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Ils étaient entrés. Ils étaient dedans et lui ne pouvait rien faire. Doucement, le bouclé sentait la rage monter mais sa raison le rappelait bien vite à l'ordre : mieux valait qu'il se ménage, au cas où, au moins pour défendre les plus blessés ici si ces salopards arrivaient à entrer dans la cuisine. Il devait garder son sang froid, maintenant plus que jamais. Et Finan aussi était blessé. Jesse l'observa les yeux ronds alors que Daniella l'amenait. « C'est pas vrai... » avait-il soufflé en se relevant prudemment.

Il arriva en quelques secondes aux côtés de l'Irlandais, ses prunelles sombres filant de lui à ceux qui s'en occupaient. Ça allait mal, très mal, plus que mal. Et son camarade semblait franchement délirer, même alors que sa petite-amie lui serrait la main. Pressant l'épaule du concerné, Jess serra les dents. « Déconne pas Fin', tu peux pas clamser hein, ça arrivera pas » avait-il lancé comme si ces simples mots suffiraient. Si seulement...

Il releva finalement le nez pour croiser le regard de Caroline. Que pouvait-il faire pour se rendre utile ? Pour les aider ?

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Les yeux bleus de la musicienne enveloppaient la scène, dilatés comme deux billes félines. Canon levé et jambes fléchies, elle avançait précautionneusement entres les véhicules ennemis. Elle laissa faire l’initiative de Lisandro, le couvrant alors qu’il allait s’assurer que les cadavres sur leur chemin ne se relèveraient pas. D’une oreille, elle perçut les conseils de Riley et la réaction de Roza. Si les interventions de la militaire n’étaient jamais bonnes à jeter, elle ne put s’empêcher de rétorquer entre ses dents :

- Et si vous la fermiez pour voir ?

Elle était assez tendue comme ça pour supporter les sous-entendus des deux inséparables. Non seulement elle estimait toujours que le jugement de la trentenaire était mal placé – parce que cette dernière la connaissait trop peu – mais en plus, ayant en mémoire le bordel dont le duo americano-russe était capable de causer, c’était l’hôpital qui se foutait de la charité.

Sur les talons de Duncan qui s’était mis lui aussi à trépaner les premières charognes infiltrées sur les lieux, Selene finit par atteindre les grandes portes du ranch. Les impacts de balles l’avaient écharpée, des éclaboussures encore luisantes coulaient sur le bois griffé. Une paire de détonations Fit instinctivement s’écarter la pianiste et deux trous creusèrent l’encablure de l’entrée à l’endroit où se tenait sa tête une demi-seconde auparavant. Leurs ennemis avaient visiblement laissé des gens couvrir leurs arrières.

Réaction immédiate, la jeune femme répondit par une salve bien placé qui cueillit sa cible en plein visage. L’hémoglobine gicla sur le lourd meuble en bois de l’entrée, derrière lequel sa victime tentait de se couvrir. Un de moins. Pas le temps pour s'émouvoir. Elle tenta alors de contacter les autres au talkie :

- Ashley ? Elena ? Vous m'entendez ?

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Le pire dans tout ça, c’était le silence. En tout cas, ce fut ce qu’Andrea se dit. A part le ronronnement trop régulier du moteur jusque là-bas, et les quelques mots dans l’habitacle du véhicule, elle avait l’impression d’être enfermé dans une bulle de coton ou rien ne lui parvenait. Et en arrivant sur les lieux, ce fut comme si tout était soudainement amplifié. Les bruits, les sensations, l’instant qui s’éternisait incroyablement. Les mots de Lisandro lui arrachèrent un frisson, elle eut même l'impression d'étouffer dans son gilet, chargée de tout son équipement.

Leurs alliés étaient retranchés à l’intérieur, à la merci de quelques hommes encore. Et s’ils étaient arrivés trop tard ? Si, même en se hâtant, même près, ça n’était pas suffisant ? L’idée de découvrir un charnier dans leurs locaux lui donna envie de vomir, et fit vibrer en elle une colère sourde.

« On a pas le temps alors. » Fit-elle en s’extirpant du véhicule. Le temps de gagner, prudemment, et aussi rapidement qu’elle le pouvait dans ces conditions et de laisser Selene réagir au quart de tour aux premières détonations leur étant adressé. Au moins, ça mettait en condition. Un autre homme était visiblement là pour couvrir son coéquipier. Trop tard vu la réactivité de la pianiste. Cependant à découvert brièvement, elle le visa… Au mieux. Andrea répliqua… Dans le canapé derrière lequel il était planqué. « N’avancez-pas, il y en a un autre… Tu as une vue sur lui ? » Demanda-t-elle à Selene.

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Une salve de balles. Lisandro qui s’abaisse par automatisme avant de jeter un coup d’œil aux portes du Ranch où se trouvaient déjà Andrea et Selene. Rien pour nous. Pas de blessés chez nous. Il respire alors. De son côté, et accompagné par Duncan, ils achevèrent les cadavres qu’ils croisèrent sur leur route. Lisandro se pressait. Parce qu’il voulait aider, bien sûr, mais surtout parce qu’il avait peur de perdre Andrea de son champ de vision. Elle n’était pas une femme sans défense, loin de là, mais personne n’était à l’abri d’un mauvais coup. Ni elle, ni Selene.

Jetant un coup d’œil autour d’eux, avisant la Russe et sa soif de vengeance, il eut un petit sourire amusé – pour se donner bonne figure surtout. « Fais pas d’conneries, Ruskie, j’te laisse ceux à l’intérieur si tu veux. » Et puis surtout parce qu’il n’avait pas la même niaque qu’elle en ce moment. Il fallait retrouver les autres, et vite. S’ils étaient encore là, encore vivant. Il se glissa à couvert, sur le côté du bâtiment du Ranch, alors que Selene et Andrea se chargeaient du premier comité d’accueil.

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