Bordel de merde… c’était pas censé être une bonne journée ? Victoria regrettait la douche qu’elle n’avait pas prise et le farniente qu’elle ne s’était pas accordé, parce qu’elle sentait déjà que les choses n’allaient pas se passer dans le plus grand des calmes. Finalement, May avait bien fait de restée planquée parce qu’elle n’était pas en état de faire quoique ce soit si les choses partaient en cacahuète – et sincèrement, elle ne voyait pas d’autre ici.

Suffisamment en retrait pour ne pas être aveuglée par les rafales de vent, la pigiste s’était réarmée sitôt qu’on était venu lui en apporter une. 9mm simple mais efficace. Décidément, pour une journée de reprise du terrain, le sort y allait un peu fort. C’était juste la deuxième fois qu’elle se trouvait sous la menace – direct, indirecte ou imaginaire – d’un flingue. Espérons que ça n’ait aucune valeur prémonitoire…

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Rien à offrir qui puisse les intéresser ? L’avocate en doutait. L’Homme était ainsi, il convoitait toujours quelque chose. La communauté de Fort Ward était en mesure de répondre à presque toutes les demandes d’un survivant alors il était évident qu’ils avaient une monnaie d’échange adéquate ; mais laquelle ? Ces étrangers, d’où qu’ils viennent, étaient désormais au courant pour le vaccin. Ils étaient au courant pour l’eau, pour l’électricité, ils avaient même une idée très précise de leur nombre. Alors pourquoi cette effronterie ? Elle ne faisait pas sens.

June tenait toujours le mégaphone mais il pendait le long de son corps. Ses orbes perçants fixaient ces engins qui assourdissaient le ciel, comme les présages d’une nouvelle force venue défier leur suprématie. De nombreuses questions étaient soulevées par leur existence… et elle n’avait pas besoin qu’ils soient tous en vie pour obtenir les réponses. Du regard, la rouquine consulta alors Arizona, à ses côtés. Pas un mot, tout était dans la gravité impénétrable de ses yeux verts.

S’ils devaient frapper… c’était maintenant.

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J’ai suivi le pasteur et Clarke jusqu’à l’église. Ici, on est à l’abri du vacarme des hélicoptères mais j’ai l’impression que l’écho de mon souffle saccadé est assourdissant. Je n’ai pas l’impression d’avoir été suivi et pourtant, je partage le stress de Clarke qui veut transvaser les doses de vaccin dans un autre sac. Des tas de questions s’enchainent dans ma tête, un frisson de peur rampe dans mon dos quand l’espoir coule dans mes veines. Si un accord est trouvé, peut-être que c’est un tout autre monde qui s’offre à nous. Peut-être que les prières pour un monde de paix débarrassé du fléau des possédés ont été entendues…

- On… on peut les mettre dans la crypte, je réponds à la place de William car mon amie me regarde, ce n’est qu’une précaution, je cherche à nous rassurer toutes les deux mais trouve la force pour qu’un léger sourire bienveillant ourle mes lèvres, ils ne viendront pas ici pour nous arracher ce remède de force. Ils…

J’ai envie de dire qu’ils allaient trouver une solution mais je me retiens. Je n’ignore pas la politique que mène June. Je sais qu’elle ne tendra pas la main gratuitement, je sais qu’elle ne tendra pas l’autre joue non plus. Mes entrailles se tordent finalement, à l’idée que cette journée symbolique le soit pour une raison sinistre.

- On va le cacher dans la crypte, je confirme après une inspiration qui m’a gonflée de courage, est-ce qu’on ne devrait pas ensuite aller au laboratoire ? Il y a toutes vos notes et toutes vos installations. On doit les protéger aussi, non ?

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Les quelques informations données par Arizona ne lui apprirent pas grand chose quant aux intentions réelles de ces étrangers. Stan plissa les yeux pour observer les hommes réclamés par leurs proches. Il sentit le blanc laissé par June qui ne reprit pas la parole. Il serra la mâchoire et posa une main sur le bras de la responsable de la sécurité.

- Ne tire pas. Il capta son regard. Il ne le sentait pas. Ces types avaient des hélicos bordel. Ils avaient des allures de militaires aussi ! Ils pouvaient avoir bien davantage de ressources qu'eux. Rappelez-vous le ranch.

Il ne savait pas si June l'entendait mais ça valait pour elle aussi. Ils étaient aujourd'hui dans la situation de Carmen sur sa balustrade. Au pied du mur. Ils pouvaient choisir de faire feu et de s'attirer un fléau de morts sur eux. Ou bien prendre le temps de réfléchir. Pour protéger leur communauté. Leurs enfants et ceux à venir.

- Y a des mômes qui vivent ici. Des femmes enceintes aussi. On ne cherche pas des ennemis. S'ils voient les roquettes, ils ont aucun intérêt à tirer. Ils récupèrent seulement leurs hommes. Agiraient-ils eux-mêmes autrement dans une situation similaire ?! Non. Ces "autres", c'était eux. Ils n'étaient pas davantage dignes de confiance mais leur seule chance était peut-être de leur accorder le bénéfice du doute...

