Elle n'avait même pas vu venir le coup de pied. Mais la semelle de sa chaussure venait de la propulser au sol comme si elle n'était rien de plus qu'une poupée de chiffon. Sérieusement, c'était quoi ce bordel? Elle essayait de reprendre son souffle, mais chaque inspiration lui brûlait les poumons, une vive douleur s'ajoutant à celle de sa blessure qui, elle le sentait, venait d'ouvrir un peu plus. Et l'image du monstre qui tenait Roza dans les airs, juste devant, faisait pomper son coeur encore plus fort. « Vaughn! VAUGHN PUTAIN, LÂCHE LÀ! » hurle-t-elle en perdant la voix. Aussi bien parler à un sourd.

May se releva tout de suite, gelée sur l'adrénaline dans son sang, essayant de trouver une solution à ce massacre sans nom. Roza était dans la merde, mais elle venait d'attraper son couteau pour se défaire de l'emprise du détraqué. C'était déjà ça. Sauf qu'elle ne se relevait pas? « Roza? » Pas de réponse. « Roza tu m'entends? Debout! » Comme si ça allait changer quoi que ce soit. Bref, elle avait presque glissé sur l'eau qui ruisselait au sol en se relevant, mais en se rattrapant, elle avait pu apercevoir le flingue du jeune qui brillait un peu plus loin. Elle se jeta dessus comme forcenée, et en voyant le cadavre agoniser sur le liquide rouge, elle lui tira une balle dans la tête pour éviter qu'il ne se relève. Ne pas faire la même erreur deux fois, qu'ils disaient.

Elle se retourna ensuite, visant les genoux de celui qui était jadis son ami, pour qu'il ne puisse plus marcher - déjà qu'il avait dorénavant un bras hors service. La blonde vida donc son chargeur dans les jambes de Vaughn, jusqu'à ce que le dernier bruit métallique l'avise qu'elle n'avait plus de balles.

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June lui jeta ce regard qu’il connaissait. Elle s’était raidie, se positionnant immédiatement sur la défensive, comme si elle se sentait réellement d’une certaine façon menacée. Cette réaction, ajoutée à la provocation de sa dernière question, termina d’agacer le jeune trublion. Et puisqu’il n’était pas du style à jouer à la statue de marbre, comme l’avocate, il déballa son sac.

- Y en a que j’en ai ma claque de c’vaccin qui nous pourrit la vie et qui nous divise depuis des mois ! Et comme si on n’avait pas assez à gérer avec nos proches qui pètent une durite, Monsieur s’amuse en même temps à faire des expériences sans une putain d'ceinture d’sécurité ! Il nous a lâché dans la nature des… des monstres ! Il ne mentionnait que Lawrence, mais tout le complexe scientifique était pourtant concerné. Il en restait néanmoins le responsable, alors il en porterait le chapeau. J’en dis qu’ça a toujours été une idée à la con de l’laisser gérer seul cet endroit ! Mais j’vous apprends rien, n’est-ce pas ?

Oui ça le gonflait. Parce qu’il l’avait dit et répété. Mille fois ! Ce n’était pas sa première bévue. Comme il avait répété mille fois que Floyd était un nul. Il ne prétendrait pas être au-dessus de ces questions d’égo, ils en étaient tous là. Ce qui l’achevait, c’était qu’en dépit de tout ça, June lui adresse ce regard là. Il prit son arme toujours posée sur le bureau, mais ce fut pour la glisser dans son étui à sa taille. Ça répondait à sa question ?

- J’m’en tape de vos expériences. Il montra les dossiers éparpillés, qu’il ne prit pas la peine de ranger. J’suis pas un abruti, je sais c’que ça implique d’faire un vaccin comme celui-là. Il avait récemment ramené des gens ici, ce n’était certainement pas pour enfiler des perles. Il fit quelques pas pour contourner le bureau et s’approcher de la rousse. J’suis votre meilleur allié dans c’camp, ça m’sidère qu’vous en ayez toujours pas conscience, lui siffla-t-il, entre ses dents.

Il était vexé. Tout connement vexé. Il affronta une dernière fois son regard puis s’apprêta à tourner les talons pour sortir de la pièce. Ils avaient encore un malade à appréhender.

