C’est dingue comme certains défauts sont incorrigibles. Passer un hiver aussi compliqué aurait du m’apprendre, mais rien à faire : je reste une putain de vorace. Les provisions que j’ai piqué en partant de Sunset Hill sont déjà à moitié épuisées et j’aimerais dire que j’ai été économe – j’aimerais bien – mais ce serait un sacré mensonge à moi-même. Ils avaient quand même un pot ENTIER de beurre de cacahuète ! Irrésistible.

Dans tous les cas, ça faisait plusieurs jours que je m’étais remise à vadrouiller. Voire plus d'une semaine. Comme je ne faisais pas les choses à moitié, mon parcours m’avait emmené en dehors de la ville d’émeraude. La capitale avait toujours les mêmes airs désincarnés, usée par les pluies et le passage des rôdeurs. La végétation avait poussé à une vitesse folle. Parfois, des carcasses de voitures entières étaient fondues dans des buissons de ronces, d’autres fois c’était des cadavres qui étaient prisonniers de lianes de lierres. Comme d’habitude, j’évitais les mordeurs. Mieux valait ne pas prendre de risque inutile, hein ?!

Quand j'étais vaittombée devant le panneau qui indiquait la proximité du Turkwila family fun center, un grand sourire a dû s’étendre sur mon visage un peu cra-cra. D’une oreille à l’autre. Mon âme d’enfant s’exprimait ! Et puis, ces endroits regorgeaient auparavant de sucreries en tout genre, non ? Pas le type de ressources que les groupes organisés et les survivants aguerris devaient avoir pillés en priorité. Autrement dit, tout un monde de bonbons s’offrait potentiellement à moi !

Je plissais le nez en observant par où entrer. Je n’ai pas spécialement envie de traverser le bâtiment principal. Les portes sont encore fermées, trop poussiéreuses pour distinguer quoique ce soit, mais je me méfiais des espaces clos. A la place, je longeais le périmètre pour trouver un pan de mur – ou de grillage – par-dessus lequel je pourrai passer pour sauter directement à l’intérieur. Je trouve mon bonheur du côté des pistes de karting qui zigzaguaient désormais avec tristesse, jonchées d’affaires oubliés et de débris végétaux. Signe que ça avait été la panique ici, mais que ça remontait à loin…

Bon. Objectif numéro un : les stands de bonbons. Objectif numéro deux : voir si y’a encore moyen de s’éclater ; parce que dans « fun center », y’a « fun » et depuis quelques mois, j’avais pris l’habitude de m’amuser avec moi-même. Ça me donne envie de recommencer à me raconter des blagues à moi-même ! Tiens par exemple Mina, tu sais ce qu’est une chauve-souris avec une perruque ?

- Une souris, que je murmure en tirant mon couteau de mon étui – par précaution.

Et ça me fait rire en plus…