Bon la p’tite ne va pas trop mal. Elle répond avant moi à la question de Jake, lui demandant de lui tenir les épaules. Attrapant de quoi recoudre la plaie, je stérilise l’aiguille avant de m’y mettre. Je vérifie une dernière fois l’état de la plaie, m’assurant qu’il n’y ait plus de sang comme Emy me l’a dit. « On y va. » Je fais un signe de la tête au gamin, avant de regarder la jeune femme d’un air confiant. Sa remarque m’arrache même un rire. « Du point de croix ?! T’nous a pris pour ta grand-mère ou quoi ? On n’a jamais été très doué pour le dessin… Désolé. » Un chat ? Et puis quoi encore ?

Piquant la pointe de l’aiguille dans la chair, je commence à refermer la plaie. Croisant le regard de mon assistant, je reprends. « Parle lui… Qu’elle se concentre sur autre chose… » Le gamin a l’air du genre bavard et il n’aura sûrement pas de mal à trouver quoi lui dire. Concentré, je continue sans broncher, faisant quelques pauses pour la laisser souffler. Arrivé à la moitié de la plaie, Emerson m’interpelle, me faisant comprendre qu’elle aura besoin de moi. Une transfusion. « J’ai presque fini. Laisse moi deux ou trois minutes encore. » Je fais de mon mieux, faisant sûrement trop de points mais au moins… Y’aura peu de chance qua sa plaie se rouvre. « C’est presque fini. Ça s’ra pas un chat, mais t’auras une belle cicatrice… » Je lui lance un léger sourire. La jeune femme douille mais elle semble tenir le choc, aidé par Jake. Une fois les derniers points réalisés, je lui fais un pansement rapide. « On reviendra t’voir, d’accord ? En attendant, t’ bouges pas de là. »  

Laissant Salem récupérer, je me redresse péniblement. Ma jambe blessée est engourdie et douloureuse mais le travail n’est pas terminé, malheureusement. Retournant auprès d’Emy, j’écoute brièvement les voix qui s’élèvent près de nous. Mais comme elle, je n’ai pas tellement le temps de m’y intéresser. Relevant la manche de mon pull, je  croise le regard d’Emy, lui confirmant que je suis prêt.

Spoiler:

Plus de son, plus d'image, 'fin pas pour lui mais pour la métisse. Un instant il la cru morte, un instant ouais, avant de déglutir et de garder les yeux fixes sur les deux doigts que la blonde rivait à sa gorge. Si elle dit rien, il vit bien dans son regard que ça allait. Juste une perte de connaissance, comme Lily quelques jours plus tôt, mais pas pour les mêmes raisons. Ou peut-être bien aussi, elle doit pas manger beaucoup non plus, mais ouais, saigner comme un cochon ça aide pas à garder les yeux ouverts. Un soupir fila ses lèvres pâlichonnes. Il était rassuré même s'il la connaissait depuis que quelques heures cette Raina, mais elle avait protégée sa petite amie, ça à ses yeux, ça valait bien plus que tout ce qu'on pourrait lui faire miroiter dans ce monde à la con. Aux demandes de la médecin, le jeune homme se redressa et fila récupérer le tout, le déposant sur un linge propre pour éviter d'infecter les ustensiles. Méticuleux, il choppa ce qu'elle lui conseillait de prendre et fit ce qu'elle lui disait de faire sans même se poser de question. Un peu comme quand Zed lui montrait des trucs, sauf que là, il avait le recul et l'impatience le tenait plus vraiment comme lorsqu'il ratait ses tirs. C'était plus simple mais surtout, s'il faisait mal, il aurait pas droit à d'autres cartouches, Raina avait qu'une vie, une chance, pas quinze comme dans un chargeur de flingue. Pourtant, quand la blonde lui parla de Lily, il redressa les cils dans la direction indiquée en fronçant les sourcils.

- Merci, Pourquoi ? Parce qu'elle avait eu assez confiance en lui pour lui demander de l'aide, parce que le type qui devait être son mari avait soigné Lily parce que.... Parce que même si elle plaisantait un peu, elle faisait son boulot malgré le deuil. Julian s'éloigna donc, rejoignant la jeune femme après avoir agrippé son fusil, sorti du sac, et dégagé un petit paquet de dragibus de sa poche de jeans. Dimples ? Tu d'vrais manger ça, j'sais que t'as pas envie mais faut. Puis les voix s'élevaient plus loin, ça évoquait le sort de l'endroit, que faire, qu'en faire? Personnellement Julian avait aucune envie de rester là, même pas si Al' les rejoignait. Il pourrait aider de temps en temps s'ils avaient besoin mais... Ses yeux revinrent sur les traits blèmes de la jeune fille à laquelle il sourit en logeant la main à sa joue. Y avait elle, et elle aujourd'hui, il avait pas su la protéger malgré le monde, malgré ce qu'il pensait changer la donne s'ils avaient retrouvé Neil et Yulia et.... J'suis désolé.... really. Et parce que les sanglots montaient, il logea le bras à sa nuque pour la serrer contre lui, le menton contre le sommet de son crâne.

