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Elle scrutait les alentours, surveillant peut-être à tort, les mouvements au sol. Jusqu’à ce que le jeune homme ne jure et l’interpelle. Raina garda son arc en main avant de le rejoindre. Elle ne se fatigua pas à lui demander ce qu’il avait vu. Elle croisa son air soucieux et s’accroupit à son côté et pointa ses jumelles à l’endroit qu’il lui indiquait. SOON, disaient les pantins morbides et gesticulants. Ils n’avaient plus rien de frais mais ils vivaient encore. Si on peut dire. « Et merde. » Julian fut le premier à s’adresser à Milow pour qu’il prévienne les autres. « Et dis leurs qu’on est pas seuls, il y en a probablement d’autres dans… »

Elle n’acheva pas sa phrase à cause des cris venant d’en bas. Raina braqua ses jumelles sur l’activité au sol, pour découvrir deux des leurs sous une nuées de flèches. « Cherchez-les ! Sur les toits alentours, aux fenêtres des immeubles, cherchez-les ! Et restez à couvert. » Vociféra-t-elle avec fermeté avant de longer le muret pour reprendre son poste d’observation à l’abri du muret. « Millow, ils ont dû deviner qu’on était encerclé. » Elle tendit la main vers le talkie, nerveuse. « Merci .» Elle prit le talkie pour interpeller Kara directement. « Kara, plus personne ne doit foutre le pied dehors ! Ils nous ont agité des pendus en haut de l’immeuble d’à côté. Ce n’est pas une technique d’intimidation… C’est une promesse de guerre. Et ils sont organisés. Il faut qu’en bas, vous vous se tenniez prêts et que tout le monde se bougent le cul pour défendre cet endroit. On les cherche. Millow te donnera leur position quand on aura trouver ces merdes. » Parce qu’elle n’avait pas l’intention de crever ici, hors de question. Des gens l’attendaient dehors. Hypérion attendait. Neil. Isaac. Elle était soulagée qu’aucun d’entre eux ne soient ici avec elle. Au moins, était-elle sûre qu’ils ne risquaient rien. Enfin, dans l’immédiat. Elle rendit le talkie au garçon, avec un regard entendu. Qu'il se protège, elle ne tenait pas à le voir à terre lui aussi.

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Décidément, elle l'aimait bien cette petite blonde, volontaire et avec de la jugeote. "On tiendra pas longtemps et ils le savent." Inutile de lui raconter un conte de fées, qu'elle use donc de son cerveau, elle aussi. Personne n'est normal ici. On pouvait pas mieux résumer la population du NML, Richard soulevait un bon point. Quant aux utilitaires pleins de denrées, ce n'était pas de refus. "Ça peut servir, oui." Concernant la méthode et la sortie - qu'elle avait déjà déconseillé à deux reprises - elle ouvrit la bouche pour la refermer aussitôt. Après tout, elle n'était pas chef, si Richard et sa troupe voulait prendre de tels risques pour le groupe, c'était leur choix.

Elle leva le museau vers Valérian et la palote. Écoutant avec calme et attention, elle le laissa terminer et attendit qu'il l’interpelle personnellement : "La prise d’initiative, c'est une bonne chose. Tu prêches une convaincue." Oh oui ! Elle était convaincue qu'il ne fallait pas jouer le jeu qu'on souhaitait leur imposer, qu'il fallait surprendre pour survivre. "Cependant... Foncer hébété comme un taureau, c'est aussi ce qu'ils attendent de nous." Son regard se porta un instant vers la porte toujours ouverte et la nouvelle prise de risque. "Il faut en savoir plus, on ne peut pas surprendre dans ces conditions." Elle tapota sur son talkie pour éclairer ses propos, les éclaireurs du toit ne devraient pas tarder à se manifester.

