Cette voix. La brune s'était retournée aussitôt, marquant un temps d'arrêt en dévisageant longuement le norvégien en face d'elle. Il semblait bien se porter. L'ombre d'un sourire frôla ses lèvres. Ludwig était sa plus belle surprise depuis si longtemps. Elle aurait voulu le prendre dans ses bras, le serrer fort pour être certaine qu'il était bien là, enfin rentré chez lui. Mais les pleurs de Shawna, l'odeur nauséabonde qui stagnait, les cadavres à peine dissimulés sous des tissus... Tout ça tenait à bonne distance sa joie. Elle ne pouvait pas se réjouir, connaissant le prix de cette libération d'otages. Elle se contenta d'un long regard pour le libraire. Ils se retrouveraient plus tard. Lorsque leurs morts auraient retrouvé la terre.

Elena suivit la vétérinaire qui la pressa de s'asseoir. « ça va, t'en fais pas. J'ai besoin de savoir Caro. » La femme se livra finalement au récit de leur opération, dans les grandes lignes. Caleb était mort. La nouvelle lui fit l'effet d'une douche froide. Elle ne pouvait s'empêcher de penser au jour où le sénateur s'était porté volontaire pour rejoindre les otages, où il l'avait persuadé que sa place était ici, à trouver une solution pour les libérer. Au moins, il n'aurait pas à pleurer Eileen, pensa-t-elle sombrement. Elle remercia silencieusement Caroline pour ses informations, consciente que la fuite d'une grande partie de leurs ennemis n'était pas une bonne nouvelle. Ils reviendraient. Plus furieux que jamais. Seraient-ils de taille cette fois à essuyer un assaut où des troupes supplémentaires seraient déployées pour les éradiquer ?

Elena redressa ses yeux sombres vers Serena qui demandait un moment avec elle. Sans un mot, la grecque hocha doucement la tête. Il y avait encore beaucoup à faire, à penser. Les alliés allaient devoir songer sérieusement à la suite, mais pour l'heure, ceux qui étaient tombés devaient trouver le repos. La jeune femme, plongée dans un mutisme religieux s'était contentée d'assister aux funérailles. Sept tombes supplémentaires pour venir orner le cimetière d'Issaquah. Sept cadavres qui venaient peser un peu plus sur sa conscience. Y-aurait-il seulement une fin ? Avec la béquille de fortune qu'avait improvisé Gregory pour elle, la jeune femme rejoignit l'intérieur du ranch. « Serena ? » La voie éraillée, Elena s'était approchée de la militaire pour répondre à sa requête d'il y a quelques heures. Leurs amis enterrés, il était grand temps de penser à en sauver les autres désormais. La brune l'invita à s'éloigner quelque peu, offrant leur tranquillité à ceux qui souhaitaient honorer silencieusement la veillée funéraire.

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Il était enfin là, son blond préféré. Son regard croisa le sien alors que la texane sentait sa main sur elle. Ses yeux étaient fatigués, encore plus sombres qu'à l'habitude. Avait-il versé quelques larmes dans une tentative de laisser sortir cette colère qu'elle lui connaissait? Probablement, mais en vain, à en juger par la façon dont il la regardait. Sere tenta un sourire en réponse à ses encouragements silencieux, comme si elle voulait y croire, et qu'il y croit par le fait même. Elle posa la main de son bras valide à son épaule, presque craintive de lui faire mal, avant de parler. "Je sais pas c'que j'aurais fait si t'avais été parmi eux, Jesse." dit-elle en faisant référence aux disparus, évidemment. Et ce n'était pas dans ses habitudes de s'exprimer ainsi, mais pouvait-on la blâmer après une telle journée? Elle aurait aimé pouvoir faire de l'humour, comme lui, comme son sourire qui effaçait tous les maux, mais elle n'en était pas capable, là, tout de suite.

Dans tous les cas, l'appel de son prénom attira son attention, comprenant rapidement qu'il avait été prononcé par Elena. Après tout, elle avait elle-même demandé à lui parler pour lui faire état de la situation... et de ce qui la perturbait. Dernier regard à son ami avant de s'éloigner avec Hortos. Reena l'invita à s'assoir pour épargner sa jambe, mais elle savait qu'elle n'en ferait qu'à sa tête. La militaire dressa rapidement un sommaire de ce qu'il restait de leurs ressources armées avant de faire une pause, souhaitant trouver les bons mots pour la suite.

