Les prélèvements et les transfusions s’organisèrent, non sans un regard un peu moralisateur pour Lisandro et sa remarque quelque peu déplacée. Il haussa les épaules nonchalamment avant de s’occuper de Selene et d’Ashley. C’était risqué bien sûr, mais avaient-ils d’autres choix ? Pendant la transfusion, Lisandro s’était remis à siffloter nonchalamment, mais aussi pour détendre les inquiets. Il l’avait bien vu, si Addison avait trouvé sa remarque drôle, Shawna avait besoin de sérieux pour se rassurer. « T’en fais pas Shawna, tout ira bien… » Par ailleurs il entreprit de lui expliquer la procédure en l’appliquant sur Selene. Ainsi la brunette pour voir et comprendre ce qu’ils s’apprêtaient à faire pour sauver leurs blessés.

Il trouvait la tension descendue d’un cran quand, plus tard, des pneus crissèrent au-dehors. Il se raidit, avant de comprendre qu’il s’agissait des leurs. Un soupir de soulagement qui fut vite remplacé par une bouffée d’angoisse quand il commença à s’inquiéter pour Andrea. S’assurant que les blessés de l’infirmerie allaient bien, il sortit à la rencontre des autres. Ce fut Isaac qu’il vit en premier, fronçant les sourcils sur sa blessure, il fut arrêté dans son élan par ses propos. Sarah. Son cœur se serra et il détourna le regard. Elle était son amie, et ce malgré ses petites querelles avec Duncan, ils s’étaient toujours forts entendus en termes de conneries. Andrea va bien. Il se remit à respirer. « Je… Je vais voir Andrea. Je… Pour Duncan, je ne sais pas… Fais au mieux. Je reviens m’occuper de ça tout à l’heure. » Dit-il un peu plus fébrilement. Car tout ce qui l’intéressait sur l’instant, c’était de retrouver Andrea.

Dehors, il parcouru les alentours du regard avant de tomber sur cette silhouette bien familière. Ce n’était peut-être pas le moment, et probablement que personne – parmi ceux restés au Ranch ces dernières heures – ne l’avait remarqué, mais il avait eu peur pour elle, terriblement. « Andrea ! » Cria-t-il afin qu’elle se retourne. La voyant, il put constater qu’elle était entière et que le sang qu’elle avait sur elle n’était pas le sien. « Santa Madre, gracias. Tu es en vie… ! » Ses pas se précipitèrent et il se jeta sur elle pour la prendre dans ses bras et l’embrasser avec passion. Ce n’était clairement pas le moment, mais quand serait-ce, de toute façon ? Dans son baiser, il y avait l’urgence, l’inquiétude, le soulagement et puis surtout tout l’amour qu’il avait pour elle. « Te quiero, Querida, plus que tout. » Dit-il après avoir mis fin à son baiser, en ancrant son regard dans le sien.

Alors seulement il remarqua la présence d’une brunette à côté, avec une pelle en main. « Désolé. » Puis il regarda Andrea. « Désolé pour Sarah. Je peux faire quoi pour aider ? »

Spoiler:

Le trajet retour s'était déroulé dans un silence pesant, beaucoup trop, et le blond peinait sérieusement à calmer la rage et la culpabilité qui se jouait en lui. Il n'avait pas pu aller au bout de la promesse faite à Finan, pas pu sauver Jon. Rien pu faire d'autre que regarder le spectacle désolant qui s'était joué devant ses yeux. Et enfin ils arrivèrent. Il n'était pas prêt, pas du tout. Avisant Reena il avait hoché la tête, la laissant s'éloigner avant de jeter un coup d’œil à Ludwig. Il allait retrouver les siens désormais, pour de vrai.

Descendant du camion, il vit la militaire filer avec Hope, Damian qui suivait. Et sa gorge se noua. Comment Ashley pourrait digérer la mort de Jon ? Comment Hope pourrait digérer la perte de son père ? Se tenant au camion, le bouclé ne bougeait plus, sentant l'air lui manquer. Il se rappelait du jour où on lui avait annoncé que sa mère ne se rappelait plus d'eux. Puis de celui où elle les avait abandonnés pour refaire sa vie. Il savait ce que ça faisait, de perdre un parent. Puis un deuxième, parce-que papa Lewis n'avait pas été foutu de gérer. Et même s'il savait son amie forte, il ne pourrait supporter de voir dans ses grands yeux la même douleur que dans les prunelles de son géniteur, de la voir couler comme il avait coulé lui. Hope aurait besoin d'elle, mais pour l'instant...

Relevant le nez il la vit, accrochée dans l'embrasure de la porte, sans sa fille. Elle était en vie mais il ne parvenait pas à se réjouir totalement pour autant. La gorge nouée, le regard grave, le cœur au bord des lèvres, le réceptionniste se décida à bouger pour aller jusqu'à elle. Il ne le supporterait pas, son regard, il le ressentirait jusqu'à ce que la peine de son amie devienne sienne. Mais pour l'instant il devait être là. Sans un mot et faisant abstraction de la douleur dans son flanc et son bras, il passa son bras valide autour des épaules de la jeune femme, se doutant pertinemment de ce qu'elle s'était apprêtée à faire. Descendant les marches du perron en la gardant contre lui, il inspira. « T'es pas toute seule » avait-il murmuré. Pas comme son père. Pas seule face au reste du monde. Ils seraient tous là pour elle.

Spoiler:

Pelle en main, des buches fines sous le bras, Andrea fut sur le point de se mettre sérieusement au travail. Accompagner Daniella au bon endroit pour commencer sa besogne, et digérer tout ça le plus loin de tout ça. A l’instar de la brune à ses côtés, en essayant de passer au-dessus des horreurs de la journée. Mais celle à ses côtés semblait submerger, et même en commençant à creuser, les premières larmes sur ses joues salies se firent voir :

« Hey… Ca va aller ? » Demanda Andrea, un peu trop froidement sans doute mais avec compassion. « C’était très éprouvant aujourd’hui, et très violent. T’es arrivée y’a pas longtemps, c’était beaucoup te demander. » Avec hésitation, elle posa sa main sur l’épaule de la jeune femme. « Si tu veux d’abord reprendre ton souffle et évacuer… C’est pas pressé. Le reste… Tout ça peut attendre quelques minutes de plus. »

Et elle, elle eut à peine le temps de terminer son discours qu’elle entendit une voix qu’elle connaissait l’appeler. Se tournant, elle vit finalement Lisandro s’approcher d’elle, et se rassurer qu’elle soit en vie.

« Oui, je suis en v- » Il l’attrapa, l’attira à lui, l’enlaça fermement et l’embrassa avec force et urgence. Les yeux écarquillés, surprise, Andrea eut à peine le temps de se tenir à son bras et de lui rendre son baiser. C’était brut, inquiet, empli d’un soulagement qu’elle comprenait. Sans doute était-elle trop pudique pour être capable de l’exprimer ainsi : « Hey, tout va bien ? » Demanda-t-elle ensuite en scrutant l’homme.

Lisandro était émotif, il l’avait toujours été. Ça n’empêchait pas sa surprise :

« On va bien, on a pas été blessé. Mais tu as du boulot qui t’attend ailleurs, on va s’occuper de… De creuser pour les morts. » Fit-elle. « Tu seras plus utile ailleurs… On se retrouve plus tard, d’accord ? »

Spoiler:

Spoiler: