatement pour revenir à pied serait sans doute bien plus risqué que de juste garer la voiture à l'intérieur. « Faudrait peut-être laisser la voiture au premier, pas plus haut. » Et pas moins non plus parce-que si tous les morts s'agglutinaient en bas, il serait bien plus compliqué de rejoindre ensuite la voiture. « On peut monter par les escalier jusqu'au dernier étage puis voir quels coins du centre seraient intéressant ? Ensuite on aura qu'à redescendre jusqu'ici avec tout ce qu'on aura trouvé. » Une proposition qui était à prendre ou à laisser. Jesse était prêt à écouter l'avis de son partenaire, et s'il avait une meilleure idée alors soit.

Pendant ce temps de réflexion cependant, alors que la voiture était stoppée devant un garage ouvert et apparemment vide, les premiers cadavres se pointaient déjà, deux sortant d'un garage un peu plus loin tandis que deux autres arrivaient derrière eux. Ne retenant pas un soupir agacé, le boxeur tira son couteau de chasse de son étui et descendit de la voiture pour tuer ceux qui venaient trop près. Mieux valait enrayer cette menace immédiatement avant qu'ils soient encore plus nombreux et que tous deux se retrouvent bloqués là, ou forcés à fuir, suivis de près par une horde incontrôlable. Se chargeant d'un premier macchabée, Jesse fut forcé de constater que les râles qu'il percevait étaient plus nombreux que les trois morts qui venaient vers le véhicule. D'autres ne devraient pas tarder à arriver. Combien de temps avaient-ils ? Quelques secondes ? Une minute ? « On devrait peut-être se mettre en marche avant qu'ils nous voient tous... » suggéra-t-il.

Ne m’inquiétant pas trop des quelques infectés qui avaient remarqués notre présence, je les avait contourné facilement pour conduire le véhicule jusque dans le stationnement à étage que j’avais repérer quelques instant plus tôt. Nous y engouffrant, sans plus attendre. Mon objectif était déjà bien tracé dans mon esprit ; nous allions trouver ici ce que Isha et Quinn n’avaient pas réussi à rapporter au Ranch. C’est à dire, un coffre de voiture plein à craquer de ressources utiles pour la survie de notre groupe ! Ne réalisant pas encore que cette détermination téméraire – et probablement un peu trop optimiste – pouvait nous causer bien des ennuis, je fonçais tête baissé vers cet objectif attrayant. Entrainant avec moi, le bouclé assis à mes côtés.

Lorsque Jesse proposa de laisser la voiture au rez-de-chaussée et de poursuivre à pied, j’avais acquiescé avant de couper les moteurs devant un garage ouvert et apparemment vide. Avisant l’escalier, à quelque pas de là, qui nous permettrait d’explorer les différentes étages de ce centre de stockage, je n’avais rien caché de mon enthousiasme ; « Bon et bien allons-y ! ». Ne perdant pas mon sourire, même lorsque j'aperçu les premiers cadavres qui s’amenaient à notre rencontre, j’étais descendu du véhicule avec mon marteau à la main et mon sac à dos sur les épaules. Prêt à fracasser le crâne du second macchabée qui avançait dans le sillage de celui que poignarda Jesse. Regardant ma victime s’écrouler à mes pieds telle une poupée de chiffon, j’avais relevé les yeux en entendant le ton inquiet dans les paroles du bouclé…

Maintenant que j’y portais plus attention, les râlements – que j’avais d’abord cru amplifiés par l’éco des murs en bétons qui nous entouraient – se faisaient trop nombreux pour n’appartenir qu’aux deux derniers morts qui avançaient toujours dans notre direction… Ils étaient forcément nombreux à s’approcher de l’entrée du stationnement. Et d’ailleurs, Jesse eut à peine le temps de finir sa dernière phrase que des silhouettes désincarnées commencèrent tranquillement à tourner le coin pour s’engouffrer dans le stationnement où nous nous trouvions. Reculant d’abord à pas feutré vers l’escalier, j’osais à peine respirer. Puis, tirant sur la manche du réceptionniste pour lui faire signe de me suivre, j’avais prestement tourné les talons pour gravir au pas de course les marches. Grimaçant en entendant nos pas résonner avec force sur le métal creux de cet escalier…

Ne m’arrêtant pas au premier étage, j’avais poursuivit jusqu'au deuxième, puis au troisième avant de m’arrêter pour reprendre mon souffle. Cherchant du regard de quoi bloquer la cage d’escalier, je vis un large chariot d’entrepôt destiné à transporter un meuble ou plusieurs cartons. J’alla le chercher sans perdre de temps pour le renverser devant l’escalier, formant ainsi une sorte de barrière improviser. Espérant que ce serait suffisant pour empêcher – ou au moins décourager – les morts de passer par là. « Je crois qu’on devrais jeter un coup d’œil à l’intérieur... Je désignai la double porte vitrée qui débouchait sur un long couloir d’entrepôt, dont nombreuses portes coulissantes en métal s’alignaient de chaque côté. Tout y semblait calme, à l’intérieur, sans aucun mouvement. Peut-être qu’on y trouvera un autre escalier qui nous permettra de redescendre à la voiture. ». De toute façon, on n’avait pas mille et une autres options qui s’offraient à nous…