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Arizona commençait à perdre patience. Ils voulaient faire la loi, ils agissaient comme s'ils avaient une longueur d'avance sur eux mais d'où venaient-il avec leurs hélico ?... Son cerveau carburait à plein régime, il fallait prendre une décision mais il était impossible de relâcher tout le monde. Il fallait une monnaie d'échange voir même une assurance. Le chef, qui se trouvait derrière, les mains sur la tête lui avait déjà chié dans les mains, il n'était pas question de se salir à nouveau.

Pendant qu'elle réfléchissait, elle sentit une main se poser sur son épaule. Bordel, cela faisait combien de temps qu'on ne l'avait pas touché. Elle croisa le regard de Stanley : « Ne tire pas. » Il a comprit. pensa t-elle alors qu'elle jeta un regard dans la direction de June. Il mentionna le Ranch et elle serra les dents en le fusillant du regard : « Comment t'veux que j'oublie ? » vociféra t-elle, mauvaise surtout lorsqu'il était question de ce souvenir. Tout ce qui était en rapport à ce groupe là pouvait la mettre dans un état de rage démesuré. Qui pouvait bien lui en vouloir ?

Il continuait de parler, rappelant des faits qu'elle n'ignorait pas. Ne pas réagir parce qu'il y avait des enfants ou même des femmes enceintes seraient un acte de pur faiblesse et le Fort n'était pas censé avoir des faiblesses. Elle le foudroya du regard. Tout en s'adressant à Stanley, elle ne quitta la boss du regard : « Et s'ils revenaient plus nombreux, plus armés ? Ils n'ont clairement pas fait preuve de bonne foi jusque là ! » Ils venaient de leur donner un avant goût de leur pseudo bonnes paroles. « Tu leur diras merci ? » Elle reporta son regard sur lui : « Tu penses pour le Fort, tu penses également à ta famille, et celles des autres. »

Quand sa décision fut prise, elle attrapa son talkie et alerta : « Unités, tenez-vous prêt. Il n'y aura pas de seconde chance. »  

- On est chez nous, ici.» Elle sortit son colt , attrapa la tête du chef et le menaça au niveau de la tempe de Rambo :  Soit ils cèdent, soit ils crèvent, lâcha durement la cheffe de la sécurité à June qui tenait le megaphone. S'ils sont réellement pacifique, ils n'ont rien à craindre mais on n'a rien de pacifique en ce qui nous concerne. Si ça dégénère, il aura affaire à elle.  
Une chose est sûr, Arizona désigne chaque traître comme déjà mort.

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L’avocate n’avait pas entendu Stanley mais comprit ce qu’il avait proposé avec les réponses de sa voisine. Ça ne l’étonnait pas. Il avait toujours eu cette propension à la prudence exacerbée, aux messages de confiance et aux mains tendues. Après plus d’un an à le voir travailler, June n’avait plus aucun doute sur la loyauté et l’efficacité du jeune homme mais… ils restaient fondamentalement différents sur certains points.

Aujourd’hui, ce que voyait la rouquine, c’était des hommes qui s’octroyaient le droit de bafouer leur frontière pour émettre des exigences. Ils ne voulaient pas discuter, ils ne voulaient pas négocier. Les gens de cette trempe, qui se permettaient d’entrer où ils voulaient pour prendre ce qu’ils voulaient – même si c’était effectivement à eux – c’était rarement des gens droits. La lumière se fit dans son esprit. C’était clair et net.

Lentement, après qu’Arizona ait mis le canon de son arme sur la tempe d’Aaron en déclarant qu’ils devaient céder ou mourir, l’avocate la contourna pour venir aux côtés de Stanley. Ses yeux perçants analysaient méthodiquement la situation, ses méninges anticipaient déjà « l’après » de ce qui allait se passer.

- Ils ont eu toutes les occasions de prouver leur bonne foi, lui dit-elle proche de l’oreille, pour qu’il l’entende malgré les rafales, ils auraient pu nous demander avant de contacter du renfort, les hélicoptères auraient pu s’arrêter à nos frontières pour demander la permission de nous survoler, ils auraient pu se poser et se présenter avant de faire des exigences.

Que diraient les survivants dont elle avait la responsabilité, si elle acceptait de coopérer sans rien faire ? Ils avaient tous vu ces étrangers arriver sans être invités, il en allait de son autorité de défendre leur territoire. Ils n’étaient pas n’importe qui et penser qu’ils étaient si facile à intimider était une erreur.

- Posez-vous, rendez vos armes et acceptez de négocier selon nos règles, clama-t-elle finalement dans le mégaphone, sinon cet homme mourra. Ceci est notre dernier avertissement, précisa-t-elle en écho à ce que l’homme dans l’appareil avait lui-même dit. La rouquine éteignit ensuite l’amplificateur pour pouvoir ne s’adresser qu’à son amie, s’ils doivent tirer les roquettes, dis-leur de viser les hélices. Il faut qu’ils se crashent mais qu’on puisse exploiter ce qu’ils ont à l’intérieur, notamment leurs données de navigation, si possible.

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