"Le but était de récupérer les otages, n'est-ce pas?" On aurait dit qu'elle ressentait le besoin de parler tout bas, autant pour ne pas déranger que pour se concentrer sur ce qu'elle voulait dire. "Pas de les faire danser sous les explosifs. C'était un putain de fiasco désorganisé, Elena." avoua-t-elle finalement. "Je suis prête à dire que les choses auraient pu être différentes si certains n'avaient pas été aveuglé par la vengeance. Qu'ils n'auraient possiblement pas essayé de fuir si nous avions été moins... flamboyants. C'est ma faute, j'aurais dû savoir mieux guider l'équipe. J'en suis désolée." Elle l'était. La brune baissa les yeux, sentant soudainement le poids de l'échec sur ses épaules, mais ce n'était pas le moment de s'affaisser. Pas devant la grecque. "Je voudrais qu'on augmente les rondes de garde et qu'on se penche sur un plan pour la suite. Parce qu'à mon avis, ils reviendront." ajouta-t-elle, très sérieuse.

"Et quelle est ta décision au sujet des deux rescapées du District? Tu crois qu'elles ont leur place ici?" reprit-elle en se redressant un brin. Son ton sec et tranchant laissait entrevoir quelle était son opinion à elle, mais ce n'était pas sa décision, au final. Et elle ne savait pas quelle serait sa réaction si Elena leur permettait de rester.

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« On est pas obligés de parler, t’en fais pas. » Elle souffla ça en se plantant juste à côté de Duncan.

Droite comme un piquet, sans le fixer lui, mais en portant ses yeux sur la forêt autour. L’endroit semblait étrangement calme après toute cette agitation. Loin des lumières, et si proche de la noirceur environnante. Ça aurait pu lui coller un frisson, mais Andrea resta digne. Sans doute parce qu’elle avait l’impression d’être vide de toute émotion actuellement, comme si elle en avait enterré une partie dans la tombe de Sarah.

Le débordement viendrait plus tard, sans doute. Elle se doutait que ça n’était qu’une question de temps. Ou tout du moins, le temps de réaliser ce qu’il s’était passé là-bas. Ça viendrait forcément à un moment donné. Pour elle, et pour Duncan. Et probablement n’auraient-ils pas les mêmes réactions.

« C'est pour que tu saches que tu n’es pas seul... » Assura-t-elle d’une voix presque douce, surtout lorsque ça lui était donné. Elle ne s’était jamais vraiment montrée « gentille » avec lui, toujours à le chercher, le pousser, remettre en question ses positions et ses méthodes. Finalement, pour se familiariser avec et l’accepter ainsi. Sans pour autant cesser de franchir les limites jusqu’à la dispute. Mais cette fois, Andrea sera juste une alliée pour son ami.

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- Est-ce qu’ils n’ont pas suffisamment payé ? C’était la question qu’avait posé Romy à Roza qui affirmait encore qu’elle n’en avait pas eu assez. Malgré cette trentaine de cadavres autour d’eux. Et ceux gisant encore certainement au District au même instant.

De toute évidence cette conversation était encore trop précipitée. S’ils étaient plusieurs à s’inquiéter de ce qui allait se passer maintenant, aucun débat ne fut soulevé. L’heure était encore au recueillement, alors qu’ils avaient chacun pansé leurs plaies apparentes. Lisandro n’avait pas réellement perdu de temps avec les cousines qui s’en étaient sorties indemnes, alors : next ! Depuis les filles s’étaient faites toutes petites. Le regard qu’avait posé Serena sur elles l’avait confirmé : elles n’étaient probablement pas à leur place ici… Alors elles s’étaient vues attribuer un petit endroit pour passer la nuit et sans s’attarder, elles s’y étaient réfugiées. Sales, le ventre vide, et la boule au ventre. De devoir digérer ce qu’elles avaient vu, et de s’inquiéter quant à ce qu’il allait maintenant advenir.

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