Y a ceux qui dorment et ceux qui ne dorment pas. Y a ceux qui se laissent bercer dans la douce étreinte de la sécurité et il y a ceux qui vivent sans cesse avec le danger. Sans surprise, Roza ne dort pas, le sommeil, ce n'est pas son truc et l'épaisse cerne hors du cache-œil est là pour le démontrer. Le sentiment illusoire de sécurité non plus, ce n'est pas son truc, sans grande surprise encore là. La balafrée gît donc sagement dans sa tanière barricadée. En plus des volets fermés, toutes les entrées du rez-de-chaussé y sont soigneusement bloquées, canapé, sommier, commodes, fauteuils et armoires y sont passés depuis son embrouille avec May au bar.

Rien de neuf dans les rituels du quotidien cependant, sport, repas, sport, repas, sport, repas, lecture et enfin : survivre à la nuit. Tache difficile à réaliser avec la paranoïa et les récurrents cauchemars de son trop long tête à tête avec son tortionnaire. Pour ce soir, on en était à l'étape de la lecture et à l'instant précis où certains baignent dans l'horreur, elle, elle découvre tranquillement l'art de la guerre de Sun Tzu. Précieux cadeau que Maeve lui a fait après l'avoir recousue le soir de l'incident au bar. Allongée sur son matelas King-Size à même le sol, jean foncé coupe baggy sur les fesses, sweat à capuche noir sur le dos et rangers aux pieds, elle est reste complètement absorbée par sa lecture et bien loin de se douter de ce qui trame plus loin.

Un tambourinage digne de ce nom contre sa porte l'expulse violemment de sa bulle, elle en balance le bouquin dans un coin et d'un bon récupère son arme récemment retrouvée. Et oui ! On lui a ENFIN rendu un de ces couteaux, ceux dont le manche fait aussi office de poing américain. Un grand pas de réalisé, une grande première même, à croire que tout ses efforts pour s'intégrer payent enfin. L'encrée fait glisser l'arme à sa ceinture, direction son étui puis sort de la pièce à vive allure, attrapant en route sa fidèle chaussette, celle qui est remplie de bon gros cailloux. Une autre arme, plutôt destinée à s'éclater sur la tête de May si celle-ci osait pointer le bout de son nez ici pour réclamer "vengeance". Les escaliers sont vite dévalés et elle reconnait aussitôt la voix loin d'être sereine d'Eve-Madeleine. Sans hésiter, elle commence à repousser en vitesse la grande armoire qui bloque la porte avec énergie. "Quoi ? S'passe quoi ?" Début de l'horreur, direction la scène de crime.

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Esther crie à s’en arracher la gorge pendant que je l’attrape pour la consoler. Je me sens fatiguée, et je crois que le fait que ma fille commence à faire ses dents aide personne à dormir dans cette foutue maison. Alors forcément, j’ai les nerfs, et ce qu’il se passe du côté de chez la vieille Dewitt m’aide pas forcément à calmer mes humeurs. Je suis toute seule là, Stanley est de garde, et je vais finir par péter un câble si ça continue.

Ok chérie, je vais leur faire la peau et je reviens m’occuper de ces vilaines petites dents, je lui souffle ça à l’oreille, ça la calme pas pour deux sous mais au moins, c’est dit. Je la couche, attrape un gilet et enfile des chaussures avant de dévaler les escaliers. En claquant la porte violemment derrière moi, c’est la rue que je traverse à grandes enjambées. Vous voulez pas faire encore plus de bruit ? Des fois qu’ma fille soit énervée en plus de faire ses dents !

Oui je râle, mais comme y’a rien pour la soulager, y’a rien pour en faire autant pour moi ! C’est visiblement pas leur souci dans le coin : y’a plus urgent. Sauf que… Le vomi de Zelda aurait dû m’orienter sur la réponse du pourquoi du comment.

