Mon cœur s'emballe, un peu comme un adolescent qui se ferait effleurer la main par son crush et j'ferme les yeux pour apprécier le moment où elle embrasse et se colle sur mon front. J'ai tellement peur... J'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. J'ai la trouille de transformer c'moment en massacre et ça m'empêche de profiter du moment en entier. J'me doute que c'est pas facile pour elle, et qu'elle aura besoin d'temps, mais c'est déjà une ouverture. Lorsqu'elle s'éloigne, j'ouvre mes yeux à nouveau pour la regarder marcher, scrutant sa démarche et surtout son cul au passage. Quoi? S'pas parce que j'suis attaché et qu'le moment est tragique que j'peux pas profiter d'la vue.

Bref... J'me retourne vers Casey, considérant qu'elle semble ma meilleure alliée ici en ce moment. J'hésite à lui dire s'que j'pense, j'ai peur que ça l'affecte un peu trop, mais j'ai pas l'choix, il faut qu'elle le sache. "J'me suis rendu au labo... Et j'ai vu June et Stanley en sortir ensemble." J'marque une pause simplement pour voir si elle assimile s'que j'lui dis. J'veux pas qu'elle perde confiance en son copain, mais si elle croit que Maddie est de mèche dans tout ça, peut-être qu'elle doit savoir qu'le père de son enfant ne semble pas tout blanc non plus. "J'ai menacé June pour qu'elle parle... Et Stan... Il... m'a fortement déconseillé de le faire." Pour moi, ça semblait un aveu qu'il savait quelque chose qu'on savait tous pas. Qu'il était prêt à protéger la rousse, peu importe ce qu'elle avait fait, peu importe son implication dans l'histoire.

"J'te jure... J'sais pas combien de temps ils vont nous garder attacher ou s'qu'ils ont l'intention de faire... Mais c'est impossible qu'ils nous guérissent du vaccin par magie. Peu importe s'qu'ils vont nous dire, ça sera des mensonges." J'en suis à ce point là niveau confiance envers tout c'beau monde. Après tout, même s'ils avaient avec une solution miracle, une potion magique ou un autre vaccin, il m'apparait impossible de savoir si les effets secondaires ne seront pas pire que ceux qu'on a déjà.

Spoiler:

« Oh tu n’auras pas besoin de me mettre à la porte. Je m’en vais. » C’est d’une voix étrangement calme que je lui dis ça. Mais il n’y a ni doute, ni hésitation dans ma voix. Casey n’a plus envie de me voir ? Eh bien c’est réciproque, son petit numéro de la pire grande sœur de l’univers, je serai bien mieux ailleurs. Dire que je m’étais dit, il y a quelques temps, que m’installer ailleurs serait une bonne idée ; pour pouvoir être plus tranquille pour travailler. Finalement, j’aurais dû le faire. Au moins là, j’ai une bonne raison de partir !

Et elle continue avec ses jolies phrases, me menaçant même de me tuer si j’approche Esther. Sérieusement ? Parce qu’elle mérite le prix de la mère l’année, elle, peut-être ? Comment de fois j’ai été là pour garder sa fille ? Pour prendre le relais lorsqu’elle ou Stanley étaient fatigués ? Je me retiens de lui dire ça parce que j’en ai assez de cette dispute. Cela me fait suffisamment de mal comme ça. Parce que oui, ses derniers mots me blessent. Même si je ne montre rien, j’ai l’impression de recevoir un coup de poignard en plein cœur. Mais il est hors de question de laisser mes émotions prendre le dessus. « T’en fais pas. J’ai compris. J’existe plus à tes yeux, et c’est parfait comme ça. » Mon regard ne quitte pas le sien, je reste impassible. Lorsqu’elle ajoute qu’elle serait bien partie le plus loin possible de moi, je ne réagis pas. Elle m’a bien demandé de l’oublier non ? Alors je me contente de détourner les yeux.

Adam reprend alors, évoquant la possible implication de Stan dans cette affaire et le fait qu’il ait été prêt à défendre June, quelques heures plus tôt. Je fais mine de ne pas entendre mais pourtant un léger sourire se dessine sur le coin de mes lèvres. Alors grande sœur ? Lui aussi, tu comptes le mettre à la porte ?

Je fixe un regard sérieux sur Adam, ignorant royalement ma sœur à côté qui jacte comme une petite poulette dans sa basse cour. Le chasseur en a visiblement très gros sur la patate, chose que je peux comprendre. Il s'en est pris à une personne qu'il aime lors de sa crise, je crois que ma chance a été de faire ça à Chad qui m'indiffère totalement, et pas à Esther ou Stanley. Mais il n'empêche que ça aurait jamais dû arriver, ne serait-ce que pour Vaughn qu'on recouvre déjà.

Stanley va dormir sur le canapé jusqu'à ce que j'ai tiré ça au clair, que je souffle. Si y'a besoin qu'il prenne des vacances loin de nous pour enfin cracher ce qu'il sait, il prendra le forfait illimité, que j'ajoute dans la foulée.

Zelda relâche un bras, je lui offre un bref coup d'oeil. Je sais pas trop à quoi joue l'adolescente, mais je vais en profiter pour aller très loin de Madisson et m'éviter de lui arracher le visage avec les ongles.

Je veux aller voir Esther, que j'annonce en me dégageant du lit comme je peux. C'est laborieux mais finalement, je garde mes liens avec moi pour me mettre à pousser le lit comme il faut. Tant pis pour le bruit, je me casse voir ma fille.

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Une torture. Tout ce qui se passait actuellement dans cette pièce était une véritable torture. Il n’y avait pas une seule seconde de répit, pas un seul moment de silence, et le pire, c’était qu’elle avait beau regarder l’horloge, l’aiguille semblait toujours au même point, n’avançant jamais pour la soulager de cet enfer dans lequel elle se trouvait. Entre Zelda, qui comme à son habitude n’en faisait  qu’à sa tête, les débats de fond tiroirs et ses foutus liens qui la liaient à son lit, Valentine commençait à se dire qu’en réalité Misha l’avait tuée, et qu’elle se retrouvait en enfer dans un dispensaire, attachée à un lit avec comme tortionnaire l’intarissable et bavarde Zelda et du bruit comme musique d’ambiance. Sa nonchalance et sa discrétion était mise à rude épreuve face à tant de chamaillerie, de gaminerie et un soupçon d’ingratitude qu’elle devrait certainement ignorer. « Mais bordel.. » maugréa t-elle en français en regardant Casey et sa tentative de fuite.

« Vous devez vous trouvez vachement dissidents là, avec vos débats de fond tiroir, et vos conneries de canapé et d’obligation à faire parler quelqu’un. Il y en pas un d’entre vous qui a dit non à l’immunité qui allait avec le vaccin. Vous me faites trop rire. » reprit-elle en regardant le plafond.  « Crier au complot et aux mensonges quand il s’agit de ce qui va pas dans le bon sens, c’est très facile. Et ça n’ira nulle part. Comme Casey qui croit qu’elle sortir d’ici avec son lit, ses liens, et sa détermination à toute épreuve…  » Elle leva les yeux au ciel. Franchement, se retourner dans une situation pareille, c’était à se demander si elle n’avait pas fait quelque chose à quelqu’un dans sa vie passer pour avoir un karma aussi pourri. « Vous êtes pas tout seul ici. Vous irez gueulez chez June si vous voulez. En attendant, personne n’a à subir vos tantrum d’adultes contrariés.  »  Elle ne rajouterait pas un commentaire sur la mentalité américaine. Il n’est pas dit que l’un d’entre eux n’est pas gardé en stock un peu de l’incroyable force dont ils avaient fait preuve face à leur proche. Et l’horticultrice n’avait pas encore fait ses dernière prière.  

Spoiler:

La muette du fond de la classe ouvre soudainement la bouche pour parler, et dès les premiers mots j'arrête d'écouter. Pourtant, je crois discerner sur ses lèvres qu'elle dit mon nom, mais comme j'ai tendance à avoir aucune envie de perdre mon temps avec des gens qui sont pas d'accords avec moi, et qui par définition sont bêtes, je me contente de continuer à tirer doucement mon lit jusqu'à passer devant le sien. Des yeux que je rive sur elle, je ralentis la cadence de mon mouvement, alors que mon regard la suit tout du long. Et évidemment, je fais en sorte de faire vraiment tout plein de bruits, les pieds crissant sur le sol, pour être sûre que ça lui tape bien sur les nerfs.

Oups, désolée, que je murmure une première fois. Pardon, une seconde, avec un petit air idiot et faussement naïf. Hihi, excuse-moi, je fais vite, faux.

Si je pouvais aller encore plus doucement, je crois que j'hésiterais pas un seul instant. Peut-être que la prochaine fois, elle apprendra à dire des trucs intéressants. Ou alors à pas me parler, ou me mentionner en vain, tant qu'à faire.

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Les immunisés l'ignorèrent tous royalement, sûrement trop occupés à se prendre la tête les uns avec les autres. Et bien, soit, qu'ils gaspillent leur énergie dans les disputes, ils seront peut être trop fatigués par la suite pour leur casser encore les oreilles. Ivy les laissa et se dirigea vers l'endroit où étaient stockés les medicaments quand May l'interpella. La jeune médecin lui répondit : "Je ne sais pas ce que vous avez en réserve mais les nausées sont normales après une sédation. Ça devrait leur passer rapidement normalement..." Elle balaya du regard la salle avant de le reposer sur la jeune femme et de continuer avec un petit haussement d'épaule : "Enfin, s'ils se tiennent tranquilles." Ce qui pour le moment, n'était pas le cas. Les nausées risquaient donc de durer un petit moment encore. Tant pis pour eux.

