Putain... Quelle merde. Quelle merde on a eu. C'était la guerre et je sais plus quoi faire. J'ai vu Jon se faire tabasser à mort par un connard. Et... Et j'me suis ramassé tout seul la gueule. Genre méga boulet de tout les temps. Mais c'est pas tout. Vraiment pas tout...

Ashley... Merde va falloir lui dire. J'le sens mal, j'sais pas qui va lui dire. Comment on annonce ça ? Je soupire et sors les armes du gilet une à une. Voyant celles de Jon puis la matraque je soupire. Ok. Je vais lui dire, peut-être qu'avec ça, ça fera comprendre sans que j'ai à dire quoi que ce soit hein ? Mais à peine ai-je le temps de me poser la question que l'on arrive. Déjà !? Bordel je m'étais pas rendu compte. Je sors de voiture et inspira à fond avant de regarder Hope descendre en compagnie de Serena. Je suis. On lui ramène sa fille, bonne nouvelle et mauvaise nouvelle ensuite. Voyant la gamine aller vers sa mère, je regarde Serena rapidement.

Puis je vois Addi qui vient m'enlacer. Je la serre doucement dans mes bras avant de reculer et rejoindre Serena. Ashley est là, avec sa fille. Je dois lui dire. C'est maintenant. Alors j'inspire et prends le Beretta dans une main, la matraque dans l'autre. Aller j'y vais. je tremble, j'me sens mal. Je savais pas que c'était si compliqué d'annoncer une telle chose. Bordel... J'avance alors vers Ashley et la tête sûrement en vrac, la mine grave je m'avance et me mets à la hauteur de la jeune femme. Je tends alors l'arme à feu. "Ashley... Je suis désolé. Je suis vraiment désolé..." Je retiens mes nerfs qui vont commencer à craquer et présente la seconde arme, celle de l'autre enculé. Le tueur de Jon. J'espère que ce crétin a explosé avec la roquette de Riley. Mais je pose mon regard clair sur la jeune mère, puis cherche Addison du regard. Perdu, et désolé, je le suis carrément. Et repose mon regard sur la blondibrune. Je sens mes yeux me brûler un peu. J'ai envie de pleurer je crois, mais j'y arrive pas. Tout ce que je vois c'est que je ravage le coeur d'une femme et d'une gamine...

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Combien de temps avait-elle mis à réaliser pour le troisième corps. Le sang maculant son corps, ses vêtements, même ses cheveux blonds qui avaient repoussés étaient tachés de rouges. Son buste était dévoré, sa cage thoracique éclatée. Sarah était méconnaissable, et maintenant qu’elle réalisait qu’il s’agissait de son amie, Andrea en avait perdu la voix. Laissant aux autres le soin de s’occuper de rester, elle réalisa alors que la blonde était morte sans que personne ne puisse voir sa détresse, ni y réagir. Qu’il n’y avait eu personne à sa portée pour remarquer qu’elle se faisait dévorer par les morts, et qu’elle n’avait eu aucune chance.

« Qu’est-ce qu’on va dire à Duncan… » Articula-t-elle finalement sans réussir à songer à autre chose.

Il n’y avait jamais eu de doute quand aux relations qu’elle entretenait avec Duncan : tendues pour la majorité du temps. Mais lui et elle avaient adopté un gamin, de qui ils s’occupaient comme s’il s’agissait du leur. Wyatt avait retrouvé une mère pour la perdre aussitôt, et ça la bouffait de l’intérieur.

« On peut pas la laisser comme ça. » Fit-elle à Isaac.

Il put transmettre le message qu’on lui amène des draps pour la recouvrir : on voyait trop d’elle actuellement, trop de ce que ces monstres lui avaient fait. Au moins ne reviendrait-elle pas d’entre les morts. Elle s’occuperait de l’enterrer, de lui offrir un repos qu’elle méritait, dans un endroit où plus rien ne lui arriverait. Remerciant la personne qui venait lui fournir des draps propres, sans voir de qui il s’agissait, la métisse en déplia un pour recouvrir le corps meurtri, presque méconnaissable, de Sarah.

« Je vais avoir besoin d’aide pour… Pour les enterrer. » Ajouta-t-elle dans la foulée.

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Le ranch.

Alors que les camions se déchargeaient rapidement de ses occupants - les uns s’empressant d’aider les blessés à sortir quand les autres allait vivement s’enquérir des nouvelles d’Elena, Ashley et Finan – les cousines restèrent un instant en retrait. Par la fenêtre, elles pouvaient voir les corps inanimés répandus au sol à proximité de la maison. Les stigmates du champ de bataille qu’elles avaient abandonné à Renton étaient tout aussi présents ici. Romy était figée, elle craignait de sortir. Le long du trajet, ses larmes s’étaient taries, elle se sentait simplement épuisée. Et coupable.

Leila prit l’initiative de quitter le véhicule et la bouclée la suivit. Dans ce tumulte, une nouvelle fois, personne ne semblait vraiment faire attention à elles. Elles étaient là, comme invisibles, dans cet environnement qu’elle ne connaissait pas. Évoluer jusqu’au porche de la maison se révéla une véritable torture. Elles percevaient le soulagement de ces gens de retrouver les leurs, mais aussi ce désespoir d’avoir perdu des amis, cette urgence de venir en aide à ceux qui restaient loin d’être sorti d’affaire et ces morts. Partout. Ces visages anonymes pour les habitants d’Issaquah comme ceux de la prison, mais tellement familiers aux deux femmes. Romy s’immobilisa à quelques pas du perron, quand elle reconnut le vêtement de Tom sur ce cadavre défiguré. Sa chevelure mi-longue. Son corps maigre, tout juste sorti de l’adolescence. Sans faire attention aux autres, elle s’accroupit auprès de la dépouille.

