9 Décembre 2018

Les dernières annonces en novembre avaient donné un coup de fouet au sein du laboratoire et Savannah était ravie d'avoir pu y contribuer. Ses recherches paraissaient minimes, peut-être hors sujet, mais loin de là, les insectes qu'elle prenait soin de déposer sur les corps des morts, ou bien sur les gènes de Clayton révélaient des choses à chaque fois, elle avait même pu établir une théorie concernant le virus H1R1 et l'ARN des moustiques. Ce qu'elle avait aussi exposé à son amie Evelyn il y a quelques mois. Savannah voyait en Clayton une sorte de super cobaye, une sorte de super bûche de Noël de luxe que laquelle on pouvait prélevé quasiment sans cesse du sang et autre particules humaines pour les tester. Il était comme un buffet à volonté. Néanmoins il fallait faire attention à ce que Clayton ne se mette pas en danger, ne pas abîmer ce potentiel taille humaine de recherches.

Et ce jour là, d'ailleurs la métisse avait eu de nouvelles idées. Elle savait qu'il lui restait quelques échantillons dans les frigos du labo, et c'est donc en allant les chercher quelques pièces du sujets qu'elle croisa son collègue Chad. elle aimait bien ce type, même si elle adorait aussi entrer en compétition avec lui. Il était proche du virologue qu'était Davis, mais ce qui l'amusait le plus était le fait qu'il veuille devenir meilleur à chaque fois, tout comme Savannah. Alors tout en lui adressant un sourire la princesse s'adressa à lui. "Chad, Salut ! Comment vas tu ?" Elle marqua une pause et tenait fermement dans ses mains gantées de latex les échantillons sanguins de Buchanan. "Ça te dirait qu'on s'amuse un peu. J'ai bien envie de faire de nouveaux tests et il se pourrait que ça t'intéresses. Mais je ne suis pas sûre, après tout les bactéries et les insectes.... Ça n'est peut-être pas totalement ta branche." Le ton était sur la plaisanterie. Savannah était toujours ainsi, sympathique, avenante mais aussi un peu pestouille. Savannah savait qu'elle valait bien mieux que bien des gens, et ce qu'elle appréciait chez Chad était qu'il avait vraisemblablement la même motivation que la New-yorkaise. Elle agita ensuite les tubes devant lui tout en arquant un sourcil. "Alors on fait équipe ?" Elle se recula ensuite jusqu'à rejoindre sa paillasse et posa les tubes sur le comptoir avant d'aller dans sa propre réserves chercher d'adorable coccinelles, et pourtant ces dernières étaient suffisamment rare pour qu'elle puisse en prendre soin. Les coccinelles asiatiques dans leur petit terrarium vinrent se poser près des tubes et elle leva ses yeux vers son collègues. "Va donc me chercher les meilleurs échantillons de bactéries que tu aies !" Elle rit doucement, tout en le regardant avec un air de défi.

Savannah avait pour but de comparer ce que ferait une coccinelle avec du sang infecté, une autre avec du sang immunisé et une dernière avec une bonne bactérie bien résistante. Et ainsi donc, elle pourrait ensuite exercer d'autres prélèvements, mais pour ça, elle désirait secouer un peu Chad et le taquiner en mettant les bactéries de ce dernier en compétition avec ses insectes.

Depuis plusieurs jours voire mêmes semaines, j’avais en tête une nouvelle hypothèse pour essayer de trouver une façon d’éradiquer le mal qui sévit depuis 3 ans maintenant, une idée qui semblait certes pratiquement impossible à mettre en place mais impossible était un mot que je ne connaissais pas, et bien des années auparavant, on aurait dit qu’il était impossible qu’on se retrouve avec des morts-vivants mangeurs de chair humaine. Et comme à chaque fois que j’avais ce genre d’idées, je passais pratiquement tout mon temps au laboratoire. J’avais même mal aux yeux à force de regarder des cellules dans un microscope.

