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Too late to be King /!
Dim 8 Mar 2020 - 21:18
and lie to the real life
what i am
Distrayant Excentrique Confiant Simple Comique Lâche Egoïste Sans fierté (Soumis) Moqueur Flegmatique | Comme armes, il a pu récupérer dans la dernière planque un 9mm dont il ne sait pas se servir, un Taser et un couteau de chasse. Niveau équipement, on trouve dans son sac un baume du Tigre et des bandages, un inhalateur, quelques bricoles qui semblent inutiles mais qui lui permettent de se fabriquer une canne à pêche de fortune, ainsi qu'une BD, un khôl pour les yeux. De la bouffe, rarement. Bref, c'est pas vraiment le top de la survie. Après cinq ans d'apocalypse, cela n'a probablement plus d'importance, mais encore aujourd'hui, Dany ne s'aime pas, et ne s'est jamais aimé. Il a beau se vanter de ses yeux bleus-verts, si clairs et si purs selon lui, de son visage pratiquement imberbe et de sa belle tignasse brune, il le fait surtout pour oublier ce nez qu'il trouve trop épaté ou cette trop grande bouche qui pourrait vous avaler le chibre et les boules avec sans aucun effort. Il n'a pas eu la chance d'avoir cette même silhouette toute sa vie. Qualifié d'ancien gros, de nombreuses vergetures décorent à présent son corps qui avoisine tout de même les soixante-quinze kilos pour une taille d'1m78. Un beau bébé donc, qui possède encore quelques réserves de graisses malgré tout assez bien réparties pour qu'il apparaisse presque élancé. Il est difficile de l'imaginer avant, quand il n'était que le petit gros de l'école à s'essouffler et faire des crises d'asthme au moindre tour de terrain. Même s'il n'est toujours pas un grand sportif, l'apocalypse a au moins eu le mérite de le forcer à se bouger les fesses pour sa survie. Un mal pour un bien, donc. Dany est un spécimen plutôt atypique. Son excentricité transparaît encore aujourd'hui dans sa manière de se vêtir. S'il choisit en toute logique des vêtements confortables, sobres et pratiques la plupart du temps, il ne voit aucun inconvénient à porter des fringues dites de femmes, même extrémement féminines. Il se cache la plupart du temps pour éviter les histoires, mais sous son gros sweat noir se cache souvent une jolie robe en dentelle ou un petit haut fleuri. Il se serait bien passer d'aimer ce genre de vêtements, seulement … ça lui plaît, et voilà. Autant que souligner ses yeux clairs de noirs ou d'étaler de la couleur sur ses lèvres pulpeuses. Peut-être qu'il aurait préféré être une femme, au fond de lui. Il n'en sait rien, il n'y pense pas. Il a bien d'autres problèmes en tête, à commencer par celui de ne pas mourir. Il porte également plusieurs chaînes autour du cou, dont une avec une croix en pendentif. Des bracelets aux poignets, et parfois des bagues. Sur ses deux indexes, deux petits cœurs sont tatoués. Ce n'était pas vraiment un choix. Ce fut pendant un long moment un code pour les traficants d'humains, une manière de les reconnaître au cas où ils s'échappaient, et histoire que leur étiquette et leur rôle soit marqué à même leur peau. Le fait d'être régulièrement enfermé, loin de la lumière a considérablement influencé sa vision. La lumière du soleil le fait souffrir, il peine à lire et même parfois à discerner les visages si ses yeux sont fatigués. De même que sa peau, qui prenait pourtant facilement le soleil à l'époque, est devenue fragile et pâle à ce jour. Il porte donc des lunettes de soleil dès qu'il va à l'extérieur. |
Psychologie
Un nid à conneries en plus d'un moulin à parole. Dany paraît ne jamais s'arrêter. Il a toujours besoin de jouer, de courir, de danser ou de brailler des chansons. Pour mettre l'ambiance aux soirées, il n'y a pas mieux. Pour la gâcher aussi. Aussi hyperactif qu'il peut être celui qui se traîne des jours entiers. Lorsqu'il a décidé ne pas être motivé, il ne l'est pas. Et Dany se transforme alors en pacha, à traîner la patte pour aller d'un point a à un point b, à se trouver toujours le coin le plus confortable et à en faire le moins possible.
Sous cette jolie petite apparence de joyeux luron, le jeune homme se trouve être de ce genre à ne pas aimer prendre de risque et à fuir la confrontation quand il sent que cela pue pour lui. Pire encore : il est prêt à tout pour calmer le jeu, quitte à se mettre lui, en position de faiblesse, quitte à courber à l'échine voir à s'agenouiller devant son vis-à-vis pour l'implorer. Il a depuis longtemps abandonné sa fierté dans un coin, et cela lui a sans doute permis de ne pas se faire trancher la gorge à de nombreuses reprises. Il n'a pourtant aucun soucis à se montrer parfois provocateur, quand il pense que cela ne met pas sa vie en péril.
Mais cette absence d'égo l'a aussi rendu égoïste. C'est lui d'abord, parce que c'est lui qui se donne la peine de s'humilier de la sorte. Alors il peut se permettre de penser à lui. Quand on oublie de garder la tête haute, ça permet à d'autres portes d'être ouvertes. Malheureusement, il est ensuite dur de revenir en arrière. Alors oui, Dany est un parasite et le sait, un chien galeux qui fouille les poubelles et qui n'hésite pas à proposer ses services pour un morceau de pain, ou juste pour ne pas mourir. Chacun a sa manière de survivre. Lui, a trouvé la sienne, même si ce n'est pas la plus agréable.
Story of survival
Pre-apocalypse
Monica et Pablo, mes parents donc, étaient de gros religieux. Trop propres, trop croyants, trop soucieux de leur apparence et de ce qu'ils pouvaient bien dégager, à un point où ils en devenaient flippants et un chouia pénible pour moi. Toujours une mise en pli parfaite, des vêtements bien repassés et la petite touche de parfum qui coûte cher. J'y avais droit aussi. Bien peigné, bien lavé, avec des belles fringues qui sentaient bons. Mon père n'était pourtant qu'un pêcheur, certes, un bon pêcheur, mais rien de plus, et il sentait la marée quand il rentrait malgré tout. Et ma mère tenait un salon de beauté pas trop loin de notre maison, elle avait des tendinites au poignet à force de faire des brushings et elle ne supportait plus l'odeur du dissolvant pour les ongles. Disons qu'on était au-dessus de la moyenne. Ouais, j'avais pas à me plaindre niveau oseilles.
M'enfin, qui dit religion, dit apprentissage. Et pour m'inculquer la foi, ils n'y sont pas allé de mains mortes, et c'est peu dire. Pire : j'ai goûté très jeune au délice des coups de tatane en plus de passer mes week-end à l'église, de prier avant chaque repas, avant d'aller me coucher, le matin au réveil et j'en passe. Et les coups de ceinture, pour un oui ou pour un non.
En fait, dès que j'avais besoin d'apprendre un truc. À croire qu'ils pensaient que j'étais incapable de comprendre quoique ce soit si on me l'enfonçait pas littéralement dans le crâne. J'en ai pas trop souffert. Enfin, un peu. Disons qu'au Mexique, avec tout ce qu'il se passait hors de chez moi, je m'estimais heureux de me prendre des raclées seulement par mes parents, parce qu'au final, ils faisaient ça parce qu'ils m'aimaient, et parce que Jesus m'aimait aussi. Cet enculé de Jésus. J'sais pas pourquoi je me trimballe encore sa croix autour de mon cou, ni pourquoi il m'arrive encore de prier. Peut-être que je suis un peu croyant quand même. Peut-être que je me rattache au moindre espoir qui peut me donner une raison de rester en vie.
J'ai jamais été mince. À l'école, j'étais le petit gros que tout le monde aimait bien mais dont tout le monde se moquait. Ça, c'était pas tous les jours faciles. Je pleurais souvent en mangeant mon goûter. En fait, j'altérnais des phases de boulimies alors que j'avais à peine dix ans, des périodes où je dévorais tout sur mon passage tel un ouragan dévastateur, et d'autres où je m'affamais, quitte à être tellement faible que je pouvais à peine marcher. Mais j'essayais d'être discret, car mes parents auraient été capables de me nourrir par intraveineuses. J'pense qu'ils essayaient de me donner de l'amour de cette manière, avec du sucre, du gras et des sodas, à défaut d'arrêter les latages de gueule. Ils savaient pas trop s'y prendre mais je leur en voulais pas.
J'ai pensé que ma vie allait prendre un tournant positif à l'annonce d'une petite sœur, à mes onze ans. Ma mère, grosse comme un ballon, les joues roses, heureuse, mon père complétement excité à l'idée d'accueillir dans la famille une petite princesse, et moi, là, le p'tit gros gentil et serviable, content pour eux. Dommage que ma petite sœur soit morte née, pas vrai ? On aurait fait une jolie p'tite famille.
Peut-être qu'ils ont pensé que sa mort était de ma faute, car ils se sont par la suite vengé sur moi. Comme s'ils regrettaient que ce soit pas moi plutôt qu'elle à être crevé. Je me souviens, une fois, avoir vraiment eu peur. Ce qui n'était que des punitions à l'époque se transformaient doucement en vrai cassages de gueule. Ma mère préférait rester sobre et se contenait aux coups de ceinture. Mon père avait commencé à utiliser ses poings. Deux ans plus tard, mon incisive fut cassée, mon arcade sourcilière ouverte et une épaule déboîtée, et je me retrouvais à l'hôpital à cause d'une mauvaise chute dans l'escalier. Bien sûr, je ne disais rien. Je priais. Parce que c'est ainsi qu'on m'avait élevé, et que j'aimais mes parents. Parfois même, je m'excusais, sans trop savoir pourquoi. Parfois, ça semblait suffir à adoucir le chagrin de mon père. Parfois, ça faisait l'effet inverse. J'étais tellement gentil et con que j'avais de la peine pour lui, pour eux. J'aurais vraiment, sincèrement voulu faire quelque chose pour eux.
J'étais pas un bon élève. Pire : j'étais un vrai cancre. Arrivé au collège, j'ai essayé, je vous jure que j'ai essayé. Mais y'avait rien à faire, ce n'était pas fait pour moi. J'étais toujours le gros de la classe, j'avais des boutons sur la gueule, un appareil dentaire, j'avais du mal à passer le mètre cinquante-cinq, et je n'étais même pas fichu d'être intelligent. Du coup, j'avais pas non plus vraiment d'ami.
Mon sombre destin s'éclaircit à mes treize ans, en cours de musique, lorsque la prof me tendit sa guitare acoustique. Les premières notes avaient beau être fausses et maladroites, elles éveillèrent quelque chose en moi. Pour la première fois de ma vie, je ressentais la passion. La Pasión, la vraie !
Il me fallut me battre deux ans pour réussir à en avoir une à moi. Dès lors, elle devint ma meilleure amie. Elle m'aida à réguler mon alimentation car je ne voyais plus que par elle au point de manger seulement lorsque je commençais à avoir la tête qui tournait quand je me levais. Lorsque mes parents constatèrent que j'avais du potentiel, ils m'offrirent même des cours, et les coups s'estompèrent également drastiquement. A croire qu'ils avaient fini par croire un peu en moi. C'est con de se dire que la musique m'a sans doute sauvé la vie. Rodrigo y Gabriela , Calle 13, Buena Vista Social Club, Ska P, Bebe, Chambao, Orishas en passant par Gorillaz, Shaka Ponk, Queen, The Clash, les Red Hot et autres, tout y passait, je jouais et chantais tout ce que je pouvais, tant que je le pouvais, autant que possible. J'avais même commencé à me faire ma petite réputation dans le quartier.
J'arrêtais les cours à quinze ans et, dans la foulée, même s'ils ne cautionnaient pas cette décision, mes parents me firent travailler, refusant catégoriquement que je reste à me traîner la nouille chez eux. Je fus pêcheur pendant un an avec mon père, avant que ma mère accepte mon envie de me tester en tant qu'esthéticien.
Dans la foulée, je découvrais mon attirance pour les hommes autant que j'en avais pour les femmes, attirance que je cachais comme je le pouvais à mes parents et que j'eus du mal à assumer. Difficile lorsque l'on pose des faux ongles et parle coiffure et vêtements avec les clientes de ma mère, mais … je crois qu'ils n'imaginaient pas que leur fils unique puisse les trahir à ce point. Donc j'étais assez tranquille là-dessus.
À seize ans, je me produisais pour la première fois sur une petite scène d'un cabaret dans ma ville. Ce fut à cette soirée-là que je passais ma première nuit dans le lit d'un autre homme. Quelques semaines plus tard, j'interprétais plusieurs chansons connues avec mon accent anglais pourri dans une salle plus grande, et cela ne fit qu'accélérer ensuite. Mineur, j'étais à peine payé – voir pas du tout -, mais j'étais con – et je le suis toujours – et expliquais
que je n'avais guère besoin d'argent et que la passion suffisait à nourrir mon cœur. Blablabla. Quel débile. Quel con bordel. Rien que d'y penser j'ai envie de me mettre des claques.
Ma première vraie date, celle qui allait sans doute définir la suite de ma carrière – je me voyais déjà remplir des stades entiers – allait me faire partir jusqu'à Seattle. Seattle ! J'avais dix-sept ans. Nous étions plusieurs artistes à avoir été contacté, tout frais payé. Dans mon monde, je n'avais presque pas prêté attention aux rumeurs étranges qui commençaient à se répandre partout dans le monde. Chez moi, dans ma ville, il s'est passé des trucs chauds, mais ce n'était pas comme si c'était nouveau.
