Jake les regardait commencer à s'affairer, c'état cool ils semblaient tous adhérer à son idée de se bouger le troufignon de là ! Il se pris néanmoins un non de la part de Valérian concernant son aide à faire ses bagages. Nan mais franchement il s'était vu ou pas !? En moins bon état que l'papy gâteau avec eux ! Jake les regarda se bouger chacun avant de sourire en coin. "On va dans le sud-ouest, j'ai vu des trucs cools là bas. Y'a des putains d'baraques aussi ! Jake avait l'idée de tous se foutre en sécurité plutôt que de moisir dans cet amas de briques demandant un vent fort pour s'écrouler sur leurs gueules.

La gamin rassembla ses affaires avant d'entendre pépé la détente, leur causer. Le brun hocha la tête et pris des sacs pour sortir de la maison et les placer dans la voiture. Croisant le regard de Julian il se stoppa un instant. "C'passe quoi avec ta meuf ? Elle a pas l'air bien !" simple interrogation, rien de plus, le tatoué voulait seulement comprendre ce peu d'engouement de leur part. Ils avaient une crise de couple ? Si c'était la première fallait pas s'en faire y'en aurait d'autre. Un couple sans dispute c'est pas un couple ce sont des potes et encore, des potes ça peut se brailler sur le coin de la tronche. Inspirant à nouveau il revint dans le squatte et pris les affaires de Valérian. "P'tain c'que t'es lent Val, file-moi ça, je gère." Le cadet pris des mains du grec des affaires et les fourra dans le sac avant de le fermer et lui adresser un magnifique sourire pour ressortir sous le regard curieux de l'autre là... Le clebs... Charentaise ? Bref le chien.
Une fois les allers-retours cumulés l regarda la petite troupe en sale état et soupira. "Va falloir décoller de là si on veut y être avant la nuit ! Al, j'veux bien conduire, comme ça j'vous embarque direct dans l'quartier !" Le brun regarda le toubib sous herbes et sourit en coin avant d'aller vers le grec. Jake était fin prêt au départ. "Aller faut s'lever pour de bon. Ca va l'faire ?" Dernier regard sur les deux plus jeunes, leur faisant signe de suivre le mouvement. Ce serait con d'en perdre un ou deux juste en se taillant de là.

Lorsqu’il refusa son aide, Valérian fit mine de ne pas remarquer l’air franchement outré de Jake et se borna à essayer de rassembler ses quelques affaires, quoiqu’à grand peine et avec une extrême lenteur. S’il était, au fond, touché par la volonté de Jake à vouloir lui venir en aide, l’orgueil de Valérian l’empêchait cependant d’y céder et d’admettre par là un état de faiblesse, au demeurant bien réel. Compter sur les autres revient à dépendre d’eux, tel aurait pu être l’adage de son père Giorgos qui toujours l’avait encouragé à faire cavalier seul pour ne dépendre que de lui-même. Valérian devait ainsi sa réussite professionnelle à son propre acharnement et à cette intime conviction d’être parfaitement autosuffisant. À l’époque, il n’y avait pas un défi qu’il eut relevé avec brio : comment aurait-il pu échoué, armé d’une telle assurance ? Depuis l’apocalypse, force était cependant d’admettre qu’une main secourable l’avait à plusieurs reprises tiré d’un mauvais pas. Son ancienne partenaire Greta lui avait ainsi sauvé la vie, puis Jake, à l’occasion de leur rencontre. Cette sensation d’invulnérabilité et de toute puissance s’était par conséquent dissipée chez Valérian qui s’évertuait désormais à en protéger les vestiges. Au fond de lui, le grec réalisait cependant l’importance de l’entraide au sein d’un monde aussi inhumain. Il n’était simplement pas prêt à renier l’intégralité de ses convictions, voilà tout !

Tandis qu’il se penchait pour attraper un livre au sol, Valérian surprit le chuchotement que glissait discrètement Alfonse à l’oreille de Lily. Le grec était malheureusement trop éloigné d’eux pour discerner le motif de ces messes-basses et prétendit par conséquent n’avoir rien remarqué. Ses méninges firent cependant une brusque embardée et s’empressèrent de tisser un réseau de soupçons au sujet de ce bref échange : Que ce passait-il au sein de ce groupe ? Lorsque Valérian l’avait rejoint, un authentique esprit de camaraderie soudait ses membres. À présent, ils s’adressaient pourtant à peine la parole. Seul Jake, éternel bout-en-train, demeurait fidèle à lui-même et s’activait à reconstituer cette complicité perdue. Autant dire que sa tâche serait ardue : Julian ne parlait plus à Lily, Lily ne parlait plus à Julian, Julian ne parlait plus à Alfonse et Alfonse… Échangeait des secrets avec Lily. Étonnant, tout cela : « Tu as besoin d’une paire de bras supplémentaire avec ce livre, Valérian ? » Grogna la voix du vieil hippie depuis le pas de la porte. Avec un haussement d’épaules, Valérian fit claquer l’ouvrage entre ses doigts et se redressa précautionneusement : « Pourquoi pas ? J’imagine que nous ne serions pas trop de deux pour en déchiffrer les secrets. Ils m’ont tout l’air passionnant. » Regard éloquent de la part du grec - regard mauvais d’Alfonse en retour : « C’est ça. Bouge tes fesses, Sherlock Holmes. On t’attend dehors. » Sur quoi, le vieil hippie sortit de la cabane en bougonnant des propos incompréhensibles dans sa barbe.

C’est à ce moment que débarqua Jake, pareil à un tourbillon d’énergie : « Je me débrouille très bien t… » fut tout ce que Valérian eut le temps de répondre aux railleries du jeune homme avant que celui-ci, radieux, ne lui arrache ses affaires des mains pour les fourrer dans son propre sac et filer en direction de la voiture. Le grec, quelque peu agacé, ne put cependant réprimer un petit sourire et entreprit alors de suivre Jake à l’extérieur, clopin-clopant. Il ne parvint cependant pas bien loin et se laissa lourdement tomber sur une chaise à quelques mètres de là : « Gamiméno skatá ! » maugréa t-il entre ses dents, tout en se massant le flanc d’un air misérable. Bien malgré lui, Valérian commençait en effet à se rendre à l’évidence : orgueil ou non, il était bien incapable d’atteindre la voiture sans l’aide de quelqu'un.

« Aller faut s'lever pour de bon. Ca va l'faire ? » Le grec leva les yeux vers Jake qui était revenu à ses côtés. Il hésita un instant, puis marmonna à contre-coeur : « Je ne peux pas me déplacer seul. » Sous entendu : donne-moi un coup de main, s’il te plait.