C’était par ailleurs ironique comme la vie pouvait nous faire faire le contraire de ce qu’on voulait au départ, et alors que les missions principales des chercheurs en biologie visaient normalement à comprendre le comportement des organismes vivants, je me retrouvais aujourd’hui à étudier les morts. Quoi qu’il en soit, j’avais besoin d’une petite pause puisque pour la énième fois je venais de subir un échec et ça commençait à m’agacer. Prenant alors la décision de sortir prendre l’air, je tombais par hasard sur Savannah qui venait d’entrer, l’air enjoué et les yeux pleins de malice, avant même qu’elle ne parle je savais qu’elle avait une idée derrière la tête, ça se voyait trop, ou alors je commençais à bien la connaître.  « Bonjour Savannah, j’vais bien et toi ? »  

Evidement qu’elle allait bien, ça se voyait mais c’était surtout par politesse que j’avais posé la question, d’ailleurs j’en avais eu la confirmation en écoutant sa proposition. « Toi et tes insectes… » elle pourrait sans doute dire la même chose de moi avec mes bactéries mais comme elle aimait me taquinait, j’aimais lui rendre la pareille. « Bien sûr que ça m’intéresse, ça me permettra de me changer un peu les idées, et peut-être que j’aurais une révélation pour mon idée aussi après ça. » Et sans lui laisser le temps de rajouter quoi que ce soit, je continuais « je t’en parlerai ne t’inquiète pas, et si ça marche je serais celui qui sauvera l’humanité » Rien que ça ! Mais pour l’heure je disais ça plus pour la titiller que parce que je pensais que j’allais y arriver, et je l’écoutais qui reprenait la parole pour me demander si j’accepterais de faire équipe avec elle. Étrangement même si nous étions tout le temps en mode « qui sera le meilleur » tous les deux, j’aimais travailler avec elle, chose que je ne pouvais pas dire de n’importe qui. Et je devais bien reconnaître que parfois le mélange de nos deux hypothèses pouvait avoir un résultat étonnant.

Je la regardais poser ses affaires puis ramener des insectes, des coccinelles à premières vues, et pendant un bref instant, ça m'avait ramené bien des années auparavant quand ma mère nous disait à ma sœur et à moi de ne jamais faire de mal aux coccinelles parce qu’elles portaient bonheur. Mais très vite j’effaçais ce souvenir de mon esprit pour me reconcentrer sur ce que Savannah disait et sans montrer la moindre résistance j’allais chercher quelques échantillons de bactérie. A mon retour je jouais enfin les curieux pour savoir ce qu'elle voulait tester plus précisément. « Alors que veux-tu démontrer avec cette petite expérience ? »

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Echange courtois et professionnel de politesse, Savannah ne perdait néanmoins son sourire franc et de petite Princesse. Elle était ainsi la métisse, à savoir ce qu'elle vaut, et à se répéter qu'elle vaut en effet bien mieux que la plupart de cette dite "élite". C'était ce genre de chose que lui avait rabâché son père et la New-yorkaise y croyait dur comme fer depuis sa plus tendre enfance. Mais Chad était ici, son essentiel concurrent, même si elle appréciait travailler avec lui et sa belle intelligence. Il était aussi un peu de lui-même, du mois c'est ce qu'en voyait l'entomologue.
Mais à sa boutade elle se contenta de lui adresser un sublime sourire ravi, et taquin, et oui "elle et ses insectes". Elle passait par moment pour une dingue, une grande passionnée, mais elle l'était, passionnée, et puis pour elle les rampants avaient tant de choses à dévoiler.

Lorsque son collègue accepta sa proposition, la trentenaire arbora un plus large sourire et elle lui adressa un clin d'oeil entendu. Ainsi donc ils feraient équipe ensemble. De plus Sanders lui confiait qu'il avait aussi des idées qui lui trottaient dans la tête, de quoi réjouir et attiser la curiosité de l'ancienne membre de la scientifique du F.B.I.
Mais entendant sa remarque elle arqua un sourcil "sauveur de l'humanité". et ses chevilles alors !? Il était agaçant mais qu'à cela ne tienne, Savannah saurait ne pas le faire monter sur le trône.

Ses insectes bien en place elle ouvrit une première boîte et en sorti un des spécimen, le prenant avec une pince et la plaçant dans un petit tube, avant de saisir un tube sanguin de Clayton ainsi qu'une pipette pour en prélever des gouttes. Puis elle attendit que Chad reviennent avec ses échantillons et une question, qui ne pu que faire sourire plus encore la jeune femme. "Ca t'intrigue n'est-ce pas ! Et c'est assez simple en réalité. Il faut que j'injecte un peu de bactérie sur cette coccinelle, puis la même bactérie sur le sang de notre sujet immunisé et ensuite on voit ce que ça donne." Elle marqua une nouvelle pause et replaça des tresses derrière une de ses oreilles avant de placer les lunettes transparentes sur son nez et saisir une aiguille pour prendre un peu de bactérie, mais encore fallait-il bien la choisir. "Mes coccinelles ont une arme secrète nommée Harmonine, et je veux mettre en action cette arme,. Elles seraient capable de détruire des bactéries, même les plus forte, alors je veux tester aussi la bactérie sur le sang et comparer. C'est aussi simple que cela !" Toujours enjouée elle lui adressa un nouveau sourire et plaça la coccinelle sous la loupe d'un microscope, se plaça au dessus et brancha la caméra à ce dernier afin que son partenaire du jour puisse observer sur l'écran ce qu'elle faisait. Alors maintenant l'insecte entre deux pinces, et sur le dos, elle finit par choisir le staphylocoque doré, le premier de sa liste d'idée. Elle en préleva un peu et vint l'injecter dans l'abdomen de la coccinelle, pour ensuite la plonger dans un réceptacle stérile et sans antidote.