A l’entrée du bâtiment, John dévisagea Adam, sans lui répondre immédiatement. C’était qu’il avait toujours des traces du sang de May sur la figure…

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June s’était raidie. Pas à cause de la diatribe du militaire, pas même à cause de l’arme de poing qu’il saisit pour la remettre à son holster, mais parce qu’il clamait être de son côté. Son meilleur allié. Elle n’avait sans doute jamais vraiment cru à la possibilité d’être soutenue par autre chose que par la peur. Stanley avait précipité la chute des Chambers et en dépit de leur coopération plus qu’efficace de la dernière année, l’avocate restait persuadée qu’il attendait le bon moment pour la destituer également – voire pire. Il avait l’occasion de le faire, maintenant, et il passait à côté.

Il s’était approché, elle n’avait pas trouvé les mots encore. Elle était déstabilisée et elle détestait ça. Son esprit était comme une suite de dominos : une réaction en chaîne latente. Si elle manquait un maillon, le reste de la structure cessait de fonctionner. La rouquine eut un sursaut, juste avant que le jeune homme ne la double et le retint fermement par le bras. A son tour, elle rangea son arme, mais le fixait toujours de ses prunelles froides.

- Vous pensez qu’il ne pourrit pas la mienne de vie, ce vaccin ?! L’espace d’une seconde, il put voir dans ses yeux qu’elle ne parlait pas qu’en tant que cheffe : Valentine aussi était malade, Valentine aussi était en train de se faire tranquilliser comme un fauve enragé, combien de personnes d’ici sont mortes avec nos expériences ? Siffla-t-elle ; l’avocate entendait par là : les ravitaillements, les raids, les annexions, les exterminations, on a toujours joué avec le feu et c’est justement ce qui a fait ce que nous sommes, elle le lâcha de la main, mais pas des yeux, le vaccin a peut-être déclenché une réaction imprévue mais pour résoudre ce problème, on a besoin de ça.

Le complexe, les laborantins, la formule de Lawrence. Sur le long terme, ils n’avaient pas d’autres solutions de toute façon : croire à la réussite de la science ou organiser un peloton d’exécution. Nul doute que le choix de l’intégralité des concernés, et de leurs proches, sera vite fait.

- Et moi… j’ai besoin de vous, souffla-t-elle à mi-voix.

Ce n’était pas une manœuvre, c’était un aveu. Le plus dur restait à faire car bien que la formule du bactériologue défunt soit supposée fonctionner sur le papier, il faudrait encore la mettre au point avec deux génies sur la touche. Et ensuite, il faudra convaincre les vaccinés de se faire injecter une autre substance inconnue et testée de façon très largement insuffisante, en croisant les doigts pour que rien de pire n’arrive. June n’avait pas le quotient sympathie nécessaire pour faire adhérer les foules… mais Stanley, oui.

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S’il ne craignait pas de gâcher un sédatif pour rien, le généticien aurait bien endormi cette sale gamine qui ne faisait visiblement que penser à sa petite personne, sans songer aux conséquences. Amrani avait peut-être convainque la jeune fille d’intégrer leurs rangs et de tirer un trait sur son ancien groupe, le généticien pensait surtout que l’israélienne leur avait envoyé un cadeau empoisonné. Mais passons…

Friedrich passait la liste en revue, les vaccinés étant quasiment tous installés dans une salle de classe, il essayait de déterminer qui manquait à l’appel, mais ils étaient quasiment tous présent et il ne restait plus qu’une dizaine de personne à sédater, à tout casser. Par contre, certains manquaient à l’appel : Donovan, Sun, Adam ainsi que Madisson. La jeune intendante était partie peu après June pour délivrer un message à… Il n’avait pas tout suivi. Il regarda Casey endormie non loin de Maeve et de lui, il avait à cœur à tenir sa promesse de ramener la cadette Summer à sa sœur, mais pour cela, il faudrait qu’elle revienne. Le généticien délégua les derniers vaccinés à Clarke, Thad et Maya et se dirigea vers la porte en attendant – espérant – voir quelqu’un arriver. Mais la pluie brouillait son champ de vision et de toute façon, il avait mieux à faire que de rester planté là, à attendre. Le généticien retourna auprès des autres, s’assurant que chaque vacciné était confortablement installé avec une couverture pour les réchauffés, replaçant un pull sous la tête de Valentine qui dormait profondément. Il prit également le temps de préparer des couvertures pour ceux qui manquaient à l’appel, pendant que Clayton de son côté surveillait les lieux.

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