Oh, je me doute que June a à voir avec son lavage de cerveau... Mais Adam, détrompe-toi : Madisson Summer est le petit toutou assermenté par la grande prêtresse, ne vois-tu pas ? Je pose sur Adam un regard agacé, pas par lui, pas par son intervention. Je suis profondément en colère. Je veux même pas te voir, Maddie, je veux pas te regarder parce que je serais capable de me péter le bras juste pour venir te secouer.

Elle doute sans doute de ça, mais elle devrait pas. Je suis peut-être fatiguée, mais je suis davantage furieuse. A cause d'elle, des lubies de sa chère patronne, j'ai du sang, d'une innocente sur les mains. Le sang d'une personne qui a failli dévorer Esther sans le vouloir vraiment. Et elle pense que c'est quoi que je lui tape, là ? Un caprice ?

A cause de vos conneries, j'ai tué Eve-Madeleine ! Pour protéger Ma fille ! TA NIECE ! Cette fois, je me tourne vers elle, dans un mouvement brusque qui agite le bord de mon lit. Si brusque que je m'en fais mal à l'épaule. Et tu as le culot de faire ta mégère capricieuse à fuir les discussions ?! Non, ça ne se passera pas comme ça : Vous nous devez des explications ! Tu vivais avec moi, avec Esther, pendant des mois, en sachant très bien ce qui était en train de se passer ! Vous avez créer des monstres et tu penses que je suis trop fatiguée pour venir te raboter ta sale petite tête de morveuse pourrie-gâtée ?!

C'est très mal me connaitre.

Spoiler:

Elle n'avait même pas eu le temps de se changer, de se nettoyer, rien de tout ça. Elle avait voulu rester avec Vaughn, morte de trouille. Elle avait envie de gerber, comme les vaccinés, chaque fois qu'elle se revoyait en train de le planter, de lui tirer dessus. May n'était pas bien, ni physiquement, ni psychologiquement, mais le dispensaire ne pouvait pas se passer d'une pair de bras, surtout pas lorsqu'il était question de son copain. Il n'allait pas bien, ce n'était une surprise pour personne. Tout le monde savait qu'il n'allait pas survivre, même si Jackie avait tout tenté, avec l'équipe. Elle était restée pour ventiler Vaughn pendant qu'ils s'acharnaient sur lui, poussant de l'air dans ses poumons abîmés au même rythme qu'une machine, et à toute les fois qu'elle poussait sur le ballon qui gonflait artificiellement sa cage thoracique, elle culpabilisait un peu plus.

Mais son coeur lâcha. Pour de bon. Et pour la première fois, la blonde n'en pouvait plus d'être à côté de lui, à côté de son oeuvre lugubre. Elle avait donc quitté le dispensaire un moment pour sauter dans la douche, laver le sang, la boue, et toute la merde qui pesait sur ses petites épaules. Peut-être avait-elle eu l'occasion de craquer, sous l'eau. Peut-être pas. Lance n'avait pas posé de questions.

Et une fois de retour avec des vêtements secs, