J'en peux plus. C'est vraiment trop dur. Les coups arrêtent enfin de pleuvoir, mais avec ma côte cassée j'ai de plus en plus de mal à respirer. Ma respiration reste donc superficielle, on dirait un cabot qui halète. Je dois vraiment avoir l'air ridicule comme ça. Et ça m'énerve.

Mais du coup, quand il sort son couteau, j'ai même pas le temps de dire ou faire quoi que ce soit que je vois déjà la lame sortir et se poser sur mon bras. Je ferme les yeux, serre les dents, et un nouveau râle rauque s'échappe de ma gorge. J'aimerais ne pas lui faire le plaisir de montrer ma douleur, mais là ça devient vraiment insupportable. Il entaille ma chair comme si c'était du beurre et le sang coule assez rapidement sur mon bras.

Je sursaute malgré moi quand il pose le bout de la lame au niveau de mon service trois pièces et là c'est l'instinct qui parle et plus le cerveau. Putain d'animal. C'est... C'est un hôtel! Près de la station service, à Agate... Je peste juste après avoir fini ma phrase. Je suis vraiment qu'une merde. Enfin, j'espère au moins que s'ils se décident à prendre d'assaut l'avant-poste, ils auront un sacré comité d'accueil avec les autres. Johnson, Graham, Levi, Edward... Layla aussi. J'ai aucun doute qu'ils sauront faire très bon usage de leurs armes. Mais de là à ce que quelqu'un me pardonne pour ce que j'ai fait si je m'en sors vivant... Même moi je crois que je pourrai jamais le faire.

Spoiler:

J'inspire un grand coup pour essayer de rester bien éveillé. J'ai déjà assez fait de dégâts comme ça, j'ai pas envie de mettre les autres encore plus dans la merde. Et donner encore des informations..? C'est hors de question. Pendant que la tête d'oeuf sort de la tente, je plante mon regard dans celui de l'homme en face de moi. C'est le moment de rassembler tout mon courage pour pas craquer.

Il déchire mon t-shirt à l'aide de sa lame et je sens le froid de l'acier contre ma peau. Une nouvelle fois je serre les dents en m'attendant déjà à la douleur qui va suivre. Voilà la prochaine question qui tombe. Alors là, s'il croit que je vais lui répondre... Plutôt crever. Ils en savent déjà beaucoup trop. On est plus que pas beaucoup et moins que trop. Ou peut-être que c'est l'inverse? A moins que je mente en fait... Ouais, je continue de chercher la merde. Mais faut dire que j'ai pas grand chose à perdre. Mieux vaut une perte pour en sauver des dizaines d'autres plutôt que l'inverse.

Je sens la lame s'enfoncer dans ma peau  assez profondément, le sang couler sur mon ventre, et je penche la tête en arrière tout en gémissant de douleur. Fiou. Aller Nathan. Tu peux le faire... Tiens le coup...

Spoiler:

Je l'ai déjà dit, mais s'il veut jouer aux fortes têtes ou au con, je risque pas de le laisser gagner. Du coup, il a beau répéter encore et encore la même question, je reste de marbre. Je lui réponds pas, chantonne même une chanson à un moment. Qu'il finisse par comprendre au bout d'un moment que je vais pas ouvrir ma gueule quoi. Encore une fois, plutôt mourir. C'est ce qu'on appelle la loyauté je crois, mais il doit sûrement pas connaître.

Apparemment, il se laisse aller à une petite variante. Ou plutôt, une grosse variante. Chaque fois qu'il pose une question sa lame vient s'enfoncer dans la peau de mon bras, laissant une profonde entaille sur son passage. J'ai les bras qui tremblent, c'est plus fort que moi. Et je suis obligé de me mordre la langue pour ne pas lui faire encore et encore le plaisir de lui laisser entendre ma douleur.

Je prends une nouvelle fois un petit temps pour respirer avant de pencher la tête sur le côté en faisant mine de réfléchir. Alors on a des pistolets à eau, des fusils de paintball... Attention, ça c'est super douloureux quand on te tire dans les coucougnettes! Et sinon, on se bat à coup de bisous et de câlins. Redoutables, tu veux que je te montre? Un petit poutou sur le front ça te dit pas? Là je sais pas si je joue la carte de la stupidité ou si mes nerfs sont simplement en train de lâcher et que mon cerveau a très mal vécu les longs passages privé d'oxygène.

Spoiler:

Là ça devient vraiment difficile. J'ai la tête qui tourne de plus en plus à force de perdre du sang, j'ai tout mon corps qui tremble sans que je puisse rien y faire. Mon sang coule sur le sol, tombant en gouttes depuis mes bras et le bout de mon auriculaire. J'ai vraiment pas la moindre idée de combien de temps je vais encore tenir à ce rythme là.

En plus, ça se voit sur sa tronche qu'il en peut plus de m'entendre lui raconter des conneries. Il continue ses assauts avec sa lame, et je me demande s'il était électricien ou boucher en fin de compte. Surtout quand il attrape un sachet plein de sel et vient en verser sur mes plaies. C'est horrible à quel point ça brûle. J'arrive pas à me retenir cette fois, et je hurle de douleur. Je manque de tomber et il me rattrape d'une main au niveau de mon épaule. Et ce qui suit...

Il pince ma peau pour la soulever et vient placer sa lame contre cette partie pour m'éplucher comme un putain de légume. Un lambeau de peau d'une vingtaine de centimètres de long se sépare de mon corps comme si c'était rien du tout, comme s'il venait de décoller un sparadrap trop vieux pour encore avoir de l'adhésif avant de tomber au sol. Et forcément, c'est pas pour atténuer mes hurlements. C'est trop pour moi. Et comme il était plus en train de me tenir, j'ai pas pu m'empêcher de tomber sur le côté, me retrouvant donc au sol, dans mon propre sang et... mon vomi de tout à l'heure. Bordel de merde... J'ai même pas la force de parler là.

Spoiler: