Je m'attendais vraiment pas à ça. En sortant je tombe nez à nez avec le cadavre de celui qui est presque à l'origine de tout ce merdier en fait. Impossible de pas le reconnaître. Donovan... Putain de merde, mais c'était quoi le coup qu'il nous a fait là? J'pense que je le saurai jamais, il est plus vraiment en état de me dire où il était passé et pourquoi il a vomi tripes et boyaux dans les bois.

Mais c'est là que je vois que mon gardien est toujours en vie. Et non seulement il est pas mort, mais en plus il essaie de se libérer du poids du cadavre du géant. C'est peut-être pas lui qui m'a torturé tout à l'heure, mais il va payer pour ça. Je sens la rage monter et c'est sûrement la goutte d'eau qui fait déborder le vase. A peine il arrive à sortir sa tête que je le vois me regarder avec de grands yeux comme une biche devant les phares d'une bagnole. J'en ai rien à faire. J'écrase mon marteau sur son visage, encore et encore, jusqu'à lui avoir complètement éclaté le crâne.

Désolé, j'ai cru que t'avais le nez qui gratte. Et toc. Profitant de l'adrénaline qui parcourt encore mes veines, je jette le tournevis au sol pour me libérer une main et je récupère, non sans mal, le gilet pare-balles de Donovan ainsi que l'arme à feu et le couteau. Ah bah j'me sens un peu moins à poil là. Je grogne de douleur en levant les bras pour passer le gilet au dessus de ma tête et l'enfiler. Faut que j'me tire d'ici avant que j'arrive plus à tenir debout...

Je regarde autour de moi, titubant un peu parce que bon, même si l'adrénaline est là ça veut pas dire que d'un coup je vais beaucoup mieux et que miraculeusement mes blessures sont guéries. Mais tout ce que je peux constater, c'est le silence. Le calme. Personne n'est venu en renfort quand il a tiré ni quand je l'ai tué. Je suis tout seul. L'envie est clairement présente de tenter le tout pour le tout et de fouiller les lieux. Le problème, c'est que j'ai peur de pas avoir la force de repartir par la suite. Et que si jamais y'en a qui ont entendu le coup de feu... Ils risquent de rappliquer en un rien de temps. Et là, je serais mort en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Il me reste plus qu'à espérer que je vais réussir à retrouver mon chemin. J'ai aucune idée de la distance qui me sépare de l'hôtel et des autres. Surtout qu'en plus, le véhicule transportant entre autres mon tortionnaire est parti dans la même direction. Aller, si y'a un Dieu qui existe, c'est le moment d'le prouver! Je lâche cette phrase en levant mon regard vers le ciel comme s'il y avait vraiment quelqu'un qui allait m'entendre. On sait jamais.

Repérant les traces de pneus du véhicule dans la boue, je décide donc de les suivre en espérant que ça me permettra de retrouver un chemin que je connais. D'autant plus qu'à boiter comme je le fais... Je sens que le chemin va être très long. Bon. C'est pas grand chose mais j'ai une petite illumination. Et un sourire étire mes lèvres quand je vois l'une des bagnoles un peu plus loin. Je m'approche, pose ma main sur la portière et... Ils sont sérieux? La voiture ouverte avec les clés sur le contact? Putain mais quel égo! Bon, je vais pas me plaindre. Je grimpe à la place du conducteur, claque la porte derrière moi et gémit un peu en bougeant la jambe et les bras pour démarrer et commencer à rouler. Au moins, ce sera plus rapide qu'à pieds.