Se tournant vers l'homme elle s'humecta les lèvres avant de reprendre parole. "Sinon, qu'elle est ton nouveau projet ? Je suppose un lien avec notre cobaye et le sérum ?" Savannah commençait à bien cerner le bactériologue. Et elle était curieuse de connaître son projet afin de pouvoir travailler dessus ou non, ou bien de juste le taquiner un peu de temps à autre en lui prouvant qu'il s'embarquait dans une belle galère. telle était aussi leur relation professionnelle et amicale, se chercher, se chahuter gentiment et tenter de prouver à l'autre qu'on était meilleur.

J’étais censé être en pause et hors du laboratoire, mais Savannah avait changé mes plans pour faire on ne sait quels tests, et comme je ne voulais surtout pas qu’elle pense que j’ai peur de la défier j’avais accepté de jouer le jeu, et puis comme on dit, la curiosité est un vilain défaut. La preuve j’étais encore là alors que je devrais profiter de l’air frais dehors. J’allais donc chercher quelques échantillons de bactéries assez agressives avant de revenir la voir et lui demander ce qu’elle comptait faire. En gros, elle voudrait savoir si ses coccinelles avaient une meilleure résistance aux bactéries que le sang humain. Oui elle voulait s’amuser quoi. Je regardais néanmoins ce qu’elle faisait avec la plus grande attention, j’ignorais si ça pouvait servir nos recherches mais le résultat était bon à savoir quoi qu’il en soit.

« C’est intéressant, quelle est l’utilité de ces coccinelles? Je veux dire, je sais qu’en général, les cultivateurs les utilises pour protéger leurs cultures, mais ont-elles d’autres caractéristiques? »Après tout, peut-être que Savannah avait aussi une autre idée derrière la tête avec ces tests. Mais pour l’heure elle avait plus l’air de s’intéresser à ce que moi j’avais dans l’esprit.  

« Oui et non, même si je continue de travailler sur le sérum. Sans succès. » D’ailleurs depuis les dernières découvertes tout semble stagner. Ou alors c’était moi qui stagnais, mon cerveau était tout le temps en travail et en ce moment je commençais à saturer. Le concept des vacances était sans nul doute une des choses qui me manquait le plus de l’ancien monde. Bref, tout cela pour dire que mes recherches n’avançaient pas du tout. Et c’était d’ailleurs pour cette raison que j’ai commencé à penser à une alternative à ce sérum. « Tu vois, ça fait trois ans qu’on cherche à trouver un remède, une façon de stopper le Virus, et jusqu’ici on a juste réussi à ralentir sa propagation, alors j’ai pensé à une alternative, pour que même si on n’y arrive pas, les rodeurs soient quand même arrêtés. »

Je regardais avec attention les gestes de la jeune entomologiste, je ne savais pas quelles pouvaient être les bactéries qui pourraient s’attaquer avec véhémence à ces petites coccinelles mais j’avais quand même de la peine pour ces petits insectes, car ces dernières me faisaient encore une fois penser à ma mère. Mais la science nécessitait de faire des choses qu’on n’a pas forcément envie de faire. Puis je continuais ma narration.

« J’ai eu l’idée en pensant à la fasciite nécrosante, plus communément connue sous le nom de maladie mangeuse de chair provoquée par certaines bactéries qui s’attaquent à la peau puis aux tissus pour finir par le muscle. Je cherche donc à trouver quelles bactéries habituellement impliquées dans la décomposition peuvent continuer de se nourrir de chair malgré l’infection, Le but étant de les trouver, les isoler, et les reproduire pour développer une bactérie nécrophage. Si j’y arrive, ce sera une façon de détruire les rodeurs, même si le virus continue de servir. » Je regardais Savannah qui en même temps qu’elle m’écoutait s’attelait à sa tâche et je concluais avec « voilà, tu sais tout »


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Savannah s'attelait déjà sa tâche tout en ne perdant pas de vue ses interrogations concernant le projet de son comparse et concurrent. Elle était curieuse mais en attendant elle voulait aussi exceller dans son domaine, se démarquer des autres. Etre supérieure, et elle l'était, du moins en premier lieu dans sa spécialisation. Alors à son interrogation, un petit sourire se dessina à la commissure de ses lèvres et elle leva ses yeux du microscope pour poser son regard brillant de malice sur Chad. "Celles-ci ne sont pas forcément utilisées par les cultivateurs. Elles sont trop dangereuses pour la faune et la flore cultivables. Ce spécimen est cannibale. Elles n'hésitent pas à dévorer leur semblables, ainsi que d'autres espèces, et rongent parfois les cultures." L'entomologue se stoppa un court instant, passant la pointe de sa langue sur ses lèvres sèches avant de prendre deux gouttes du sang de Clayton et le placer dans un tube et y ajouter avec précision des germes puis de secouer le tube pour bien tout mélanger. Elle se tourna ensuite vers Chad et l'écouta, tout en s'activant pour inséminer une nouvelle coccinelle avec un autre germe et la placer dans une autre boîte à pétri.

Les propos de Chad avait de quoi titiller sa curiosité. C'était rageant ce qu'il avançait mais la Princesse avait elle aussi une autre idée en tête après avoir comparer ces quatre expériences. Inoculer le virus du H1R1 dans une des coccinelles et comparer avec les premiers résultats donnés de Clayton. Voir comment cet insecte "virulent" pouvait s'en sortir face à ce type de virus. Même si elle savait que les animaux n'en étaient pas affectés elle désirait constater leur mode de défense. Et peut-être que la coccinelle asiatique produirait en plus de son harmonine une autre sécrétion dont elle pourrait faire l'usage. Et oui, il est des fois où les sacrifices animaux doivent se faire.

L'homme de sciences confia alors son projet à la métisse, qui ne put retenir un léger sourire. En effet ils avaient largement bien avancé sur le sérum, mais ils stagnaient. C'était un fait, alors c'était aussi pour cela que Savannah s'était penchée sur les insectes, afin d'améliorer ce sérum, savoir si les enzymes de la coccinelle pouvait aussi avoir des vertus sur des grandes bactéries et surtout sur ce fichu virus. Ils avaient réussi en effet à prolonger l'espérance de vie suite à une morsure mais pas à l'éradiquer totalement et ils avaient encore bien du travail à faire. Mais la tressée savait qu'ils y parviendraient un jour.

Chad continua alors d'avancer ses propos et la trentenaire était d'autant plus intéressée. Ainsi donc il voulait vraiment se la jouer grand sauveur de l'humanité. Amusant. Ses chevilles allaient en prendre un coup. Un nouveau sourire en coin se dessina sur le visage de la cadette et elle s'approcha un peu de l'homme avant de croiser ses bras sur sa poitrine. "Chad, Chad, Chad... Je suppose que tu as conscience de la charge de travail que cela représente, mais je serais ravie de te voir t'acharner dessus !" Petite pic tout à fait sympathique, puisque Savannah gardait son sourire plaquer sur ses lèvres. Et son collègue continua alors ses explications. La fasciste nécrosante, oui elle la connaissait. Savannah savait parfaitement ce que faisait cette bactérie, puisque ses larves aussi en déposaient un peu lors de leur passage dans le corps d'un mort. Et étrangement ses mots lui parlaient d'autant plus, mais elle ne savait absolument pas, hélas, comment procéder pour arriver au résultat désirait par l'aîné de peu d'années de plus.

"Et bien, fait attention à tes chevilles si tu y arrives." Nouvelle boutade tout en gentillesse et prétention. Il allait se ramasser dès le départ, elle le savait et elle serait presque au premier rang pour constater cette chute et se moquer un peu de lui. Mais en même temps elle appréciait cet homme, sa dévotion pour son travail. Elle pris cependant un temps pour réfléchir à tout ça, avant de pencher légèrement la tête sur le côté et se mordiller les lèvres. "Tu sais, je bosse avec les insectes, mais j'ai une spécialisation. Entomologie forensique, particularité de travailler sur des cadavres et les insectes nécrophages. Alors il se pourrait, peut-être que tu aies besoin de mon aide à un moment où à un autre." Elle marqua une nouvelle pause avant de rire légèrement et revenir agiter le tube sanguin avec le staph' dedans. "Sinon tu sais à quel point cela me ferait plaisir de te voir venir me demander de l'aide" A nouveau elle le taquinait un peu, mais les projets de Sanders n'étaient assurément pas tombés dans l'oreille d'une sourde, loin de là.

