Sari Melati – De jasmin et de sang
Dim 16 Fév 2020 - 14:30
Cunningham
Prénom(s) : Sari Melati, littéralement « essence » et « fleur de jasmin »
ge : 29 ans
Date de naissance : 17 juillet 1990
Lieu de naissance : Jakarta, Indonésie
Nationalité : Américaine
Groupe : The Haven
Ancien métier : Artisane
Célébrité : Anggika Bolsterli
DÉPENDANTE
FIÈRE
INTIMIDABLE
FORMALISTE
TRAVAILLEUSE
DÉBROUILLARDE
DÉTERMINÉE
COMPATISSANTE
Pour comprendre la personnalité de Sari, il est indispensable de prendre en considération qu’elle est issue d’un mariage entre deux ethnies, cultures et classes sociales, et qu’elle a passé 16 années de sa vie en Indonésie. De sa mère, elle a hérité la détermination, la discipline et la retenue, et de son père, la curiosité, l’orgueil et un profond désir d’accomplissement personnel. Elle a toujours désiré tout savoir sur tout, autant du côté des savoirs intellectuels que manuels. Cette soif de connaissances, jamais épanchée, a façonné toute sa vie pré-apocalypse, jusqu’à la pousser à quitter le confort américain et s’installer dans le village natal de sa mère, à Bali, pour y parfaire son artisanat.
À première vue, c’est quelqu’un de très affable. Toujours souriante, capable de mettre les gens à l’aise, elle donne l’impression d’être à l’écoute, et surtout, de comprendre. Si c’est vrai en partie, étant une personne avec beaucoup de compassion, la réalité est plus nuancée. Dans de nombreuses cultures asiatiques, il est important de ne pas perdre la face en public ; ce masque avenant est un outil parmi d’autres pour accommoder une vie en société correcte. Sari élève rarement la voix ; c’est une question de respect envers l’autre, et surtout, envers elle-même. Elle évitera toute forme de confrontation, préférant des périphrases comme « C’est compliqué » ou « Pouvons-nous y réfléchir à nouveau ? » plutôt qu’un simple « Non ». Le revers de cette retenue, c’est l’hypocrisie qui en découle : il devient difficile de cerner si elle est sincère ou non. Mentir pour préserver la tranquillité n’est pas un problème.
Plus individualiste que n’importe quel Balinais, plus apte à vivre en groupe que n’importe quel Américain, elle a passé huit ans dans des communautés autosuffisantes. Les nouvelles technologies sont dispensables pour elle, qui s’est toujours sentie plus à l’aise en milieu rural que dans les grandes métropoles. Toujours parmi les premières levées, elle aime se sentir utile ; le travail ne lui fait pas peur. Elle cherche toujours à expérimenter et à apporter de nouvelles choses à sa communauté, en faisant un atout de choix.
Sari était une personne assez sérieuse. Si l’apocalypse lui a appris quelque chose de positif, c’est de profiter de chaque instant de joie, car ils sont éphémères. Sous la pression de Jenna – un médecin avec qui elle s’est liée d’amitié, elle a développé un côté espiègle. Si jamais vous la surprenez avec un petit sourire en coin, ne vous méprenez pas : elle vient de trouver quelque chose qui ferait un bon potin. Les bruits de couloir sont un plaisir coupable… ce qu’elle dissimule en feignant un désintérêt total. C’était une grande amatrice de soap opera asiatiques, situation ironique considérant son manque d’intérêt pour sa propre vie amoureuse.
Pour le reste, la fin du monde et sa violence ne l’ont pas épargnée, et c’est abîmée qu’elle en est ressortie. Elle reste constamment occupée pour éviter de tourner en rond et attraper des idées noires. Malgré les cinq années écoulées, elle est presque incapable de se protéger par elle-même et laisse le sale travail aux autres. Elle n’eut à se défendre seule qu’une seule fois – événement par ailleurs très récent et motivé par son désir de protéger des enfants. La mort et les rôdeurs lui font peur. Seule, elle ne tiendrait pas trois jours.
Difficile de croire, en la regardant, que son père était blond aux yeux bleus : elle ressemble en tout point à une indonésienne classique, avec ses traits doux et ses yeux marrons. Seules marques de sa mixité, un teint un peu plus clair que celui de ses cousines asiatiques.
À Bali, le bien-être est une véritable institution, à laquelle Sari n’est pas insensible. Prendre soin de corps fait partie intégrante de sa spiritualité. Elle a toujours veillé à manger sainement et à se maintenir en forme. C’est une grande pratiquante du yoga asana, une discipline à laquelle elle a été introduite très jeune et qui a forgé son rapport à son corps, lui apprenant à travailler avec, et non pas contre, lui.
Ce bien-être se reflète à l’extérieur. En Amérique, elle prisait des tailleurs à la fois élégants et confortables, semblables à ceux que portaient d’autres jeunes femmes issues de familles aisées. À Bali, elle se conformait aux tendances locales, des robes fluides et colorées, adaptées aux fortes chaleurs. Même aujourd’hui, les habitudes ne changent pas : bien qu’elle n’ait plus le luxe de changer de vêtements tous les jours, elle essaie de les garder aussi propres et en meilleur état que possible. Il n’est pas rare de la voir tresser ses cheveux, ou de les nouer dans des chignons complexes, comme le lui a appris sa mère. Garder le contrôle sur apparence dans ce contexte tourmenté, c’est garder le contrôle sur son humanité.
Ceux qui pensent que Sari n’est pas dangereuse à cause de ses airs de poupée asiatique ont parfaitement raison. Elle ne sait absolument pas se battre et ne vainc ses adversaires qu’avec l’effet de surprise... si jamais elle parvient à surmonter ses scrupules. En plus, elle ne court pas très vite, ce qui est peu pratique pour s’enfuir.
Elle possède en revanche une résistance surprenante compte tenu de son gabarit, qui ne laissait pas présager qu’elle passerait le premier hiver. De fins muscles se cachent sous son apparence menue, résultats d’années de travaux manuels. Son artisanat se devine aussi sur ses mains, couvertes de minuscules cicatrices, résultat de blessures qu’elle s’est faite en tissant, cuisinant, brodant, taillant du bois, tressant des fibres végétales ou récoltant des herbes. Elle possède également une cicatrice au bras droit, à l’endroit où elle a été frappée par un coup de couteau. Elle ne possède pas d’autres signes distinctifs.
Lorsqu’elle a fui la Triade, son ancienne faction, elle n’a pas eu le loisir d’emporter grand-chose : ses réserves de nourritures prenaient la majorité de la place disponible dans son sac à dos. Elle possède un mini kit de couture, dans lequel il ne reste qu’un dé à coudre et deux aiguilles, une cuillère en bois, une gourde, une carte de la région et un livre de poche, rédigé en indonésien, qu’elle a emporté partout avec elle depuis le début de l’apocalypse, comme un reliquat de son ancienne vie. Elle possède également trois hachoirs, un pour se défendre, à sa taille, et deux pour cuisiner et récolter des plantes.
1re partie : Origine
La mère de Sari naquit dans un village balinais au cours des années 60, sous le nom de Ni Si Mada Pradnyana. « Ni Si Mada », l’équivalent de son nom de famille, indiquait qu’elle était une femme appartenant à la caste des Sutra, la plus basse de la société balinaise. « Pradnyana », son prénom, signifiant intelligence, lui fut donné autour de ses quatre ou cinq ans, quand elle fut choisie parmi les nombreux enfants du village pour aller à l’école.
En effet, la scolarisation était obligatoire en théorie, trop coûteuse dans les faits, non contrôlée par les autorités de toute façon. Les études représentaient un investissement financier important. Le village entier se cotisa pour qu’elle et un de ses cousins intègrent un lycée javanais, espérant qu’ils pourraient obtenir un travail bien rémunéré. En contrepartie, bien sûr, d’une partie de leurs futurs revenus, qui seraient réinvestis dans développement de la communauté.
Pradnyana obtint brillamment son diplôme et fut même acceptée à l’université. Dès qu’elle n’était pas en cours, elle multipliait les emplois pour subsister et rembourser son prêt. Alors qu’elle entamait sa deuxième année, épuisée par le travail soutenu, songeant même à abandonner, elle rencontra son futur époux à l’ambassade américaine, où elle effectuait un remplacement.
C’était un homme d’affaire, venu investir à Bali. Il voulait un visa – très difficile à obtenir à cause de la politique xénophobe du pays – et elle avait besoin d’argent. Leurs intérêts convergeaient et puisqu’ils se plaisaient, le mariage vint rapidement. Sari fut leur première et unique enfant.
2ème partie : Indonésie (1990-2001)
Sari vécu en Indonésie jusqu’à ses onze ans. Son enfance fut partagée entre Java, où se situait le siège de la société de son père, et Bali, où vivait la majorité de sa famille. Sa mère, qui avait gardé des liens très forts avec sa terre d’origine, l’y emmenait sans faute à chaque période de vacances scolaires. Le matin, elle aidait ses cousins aux champs, l’après-midi, sa grand-mère lui apprenait à tisser.
Son père, assez traditionnaliste, n’y voyait pas d’inconvénient, pensant que cela forgeait son caractère et lui apprenait la valeur du travail. Surtout, cela lui permettait de se faire bien voir des habitants de l’île. Une composante importante, puisque la moitié de son business reposait sur l’exportation de leur artisanat.
3ème partie : Seattle (2001-2010)
En 2001, la santé de son père se dégrada. Il devait subir des opérations chirurgicales lourdes, et avait plus confiance dans la qualité des hôpitaux américains. Ce fait, conjugué à la crise économique qui frappait l’Indonésie, le poussa à rentrer en Amérique, accompagné de sa femme et bien sûr, de sa fille. Le choc culturel fut considérable. Sari le vécut très mal. Sa vie d’avant lui manquait beaucoup, d’autant plus que la décision de sa mère de quitter le pays ne fut pas bien reçue par sa famille. À cause de ces tensions, elle ne retournerait en Indonésie qu’une fois, à ses quatorze ans, pour deux semaines.
À treize ans, elle s’était habituée à la vie américaine, et y avait même pris goût. Bien qu’elle n’aimait pas les grandes villes, Seattle était assez verte pour qu’elle s’y sente bien. Finalement, c’était une expérience plutôt enrichissante. Son adolescence fut paisible et privilégiée.
À ses 18 ans, elle découvrit que l’Indonésie n’autorisait pas la double nationalité à des personnes majeures. Pour continuer de vivre auprès de ses parents et poursuivre ses études, elle fut forcée de renoncer à sa nationalité Indonésienne. Cela lui déclencha une véritable crise identitaire.
Pour ne rien arranger, les études de commerce dans lesquelles son père l’avait inscrite ne lui convenaient absolument pas. Elle honnissait ce cadre hautement concurrentiel et toxique, haïssait ce qu’elle y faisait, détestait les gens qu’elle fréquentait. Entre dépression et burn out, elle peinait à maintenir ses notes. Elle s’accrocha, car elle aurait eu honte d’abandonner ses études, alors que sa mère avait travaillé si dur afin de poursuivre les siennes. Elle ne songea même pas à se réorienter, complètement pétrifiée par la peur de décevoir les parents qu’elle respectait énormément ; rongée par la honte d’être une gamine pourrie-gâtée en plein caprice.
4ème partie : Retour en Indonésie (avril 2010)
Au milieu de sa deuxième année de bachelor, durant les vacances de printemps, Sari décida de s’accorder une pause, de partir loin, de se couper de tout. Son père accepta de lui offrir un billet pour Bali. Elle passa trois jours à errer sur une plage au sud de l’île, à contempler la nature, à se rasséréner, à méditer, avant de rejoindre le village de sa mère. Dans le taxi, en observant la jungle défiler, elle se rendit compte combien ce pays lui avait manqué.
Sari se souviendra toute sa vie de son grand retour, de l’accueil surpris, mais chaleureux de ses tantes, et de la façon magistrale dont elle fondit en larmes en enlaçant sa grand-mère, déclenchant l’hilarité générale parmi sa cousinade.
Elle reprit les habitudes de son enfance, effarée par la facilité avec laquelle les gestes oubliés lui revenaient. Elle découvrit qu’elle adorait tisser. Cela l’apaisait, la détendait. Elle aimait cette sensation de se dédier tout entière à une tâche. « Quand je tisse, c’est juste moi, l’objet et les dieux, » lui répétait souvent sa grand-mère. Sari commençait à la comprendre. Elle avait l’impression que ce qu’elle faisait était logique, important, tangible, l’exact opposé de son quotidien américain.
Au bout d’une semaine, elle s’était réhabituée aux bruits de la jungle et au son des gamelans, omniprésents. Parfois les autres femmes se mettaient à chanter, et elle se repaissait dans les sonorités si particulières.
Encore quelques jours et son dos, bien que constamment penché sur les métiers à tisser, ne lui faisait plus mal.
La troisième semaine, elle dû prendre son avion pour rentrer, complètement dépitée et frustrée, en Amérique. Elle tint quatre jours. Sans rien dire à personne, elle contacta l’ambassade indonésienne pour obtenir un permis de séjour (facilement, puisqu’il y a moins de deux ans, elle avait encore la nationalité). Le matin de son départ, elle s’excusa littéralement à genoux devant ses parents de son échec, leur annonça son choix de vie, et s’envola, incertaine, triste, mais soulagée, dans un aller simple pour Bali.
5ème partie : Bali (mai 2010 - septembre 2015)
Contrairement au premier, son second retour ne fut pas une surprise. Quand Sari se présenta devant sa grand-mère, chargée de valises, celle-ci se contenta de lui lancer un sourire entendu. Elle fut installée dans une petite cabane, avec trois de ses cousines non-mariées. À peine ses valises défaites, elle se remit à tisser. Les semaines passèrent.
Sari était émerveillée devant les créations de ses tantes. Les motifs étaient si complexes que la réalisation de certaines pièces pouvait prendre une année entière. Sari savait qu’elle n’atteindrait jamais ce niveau, mais elle s’en moquait. Elle adorerait travailler de ses mains, était très satisfaite de ses pièces, certes plus simples, mais jolies. Au bout de deux mois, sa grand-mère lui appris à transformer les rouleaux de tissus en vêtements simples, à la mode balinaise. Ensuite, vint le tour des broderies de coquillages, qui rencontraient un succès fulgurant auprès des touristes.
Au bout de quatre mois, Sari finit par se lasser de ne faire que tisser du lever au coucher du soleil. Elle décida de se diversifier un peu, et d’aider à la cuisine – afin de s’intégrer un peu mieux. Elle découvrit avec admiration la cuisine traditionnelle, la façon dont tout était utilisé, soit directement dans la cuisine, soit dans des remèdes simples, pour soigner les blessures du quotidien et les maladies bénignes. On tirait même profit de certaines plantes dans l’artisanat, pour la teinture ou pour rembourrer des oreillers.
Six mois après son installation, alors qu’elle profitait du réseau dans un village voisin, elle reçut un message de son père : « Les robes brodées, type boho, sont très populaires auprès des occidentales en ce moment. Veille à être prête pour la belle saison. ». Elle contempla ce message durant dix bonnes minutes avant de sourire aussi largement qu’une imbécile, ravie que son père ait fait un pas dans sa direction.
Plus Sari restait, plus elle découvrait, plus elle s’intéressait. Quand elle n’était pas en train de tisser, elle observait ses cousins dans leurs ateliers. Cette attitude, qui les amusait beaucoup, lui valut une réputation de curieuse, et du surnom qui allait avec. En échange échange d'une partie de ses revenus, ses cousins l’initièrent à de nombreux domaines : poterie, travail du métal, peinture, sculpture sur bois, fabrication d’huiles essentielles… En revanche, elle ne poursuivit son apprentissage que dans deux : la vannerie (qui par beaucoup d’aspects, lui rappelait le tissage) et le travail du bois, même s’il se limitait à la fabrication d’objets simples : cuillères, bols, gobelets, et si elle était motivée, du petit mobilier, comme des tabourets.
Les mois se transformèrent en années, au cours desquelles ses parents lui rendirent visite plusieurs fois. Bien sûr, tout n’était pas rose. Son village était assez aisé, mais ce n’était pas le cas de tout le monde sur l’île. Être confrontée à la misère – la politique n’étant pas vraiment socialiste – était dur. Elle était parfois heurtée à la xénophobie de certains habitants, qui la méprisaient à cause de ses origines américaines. Cela lui importait peu. Ce qui lui causa vraiment du souci, au fil des ans, fut son statut de femme célibataire. Si la société balinaise était loin d’être la plus sexiste, les femmes non-mariées étaient bien souvent considérées comme des enfants. Uniquement préoccupée par son artisanat, elle n’avait aucune envie de fonder un foyer, et cette infantilisation l’agaçait. Ce fut malgré tout cinq années épanouissantes.
6ème partie : Visite à Seattle (octobre 2015)
Après un été chargé, Sari profita de la fin de la saison touristique pour rendre visite à ses parents, à Seattle. Elle ne s’y était rendu que deux fois depuis son expatriation. Le 3 octobre 2015, elle quitta Bali, sans se douter qu’elle ne la reverrait peut-être plus jamais.
Prélude : octobre 2015, maison de ses parents, Seattle
C’était une insulte. Une insulte à une vie entière de certitude et d’ordre. Sari était spirituelle, et s’il y a avait une chose que les religions lui avaient appris, c’est que l’univers obéissait à des règles immuables, qui dépassaient totalement sa condition d’humaine, et que ce serait ainsi bien après sa mort et ses multiples réincarnations.
Une de ces règles était simple : on vit, puis on meurt. Il n’était pas sensé exister un état entre-deux. Alors, pourquoi les morts se mettaient-ils à marcher ?
Elle les avait découvert aux infos. En voir un, en vrai, était une tout autre histoire. Elle regarda le corps décharné s’approcher lentement, pétrifiée devant ce spectacle grotesque. Cette erreur de la nature suffit, en un instant, à lui faire comprendre que même après une vie entière à apprendre, à découvrir, elle ne savait rien. Rien du tout.
« Sari ! Mais qu’est-ce que tu fiches ! Monte dans la voiture ! »
Son père la poussa sans ménagement dans le véhicule. Il démarra en trombe, direction les barricades, pour bénéficier de la protection des militaires. À travers la vitre, elle regarda l’être étrange s’éloigner, petit à petit, jusqu’à ne devenir qu’un point à l’horizon.
1re partie : camp de réfugiés, Seattle
23 novembre 2015 : peur
« Le dernier générateur de courant est tombé. »
Tout le monde dans le camp savait que ça finirait par arriver. Cela fut tout de même un choc.
Un groupe de militaire était venu leur annoncer la nouvelle, par petits groupes, sans doute pour éviter une émeute. Il n’y eu pas de violences, fait étrange au vu des tensions qui agitaient le camp depuis des semaines. Tout le monde accueillit la nouvelle avec gravité, dans un silence contemplatif.
Sari pleurait silencieusement dans les bras de son père, qui lui prodiguait autant de réconfort qu’il le pouvait, passant une main dans ses cheveux. Sa mère était assise très droite à côté d’eux. Peu importe les pensées qui l’agitaient, elle ne les laissait transparaître que dans sa posture trop figée.
Jusqu’ici, ils avaient tenu bon, face au chaos, aux rôdeurs, au désespoir grandissant et à la panique qui s’installait, avec l’appauvrissement inévitable des ressources. Le dernier générateur avait été leur dernier rempart.
Ce jour-là, Sari eut la réalisation, puis l’intime conviction, que si durant les derniers mois, elle avait cru vivre l’enfer, alors celui-ci n’allait réellement commencer que maintenant.
18 décembre 2015 : attente
Cela avait commencé par des chuchotis. Des petits mots échangés ici et là, à la dérobée, sous les manteaux, prudemment. Et puis, les chuchotis s’étaient transformés en bruit de fond, constant, puis vrombissant de colère. La révolte était inévitable.
Les détracteurs ne se cachaient plus. Les militaires, non plus. « Pour l’exemple », disaient-ils pour justifier les passages à tabac. « Pour préserver l’ordre. »
Sari eu un rire sarcastique. Il n’y avait pas d’ordre possible quand on a faim. « Tiens-toi prête, » lui répétait sans cesse son père. Ce n’était plus qu’une question d’heures.
22 décembre 2015 : révolte
Les films avaient souvent cette tendance à dépeindre les révoltes de façon romantique. Il s’agissait alors de gens se battant ensemble, tous unis par leur cause, tombant aux noms de leurs idéaux.
Dans la révolte du 22 décembre 2015, il n’y eut pas une goutte de noblesse. Seulement des gens désespérés qui s’entretuaient. Elle s’enfuit avec ses parents et une dizaine d’autres réfugiés, vers la campagne.