J'avais donc pris l'avion le cœur léger, concentré, soucieux de ne pas faire d'erreur.
Post-apocalypse
J'étais arrivé à l'hôtel. Un bien bel hôtel, à la American Horror Story, mais en clairement moins glauque. Du genre que je n'aurais jamais osé m'imaginer approcher avant ça. Les orga nous avaient pas considérés comme de la merde pour une fois, et je comptais bien en profiter, quitte à me prendre un peu pour ce que je n'étais pas encore. Je m'affichais donc avec mon style atypique dans les couloirs de l'hôtel, à rouler un peu des épaules, du rouge à lèvres voyant ourlant ma bouche, du noir autour de mes yeux, et les cheveux à moitié rouge et à moitié noir. Un p'tit air à la Green Day, j'osais espérer.
Le soir même, je rencontrais les autres artistes qui allaient se produire avec moi. Je recontrais Jacob, de quinze ans mon aîné, mais sacrément sexy, et avec un charisme incroyable, et une voix à faire mouiller les petites américaines - et moi avec -. Le courant passa bien. Malgré l'actualité qui puait du cul, on arrivait à se taper de bons délires. Son truc, c'était de se moquer de mon accent. Mais j'riais avec lui. Au moins, maintenant, on parlait plus de mon poids.
Mais le lendemain, le matin de la représentation, la mauvaise nouvelle tombait : le concert était annulé. À cause de ce qu'il se passait. Les regroupements étaient désormais interdits, peu importait leur nature. Les orga nous tenaient au courant, éventuellement le faire plus tard, ou quoi. En attendant et faute de pouvoir nous renvoyer chez nous directement, on restait à l'hôtel, chacun techniquement confiné dans notre chambre, ordre des autorités qui étaient passées. Malgré notre différence d'âge, je n'eus aucun problème à m'incruster avec Jacob et passer la nuit avec lui. Histoire, vous comprenez, de me consoler de l'annulation de ce concert qui m'aurait offert argent et célébrité.
17/10/15
Trois jours passèrent ainsi, sans plus aucune nouvelle. Les lignes téléphones étaient coupées, la lumière allait et venait, et les portes d'entrées étaient solidement fermées au monde extérieur. Les tensions commencèrent à affluer dans l'hôtel, poussés par la peur, l'incompréhension et l'inquiétude.
Jusqu'au moment où un premier infecté parvint à entrer, créant ainsi un mouvement de panique comme je n'en avais vu qu'à la télé. Le premier que je voyais, et pas le plus beau malheureusement. La tête à moitié tranchée se balançait de gauche à droite sur ses épaules. Le type était méconnaissable, sûrement avait-il été renversé par une voiture. J'en sais rien, j'avoue que je n'ai pas voulu m'arrêter de courir pour lui poser la question.
Il dévora l'hôtesse d'accueil comme je dévorais les burgers dans ma jeunesse. Avec Jacob et cinq autres artistes, nous sommes parvenus à choper la clé du bus qui devaient nous emmener au concert. Nous avons fuis comme des lâches en emportant tout ce qu'on pouvait en bouffe, boissons et argent.
Malheureusement, toujours sujet à la tension, les querelles éclatèrent quelques heures plus tard. Chacun souhaitant aller quelque part en particulier, là où ils pensaient que ce serait safe, avec leurs proches plus précisément. Jacob, qui conduisait, avait imposé son choix : il souhaitait rejoindre la campagne, s'éloigner de cet Enfer. Ceux qui ne voulaient pas le suivre n'avaient qu'à descendre du bus. Ceux qui le faisaient chier se prendraient une balle. Parce que Jacob avait même eu la présence d'esprit de récupérer une arme à feu, quelque part dans l'hôtel. Moi, je choisis de le suivre. Règle numéro 1: toujours suivre celui qui est armé. D'ailleurs, personne ne choisit de partir.
19/10/15
Arrêt station pour faire le plein d'essence et de bouffe, comme on en avait déjà fait plusieurs. J'savais pas conduire mais c'est moi qui conduisait, histoire que tout le monde mette la main à la patte. Commencer ses leçons de conduite avec un bus, c'était assez original, et même un peu badass. J'appris vite, j'avais pas le choix de toute façon.
L'arrêt dans cette station perdue ne se fit pas sans conséquence. L'une de ces bestioles sortit de sa cachette pour nous attaquer. Heureusement, Jacob, ce grand héros, s'occupa de son cas comme il le fallait. On reprit vite la route, peu désireux de voir d'autres de ces criaturas del Diablo débarquer, mais Ted fut blessé. Très vite, il eut de la fièvre, il devint blême et semblait souffrir le martyr. Violet voulut l'emmener à l'hôpital, cette cruche. Personne lui répondit tellement c'était stupide comme réflexion.
Ted s'était finalement endormi, pour mieux se réveiller quelques heures plus tard, en étant complétement possédé. C'est là qu'on comprit un truc important à propos de ces monstres. Si on se faisait attaquer, genre mordre ou griffer ou quoi, on devenait comme eux.
Sa transformation généra un énième mouvement de panique dans le bus, qui quitta la route après avoir zigzagué un moment. Là, j'eus vraiment la peur de ma vie j'crois bien. Quand tu te retrouves à ne plus savoir où est le plafond, où est le sol, que tu te manges des sièges et des valises et que t'arrives même plus à savoir où est-ce que tu n'as pas mal. Le fait de se retrouver poupée de chiffon, baladée violemment de partout, sans réussir à s'accrocher nul part … Ouais, c'était flippant de ouf. J'me réveillais un peu plus tard, le dos en vrac et le bras en sang, dans une position invraisemblable, et parvint à m'extirper sans trop savoir comment de ce bordel qu'était devenu notre bus. On était sept au départ. Après cet accident, nous n'étions plus que trois. Violet creva dans nos bras, en s'étouffant dans son propre sang. C'était triste, on l'aimait bien même si elle était un peu conne sur les bords.
Aucune voiture ne s'arrêta pour nous aider alors qu'on se traînait sur la route. D'ailleurs, de voiture, on en croisa que deux. Heureusement, d'ailleurs, qu'elles ne s'arrêtèrent pas, car vu notre état, on se serait fait abattre, parce qu'on ressemblait à ces demonios. On était livrés à nous-même. Blessés. Épuisés. Merde alors, j'avais jamais vécu de trucs dans ma vie, et c'était maintenant que tout s'enchaînait, et pas du bon côté de la balance en prime.
12/04/16
Castle Rock. C'est ici que nous nous étions établi, dans cette petite ville assez éloignée de tout. On a pu y vivre plusieurs mois, en rencontrant certains des habitants qui avaient choisi de rester. En tout, nous étions douze, et nous mettions tous nos compétences à contribution pour nous faciliter la vie. Moi, j'suis pas trop doué pour rien, à par la guitare mais ça, ça sert un peu à rien à par mettre de l'ambiance en soirée. Non, du coup, j'étais un peu le préposé à la pêche, et je me prenais soin de mettre en pratique tout ce que mon père m'avait appris. Au final, je m'en sortais pas trop mal, même si c'était sacrément chiant. On va dire que je bossais pour avoir ma pitance, quoi.
À cette date, nous avons dû fuir. Les infectés avaient décidés de s'offrir une grande randonnée, et avaient fini par atterrir ici. Sur douze, seulement cinq personnes ont pu s'en sortir, dont Jacob et moi. On a pu se servir de cette Jeep qu'on s'était évertué à remettre sur pieds durant de longues semaines pour fuir.
Les mois qui ont suivi, on les a passé à s'installer de village en village, en se faisant parfois accepter, parfois pas. Apparemment, on avait un potentiel sympathie assez élevé pour que les petits groupes nous acceptent à chaque fois. Selon là où on tombait et la gueule des gens, je leur faisais comprendre que je parlais pas un mot d'anglais. Ça suffisait à ce qu'on me foute la paix la plupart du temps, quitte à ce que je passe pour le guignol de service. Au moins, j'étais tranquille, et j'avais pas besoin de me forcer à raconter ma vie.
Ça a duré quoi, deux ans ? Deux ans ou au final, on s'en sortait pas trop mal. J'étais toujours collé au cul de Jacob comme un chien à son maître. J'crois qu'il y avait pris goût, lui aussi. J'sais pas si on s'aimait vraiment, mais au moins, on se connaissait pas mal et on se comprenait. Enfin, je le comprenais.
17/02/2018
C'est à partir de cette période-là que tout a commencé à merder. J'ai dis que jusqu'à présent on avait eu de la chance ? Parce qu'apparemment le karma s'est retourné contre nous pile à ce moment.
De nouveau, on avait dû fuir. On se trouvait à présent sur Ontario, c'était ici que le vent nous avait mené à force de route et de fuite.
L'endroit était habité, alors, Jacob, deux autres personnes et moi, on avait revêtu notre plus beau discours pour se faire accepter comme on le faisait à chaque fois. Mais cette fois-ci, on était pas tombé sur les mêmes bisounours qu'avant.
Alors, oui, ils nous ont accepté. Mais là par contre, ce n'était pas car je savais pêcher et Jacob tirer qu'ils ont été séduit. Les premiers jours, ça allaient, même si on sentait que l'atmosphère était un peu étrange. Les mecs étaient bourrus, juraient vulgairement, bref on savait qu'ils avaient pas survécu en faisant du troc. Y'avait pas une femme avec eux. Mais on s'était dit qu'on allait essayer quand même, quitte à prendre des risques. Ouais, des risques. On s'est dit qu'on allait rester au moins quelques nuits, et si on le sentait vraiment pas, on partirait. Mais on a pas vraiment eu l'opportunité de prendre la décision personnellement.
C'est ainsi que moi, Daniel Nino Calvi Iacobo, alors âgé de vingt ans, devint littéralement la pute du village. On est tous les quatre devenus des putes. Leurs putes. Et je fais encore des cauchemars aujourd'hui en me remémorant tout ce que j'ai dû faire pour satisfaire leurs désirs bestiaux. Même si je faisais genre que ça me dérangeait pas devant eux. Fallait pas qu'ils voient que ça nous dérangeaient. J'peux vous dire qu'avec le canon d'un 9mm sur la tempe pour me motiver, j'suis devenu un pro en matière de taillage de pipe. L'un des types qui était avec nous a eu trop de fierté pour s'y mettre. Après avoir mordu la teub de l'un des mecs jusqu'au sang, il s'était fait exploser le crâne. Bien devant nous. On nous a dit ensuite que ça nous servirait d'exemple.
08/2018
Jacob a fini par se faire buter. Parce qu'il a essayé de se rebeller contre eux. Le mec a osé se servir de ses chaînes pour étrangler l'un des leurs. J'essayais de lui dire de pas faire le con, que ça allait nous retomber dessus, mais rien à faire. Jacob était galvanisé par l'envie de liberté, l'envie de fuir. Sauf qu'il a suffi qu'il quitte la chambre, qu'il descende les marches pour que des coups de feu me renseigne sur la situation. Il avait beau avoir chopé l'arme de celui qu'il venait de tuer, ça avait pas été suffisant. Et à cause de lui, je me suis pris la raclée de ma vie. Les mecs se sont vengés sur moi, et j'avais beau leur expliquer dans toutes les langues que j'y étais pour rien, ils sont quand même parvenus à me laisser inconscient pendant une bonne journée, avant que leur médic de merde me répare un peu, assez pour que leur meilleur élément ne leur clamse pas entre les doigts
J'me suis retrouvé quand même complétement perdu sans Jacob. Je n'étais plus l'ombre de personne, et j'savais pas comment faire. Comme si j'avais perdu une partie de moi. J'étais sûr que j'allais pas survivre encore longtemps sans lui.
12/05/2019
J'pense qu'ils ont fini par se lasser de mon p'tit cul. Parce que subitement, ils décidèrent de me vendre. À partir de l'instant où ils ont réussi à choper une donzelle. La pauvre fille. J'ose à peine imaginer ce qu'elle a dû subir après notre départ.
Moi, à partir de cette date, j'ai pas cessé de passer d'un groupe de tordus à un autre. J'crois que j'ai fini par m'habituer à cette étiquette, car à la fin j'avais même plus besoin d'être menacé pour faire ce que j'avais à faire. On échangeait sur moi dans des genres de points relais, on me tâtait les boules, le cul, on me mâtait les dents, les yeux, on vérifiait que j'étais bien imberbe, que j'étais en bonne santé, pas maigre, comme si j'étais une vache au salon de l'agriculture. Et moi j'restais-là, j'faisais ce qu'on me disait de faire, parfois même, quand le client m'avait pas l'air trop méchant je lui faisais les yeux doux. Jamais je n'essayais de fuir. J'avais trop vu ce que ça faisait pour en avoir le courage. Si Jacob s'était fait buter, moi j'avais clairement aucune chance.
Au final, ça me semblait être presque juste, tout ça. Ils faisaient ce qu'ils voulaient de moi, et en contrepartie, j'avais plus ou moins de quoi manger et me laver. Franchement … Une fois qu'on oubliait sa fierté souillée, le fait d'être traîté comme un moins que rien et d'être nourri au lance-pierre, on s'y faisait. J'avais même eu droit à mon cadeau : le tatouage officiel des malchanceux servant de vide-couilles aux plus forts. Les cœurs sur chaque indexe. Quelle fierté.