Je l’écoutais m’expliquer les caractéristiques de ses fameuses coccinelles, en pensant que pour la plupart des gens, ce n’étaient que des insectes et rien d’autre que ça. « elles dévorent leurs semblables ! c’est intéressant. Un point commun avec les rôdeurs. As-tu essayé de les lâcher sur un rôdeur pour voir le résultat ? » tout de suite j’avais regretté ma question, non pas que je ne voulais pas savoir ce que ça pourrait donner, mais juste parce qu’elle avait très probablement fait ça, ce serait sans doute ce que j’aurais fait en premier si j’étais à sa place. « Question idiote, bien sûr que tu as dû essayer, qu’est-ce que ça a donné ? »

J’étais à la fois impatient d’écouter sa réponse et intrigué de voir le résultat des tests qu’elle était en train d’effectuer en ce moment, je regardais avec le plus grand intérêt ce qu’elle faisait sur l’écran devant moi, ceux qui nous verraient pourraient croire que nous étions fous, amusés que nous étions par les réactions qu’une bactérie ou du sang pouvait provoquer sur des insectes. Mais c’était notre univers, d’ailleurs elle semblait surprise que cela m’intéresse. « Eh bien oui ça m’intrigue, Il n’est plus possible aujourd’hui pour un biologiste d’être compétent dans toutes les spécialités, ce qui ne veut pas dire qu’on ne doive pas s’intéresser aux autres spécialités, et j’aime toujours apprendre et comprendre de nouvelles choses. » Je restais un instant silencieux admirant l’aisance avec laquelle elle manipulait les échantillons et les aiguilles avant de continuer.  « Et puis qui sait, les résultats pourraient m’inspirer pour de nouvelles recherches, j’aime à croire que tout est lié. » En science, il fallait rester ouvert à tous, et à toutes les perspectives et c’était ce que je m’efforçais d’appliquer.

Nous avions en suite changé de sujet pour parler de mes expériences, je lui expliquais ce sur quoi je travaillais dernièrement, et bien sûr, elle avait tout de suite commencé à me taquiner avec ça, prédisant mon échec dès à présent, avant d’aborder la charge de travail que cela pouvait représenter, comme si je ne le savais pas, comme si elle voulait me faire peur, répondant à son sourire je répliquais calmement. « Bien sûr que j’en suis conscient, mais dis-moi ? qu’a-t-on d’autre à faire dans le coin ? je prendrai bien des vacances mais vois-tu les destinations se font plutôt rares de nos jours, alors autant essayer de faire quelque chose au lieu de rester à se tourner les pouces. » Puis pour continuer sur ses piques concernant le fait que je me verrais bien en sauveur de l’humanité je rajoutais. « Je ne baisserai pas les bras. Il faut bien ça pour être votre futur héros aux chevilles enflés » Je savais qu’elle avait raison et que je risquais sans doute d’essayer plusieurs échecs et peut-être même que je n’y arriverais jamais mais il n’en restait pas moins que presque toutes les découvertes paraissaient presque impossibles au début, et si tous les scientifiques abandonnaient à cause de ça, nous en serions encore à l’âge de pierre.  

Je n’avais pas pu retenir un rire cependant lorsqu’elle évoqua le fait que j’allais venir lui demander son aide, à dire vrai, j’accepterai l’aide de toute personne pouvant contribuer à faire avancer les recherches et les expériences, cela ne me dérangerait pas de partager les honneurs, quoi qu’il en soit l’idée restait la mienne. « Demander ton aide ? laisse-moi rire, tu es presque en train de me supplier de te laisser travailler avec moi sur cette hypothèse, tout en toi le veut. Je le vois, je le sens. Tu trouves cette idée excellente et tu veux y participer. Chose qui ne me dérangerait pas soit dit en passant» On dirait un match de tennis, chacun renvoyant la balle à l’autre avec un peu plus de force à chaque fois, c’était toujours cette réaction qu’elle provoquait en moi, même si ça restait toujours gentil et cordial. « Toi aussi au fond tu veux avoir la grosse tête et les chevilles qui enflent, on est tous seuls tu peux bien le reconnaître » terminais-je avant de me retourner pour poser mon regard de nouveau sur l’écran une nouvelle fois.