2ème partie : ici et là
Janvier 2016 à septembre 2017 : déchirure
Une année et demie dont Sari ne se souvient pratiquement pas. Était-ce son esprit et son corps qui se défendaient à leur manière ? Elle vivait au jour le jour, passant de groupes en groupes. Ne comptant que sur ses parents. Elle avait l’air d’impression d’être dans une bulle, un monde vaporeux et chaud, où la réalité atroce n’avait plus prise.
Elle riait quand quelqu’un faisait une plaisanterie. Adoptait un air triste quand une mauvaise nouvelle secouait le groupe. Ne parlait que quand on la sollicitait. Au début, ses parents avaient essayé de la faire sortir de sa coquille. Leurs tentatives avaient fini par s’espacer, puis s’arrêter. « Laisse-lui le temps, » disait sa mère à son père.
Les jours étaient confus, les noms flous, les visages oubliés. On ne pouvait pas pleurer quelqu’un à qui on ne s’était pas attaché.
Durant ses rares moments de lucidité, elle essayait de se rendre utile. Mais cela n’engendrait que de la frustration. Elle n’y arrivait pas. Les plantes étaient différentes, inconnues. Le bois trop dur, impossible à travailler. Pas de ressources pour fabriquer des vanneries. Pas de quoi tisser.
Sari suivait les directives de ses parents, sans broncher. Elle évitait de trop réfléchir, pour ne pas laisser les idées noires l’envahir. Il était plus facile de tout laisser glisser.
3 octobre 2017 : perte
Ce fut la mort de son père qui la ramena brusquement à la réalité. Un conflit armé avec d’autres vivants. Il y était resté. Avec sa mère, elle lui creuse une tombe sous un arbre. Mama n’arrivait même plus à pleurer. Était-ce la peine de s’acharner ? Pourquoi faire ? Pour quelle vie ? Pour une fois, ce fut sa fille qui la soutenue.
Leurs compagnons se tenaient respectueusement à l’écart, guettant les rôdeurs qui pourraient les surprendre. Ils n’étaient plus que quatre ; elle, sa mère, une femme de 31 ans, Jenna, et son frère de 27, Jarred. Ils voyageaient ensemble depuis... quatre ou cinq mois ? Leur record dans ce contexte tourmenté.
Ils reprirent la route.
19 octobre 2017 : rencontre
Ils avaient décidé d’un commun accord de s’enfoncer plus loin dans la nature, afin de trouver un endroit isolé, où ils pourraient monter un abri permanent. Ils tentèrent l’altitude. Au bout de trois jours de marche, sur des plateaux, ils eurent une chance incroyable, presque insolente.
Sur leur gauche, il y avait une pente très escarpée, couverte d’arbre, de pierres, d’herbes glissantes, et autres pièges mortels. « Là-haut ! » dit simplement sa mère. Un des arbres, probablement à cause d’un orage, s’était effondré… rendant visible une haute palissade en bois, autrement complètement invisible depuis la route. Ils explorèrent la zone, et trouvèrent un passage moins accidenté – comme la relique d’un chemin qu’on aurait volontairement saboté – et des cordes reposant sur le sol, accrochées aux arbres, camouflées dans l’herbe. Jarred et Sari se portèrent volontaire pour aller voir ce qu’il se cachait au sommet de la pente, en s’aidant des cordes.
Une fois à la palissade, ils se glissèrent derrière une fente pour observer l’intérieur. Cela dépassa toute leurs espérances. Trois maisons, entourées d'un jardin potager et d’un petit verger. Visiblement, pas de bétail ou de poulailler. Était-ce une petite rivière qu’ils voyaient couler dans le fond ? Ils distinguèrent du mouvement. Deux hommes, une femme, un enfant aussi. Cela rassura Jarred, qui se décida tout bonnement… de frapper au portail, provoquant une crise cardiaque chez Sari.
« Mais enfin, on ne connait même pas ses gens ! » Elle essaya de l’entraîner se cacher derrière un arbre. « Arrête, » chuchota-t-il, « on n’a bientôt plus de nourriture et l’hiver arrive. Il faut tenter. » Il sourit devant sa mine déconfite. « Aller, va, ça va bien se passer. »
Ils avaient sous-estimé le nombre d’habitants. Ce fut cinq hommes d’âges variés qui les accueillirent, avec trois fusils de chasse. Heureusement que Jarred avait du bagou, songea Sari en levant les mains en l’air, et les yeux au ciel. Elle l’observa avec fascination baratiner les hommes en face, leur racontant un récit larmoyant, puis avançant qu’ils ne cherchaient pas les ennuis, seulement un abri, et que sa sœur était médecin – ce qui était vrai. Ce fut ce dernier argument qui sembla les décider à leur ouvrir les portes. Avec l’avertissement, qu’au moindre geste agressif, ils ouvriraient le feu et les balanceraient aux rôdeurs.
Ils allèrent chercher sa mère et Jenna. Elles allaient avoir une sacrée surprise.
3ème partie : la Triade
Novembre 2017 à avril 2018 : renaissance
Il y avait neuf habitants. C’était une famille d’origine amérindienne, qui avait décidée de quitter la ville pour renouer avec un mode de vie plus proche de celui de leurs ancêtres. Il y avait la grand-mère, Yamaya ; un de ses fils, Rourke ; trois de ses petits-fils, Adam, Everett et Tom ; la femme de ce dernier, Hannah ; leur fils de 5 ans, Kyle ; et les deux enfants d’Everett, Andy, 19 ans, et Sonia, 11 ans.
Il fallut bien trois mois révolus avant que la méfiance de la famille ne baisse et qu’ils ne les acceptent. Ensuite, ils furent tout bonnement adoptés. Ce fut comme se réveiller paisiblement d’un cauchemar.
Ils étaient enfin en sécurité, à l’abri dans les petites maisons de pierre, protégés par la palissade et le terrain trop escarpé pour que des rôdeurs ne parviennent à monter. L’herbe glissante et les obstacles les ramenaient toujours au bas de la pente.
Là, au sein de la Triade – ils lui donnèrent ce surnom, en référence au nombre de maisons – Sari réapprit à faire. Adam était un menuisier ; il lui montra comment tailler les bois de la région, quelle angle et force utiliser, et avec quels outils. Yamaya, elle, était une véritable encyclopédie sur tout ce qui poussait dans l’état de Washington. Elle lui apprit qu’est-ce qui se mangeait, cru ou non ; quelles plantes pouvaient être utilisées en tisane ou en onguent. En échange, Sari leur appris à confection des vanneries en feuilles d’épis de maïs.
L’hiver fut rude – les Yamaya n’avaient pas prévu de nourriture pour quatre personnes supplémentaires. Au printemps, malgré la faim, il y avait beaucoup à faire : renforcer la palissade, tailler les arbres, fertiliser la terre, planter... C’était dur, mais les efforts finiraient bien par payer.
23 septembre 2018 : paradis
« La dernière fois que j’ai fait la fête, c’était pour la fin du monde. Il y a trois ans, » s’esclaffa Jenna en se laissant tomber à ses côtés.
« Tu avais la tête à t’amuser, à ce moment-là ? » s’amusa Sari. Le ventre plein pour la première fois depuis presque trois ans, elle s’était allongée sur l’herbe pour contempler le ciel. Bercée par la chaleur veloutée de l’alcool, elle se sentait à la fois engourdie et plus vive que jamais. Ses sens exacerbées accueillaient avec délice toutes les sensations, de la tiédeur de la terre dans son dos, aux bruissements du vent sur sa peau. Pour un peu, elle se serait cru à Bali, avant. Avant que tout ne dégénère.
« Voyoooons, Sari. Les docteurs sont toujouuuurs prêts à se bourrer la gueule et à danser jusqu’au petit matin. Comment crois-tu que j’aie survécu à mes études de médecine ? »
Sari éclata de rire.
« J’aurais bien aimé être avec toi, à ce moment-là. Cela aurait été sûrement plus sympathique que de rester enfermée chez moi. »
Elle tenta de se redresser sur un coude, mais ne parvint qu’à se vautrer dans l’herbe, ce qui raviva leur hilarité.
« Ça ne fait que trois ans, tu te rends compte ? »
« Ne m’en parle pas. J’ai l’impression d’avoir pris dix ans dans les dents. »
Nouveaux rires.
Les récoltes avaient été bonnes, de quoi nourrir tout le monde durant l’été et l’automne. Ils avaient passé les deux derniers mois à échanger et tester des méthodes de conservation. Cet hiver, ils ne mourraient pas de faim.
Pour se récompenser, ils avaient décidé de s’accorder une double ration de nourriture, et de sortir les quatre bouteilles d’alcool qui avaient été cachées dans la cave. Les rires des autres membres du camp, installés un peu loin, lui chatouillaient les oreilles.
« Hé, Jenna… »
« Oui ? »
« Je crois que je suis… contente. Je n’irais pas jusqu’à dire que je suis heureuse, mais, c’est cela : je suis contente. »
« En pleine apocalypse ? » Jenna lui ébouriffa les cheveux. « T’es complètement cinglée, ma pauvre. »
25 mars 2019 : espoir
La belle saison revenait ; la deuxième depuis l’arrivée de Sari à la Triade. Ce jour-là, ils célébrèrent une naissance, celle de la fille d’Adam et Hannah. L’accouchement avait été compliqué, mais grâce à Jenna et ses connaissances en maïeutique, la mère et la petite étaient en bonne santé. Sari passa deux semaines à lui confectionner des langes.
4ème partie : la chute
29 décembre 2019 : désastre
Il était tard quand ça arriva. Les enfants étaient couchés. Sari était devant une des maisons, emmitouflée dans son manteau, en train de jouer aux cartes avec Everett, quand le hurlement de Tom retentit, suivit d’un grand fracas. Ils se levèrent d’un bond et le rejoignirent au bout de la propriété. Tom était aux prises avec un homme. Un vivant. Ils roulaient sur le sol.
« Pilleurs. PILLEURS ! » hurla Everett. Il se jeta au secours de son frère. « PILLEURS » répéta-t-elle, avant de courir vers la maison. Ils avaient établi une procédure en cas d’une situation similaire. Prendre les enfants, Yamaya, et sa mère, et s’enfermer dans l’abri anti-tempête, à la cave.
« Pas si vite. »
Un deuxième homme, armé d’un pistolet, lui barra la route. Il y en avait un troisième, également armé, un peu plus loin. Il se dirigeait vers la maison.