Son regard fut attiré par une des immunisés qui tentait de s'enfuir avec son lit. C'était la meilleure. Pensait-elle pouvoir aller loin comme ça ? A priori, les liens avaient du être mal fixés. "Hey ! Vous !" Ivy s'interposa devant Casey. "Je ne sais pas qui est cette Esther mais dans votre état, ce n'est certainement pas une bonne idée d'aller la voir." Ivy sortit une seringue de sédatif et la lui planta dans l'épaule avant de réceptionner le corps de la jeune femme et la remettre tant bien que mal dans le lit. "Quelqu'un d'autre à calmer ?" demanda-t-elle en montrant une nouvelle seringue aux autres. Il n'y avait plus qu'à espérer que les autres se montreraient plus calmes et coopératifs. L'heure était grave. Ils n'avaient pas de temps à perdre avec des bêtises et elle ne voulait pas risquer qu'un autre immunisé ait une crise. "Il faudrait vérifier les liens de tous les autres, apparemment certains ont été mal fixés" rajouta-t-elle à l'attention de May et de Zelda.

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Les oreilles lui sifflent à nouveau, acouphènes persistantes accentuées par le manque de sommeil, les crises de douleurs abdominales, l'évanouissement, la sédation, et le mal de crâne naissant qui continue de se frayer un chemin doucement mais sûrement dans sa petite boîte crânienne. Si elle remercie intérieurement May d'être venue l'aider à se réhydrater, elle maudit intérieurement les sœurs Summers qui ont jugé bon de livrer leur bataille familiale sur le terrain qu'ils partagent tous. Exténuée, plus irritable qu'à l'accoutumé, elle serre les dents pour ne pas exploser et ses mains entravées jusqu'à s'en faire blanchir les jointures. Elle veut le silence, la solitude, un endroit où se remettre de cette nuit infernale et l'opportunité à son cerveau d'analyser tranquillement ces dernières heures.
Au lieu de ça, les altercations pleuvent, les bruits continuent. Les bavardages, ce lit qu'on a décidé de traîner d'un bout à l'autre de la pièce dans un couinement ignoble qui lui donne la sensation que des aiguilles chauffées à blanc transpercent sa matière grise. Elle n'en peut plus. Elle abandonne. Abdique.
Et comme si tout ce manège ne suffisait pas, la doc assiste, impuissante, à l'intervention de... de.... argh elle ne parvient pas à se souvenir de son nom... de sa nouvelle collègue qui prend des dispositions un peu trop radicales de son strict point de vue. « Holy freaking christmas cake ! » jure-t-elle pour sa propre personne sans que personne l'entende.

Elle est à bout. Il n'existe plus de psychologie de bas étage entre patients et médecin. Dans son état, balayé le rôle de la chirurgienne et sa patience légendaire. Ici, attachée, Maeve n'est qu'une victime parmi tant d'autres, un rat de laboratoire impuissant qui subi sans pouvoir faire ce pour quoi elle est douée.

Un sifflement strident – qui lui vrille également les tympans – résonne dans la pièce alors que certains regards se portent sur elle. Se redressant tant bien que mal dans son lit, rageant contre ses entraves, c'est un regard froid qu'elle adresse à ses comparses d'infortune. « Assez ! »
Ce n'est pas dans ses habitudes de hausser le ton, de s'énerver ou de perdre patience. En cinq ans, possiblement aucune des personnes présentes dans le dispensaire présentement n'a eu à subir les humeurs du docteur Wheelan. Mais le docteur s'en est allé, et à la place, une femme au bout du patience qu'il lui restait s'éveille. « Est-ce ce serait trop demandé que... je ne sais pas... tout le monde ferme sa bouche ?! » Ce n'est pas le mot qui voulait sortir de sa bouche, mais la vulgarité n'a jamais réellement fait partie de ses habitudes. « Et vous, la newbie ! » Elle a beau ne plus se rappeler de son nom, ça ne l'empêche pas de décharger un peu de sa frustration sur elle, aussi injuste que cela puisse paraître. « Est-ce que vous pourriez ne pas utiliser la sédation sur MES patients aussi arbitrairement que vos humeurs vous le suggèrent ??!! » Oui à cet instant, aussi insupportables qu'ils sont, ce sont ''ses'' patients, ''son'' dispensaire, ''son'' rôle qu'elle ne peut pas assumer, et ça la rend dingue, littéralement. « Oh et je vous déconseille fortement de me coller une dose de benzodiazépines pour me calmer si vous voulez survivre à une future collaboration avec moi ! »

Sur ce, plus épuisée encore que deux minutes plus tôt, elle se laisse retomber sur son oreiller, fermant les yeux, les mâchoires toujours serrées à l'extrême. Saloperie de virus ! Saloperie de vaccin.

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