Janvier 2020 :
Le convoi nous a emmené au No Man's Land pour la première fois. À présent, de ceux que je connaissais des mois précédents, il ne reste plus que Lee, un jeune coréen de dix-huit ans. Mais on a décidé de ne pas s'attacher, parce qu'on savait qu'on finirait par être séparé d'une manière ou d'une autre. Alors on s'contentait de s'aider parfois à se laver, ou juste pour se masser, ou n'importe quoi, histoire de s'adoucir un peu nos quotidiens.
Ici, dans ce vieux hangar où je n'avais pas le droit de bouger, je découvris de nouveaux visages. Ici, les gens ne se mêlaient pas de ce qui ne les regardaient pas. Ils se contentaient, pour les plus curieux et audacieux, de nous dévisager un peu, parce que nos hauts en résille et nos blousons en cuir attiraient un peu l'attention. Mais ils ne posaient pas de question. On avait pas vraiment le droit de leur parler non plus.
Notre boss finit par nous échanger, Lee et moi, contre une brouette de bouffe. Un peu vexant, mais ce n'était pas comme si on avait pas l'habitude.
C'est ainsi que l'on se retrouva cloîtré au fond d'une cave vaguement aménagée, au sein de Seattle. Depuis notre arrivée chez Baron – c'est ainsi qu'il se faisait appeler -, nous n'avons pas vu la lumière du jour. J'ose me dire que c'était le pire lieu dans lequel j'ai atterri, depuis le début de l'apocalypse. J'y parlais en espagnol, pas un mot d'anglais. J'voulais pas leur laisser croire qu'ils pouvaient échanger avec moi - j'veux dire échanger plus que leur semence. J'crois qu'ils aimaient bien ça, l'espagnol. J'ai dis à Lee que je le tuerais si jamais ils venaient à leur dire que j'faisais du pipo depuis le début et que j'savais parler anglais.
Ici, je n'avais pas le droit de chanter. Je me rappelle avoir eu des maîtres qui aimaient bien avoir leur ménestrel personnel. L'un d'eux, y'a longtemps, m'avait même prêté sa guitare. Mes doigts étaient moins habiles qu'avant l'épidémie, plus tremblants, et ma voix moins assurée, mais visiblement ça suffisait pour les combler.
Il y avait deux chambres de fortune, ici, l'une à côté de l'autre. On leur servait de poupée gonflable, à Baron et à toute son équipe. Ils devaient être quinze. Et quand les quinze décidaient qu'il était l'heure de passer à table … Tout y passait. Des pratiques les plus dégueulasses, à m'en faire gerber sur leur teub pour me le faire bouffer après, aux coups dans la gueule sans aucune raison, à la laisse de chien autour du cou, aux trucs enfoncés là où ça ne devraient jamais être enfoncés … Ce n'était même plus pour assouvir des désirs sexuels, ça partait en véritable torture. On était à peine nourri. Juste assez pour être tenu en vie et pour pouvoir assouvir leurs pulsions sadiques. J'suis pas du genre à me plaindre, mais là, ouais, ça a pas été facile. J'avais plus espoir de m'en sortir un jour. À vrai dire, j'étais sûr que j'allais pas pouvoir passer les semaines suivantes tellement je me sentais faible et que j'avais mal partout. Je tremblais tout le temps, j'avais des sueurs froides, j'arrivais même pas à me reposer quand j'avais rien à faire.
Mars 2020 :
Il se passe quelque chose. Les deux gars dont devait s'occuper ont arrêté ce qu'ils faisaient et ont tendus l'oreille. Dans les pièces d'à côté, du bruit, de l'agitation. Un truc pas normal à en juger par leur réaction.
En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, Lee et moi nous sommes retrouvés attachés, et ça, ça n'arrive presque jamais car ils savent que l'on se tient à carreaux. Chacun d'un côté du lit. Lee, à un vieux tuyau d'évacuation, enlacé comme s'il serrait une femme contre lui et moi, au niveau du vieux radiateur qui a cessé de fonctionner depuis belle lurette. Avec deux paires de menottes, une pour chaque main. On nous intime de nous taire, et on nous laisse seuls, à moitié à poils.
À peine une minute plus tard, des coups de feu, des cris, des bruits de corps qui tombent. Bref, un vrai massacre qui nous glace les sangs. J'me mets à prier du mieux que je peux pour pas qu'ils tombent sur nous, quique ce soit.
