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La jeune femme fut silencieusement reconnaissante à Andrea qui prit la parole pour la soutenir. Ses arguments étaient précieux : leurs proches étaient là-bas. C’était la plus sincère des preuves de foi qu’ils pouvaient donner à l’égard des Euston. Et puis il fallut que quelque reparte sur la rengaine du manque de confiance sur lequel elle venait de clairement expliqué…

- A t’entendre Addison, on dirait que je suis en train de vous soumettre tout comme les autres vous ont soumis, mais on va dire que j’ai mal compris, rétorqua Selene, acide, bien plus fermée maintenant qu’Ashley était partie, je te rappelle qu’à cause de quelqu’un de chez vous, on a perdu notre maison et on aurait tous aussi bien pu tous se faire massacrer, enfants inclus, ses yeux étaient revenus à des orbes de glace destinés à transpercer la thanatopractrice, aucun de nous ne vous a jamais blâmé pour ça et en échange, on vient même vous proposer un autre foyer. Si ce n’est pas une preuve de confiance, dis-moi ce que c’est ! Ses lèvres décolorées se pincèrent un instant, j’ai écouté mon instinct et si c’était à refaire, je le referais.

Là-dessus, elle ne changerait pas. Elle garderait mille secrets si ça lui permettait de toujours avoir une longueur d’avance sur les événements. Son regard se posa successivement sur les moteurs du groupe allié : Elena, Serena, même Connor. Ceux qui avaient prouvé leur engagement pour le bien commun, au-delà des simples griefs et mécontentements personnels. Et où était Ludwig ? Du peu qu’elle l’avait connu, Selene avait eu l’impression de rencontrer un homme tourné vers l’espoir d’un avenir radieux pour la communauté. Sa voix trouverait sa place parmi ces guerriers épuisés. Caroline tenta de calmer les ardeurs, alors la pianiste reprit :

- J’aurais aussi pu garder ce refuge pour nous et nous emmener nous y terrer en vous laissant ici, signala-t-elle avant un soupir, c’est une proposition que je vous fais, pas une obligation. Je n’ai pas à choisir pour vous, elle s’adressait aux habitants d’Issaquah bien sûr, elle espérait bien que tous les anciens de la prison seraient de son côté, on part demain matin.

Elle en avait assez d’être loin de sa fille et de voir les stigmates de cette guerre sur tous les visages. Et enfin qu’ils arrêtent de chouchouter Ashley comme si elle était la seule à avoir perdu quelqu’un ici ! Ce n’était pas en faisant l’autruche qu’elle avancerait.

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« Ouais, c'est exactement les bonnes questions à poser. T'en as d'autres des comme ça, qu'on les fasse tout de suite pour en venir au vrai sujet ? » Grinça-t-il après le départ d'Ashley. Il ne l'épargnerait pas mais au moins lui laissait-il du répit. Revenant à sa place à côté d'Elena, il scruta les personnes ayant fait des remarques sur l'abri dont parlait Selene : « On a une alliance avec eux. Ils nous doivent pas tout ce qu'ils savent ou tout ce qu'ils ont. La rétention d'information, on en a tous fait, moi le premier... »

Et comme Selene le soulignait trop bien, c'était à cause d'eux s'ils avaient perdu la prison. Les Messiah ne connaissaient pas non plus toutes les planques des solitaires ou des hippies qui composaient vraisemblablement cette communauté.

« Tu veux pas qu'elle te file les chaussures avec lesquelles elle marche avec ça ? » Demanda-t-il sérieusement. « Nous avons établi un lien, commercial au début, pas un mariage duquel personne ne peut échapper. Il n'a jamais été question là-dedans d'exiger, soumettre, ou quoi que ce soit à partir du moment où les échanges étaient cohérents. »

Il sonda les autres un instant, parce que malgré les inconnus qu'il avait en face de lui, et qu'il n'aurait peut-être pas l'occasion de découvrir, l'homme croyait fermement à cette relation :

« Et s'il y a bien une chose qu'on ne peut pas se reprocher, c'est ça. » Il souffla : « Ça a été même une priorité pour tout le monde, eux, comme nous. C'est une porte de sortie, pour tout le monde. La question, elle est putain de simple, et vous arrivez encore à l'éviter : On part avec eux, ou pas ? »

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Il n'y avait rien à faire, le message ne passait pas et le duo Roza Connor endossait ainsi la cape des méchants connards. Situation ironique et frustrante quand leur seul désir restait le bien être de la communauté en passant par chacun de ses membres. Tant pis, ainsi va la vie et si il fallait avaler leur frustration et s'indigner de leur sens de priorité, ce serait en silence qu'elle le ferait. Un fin soupir quitta ses lèvres alors qu'elle retourna se coller au mur pour dévisager avec lassitude tous les protagonistes un par un. Qui étaient-ils pour elle finalement ? Et vis versa, que représentait la russe et sa bande pour eux ? Possiblement des outils débiles obnubilés par la vengeance et désireux d'enfoncer Ashley dans son drame, bonjour l'image, autant se taire à ce stade. Le mal semblait déjà fait pour la troupe et il ne fallait visiblement surtout pas tenter d'aider la jeune femme maman.

Pour la prise de parole de Selene, la russe n'ajouta rien, ça lui faisait mal de l'avouer, mais elle avait raison la pianiste, les siens étaient relativement chanceux de l'avoir. Une pensée pour Eli et elle se tourna vers Connor qui ramena le sujet sur la table, un fait qu'elle salua d'un geste de la tête. "On ne va pas suivrrre avec Rrriley." Ça devrait en rassurer pas mal, ils auraient ainsi la paix sans la russe obsédée par la vengeance à leurs basques, Selene la première. "Il en rreste pas mal à débusquer encorrre, on compte pas s'arrrêter là... et rrassurez-vous, on va pas vous mêler à tout ça. On s'éloignerra même le plus possible de votrrre nouvelle position." Ils en avaient assez fait non ? Sans compter les pertes subis, ça devait être difficile pour eux et la russe avait l'impression d'y voir son propre reflet, celui de l'année passée, quand tous les siens ainsi que son ancien toit brûlaient dans les flammes des pillards. Avec un peu de recul, elle commençait à comprendre leur ressentis et ce désir d'arrêter les frais pour commencer une nouvelle vie, elle les admirait même et les enviait en silence, elle qui était incapable de tourner la page... Si d'autre voulait la suivre, c'était l'occasion, mais elle en doutait fort pour le coup. Elles ne feraient pas non plus les folles suicidaires à deux, Roza avait déjà en tête de recruter des vagabonds ou des mercenaires sur les routes si l'occasion se présentait.

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Les mots de Selene furent suffisamment percutants pour le blond : eux aussi avaient dû abandonner les dépouilles de leurs proches et recommencer, encore. Y avait-il seulement un seul survivant qui avait été épargné de cela ? Non. Il enregistra dans sa tête les information sur le camp de ce fameux Deaglan. Sur le papier ça sonnait bien, mais dans les faits, qu'en était-il réellement ? Certains gardaient le silence, d'autre comme Ludwig peinaient à se positionner. Jesse était dans le même cas à dire vrai. Partir d'ici était une évidence, mais cet autre endroit serait-il vraiment celui qui leur permettrait de panser leurs plaies intérieures ?

Ne retenant pas un soupir alors qu'Ashley quittait la pièce, accompagnée des paroles acerbes de son amie, le réceptionniste posa ses prunelles sur ceux qui l'entouraient. Aucun d'eux ne devrait rester ici, chacun devait se donner la chance de continuer à vivre. Les paroles d'Andrea le firent tiquer. Certains de leurs proches étaient déjà là-bas ? Ils avaient donc suffisamment confiance en cet homme pour cela. Mais en effet pas assez pour en parler à Ashley ou Elena... Comme le soulevait Addison. Pour autant, le bouclé était las, et malgré la rage qui grondait en lui, il n'avait aucune envie de puiser dans son énergie pour s'énerver à son tour. Parce-qu'il devait garder le masque. Se protéger. Les protéger eux.

Jess reporta son attention sur Selene. Et elle n'avait pas tort : si la prison n'était plus, c'était parce-que leur emplacement avait été révélé. Eux aussi étaient en danger à cause d'eux. Et elle aurait tout aussi bien pu les laisser dans leur bordel. Ils partiraient demain matin ? Les sourcils froncés, le bouclé chercha Serena du regard, trouvant ses prunelles sombres. Il avait besoin de savoir ce qu'elle déciderait avant de se prononcer à son tour, savoir s'il pouvait ou non aspirer à rester près de tous ceux qui avaient pris une importance pour lui.

Ce furent alors les mots de Connor qui le figèrent. On ? Donc il s'incluait clairement dans l'affaire alors qu'il arrivait après la bataille, encore. Oh bien sûr, ses paroles étaient justes, mais qu'elle légitimité avait-il, là ? Aucune à ses yeux. Et sans doute qu'à la première occasion il se casserait de nouveau sur les routes pour mener sa petite vie. « C'est presque drôle de t'entendre parler d'un nous alors qu'à chaque fois que les tiens ont besoin de toi t'es pas là » avait-il sifflé d'un ton sec. Bien, pour le masque et le calme apparent, on repassera. « Mais je suis. Inutile de se lancer dans une guerre interne, on a pas besoin de ça maintenant et tout sera mieux qu'ici. » Sur ces mot le bouclé était sorti, tâchant au mieux de contenir sa colère. Pas besoin d'une guerre interne oui, et il ne l'alimenterait pas plus longtemps.

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