Ah, qu'il était mignon Sanders quand il posait des questions idiotes ! Savannah avait toujours envie de lui répondre n'importe quoi, une réponse à côté de la plaque pour mieux se moquer de lui. Mais cette fois-ci elle ne prononça rien, se contentant simplement d'un regard appuyé accompagné d'un sourire qui en disait long sur ce qu'elle pensait de ses questions. Savannah était loin d'être idiote, la demoiselle était vive d'esprit, intelligente, brillante dans son domaine, elle le savait, elle excellait dans sa particularité. Et il n'y avait qu'à regarder sa carrière jusqu'ici. Désormais elle faisait partie de cette élite. Et comptait y rester encore un moment, du moins tout le temps nécessaire où ce camp tiendrait et où ils pourraient trouver plus de choses concernant le sérum.
L'interrogation suivant de Chad lui fit lever le nez vers lui et elle esquissa l'ombre d'un sourire. "Elles sont intéressées si on met des gourmandise dessus, mais je veux aussi les exposer au H1R1." Elle se tut pour parler de son projet fort passionnant.

Et étrangement comme elle s'y attendait, comme c'était toujours leur façon de faire, de procéder. S'envoyer des pics et chacun son tour, comme une partie de tennis sans compter les points. Et si une personne extérieur au labo les entendait il pourrait croire que les deux scientifiques ne pouvaient pas se voir en peinture. Hors ça n'était pas le cas, c'était leur façon à eux de se pousser aux fesses et à donner le meilleur d'eux même, pour concurrencer l'autre et obtenir les meilleurs résultats possible. Pourtant elle rejoignait en cet instant son avis concernant la diversité biologique actuelle et le fait que bon nombre de choses sont liés. "Ca m'arrache presque les lèvres de dire ça, surtout à toi, mais je rejoins ton avis, bon nombre de résultats obtenus sont liés à de nouvelles idées de recherches. Tu crois donc bien." Elle pouffa un peu de rire et le regarda amusée, pour détendre l'atmosphère avant d'embrayer sur de nouveaux pics. Pics auxquels le brun répondait parfaitement et subtilement. Ah Chad. Elle l'aimait bien ce type, il était frais.

Elle souriait à ses remarques et secouait un peu la tête négativement, comme si elle était dépitée par ses propos. Futur héros aux chevilles enflées, elle ne put retenir cette fois-ci un rire franc en l'imaginant brandir une coupe comme dans Harry Potter et avoir des difficultés à marcher à cause de ses chevilles. "Alors... Alors fais moi penser à t'offrir des bas de contentions !" Elle riait encore un peu, c'était idiot, mais au moins Chad faisait preuve d'humour parfois, il n'était pas si ennuyeux. Loin de là. Mais elle le laissa ensuite continuer sur sa lancée. Savannah referma les tubes et alla les mettre dans la centrifugeuse pour les faire tourner rapidement.

Elle revint à lui et sourit à nouveau à ses paroles. Elle, le supplier, non. Elle préférait qu'on vienne la chercher pour lui demander son aide. Savannah n'allait clairement pas s'abaisser à cela, sauf si elle était en réelle difficulté et ne savait plus quoi faire, ce qui n'était encore jamais arrivé jusqu'ici, et ça, elle s'en félicitait. "Non, je ne te supplies pas. Ne te trompe pas à mon sujet. Ton projet m'intéresse, cela va de soit, mais je ne te demande pas de me prendre avec toi là dessus." Sourire en coin, amusé, suivit d'un petit clin d'oeil presque entendu. Savannah aimait travailler avec Chad c'était un fait. Ils se pouillaient c'est vrai, mais à deux ils obtenaient de bons résultats. Puis à son air de confidence, elle décida de jouer le jeu et s'approcha de son aîné avant de se hisser sur la point des pied, poser une main gantée sur son épaule et lui dire à l'oreille : "Je porte très bien le bonnet, et je ne fais pas de rétention d'eau. Toi si." Elle se recula et lui adressa un dernier regard brillant de malice avant de se pencher sur les coccinelles et les observer un temps avant de placer les boîtes sous une lumière bleutée pour activer l'harmonine. "Ces coccinelles peuvent résister à toutes sortes d'escherichia colis, tu le savais ? Alors je me dis qu'elles peuvent détruire un staphylocoque. Et qui sait... Peut-être le H1R1 et là, grâce à moi on aura une nouvelle solution." Et vlan, elle lui renvoyait dans les dents son idée, elle venait de prendre de l'avance contrairement à son collègue. Et c'était amusant.