Elle avait rigolé à la remarque d'Ivy. Oui, si les gens se tenaient tranquilles. La bonne blague. Personne ne se tenait jamais tranquille sur cette putain d'île. D'ailleurs, les Summers s'envoyaient encore et toujours de belles insultes à la gueule. Pire que ça, l'aînée avait soudainement décidé d'aller voir sa fille, et avançait à pas de tortue à travers la pièce - en traînant rien de moins que son lit derrière elle. Le bruit la rendait folle. Ce grincement constant contre le plancher était vachement désagréable, et Valentine n'avait pas perdu de temps pour le dire - et faire la morale à tout le monde en bonus, même si personne ne lui avait rien demandé.

Elle ne releva pas, agacée. May allait plutôt suggérer à Casey d'aller chercher Esther. Elle pourrait la ramener ici, peut-être que la gosse aurait le pouvoir de la calmer, elle. À la place, Cendrillon avait regardé la doc prendre les devants et la piquer à l'épaule, avant de la remettre dans son lit - qui n'était plus trop à sa place, évidemment. Celle qui venait de souhaiter bonne nuit à Casey mentionnait qu'il faudrait vérifier les restrictions, et encore une fois, le regard de May se posa sur Z. Comme c'était étrange, n'est-ce pas? Liv allait ouvrir la bouche pour parler, reportant son attention sur ce qui venait de se produire, mais le sifflement de la chirurgienne avait fait sursauter la demoiselle. Décidément, quel bon moment ils passaient, tous.

« Ouais okay, parce que gueuler sur les gens pour leur dire d'arrêter de crier, ça fonctionne bien, évidemment. » maugréa-t-elle après sa tirade. Tout le monde faisait de son mieux, enfin. Et si Goldenberg n'était pas d'accord avec le geste d'Ivy, si elle comprenait bien les risques de la sédation, elle avait au moins réussi à l'arrêter avant qu'elle ne puisse faire une connerie. La princesse n'ajouta donc rien, se dirigeant simplement vers le lit de son amie pour vérifier ses constantes, et être certaine qu'elle était bien installée pour sa sieste.

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Les mouvements de la chirurgienne sont trop rapides pour elle et la brune est contrainte de fermer un instant les paupières, tant le sang tambourine dans son crâne. Dans la pénombre, elle sent les doigts frais et agiles de Jackie sur son corps endolori. Des réflexes profondément enfouis, inscrits dans sa chair depuis des années, lui font reconnaître l’examen basique que l’aînée lui fait passer. Mais les voix qui s’élèvent à l’autre bout de la salle lui font rouvrir les yeux. Elle ne comprend que peu de la dispute, mais le ton tantôt froid, tantôt colérique, des belligérants, lui suffit. Maladroitement, elle essaie de se relever, mais Jackie l’en empêche, la repoussant doucement mais fermement. De toute façon trop épuisée pour la contrer, Quinn se laisse faire docilement.

Elle n’entend que d’une oreille l’explication de Jackie, tentant de percevoir les récriminations qui fusent au loin. Mais chaque mot résonne comme un coup de poignard dans son crâne malmené et elle fronce les sourcils pour contenir la migraine, en vain. Du mieux qu’elle peut, elle recentre son attention vacillante sur le visage anguleux de Jacqueline.

- Quoi ? Ils ont fait quoi ?..., souffle-t-elle du bout des lèvres, incrédule. Fermant les yeux, elle tente de raviver sa mémoire fuyante. Elle déglutit péniblement, douloureusement. Je - … Ce matin, à la maison…, mais elle sent que quelque chose ne va pas. Quelque chose lui échappe. Elle ignore juste quoi.

Obéissante, elle suit les indications de Jacqueline. Lorsque le doigt de la chirurgienne quitte son champ de vision peu après l’axe de son nez, elle se mord les lèvres avant d’hocher la tête, gorge nouée. Imperceptiblement, son menton se met à trembler.

- Jack’, pourquoi… Qu’est-ce qui m’est arrivé ?, dit-elle, sa voix étranglée par la peur qu’elle sent monter peu à peu. Elle le sait déjà, en vérité. Mais son esprit a besoin de l’entendre, pour l’accepter. Qui -… ? Qui s’est déchaîné sur elle, au point qu’elle sente la chair boursouflée et contusionnée de son visage à travers la morphine qui lui a probablement injectée.

Peu à peu, son corps commence à frissonner. De froid, mais aussi comme contre-coup du choc. Le sang bat avec plus de force à ses tempes et elle porte une main tremblante à son front, les yeux fermés. Elle a peur, elle a mal et plus que tout, elle est perdue. Plusieurs heures se sont envolées et elle ignore ce qu’il s’est vraiment passé. Rouvrant les yeux, Quinn cherche du regard les deux seules personnes qui comptent réellement.
- Vaughn… Friedrich… ?, murmure-t-elle, sa voix ténue trahissant sa peur et sa détresse. Où sont-ils ?

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A peine a-t-elle dépassé l’axe de son nez que l’épidémiologiste acquiesce ne plus l’apercevoir. Elle fronce les sourcils, inquiète et en même temps, il s’agissait d’un risque potentiel après un tel trauma. « C’est peut-être passager, tout comme ta mémoire… Quinn, tu reçu un gros coup sur la tête et tu es inconsciente depuis hier soir, l’aube vient de se lever… » Appuyée sur le lit de son amie, la chirurgienne aurait aimé lui donner de meilleures nouvelles, d’autant plus que les suivantes n’étaient pas bonnes non plus. « Je ne sais pas qui, quand on t’a amené tu étais déjà inconsciente… Une minute, je reviens. » Ismaël venait de franchir le rideau qui séparait Quinn et Eve-Madeleine des autres zouaves qui visiblement n’avaient aucun respect pour ce que représentait ce lieux. Elle contourna le lit de Quinn pour trouver le chirurgien et lui dresser un topo de la situation. « Eve-Madeleine ne s’est toujours pas réveillée et Quinn semble souffrir d’une perte de la mémoire immédiate et la vision d’un œil, impossible de savoir si c’est temporaire ou non… Seul le temps nous le dira… Préviens-moi si vous avez besoin de moi avec les autres, je vais rester avec Quinn… elle ne sait pas encore… » Dit-elle, suffisamment bas pour que l’épidémiologiste ne l’entende pas. Ismaël prit congé et la chirurgienne respira un grand coup.