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Avec la vague impression d’évoluer sur un fil en hauteur, duquel il risquait de basculer à n’importe quel instant, Valérian écouta d’un air étourdi les indications d’Emerson : « Très bien, j’admets qu’une petite sieste ne serait pas de refus, marmonna t-il. Non pas que je veuille gâcher ces heures en ta compagnie (il avait opté pour un tutoiement, suivant l’exemple d’Emerson), mais les bras de Morphée me réclament avec insistance… » Les paupières lourdes, il s’esclaffa à la remarque suivante de la blonde : « Ah ! Mon groupe de scouts oui… On verra bien.  » Petite inquiétude : « Dis moi… Je risque d’être immobilisé longtemps ? » Parce qu’il répugnait à l’idée de devenir un fardeau pour le groupe de petits jeunes. Cet état de faiblesse était déjà suffisamment difficile à assumer face à autant d’inconnus, il ne souhaitait pas par dessus le marché handicaper ses compagnons dans les semaines à venir.

 Valérian jeta un coup d’oeil par-dessus l’épaule d’Emerson et aperçut un petit groupe en train de discuter avec animation. Depuis sa position, il avait cependant du mal à discerner les mots échangés par celui-ci, mais devinait à leur expression l’importance du sujet.      

La conclusion que tira Emerson de ses explications arracha à Valérian un franc éclat de rire : Outch ! Peut être trop franc, compte tenu de son état ? « Oui, j’imagine qu’on peut dire ça… » Haleta t-il, une ride hilare au coin de chaque oeil. Le grec lança alors un regard espiègle en direction de Jake, partit se rendre utile auprès de Salem. En vérité, ils avaient tous veillés les uns sur les autres, ces derniers temps.

Les paupières de Valérian papillonnèrent tandis qu’approchait Kendale. Hochant la tête d’un air reconnaissant, le grec retroussa alors la manche de son bras droit et leur fit signe qu’il était également prêt : « J’ai toujours eu horreur des piqûres. » grogna t-il.  

Spoiler:

J’peux pas m’empêcher d’le regarder. J’sais pas pourquoi, p’t’être de peur qu’il s’évapore soudainement et qu’on passe encore une année entière sans pouvoir s’voir. Ça m’fait peur, oui. Ça m’fait vraiment peur. Et ça remet en question pas mal de trucs. Bizarrement, avec la disparition de Dana, j’ai comme l’espoir qu’ça soit pas totalement vrai. Qu’elle soit, p’t’être, encore un peu là. Mais faut pas qu’j’y pense.

Mon regard s’fait curieux à l’égard d’mon voisin, quand la douleur m’oblige pas à grimacer. J’ai connu plus agréable comme sensation. Jimmy m’a fait connaitre plus agréable, en fait.

Pourquoi t’es pas revenu avant ? Genre… Vraiment… Pourquoi ? La question sort toute seule, j’peux pas la retenir. Et j’peux pas répondre à ce que me demande Jimmy, parce qu’on a pas le temps pour ça. Les enjeux ici sont trop grands, et on aurait trop à se dire pour commencer maintenant. Y’a comme une gêne, étrange ; lui, il est comme au dernier jour, un peu plus tuméfié peut-être, mais j’sais pas. Il oublie la déprime, la tristesse et la colère comme ça. Laisse tomber, faut pas que j’me montre rancunière.

La rage, tout ça, c’est c’qui m’fait avancer.

T’es avec des gens, ici, non ? Ils vont bien ? C’est tout ce qui devrait compter. Raina a été salement blessée, j’peux pas la laisser, et je sais pas si je lui dis ça à lui ou à moi.

Mon poing se serre. Sous le coup d’la douleur peut-être, j’sais pas. En tout cas, y’a comme une rage en moi qui pompe toute mon énergie.

