Tant mieux si elle avait mal. Non pas que j'aimais ce que je faisais et encore, j'avais l'impression que je ne serrais pas tant que ça. Peut-être que ma perception avait changé. C'est Evy merde qu'est-ce que tu fais ?! Au moins, je voyais la haine dans ses yeux et ça me réconfortait. Elle pourra faire un trait sur moi plus vite que prévu.

Mes mots étaient tranchants et je pouvais lire dans ses yeux tout le mal que je lui faisais. J'aurais pu me laisser aller contre elle pour qu'elle me conseille, me soutienne et me réconforte. Mais je n'étais pas ce genre là, j'étais de ceux qui était un con fini. Un taré qui ne souhaitait plus que la vie tranche pour lui. Je l'ai aimé comme un fou, j'avais retenu certaines leçons. Cette dernière était la plus importante. La moins enrichissante. Dans ma chienne de vie, j'avais tout perdu. Si je perdais Evy ce serait de trop pour me briser davantage. Et pourtant, je tenais à peine debout. Que la vie m'achève et je n'aurais plus à porter de fardeau. La haine qui était ma seule force ne me lâcherait pas d'aussi tôt. je n'existais probablement plus.

J'avançais sans la regarder. La dépassant d'une bonne tête mon regard restait fixé vers la sortie m'empêchant de penser à ce qui se trouvait autour de moi, au passé et à l'avenir. Oui j'étais lâche. D'une autre manière mais oui. Je ne l'avais jamais été, j'avais toujours fait face à ce qui se trouvait sur ma route, les poings armés. Mais là, c'était beaucoup trop. Alors que je forçais le passage, de colère contre moi elle me fit le coup de la femme bien entraînée. Comme quoi son militaire servait à quelque chose... Elle osa parler de ma femme Je t'interdis de ... crochet du droit direct dans ma mâchoire, je sentis ma lèvre enflée. Le coup de genoux dans le ventre me mis un genoux à terre à en perdre mon sac. Je passais le revers de ma main sur le coin de ma bouche. Rien, uniquement ma salive. Elle me lâcherait pas, elle me faisait chier à être aussi têtue que moi. On se ressemblait, c'était ça le plus alarmant. Ma situation allait empirer.

Je levais la tête en direction de ceux qui admiraient le spectacle. Je levais ma main vers un petit groupe qui étaient prêts à venir s'interposer et mettre leur grain de sel. Je crachais sur le côté, n'ayant même plus la force de me relever. Et Evy finit par me déverser sa haine. Ses pupilles envoyaient des éclairs qui m'auraient tué sur place. Elle m'achevait de me détester autant et pourtant c'était l'unique but pour que je sorte de son esprit à tout jamais.

N'... ne parle pas de Jen comme ça. Mon ton était moins froid comme si la fatigue me gagnait. En effet, j'en avais marre de me battre. Contre ma dépression, contre moi, contre Evy et contre le monde entier. Il faut que tu me laisses passer. Et puis ce qui suivait me brûlait littéralement la gorge de le lui dire, mais c'était tellement vrai. Tu l'as dit. Tu n'as plus besoin de moi, laisse moi. Si Evy s'en sort mieux sans moi, alors Margaret aussi s'en sortira. Il fallait qu'Evy veille sur elle et j'étais persuadé que c'est ce qu'elle allait faire. Ça me tuait de laisser l'enfant ici, mais j'étais trop instable. Est-ce que je l'aimais ? Malgré tout ? Sûrement que oui et c'est bien pour ça que pour sa survie, je devais partir. Tu me vois Evy ? Tu me vois la protéger ? Tu sais comment je suis, ne me demande pas de changer, pas maintenant. C'était trop. Trop juste. Trop tôt. Alors que le corps de Jenna commençait sûrement à pourrir ... je ne pouvais m'occuper de ma fille. Je ne peux pas être père. Je n'ai pas une bonne image de ce que c'est d'être père...