Quand elle revint près de son amie, celle-ci tremblait nerveusement et son regard cherchait frénétiquement quelqu’un. Elle prononça deux noms, et Jacqueline attrapa la main de Quinn pour focaliser son attention sur elle et l’aider à se calmer. « Quinn… Quinn s’il te plait regarde-moi. » Dit-elle, le regard triste. « Friedrich est allé retrouver Phelbs et Maverick, je suppose pour faire le point sur la situation. Il s’est passé beaucoup de choses ici, tous les vaccinés sont en sécurité au dispensaire, ils sont pour la plupart sous sédation, bien que certains commencent à se réveiller. » Dit-elle, pour la focaliser sur le présent. « Vaughn est dans la pièce à côté mais… » Il y eu une hésitation, et un regard qui en disait long. Elle savait à son regard que Quinn avait compris. Alors c’est avec son masque de médecin qu’elle lui annonça la suite, car elle n’entendrait probablement pas tout face à l’ampleur du chagrin. « La crise qu’il a faite était plus violente, il était comme inarrêtable selon May. Devant le danger qu’il représentait, ils ont fait ce qu’ils ont pu mais quand il est arrivé au dispensaire… Ses blessures étaient trop graves pour être soignées. Friedrich nous a ordonné d’essayer de le maintenir en vie pour que tu puisses le voir, mais il y a quelques heures, son cœur a lâché et nous n’avons pas pu le réanimer. » Elle referma sa main sur celle de Quinn. « Je suis désolée, Quinn. » Souffla-t-elle avant de garder le silence et de baisser les yeux.

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Elle a déjà mangé ? Zelda plisse les yeux et sonde la paysanne de son regard céruléen. Puis elle hausse les épaules et dépose son assiette à côté d'elle. « Bah ! Vous aurez d'nouveau faim à un moment ou à un autre alors j'vous laisse ça là ! Au cas où ! » Elle va la bouffer sa soupe, l'autre ! Parce qu'elle n'aura rien d'autre. Elle peut faire une croix sur les grenouilles et les escargots ! Ici, c'est Seattle ! L'adolescente tapote la jambe de la conjointe de June d'un air presque maternel - beurk - et se retourne en direction d'Adam qui continue de crier au complot. L'australienne décoche un regard inquiet en direction de Cole tandis qu'elle se rapproche du chasseur. « Psssht ! Malheureux ! Y'a des mots qu'vaut mieux pas prononcer ici ! » Il a envie d'envoyer le hacker en dépression ou quoi ?? « Et puis j'vous t'aime bien mais si t'pouvais juste un peu... t'vois... fermer ta jolie gueule au sujet d'June, ce s'rait cool ! » Elle n'aime pas trop lui faire des remarques, à lui. Parce qu'il est sympa mais aussi parce qu'il pourrait la plier en deux d'un simple claquement de doigts. Et puis aussi parce qu'elle a besoin de ses conseils de drague, un peu. Voir beaucoup !

Zelda éclate ensuite de rire lorsque Casey se met à trimbaler son lit à travers la pièce. C'est nul qu'elle ne veuille pas tuer Madisson mais au moins, elle met un peu d'ambiance. Oui, ça l'amuse ! Un peu comme tout ce que fait Casey, en fait ! « Elle a besoin d'se dépenser ! » indique-t-elle à Valentine, protégeant ainsi une jeune maman qui n'a pas besoin de l'être. « Hey mais Ivy ?! T'es une pétasse ?! » Elle vient de seringuer l'aînée Summer. Zelda s'approche d'elle, agitant un doigt menaçant en direction de la chirurgienne, prête à lui sauter à la gorge. Mais la main d'Ismaël qui se pose sur son épaule l'en empêche et les menaces qu'il profère attirent évidemment son attention. « Vous avez aucun pouvoir ici, Adolf ! » Les médecins c'est fou, ça pète plus haut que son cul. À part Quinn. Mais c'est normal parce qu'elle est allongée et que, forcément, ses fesses sont à la hauteur du reste de son corps...  En tout cas l'australienne préfère écouter May et aller vérifier les liens des gens. Elle n'en resserre pratiquement aucun, si ce n'est celui de Madisson. Là, pour le coup, elle appuie même l'un de ses pieds contre le lit pour tirer de toutes ses forces sur les sangles qui immobilisent ses poignées. Si le sang circule plus, elle finira bien par crever ? « J'obéis aux ordres...» annonce-t-elle d'un air faussement désolé avant de se précipiter vers Cole qui souhaite être détaché pour voir Eve. « Casey a été agressée par Ivy donc ça sert à rien d'la voir et Eve... est morte ! » Non, ça, c'est salaud ! Alors elle éclate de rire et tapote la tête du hacker. « J'rigoooole ! » Un peu d'humour ne fait jamais de mal, pas vrai ? « Par contre tu dois rester attaché, désolée ! Mais t'en fais pas : y'a laaargement de quoi s'occuper, ici ! Ils pètent tous un câble... » Ah, ces adultes... Pas un pour rattraper l'autre ! Et après c'est elle qu'on traite de gamine ?

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