Ma prière fut excausée avec ironie. Personne ne vint. Et le silence se fit. Et une heure passa. Puis, deux, trois, avant que l'on commence à s'agiter enfin.
- Tu crois qu'ils sont tous morts ?
Sûrement ouais. Et là, on est bien dans la merde alors.
- On est bien dans la merde.
Les heures qui suivirent furent une bataille sans fin pour essayer de se libérer. Une chance pour moi : dans sa précipitation, mon bourreau n'a pas enclenché la menotte comme il le fallait au raidateur. Une main de libre ! Pour l'autre en revanche … J'ai beau essayer, il n'y a rien à faire. Et Lee n'en mène pas large, ainsi enlacé au poteau, complétement bloqué dans ses mouvements.
Quand la lumière cesse de percer à travers la fente qui nous sert de fenêtre, on commence réellement à paniquer.
Deux jours. À essayer, à m'en fair bleuir la main et à m'en arracher la peau. J'ai au moins pu choper la bouteille d'eau qui traînait sur la table de chevet, en me contorsionnant, avec mon pied. Lee m'en réclame. J'lui en file pas.
- Tu pourras même pas l'attraper si je te l'envoyais, ce serait du gâchis.
Et c'est vrai. Au fond de moi, je crois que ça m'arrange et me déculpabilise, même si j'suis un peu mal à l'aise quand il se met à pleurer pendant que je bois de tout mon soûl.
- Tu devrais pas pleurer tu sais. Genre, histoire de garder ton eau à l'intérieur de toi.
Au troisième jour, il finit par s'endormir après avoir déliré un moment. Il se réveillera quelques heures plus tard, mais ce n'était plus Lee.
J'ai dû me pisser dessus pour éviter que ma vessie explose. Au moins, ça m'a un peu réchauffé.
De l'autre côté de la porte, j'entends des râles, des grognements, des bruits gutturales qu'aucun humain ne devraient entendre. La mort s'est éveillée, et je suis coincée au milieu.
Et moi j'suis là comme un con, tout seul, en train de crever à petit feu, avec ma bouteille vide, la couverture du lit sur moi, la taie d'oreiller calé comme possible entre ma main meurtrie et la menotte, presque à poil. J'me demande de quoi je vais mourir. De faim, de soif, de froid, d'infection à cause de ma main blessée ? À mon stade, j'crois que c'est les seules pensées encore lucides qu'il me reste. J'ai essayé de chanter un peu avec ma voix cassée, mais ça excite Lee-le-mordeur et moi ça me fout les boules de le voir comme ça. Alors j'me contente de l'observer. Il s'agite avec ses menottes, et semble encore plus énervé d'être bloqué maintenant qu'il est mort.
J'me dis pour me rassurer qu'au moins, en mourant attaché, j'risque pas d'attaquer quelqu'un quand je reviendrai sous ma forme démoniaque.
Survie
Selon l'heure à laquelle il se réveille, selon le matériel mis à disposition également. Dany ne peut pas faire grand chose d'autres que s'occuper de lui. Quand il était dehors, avant de devenir ce qu'il était, il était assez actif, et passait du temps à l'extérieur. Son apparence et son hygiène, c'était un peu le cadet de ses soucis.
Depuis que son rôle a changé, il n'existe plus que pour ça. Pour répondre aux désirs, pour être baladé à droite à gauche quand on se lasse de lui, pour encaisser les coups et les tortures … Son quotidien se résume donc à survivre, déjà. Et à anticiper autant qu'à improviser.
Il peut bien passer plusieurs jours voir semaines enfermés dans une cave que devoir marcher des jours durant, passant d'un point relais à un autre. Il a appris à ne pas manger beaucoup. Il a appris à se taire. Tant qu'il survit, il peut bien faire tout ce qui vous chante.
time to met the devil
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Re: Too late to be King /!\
Dim 8 Mar 2020 - 22:26
Le code du règlement n'est pas bon.
Re-re-re-re-re-re
Re-re-re-re-re-re
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Re: Too late to be King /!\
Dim 8 Mar 2020 - 23:22
Rebienvenue!
Inachevés
La médiocrité commence là où les passions meurent. C'est bête mais j'ai besoin de cette merde pour sentir battre mon cœur. J'ai tellement misé sur mes faiblesses et mes failles, j'mérite une médaille au final j'ai fait qu'briller par mes absences.
- Levi M. Amsalem
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Re: Too late to be King /!\
Lun 9 Mar 2020 - 1:29
Rebienvenue chouette personnage!
J'ai hâte de le voir à l'action!
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