J'ai du mal à retrouver mon calme, je l'avoue. Ma respiration, mes tremblements, tout. Le positif c'est que la douleur est passée, que je la sens plus. Peut-être que je suis tellement sous le choc que j'arrive plus à tout connecter, que mon cerveau arrive pas à tout gérer. Je bois l'eau qu'Hokulani m'a confié, gorgée par gorgée. Les corps sont évacués, les blessés avec, je scrute ça, comme si j'assistais à un ballet surréaliste. J'y trouve pas de sens. Mes yeux se posent brièvement sur mon voisin, aussi traumatisé que moi, puis sur la médecin qui veille sur Esther. Au moins… Au moins elle, elle va bien. Elle semble même s'être calmé dans les bras d'Hokulani.

J'aperçois la silhouette de Stanley, celle de Maddie, et quand je me lève, les deux s'éclipsent pour aller faire autre chose. Je suis plantée avec mon verre dans les mains au milieu, à entendre ce brouhaha constant, obsessionnel, qui me vrille le crâne. Ma respiration s'accélère encore, les tremblements ne cessent pas. Ma mâchoire claque brutalement et une odeur m'obsède au passage. Iodé, comme la rouille peut-être. Caractéristique, je sais pas d'où ça vient. Si. Je sais. Les vêtements tachés de sang, qui soudainement me donnent envie. Je salive, puis grogne.

Mes yeux se rivent sur June, Chad et Fried qui s'isolent vers une autre pièce. Mes pas prennent de l'espace, je ne marche plus. Je cours, pour fondre droit sur le scientifique qui garde la porte. C'est une envie obsédante qui me force à vouloir le mordre absolument. J'ai envie de le dévorer, j'ai besoin de le faire, sinon je crois que je vais mourir…

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Super, au moins ils étaient raccord pour ne pas perdre de temps en discussion inutile. Ismaël se dirigea vers Quinn, alors que Jackie se penchait sur la plaie d’Eve-Madeleine. Elle était blessée à l’avant du crâne, au niveau de sa tempe gauche au bord de son cuir chevelu. « Ciseaux. » Demanda-t-elle, sans transition. Ce fut Lise, à côté d’elle qui le lui tendit pour que Jackie puisse couper quelques mèches de cheveux pour y voir plus clair. La chirurgienne avait pris un masque et attrapé une lampe frontale, lui permettant d’avoir une meilleure vision de ce qu’il en était réellement. Près d’elle, Ismaël lui faisait le constat de la situation de Quinn. « Un scan… on en rêve tous. » Dit-elle, en soupirant. « Il parait que t’es doué dans ton boulot, Newton… Si t’as besoin de mains supplémentaires les miennes sont déjà prises. » Dit-elle avec un brin d’humour alors qu’elle auscultait la plaie à recherche du saignement. Elle ne doutait en aucune façon des capacités d'Ismaël à soigner ce cas, c'était juste... une façon de parler.

Il y avait fracture du crâne, et si la demoiselle saignait autant une artériole avait sans doute été touchée. Elle en détermina sa position et canalisa le saignement à l’aide d’une compresse. « Je vais devoir faire une ponction aussi. » Dit-elle, concentrée. Dès lors, Jackie se concentra à 100% pour ce qu’elle avait à faire. Secondée par une Lise parfaitement bien drillée – merci Ismaël – la chirurgienne travailla avec sang-froid et méthode. « On va lui injecter de la morphine, et une dose de pénicilline. » Elle avait chargé Lucy de poser une perfusion à Eve, pour faciliter la prise rapide de médicament. Elle ignorait si Saint-Germain en avait besoin également, mais Lucy faisait la navette entre Ismaël et Jackie, pendant que Jeanine et Lise assistaient directement les chirurgiens. La ponction était une étape délicate mais, une fois réalisée, il ne lui resterait plus qu’à nettoyer la plaie et recoudre du mieux qu’elle pouvait. Sans scan cérébrale, ils ne pouvaient pas être sûr que les deux femmes s’en sortiraient sans lésion temporaire ou définitive, c’était malheureusement la roulette russe à ce niveau.

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Des mecs et une putain de ruskov à moitié cinglée aussi ? Aucun doute possible, elles ne sont que deux à répondre présente dans ce putain de secteur, tout du moins à sa connaissance. "Yulia..." Marmonna t-elle tout bas pour son interlocuteur avant de repérer au loin la silhouette d'Arizona fondre sur eux comme une furie. Entre la pluie et la militaire, le temps venait encore de se raccourcir à vitesse grand V, surtout, ne pas paniquer. Il fallait agir vite maintenant, ils n'avaient plus que quelques précieuses putain de secondes devant eux. "Le contrrrôle, c'est plus le délirre de ce grroupe mec." Non, la survie était enfin revenue à l'ordre du jour ! "S'tu veux un monde librrre, inquiète toi plutôt au sujet de New Eden. June a changé. Ici, c'est plus comme c'était." Putain, Arizona est juste là, elle n'a plus que quelques mètres à effectuer avant d'arriver à leur hauteur. Roza n'a pas le temps de développer et secoue lourdement la tête tout en continuant de flairer la piste du coupable, l'air de rien. "Deux jours, trois heures du mat', ton jardin." Simple et efficace, pas un mot de trop pour cette prise de rendez-vous et pour cause, Arizona s'apprête déjà à saisir Clyde. Pas facile comme rendez-vous nocturne, ce serait un challenge de sortir de nuit en toute discrétion mais la russe n'ayant plus qu'un garde à sa porte, elle a confiance en ses capacités pour le leurrer une petite heure et faire le mur. Quant à la baraque de Clyde, elle se renseignerait et devrait réussir sans trop de mal à la découvrir, question d'avoir les bons interlocuteurs.

"'Tain, meuf, arrrrête, j'ai besoin de lui là ! On est surr la bonne piste !" Sa lampe torche vrille sur un troc d'arbre où repose une tache de sang fraîche pour illustrer ses mots."Fais pas la con, laisse le."

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Le pasteur avait repris doucement ses esprits. Pour assister à une scène assez surprenante. Trois personnes à terre, dont une particulièrement mal en point. Et rapidement, un sentiment de culpabilité le saisit. Et ce ne fut qu’amplifié par le regard mi-méfiant mi-terrorisé de Myles, couteau toujours à la main, prêt à l’attaquer. Mais heureusement, il ne le fit pas. Il laissa au pasteur le temps de reprendre ses esprits, et de regarder autour de lui.

- J’ai fait ça ? Bordel de merde.

Au diable la politesse. Et le spectacle n’était pas beau. Ça avait dû surprendre, un pasteur qui devient violent d’un coup. Les autres s’occupaient déjà des blessés. Il se sentait vraiment responsable. Même si il n’avait eu aucun contrôle sur la situation. Heureusement que Junior n’avait pas été là.

Il tendit la main vers Myles, au sol face à lui, en espérant ne pas recevoir un coup de couteau en retour. Ça aurait été relativement légitime.

La pluie tombait, et il commençait à faire froid. L’idée de l’homme n’était pas mauvaise, mais ne plaisait pas spécialement à William. Se faire attacher les mains… Ça éviterait une autre crise, mais il ne pourrait pas se défendre si ils croisaient quelqu’un d’autre…

- Ai-je vraiment le choix ?

Après tout, il était père William, dévoué à Dieu. Il était bien obligé de se soumettre à ça. Bon, mais pas les mains dans le dos alors. Devant lui.

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