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Les lèvres de la blonde sont douces. Chaque fois que j'l'embrasse, elle m'en laisse un dernier, plus court, juste avant d'me détacher. J'ai l'impression qu'on est des adolescents, mais j'trouve pas ça désagréable. Ça m'permet d'oublier qu'aux yeux d'Zelda, j'suis un septuagénaire. Cendrillon et moi, on traîne sur le canapé, et on s'colle, question d'profiter du calme avant la tempête. Visiblement, la tempête fait déjà rage dehors, cars à travers l'air frais qui pénètre dans ma maison par les fenêtres ouvertes, un son strident attire mon attention. Un cri. À une certaine époque, j'me serais mêlé d'mes affaires, sauf que là, ça pourrait être le début d'une soirée d'enfer. J'regarde May un peu troublé, redressant ma tête pour voir si j'peux voir quelque chose. "T'as entendu ça?" J'vois rien par la fenêtre, mais j'me redresse déjà. "Y a p't'être un mordeur dans le camp, j'ai entendu crié. J'vais voir..."

J'lui laisse à peine le temps d'me répondre. J'suis à peu près certain qu'elle va m'suivre de toute façon, alors sans attendre, j'attache mon pantalon, parce que la main d'la blonde n'était pas sur ma nuque, et j'attrape mon carquois et mon arc en sortant. C'est sur un pas de course que j'me dirige en direction du son. C'est pas trop compliqué de trouver l'endroit, car des gens s'y attroupent déjà, j'suis pas l'seul qui a été attiré par le bruit. Y a déjà quelques personnes-là, alors j'fais une observation rapide de la situation, remarquant Maeve qui étudie le corps de s'qui semble être la vieille Dewitt. La vue de son corps en sang est plutôt horrible... Qu'est-ce qui aurait pu faire une chose pareille? Une bête sauvage? J'suis perplexe un peu alors j'm'approche, m'adressant surtout à la chirurgienne pour le coup. "Qu'est ce qui s'est passé?" J'écoute son speech digne d'un médecin légiste et j'me penche la tête pour analyser les morsures. "C'est pas un animal, c'est sûr... Mais si c'était un mordeur... Il serait encore là non? C'est bizarre ça...

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Si elle s'entêtait à le torturer? Peut-être un peu. Ses mains baladeuses se promenaient sur Adam, et tous les deux s'enfonçaient lentement dans le canapé quand leur plan de soirée changea en une fraction de seconde. Un cri, puis tout un tas d'éclats de voix. Le prof se redressa aussitôt, et May n'avait pas tardé à faire pareil - non sans poser des yeux amusés à sa ceinture. Elle hocha la tête; bien sûr qu'elle avait entendu, et ça n'annonçait rien de bon. Prise d'une certaine urgence d'agir, elle ne tarda pas à s'armer convenablement quand il avait supposé qu'un décomposé était peut-être dans le coin. Sa matraque retrouva sa place à sa taille, dans son jeans, et son précieux couteau ne quitta pas ses doigts.

Il n'avait pas eu besoin de lui demander quelles étaient ses intentions, d'ailleurs. La petite voulait aller voir ce qui se passait, elle aussi, et aider au besoin. Cendrillon croisa d'abord Casey et Maya en entrant dans la maison de la vieille Dewitt. Pendant un instant, elle avait eu peur pour Esther, questionnant les deux demoiselles du regard. Mais elle continua finalement d'avancer pour rejoindre Adam, y trouvant aussi Phelbs et la chirurgienne, du même coup. La scène était lugubre, et surtout bien violente. Z était du même avis, de toute évidence. Un peu plus et elle se croyait au boulot, comme avant l'épidémie.

Ses billes se posèrent instinctivement sur June, mettant un instant de côté tout ce qui pouvait les séparer. « Si c'est ce qu'on pense, on devrait pas envoyer une patrouille faire le tour du coin? Genre maintenant? » Non parce que personne ne le disait, mais ils le pensaient tous, si? Ce qui avait fait ça n'était pas humain. « Attention où vous mettez les pieds. » reprit-elle ensuite, les yeux rivés au sol. Déformation professionnelle, sûrement. Peut-être pourraient-ils trouver des indices, n'importe quoi. Tendant des mouchoirs à la gosse au passage, elle avança jusqu'à l'arrière de la maison en suivant les traces de sang, pour se poster près de Clyde. Elle leva les cils sur lui, silencieuse, avant de jeter un oeil dehors, au cas où.

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