Valérian s’était finalement plié à la volonté générale et muré dans un silence on-ne-peut-plus boudeur. Installé dans un coin de l’entrepôt, en compagnie de Lily et Jake, le grec s’affairait par conséquent à aiguiser son cutter et jetait régulièrement un regard soupçonneux en direction de la porte principale. Leur adversaire, quel qu’il soit, les tenait en respect. Certes, le No Man’s Land représentait pour le groupe un refuge à l’épreuve des projectiles adverses : mais combien de temps résisteraient-ils avant que l’ennemi n’enfonce leur porte ?

D’un accord commun, une fouille des lieux avait été réalisée. Sans succès cependant : rien d’anormal ne fut en effet détecté par les réfugiés. Une déclaration qui ce qui ne rassura pourtant pas Valérian, en proie à une nervosité grandissante. Aussi muet qu’une tombe, le grec ne pipa mot lorsqu’un dénommé David pris l’initiative de sortir pour quadriller le secteur. Valérian répugnait tant d’attendre dans cet entrepôt morbide qu’il fut tenté de rejoindre sa folle entreprise ! Le regard apeuré de Lily l’en dissuada cependant aussitôt et, maussade, il reporta à nouveau son attention sur son arme.

Le lendemain, l’absence de David fit jaser les réfugiés et augmenta d’un nouveau cran la tension ambiante. Valérian observait le brun, Richard, auprès de son fils et compris à l’expression d’Emerson, la chirurgienne, que le temps passé à attendre jouait en la défaveur du garçon. C’est finalement au crépuscule, alors que Julian descendait du toit, que retentirent les coups sur la porte : au nombre de trois, ils alarmèrent aussitôt chaque réfugié. Son Colt en main, Valérian patienta un instant, sur le qui-vive, avant de se tourner vers ses trois jeunes compagnons : « Je vais voir de quoi il s’agit. Restez sur vos gardes, ne baissez surtout pas vos armes. » Commanda t-il en articulant lentement, avant de s’avancer à pas prudents vers la porte métallique.

Une fois face à celle-ci, Valérian retint sa respiration et écouta un instant à travers les fentes métalliques. Rien, hormis les râles lointains de charognards perdus… : « Qui es là ? » chuchota t-il avec une appréhension grandissante. Aucune réponse. Bon sang ! Après avoir jeté un regard alarmé en direction des réfugiés, le grec consentit finalement à ouvrir la porte, d’abord à moitié, puis entièrement.

La suite se passa très vite : le cadavre de David, aux orbites vides, s’effondra brusquement sur lui et immobilisa Valérian le temps qu’un groupe armé pénètre dans l’entrepôt. Lorsque le grec se fut enfin débarrassé du corps, il était déjà trop tard : deux individus masqués le menaçaient à l’aide de leurs haches, tandis que leur chef réclamait d’une voix radieuse leurs possessions à tous.
 
« Ksekoliaris… » Marmonna t-il en avisant ses bourreaux d’un air mauvais.

Spoiler:

- Il aurait pas du sortir tout seul !

Alors que David s'était fait la malle en solo, Kaycee était sur les nerfs. Elle avait été ok pour attendre patiemment de voir de quoi il en retournait, mais les heures filaient et la nuit tombait. Rien ne s'était encore produit... Rien ne laissait même supposer que cela arriverait. Alors une part d'elle commençait à regretter qu'ils n'aient pas suivi le plan de Valerian. Ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée ? D'autant qu'elle restait persuadée que pour profiter du spectacle, l'un des responsables de ce jeu était parmi eux. Mais ça pouvait être n'importe qui... enfin presque !

Elle soumit sa théorie à Kendale quand elle l'accompagna pour un tour de garde sur le toit, sans réaliser que cela mènerait par la suite Roxanne à enchainer sans se faire accompagner de l'un des leurs ! Elle serait alors trop crevée pour tilter !

***

- Hum c'est pas jojo, déclara-t-elle le lendemain, en grimaçant, alors que sa mère étudiait la blessure laissée par le piège à loup. L'homme n'avait pas bonne mine, ça ne sentait pas très bon. Pour tout dire, cela ne l’émouvait pas beaucoup. Elle aida toutefois Emerson dans une peut-être dernière tentative pour sauver ce gars. Elles en étaient là, quand les coups résonnèrent sur l'entrée de l'entrepôt. La gamine se figea.

L'instant d'après, elle était debout. Sa batte à portée de main, c'était du 9mm dont elle s'était emparée, alors que le grec ouvrait la porte. Un réflexe de survie, comme une habitude. Son sang se glaça à la vue du gang masqué. Réalisant que leur plan de défense était vraiment très loin d'être rodé !

- On est mieux armé, murmura-t-elle, si bas que seule sa mère, et peut-être Jimmy également à côté d'elle, purent l'entendre. Ils avaient effectivement plus d'armes à feu ! Le tout était d'éviter le fusil à pompe tout de même... mais l'adolescente était cependant relativement confiante.

Du moins jusqu'au moment où Roxanne, son amie, son âme-sœur, son double, n'apparaisse, prise en otage. Les yeux clairs de Kaycee s'écarquillèrent, et la laissèrent démunie, en rencontrant le regard plein de défi de la bouclée !

Spoiler:

Rien et pourtant deux blessés, des pièges et un mort de quoi bien dormir, sérieux. Peut-être qu'il aurait dû rester en poste sur le toit, parce qu'hormis remuer, Foster n'avait pas vraiment fermé l’œil. Dimples allait pas bien, elle avait peur. Ça l'emmerdait d'être ici, ça le saoulait de devoir camper dans ce truc qu'il aimait pas mais qu'était comme l'assurance survie de certains présents autour d'eux. Julian avait observé les allées venues, suspicieux, anxieux malgré ses bras lovés autour de l'ex lycéenne, l'ongle du pouce entre les dents jusqu'à entendre les coups sur la porte. C'était peut-être l'autre là, il savait pas son nom, qui revenait après s'être tiré la veille.

Pourtant quand Valerian se redressa pour vérifier, l'étudiant se crispa, les phalanges près de la crosse du CZ à sa taille. C'était pas normal que personne réponde derrière le battant, et ce fut encore plus space lorsqu'un cadavre, celui du gars parti la veille, s'effondra sur le Grec pour ensuite laisser pénétrer une claque de types pas vraiment cool malgré leurs déguisements. C'était quoi ça ? Dans son coin, Lily toute proche, Julian agrippa rapidement la manche de Jake en se postant devant la jeune fille. Valerian était pas vraiment en bonne posture. A l'abri de la petite troupe formée face aux masqués, l'étudiant déglutit avant d'approcher pour inviter Val à reculer dans sa direction, mais hors de question de filer ses armes à ces enfoirés. En un bref coup d’œil, il décrivit les leurs. Un fusil à pompe, des battes et autres armes blanches dont quelques arcs, pourtant le plus inquiétant c'était de voir la gamine, qui avait pris la surveillance sur le toit, descendre avec les autres qu'étaient sensés être dans leurs rangs.

- Fucking bullshit. On était avec eux tout c'temps, c'cool. God. Siffla-t-il très bas. Déjà il tournait les yeux vers Lily, si un truc paraît en vrille, fallait qu'elle se planque, qu'elle pense pas à lui mais à elle, exactement ce que lui confiait l’œillade lancée. Mais plus loin y avait Yulia, et en songeant à ce qu'elle avait fait aux débiles qui l'avaient fait chier, il manqua de gober sa pomme d'Adam. No... Murmura-t-il, articulant au mieux, pour l'empêcher de faire pire que mieux.

Spoiler:

Quand les coups résonnent, les indications du grec sont d’bon ton. Je suis la première sur mes jambes et sur les dents, franchement furax d’me retrouver prise en otage d’un endroit qu’j’aurais trop écumé pour ça. C’est mon endroit. Mon monde, là. Alors les menaces, l’arrivée d’ces gens, le nombre, le discours. Et simplement :

Et aller te faire foutre, t’y penses ? Au passage. J’suggère ça comme ça.

Ma voix couvre celle des autres, elle interrompt presque le gros lâche qui cache sa face de con sous son déguisement de con. Voilà, c’est dit. Et j’suis pas la seule à mettre en joue quand il le faut, fusil à pompe de sortie. Comme quoi, la mienne est aussi grosse que la sienne.

Tu crois nous faire chanter avec tes otages, mais si t’en descends un, t’auras plus rien pour nous tenir tranquille, et tu l’sais très bien. ça, c’est dit. Finalement les billes qu’il a, c’est qu’il nous aura bien fait chier pendant un long moment. Tant pis si j’tombe aujourd’hui, lui l’emportera pas au paradis. On est nombreux, on est armés et on est sacrément furax contre ta p’tite bande de putes au rabais. Une impasse mexicaine comme on les adore. Donc moi, c’que j’veux, c’est voir la sale gueule de celui a qui j'vais coller une cartouche dans les trois minutes qui viennent.

Grand sourire. Parce qu’on veut s’donner un genre en s’cachant derrière un masque, on veut agir comme la pire crasse de toutes, c’est pas pour autant qu’on sera payé.

Ça sera de la part d’Eddy. Clin d’œil.

Spoiler:

Après mon tour de garde, j’essaye de m’occuper comme je peux, discutant avec le dénommé Ben pour passer le temps, pour éviter d’avoir à faire les cent pas dans l’entrepôt comme un lion en cage. M’accroupissant près du blessé, je pose mon M16 par terre, avant de lui tendre une bouteille d’eau et l’aider à boire quelques gorgées.

Je jette un œil accablé sur le peu de vivre qu’il nous reste, plusieurs coups sourds retentissent contre la lourde porte de l’entrepôt. Echangeant un regard inquiet vers Emerson, elle me fait signe de rapidement cacher le matériel de soins. Je m’empresse alors de récupérer tout ce que je peux dans mon sac à dos avant de le glisser derrière un vieux tas de cartons à côté de nous. A peine ai-je eu le temps de me redresser qu’un groupe d’une quinzaine de types débarque, leurs armes pointées vers nous. Mon regard sombre les observe quelques secondes, impassible. Tous portent des masques… Génial. Voilà qu’ils se la jouent Carnaval.

Toujours immobile, j’écoute les ordres que l’on nous donne, sans pour autant bouger d’un iota. Seules mes prunelles claires observent brièvement le sol. Mon M16 est toujours posé là, à mes pieds. Quand je relève les yeux, je remarque qu’ils tiennent Roxanne. Merde… Je me contiens pour ne pas attraper mon arme et fumer ces enfoirés… Et alors que la Russe leur dit – gentiment – d’aller se faire foutre, je ne peux pas m’empêcher d’afficher un léger sourire en coin. Mais son impertinence est rapidement sanctionnée. La pauvre se prend une flèche dans le bras.

Ma mâchoire se serre, mes tempes se gonflent de colère. Et alors que je m’apprête à m’avancer pour l’ouvrir, le sifflement de la connasse cachée derrière son masque, me stoppe dans mon élan. La porte grince à nouveau et une dizaine d’individus masqués entrent à nouveau… Putain… C’est dans cette nouvelle agitation que mon pied vient pousser doucement mon arme pour la glisser sous un tas d’affaire, tout en levant les bras… Je n’ai plus que mon couteau à ma ceinture, ça ne me plaît pas…

Spoiler:

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