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"Oui. Ça en vaut la peine." Souligna t-elle pour Connor dont la vivacité d'esprit et son attitude volontaire la charma, clairement. L'entrepôt avait besoin de personnes comme lui.

Son regard se riva sur la jeune adolescente dont les dires allaient finalement de paire avec sa propre proposition : pas de sécurité, pas d'ordre, pas d'organisation, pas de communauté. Et en effet, il ne pourrait jamais totalement sécuriser cet endroit, leur nombre et leur union restait leur plus grandes armes. Là dessus, elle ne se leurrait pas, au milieu de cette apocalypse, personne ne pouvait prétendre à une totale sécurité, personne, pas même les fameux camps dont on entendait parler. La petite avait beau souffler des évidences, elle avait le mérite de mettre à plat les choses et sans mâcher ses mots, de quoi éclairer quelques têtes, sans nul doute. Elle était bien, cette petite.

Elle aimait les idées de zones et les plans d'agrandissement de son homologue quadragénaire, mais il y avait un tout petit hic : "C'est pas une mauvaise idée mais comment tu comptes les payer sur le long terme ?" Richard avait déjà quatre bouches à nourrir et il était également dans un sale état. Personne ici n'était sans ignorer la difficulté de se ravitailler dans les environs du NML comme dans le centre Seattle. Les zones avaient été pillés et ce depuis le début de l'épidémie, la proximité de l'entrepôt et des vagabonds avait fini d'achever le tableau. Le troc avec les fermiers du coin et les ravitailleurs de l’extrême qui n'avaient pas peur d'avaler les kilomètres pour trouver des ressources, c'était ça aussi, la force du lieu. Là où se pencher pour ramasser des denrées, ça n'existait plus.

"Si l'on arrive à sécuriser, aménager et organiser un minimum l'endroit, l'on peut éventuellement demander un tribu aux futurs locataires. Ainsi, même le plus démuni n'aura qu'à faire un petit sacrifice pour se refaire les poches. Il pourra aider à la construction des zones, aux stand et participer également à quelques tours de garde auprès des habitués." C'était une idée, du participatif qui se voulait efficace avec une carotte à la clé mais surtout : une façon d'obtenir de quoi rémunérer les travailleurs et ceux qui allaient maintenir l'ordre du lieu sur le long terme. Elle n'en restait pas moins fermée aux propositions, si quelqu'un avaient une meilleure idée pour se faire, elle prenait.

"Après... pour l'immédiat, oui... il faut en effet sécuriser au mieux l'endroit." Chaque chose en son temps comme on dit.

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Ne te fais pas d’illusion, tu en as pour au moins deux semaines à ne pas pouvoir faire grand-chose, s’il n’y a pas de complication, et deux autres pour te remettre. Pour gambader comme avant, compte un bon mois supplémentaire, expliqua-t-elle.

Son mari vint les rejoindre. Un coup d’œil vers Salem lui certifia qu’il en avait terminé avec elle alors qu’il retroussait sa manche. Le matériel ramenait par Jake ferait l’affaire pour le reste. Elle mit unc certain temps à préparer la perfusion, demandant à Kendale de s’installer à côté :

Tu vas en avoir pour un petit moment, signifia-t-elle à Ken. Et toi, tu vas retrouver des couleurs, fit-elle à Valérian.

Dispositif en place, piqures faites, sang dans le long tuyau, elle s’attela à la suite. Valérian avait un sursis pour récupérer un peu, pendant qu’elle refermait cette veine abimée et la plaie à son ventre. Ça laisserait une sacrée cicatrice, mais ça n’était rien comparé à la mort tout compte fait. En silence, concentrée, la blonde s’y prit avec douceur et prévenance pour éviter au grec de souffrir davantage. Il y avait des douleurs qu’elle ne pouvait empêcher, mais quand son dernier point fut en place, qu’elle put retirer sa compression, et refermer le pansement, elle poussa un long soupir, soulagée.

Bien sûr, ils n’étaient pas au bout de leurs peines, ils le savaient. Les soins n’étaient pas encore totalement effectifs pour tout le monde, mais les cas les plus sérieux étaient traités.

Encore dix minutes. Ensuite, tu peux retirer ta perfusion et manger quelque chose. Souffla-t-elle à Kendale. Jake, si tu veux rester avec eux.

Elle lui laissa sa place. Un rapide coup d’œil vers Salem lui assura que les points étaient beaux, la terreur du No Man’s Land et elle se reverraient très probablement très vite, mais elles avaient des rendez-vous tellement réguliers que c’était devenu une habitude entre elles, à l’évidence.

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