« Ne tirez pas, ne tirez pas ! » Sari leva les mains en l’air. Elle vit, du coin de l’œil, Rourke, sûrement sorti par une fenêtre, équipé d’une épaisse planche de bois, faire le tour de la maison. Elle devait distraire son adversaire, le temps que Rourke se charge de l’autre. Son sang battait dans ses tempes.
« On vous donnera ce que vous voulez. Ne nous faites pas de mal, pitié ! » Elle aussitôt détesta sa supplique.
« À genoux, main sur la tête. »
À la périphérie de son champ de vision, Rourke assomma le troisième pilleur et s’empara de son arme.
Lentement, elle s’exécuta.
« Jonas ! » tonna une voix inconnue. « Derrière toi ! »
Le deuxième pilleur se retourna, mais trop tard : il ne put éviter le tir en pleine tête. Rourke se rua sur le quatrième.
Sari ramassa l’arme que l’autre avait laissé tomber. Couru à tout rompre vers la maison. Jenna, Andy et Adam en sortait. Elle leur tendit le pistolet – ne se souvint même pas à qui – et se rua dans les escaliers. Elle croisa Hannah qui les descendait, encore hagarde à cause du sommeil, son bébé dans les bras.
« Sari ? Sari, qu’est-ce qu’il se passe ? »
À l’extérieur, il y un coup de feu. Elles sursautèrent.
« Dans l’abri. Tout de suite. Je vais chercher les autres. »
Un crochet par la cuisine, où elle attrapa un hachoir à viande, pour le cacher à sa ceinture, sous son t-shirt. Elle débarqua dans la chambre de Sonia et Kyle, les secoua sans ménagement, tremblante. « Dans l’abri, » cria-t-elle. « Dans l’abri. Immédiatement. »
Un autre coup de feu. Ils la suivirent, complètement désorientés. Dans le couloir, elle croisa sa mère, qui soutenait Yanala. Elle poussa tout le monde vers les escaliers, puis au sous-sol, puis au niveau encore inférieur. « Hannah ! » tambourina-t-elle contre la porte épaisse. Elle entendit des pas précipités, proches, dans l’escalier. La porte s’ouvrit, tout le monde s’engouffra à l’intérieur. Pas assez vite.
Sair vit une femme surgir dans la cave, un couteau à la main, les yeux fous. C’était elle qui avait à dénommé Jonas de faire attention. « Tu vas payer ! » éructa-t-elle, avant de se jeter vers eux. Sari referma la porte, s’enfermant avec l’autre femme dans le couloir. La douleur qu’elle ressentit quand sa tête heurta le sol ne fut rien, comparée à celle qui lui déchira le bras. Elle venait de se prendre un coup de couteau.
Sari ne réfléchit pas. Agit par pure réflexe de survie. Profitant du fait que l’arme de son adversaire était toujours plantée dans son bras gauche, de l’autre, elle attrapa son hachoir et lui planta dans le crâne. La pilleuse se figea aussitôt dans une expression de surprise et de douleur mêlées. Elle ouvrit la bouche, battit des paupières. Ne cria même pas alors que le sang se déversait de la plaie béante. Puis elle s’effondra sur elle.
Hagarde, Sari resta couchée là, avec le cadavre sur elle, couverte du sang qui continuait de s’écouler. « Sari, Sari !? » criait sa mère, de l’autre côté de la porte blindée.
Elle repoussa le corps, qui roula sur le côté, délogeant par la même occasion le couteau de sa plaie. Elle ne sentit même pas la douleur, contemplant la vie qu’elle venait d’ôter, en tentant de se rasseoir. En quatre ans, elle n’avait jamais tué quelqu’un. Le sale boulot, c’était toujours les autres qui le faisaient. Sa tête lui tournait.
« Sari !? »
Elle fut prise d’un haut le cœur.
« Sari, réponds, je t’en prie. »
« C’est bon, mama, » réussit-elle à prononcer. « Tu peux ouvrir. »
Se lever. Entrer à son tour dans l’abri. C’était simple. Elle pouvait le faire, avec le mur comme soutien.
« Mama, non ! Attends ! » se reprit-elle. Devant elle, le corps de la pilleuse était pris de soubresaut. Les dommages à la tête étaient assez importants pour tuer une vivante, mais pas suffisants pour achever une morte. Elle allait devoir finir le travail.
Nauséeuse, elle utilisa toute sa force, avec son pied appuyé sur l’épaule du cadavre, pour récupérer le hachoir. Se forçant à respirer lentement, pour contenir la crise de panique qui montait, elle se prépara à frapper.
Le corps commençait à s’agiter. Elle ne pouvait plus attendre. Elle frappa un première fois. Puis une deuxième. Puis une troisième. Encore, encore, jusqu’à ce qu’il n’en reste que la bouillie. Elle essaya d’essuyer ses joues couvertes de larmes, ne réussit qu’à y étaler du sang. Elle vomit.
Janvier 2020 : prudence
Le passage à la nouvelle décennie fut bien sombre. Everett et Andy avaient été tués ; leur première perte depuis longtemps. Un des pillards s’était enfui et pourrait revenir, peut-être avec plus de monde. Ils avaient été découverts. La peur s’installa.
Pour la première fois depuis trois ans, ils renouèrent avec un sentiment d’insécurité et de tristesse pesante. La décision fut prise de se mettre en quête d’un nouvel emplacement, au retour des beaux jours. En attendant, ils se firent plus discrets ; allumèrent moins de feux. Au cas où les choses dégénèreraient, ils convinrent de deux points de rendez-vous, un sur le mont en face, un autre plus en aval. Ils y cachèrent des provisions. Chacun prépara un sac. Et dans cette atmosphère d’angoisse, ils patientèrent.