- Pardon… murmura-t-elle en posant sa main sur la poitrine du garçon. Il en avait pincé pour elle. Elle l’avait manipulé. Comme ceux qui l’avait obligé à venir ici… Sa main serra son vêtement et elle murmura une brève prière musulmane.

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La grenade avait eut l’effet souhaité en ouvrant une brèche dans le mur d’infectés qui nous retenaient au Disrtict. Permettant enfin à nos véhicules de s’engouffrer sur le chemin qui nous ramènerait au Ranch. Assis dans le blindé aux côtés de Daniella, le trajet du retour se fit dans un silence chargé d’émotions contradictoires. Le soulagement de cette victoire – même si je craignais les représailles de ceux que l’on avait laissé filer – se mêlait avec la tristesse et la colère de nos pertes. Si mon regard était tourné vers le paysage qui défilait à l’extérieur, je ne voyait rien d’autre que les scènes de combat qui s’était jouer plus tôt. En particulier celle qui avait opposé Jonathan à l’homme qui lui avait rendu le coup mortel.

Si je n’avais pas voulu y penser plus tôt, l’inactivité et le silence qui régnait dans l’habitacle me forcèrent à le faire maintenant. À penser à ce moment où l’on devrait annoncer à Ashley que sa fille avait perdu son père… À penser à cette culpabilité douloureuse que je ressentais après n’avoir rien pu faire pour lui. L’assassin de Jon avait-il explosé dans la roquette ? Je n’avais aucun moyen d’en être certain, mais préférais y croire.

Lorsqu’on avait quitté le Ranch, on avait laissé Elena, Finan et Ashley derrière nous. Tous trois grièvement blessés. Bien que j’avais confiance en ceux qui les avaient pris en charge et qui allaient tout faire pour les sauver de la mort, l’impatience et la crainte de les retrouver faisait sautiller ma jambe et pianoté mes doigts. On avait déjà suffisamment de mort à enterrer pour que je puisse en supporter d’avantage… Je n’avais donc pas perdu de temps à descendre du véhicule lorsque celui-ci s’immobilisa enfin. Aidant les blessés à entrer à l’intérieur pour recevoir des soins, avant de m’immobiliser un peu en retrait derrière Serena, Addison et Damian alors que ce dernier annonçait la triste nouvelle à Ashley. La scène était difficile à regarder, faisant monter les larmes à mes yeux alors que l’émotion formait un nœud douloureux dans ma gorge. Incapable de rester là plus longtemps sans avoir cette envie d’hurler et de tout fracasser sur mon passage, j’avais poursuivit mon chemin pour aller prendre des nouvelles de Finan et Elena.

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Elle avait fini par s’habituer à la sensation. La piqûre dans le bras, la fatigue qui la gagnait, la sensation que sa vie passait d’elle à Ashley. Elles avaient échangé plusieurs regards sans ressentir la nécessité d’y mettre des mots. Symboliquement, une boucle se terminait. Si on pouvait dire que l’aînée avait sauvé la musicienne dix ans auparavant en la sortant de ses ruminations adolescentes, alors cette dernière lui rendait enfin la pareille. Chaque fois que les yeux clairs de Selene se posait sur le sang qui coulait lentement, elle se disait qu’elle avait fait le bon choix.

Même si elle n’en avait rien dit aux médecins, la pianiste était au bord de l’évanouissement. Blanche comme un linge, elle leva un regard fiévreux vers Summer qui venait annoncer le retour des autres. L’heure de vérité. La petite Hope ne tarda pas à venir au chevet de sa mère étancher de longs sanglots dans les bras de celle-ci. Si la blondibrune était trop obnubilée par sa fille pour faire attention, l’air grave des survivants n’échappa pas à la musicienne. Ça ne s’était pas si bien passé.

Ce fut à Isaac de venir lui annoncer la nouvelle. Juste après qu’Ashley ait arraché sa perfusion archaïque et donc que son amie ait fait la même chose, pour éviter de simplement se saigner. Le pouce pressé sur le point d’entrée de l’aiguille – attendant sans avoir eu le temps de le demander qu’on lui donne une compresse et de l’adhésif – elle fixait l’éleveur de chevaux. Sarah était morte. Le choc fut sans doute plus dur que ce qu’elle aurait imaginé. L’actrice était… une véritable force de la nature. Au sein du groupe, elle avait su se creuser sa place alors que ce n’était pas gagné pour en devenir une fervente protectrice.

- Comment ? Murmura-t-elle tout en sachant que la réponse ne changerait rien, rassemble les autres… on va faire ce qu’il faut pour elle, je crois qu’on va encore rester un peu ici, elle était trop faible pour bouger de toute façon, rien que se mettre debout fut une épreuve, j-j’arrive.

Elle venait de capter son amie d’enfance, en train de réaliser le sort de son petit-ami. Deuxième sale coup pour Selene qui s’était subitement trouvée à apprécier Jon. Elle aurait voulu dire à Ashley qu’elle devrait rester allongée, qu’il ne fallait pas s’agiter, mais son aînée était têtue. C’était le rôle des médecins de se casser le nez sur son sale caractère, le sien était de l’accompagner. L'épauler, invariablement. Dans un dernier signe de tête, elle confirma à Isaac qu’elle viendrait pour s’occuper de sa famille mais que dans l’immédiat, elle devait veiller sur son amie.

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