Pour son stock, elle n'avait rien de bien efficace pour un assaut, juste un bouclier de bois dont le pourtour était renforcé de métal aiguisé. "Pas ici. Non... " Un cri la coupa dans son élan et lui en donna un nouveau quand l'éclaireur au pied de la porte affirma une blessure par flèche. Elle fila à l'entrée de sa tente pour attraper son bouclier, d'un bois assez épais pour retenir ce genre de projectile, à condition de ne pas y coller sa tête. Elle le tendit à Richard qui se précipitait vers la sortie, si il y allait, qu'il y aille au moins avec une protection efficace.

Pour le reste, la voix de Raina résonna dans le talkie. Promesse de guerre ? Trop tôt, conclusion jugée hâtive. Des pendus agités sur un toit ? C'était fort, on parlait quand même là d'un foutu toit bien plat et vide, l'installation d'un tel spectacle demandait bien plus de ressources que la scène Eddy-esque. Discrètement et de nuit, fallait être nombreux et/ou sacrément bien organisé. Ça n'annonçait rien de bon, la menace grimpa d'un nouveau cran. "Faites gaffe. Un blessé en bas. Des flèches,." Et merde.. sérieusement ? "Vous avez vu quelque chose ?"

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Valérian lançait un regard où l’indulgence était piquée d’impatience à Lily, avant de répondre à la forgeronne blonde d’un air froissé : « Bien entendu. Je n’envisageais pas une sortie en fanfares sous le feu des projecteurs. Au contraire ! Nous devons progresser avec prudence et profiter des yeux positionnés à l’étage pour, je l’espère, prendre à dépourvu notre ennemi et le chasser de son propre nid. » La guerrière lui avoua ensuite ne pas disposer de suffisamment de matériel pour protéger un groupe : « Très bien, dans ce cas… » fit-il, en avisant d’un oeil les portes métalliques de l’entrepôt qu’il imaginait d’ores et déjà transformées en bouclier de fortune. Valérian n’eut cependant pas l’occasion d’émettre cette proposition, puisqu’un cri déchirait à nouveau le silence.

Instinctivement, Valérian se positionna alors devant Lily, prêt à ouvrir le feu. Plus tendu que jamais, il surveilla le grand brun tandis que celui-ci s’élançait vers la porte principale, armé d’un boucler et d’un fusil à pompe. Sa famille revint alors, clopin-clopant, dans le No Man’s Land et l’homme, visiblement déchiré entre inquiétude et colère, les aida à s’installer à l’abri. L’un des jeunes hommes, le dénommé Jim, avait une flèche fichée dans le mollet droit, ce qui fit doucement jurer Valérian : « On a besoin d’aide par ici ! » héla t-il en faisant signe à la femme, probablement un médecin, qui s’affairait encore aux côtés du premier blessé.      

C’est à ce moment que grésilla le talkie-walkie de la forgeronne et que s’en éleva une voix féminine aux accents furieux : des pendus avaient, d’après ses dires, été suspendus contre la façade d’un immeuble voisin. Flamboyante, la femme les enjoignait à défendre l’entrepôt et à ne plus mettre le pied dehors. Des déclarations qui firent ouvertement grimacer Valérian, mécontent de voir ses plans contrecarrés : « Puis-je ? » fit-il poliment à la forgeronne, avant de récupérer son talkie-walkie pour répondre à leur vive interlocutrice : « Ici Valérian, votre… Partenaire m’a confié son appareil. Message bien reçu. Nous attendons de votre part davantage d’informations. » Il hésita, puis ajouta d’une voix plus ferme : « J’ajouterais cependant qu’une fois débusqué, l’ennemi devra être au plus vite délogé de son perchoir. Nous ne pouvons pas patienter indéfiniment dans cet entrepôt. Il faudra tôt ou tard faire front. »

Il rendit alors le talkie-walkie à la forgeronne, avant de se tourner vers le brun qui revenait vers eux. Valérian écouta alors ses propositions, l’air songeur : « On peut effectivement prétendre à un repli, de sorte à les appâter pour les prendre au piège. Une chose me perturbe cependant : comptent-ils seulement venir ? Ne serait-il pas plus simple pour un groupe, de surcroit si bien organisé, de nous tuer dans l’oeuf par le biais d’une bombe ? »

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