2 février 2020 : fuite
Sari avait un moment pressentiment depuis une semaine. Il se concrétisa lorsque Rourke leur confia qu’il avait vu les vestiges d’un feu de camp, sur la route en contrebas, lors de son expédition à l’extérieur. Le coin était infesté de rôdeurs, signe supplémentaire de la présence de vivants dans le coin. Ils se relayèrent le rôle de guet derrière la palissade.
Tom repéra un groupe de dix personnes, parmi eux, le pillard qui s’était enfui. Aucun doute possible, il fallait évacuer. Avec trois fusils, mais seulement huit balles restantes, ils ne feraient pas le poids. Chacun leur tour, ils escaladèrent la palissade, pour les contourner, priant pour que le bébé ne se mette pas à hurler. Ils se retrouvèrent sur la route, sans une écorchure… et atterrirent nez-à-nez avec un des pillards. « Ils sont là ! » hurla-t-il.
La Triade se dispersa. Ils auraient plus de chances ainsi. Sari dévala pente après pente, sans lâcher la main de sa mère. Elles entendirent des coups de feu, au loin. Le point de rendez-vous. Elles devaient aller au point de rendez-vous.
Sans boussole, dans le noir, elles se perdirent. Quand elles arrivèrent au point de rendez-vous, avec un jour de retard, le coin était infesté de rôdeurs. Elles ne prirent aucun risque, et décidèrent de partir en direction du second. Elles l’atteignirent le lendemain. Elles découvrirent les réserves de nourritures intactes, laissant supposer qu’elles étaient les premières arrivées sur les lieux.
Bon, elles n’avaient qu’à attendre. Elles s’installèrent dans le froid, n’osant pas allumer de feu, se relayant pour surveiller l’arrivée de rôdeurs. « Si les autres ne viennent pas au bout de trois jours, prenez toutes les réserves et partez. » Ils s’étaient mis d’accord.
Personne ne vint. Est-ce qu’ils s’étaient retrouvés au premier point de rendez-vous ? Avaient-ils quitté les lieux précipitamment, à cause des rôdeurs ? Leurs avaient-ils laissé un message qu’elles n’avaient pas vu ?
Elles patientèrent deux jours supplémentaires, puis finirent par se rendre à l’évidence : peu importe la raison de leur retard, ils ne viendraient pas. La Triade était probablement occupée, et les réserves de nourritures n’étaient pas infinies. Le cœur lourd, seules pour la première fois depuis le début de l’apocalypse, Sari et sa mère se remirent en route, direction la métropole. Autant voir ce qu’il s’était passé durant leur absence. En espérant que les rôdeurs, les vivants, le froid et la faim n’aient pas raison d’elles avant qu’elles n’atteignent leur destination.
Une journée type dans la Triade, avant sa chute
Sari vit au rythme des saisons. Elle se lève toujours tôt, même si en hiver, il fait encore noir. Elle commence toujours par boire une gorgée d’eau avant de s’habiller, se brosser soigneusement soigneusement les cheveux, et rejoindre sa mère – encore plus matinale. Elles débutent la journée par une séance de yoga pour éveiller leur corps et partager un moment complice.
Selon les jours, elle presse un jus de fruits et fait bouillir de l’eau pour le petit déjeuner, ou va travailler directement sur quelque chose : couture, bois, tissage... seule, ou en groupe, lorsque le reste de la maison s’éveille.
Le midi, selon son humeur, elle peut aider en cuisine. Ils partagent des préparations à base de légumes et de fruits frais, récoltés le matin dans les jardins. Si la chasse a été fructueuse, ils ajoutent la viande à leur table, mais cela reste rare.
L’après-midi, Sari peut aider aux champs ; faire la lessive dans la rivière ; fabriquer ou réparer quelque chose ; partir en expédition avec d’autres membres du groupe pour couper du bois ou récolter des herbes et baies sauvages qui ne poussent pas au sein de la Triade ; ou encore fabriquer des conserves, comme des compotes. Parfois, elle relaie les autres à l’instruction de leurs enfants, en leur transmettant ses connaissances sur l’artisanat, ou ses savoirs sur l’ancien monde.
Le soir, elle est réquisitionnée en cuisine, généralement avec sa mère, Jarred, Tom ou Hannah. C’est un repas plus léger que celui du midi, mais plus savoureux. En été, ils se retrouvent tous autour d'un feu, à l’extérieur ; en hiver, c’est devant la cheminée. Tout le monde est présent, y compris les enfants.
Ils font souvent des parties de cartes, avec un paquet sauvé par Jarred. Ils parient beaucoup, généralement leurs corvées. Sari est très douée pour bluffer, mais très mauvaise en calcul de probabilités, ce qui lui assure des victoires mais aussi des défaites mémorables, un vrai running gag au sein du groupe.
Chaque jour était différent. C’était une bonne vie, un semblant de normalité dans un océan de chaos.
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Re: Sari Melati – De jasmin et de sang
Dim 16 Fév 2020 - 14:51
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Re: Sari Melati – De jasmin et de sang
Dim 16 Fév 2020 - 15:26
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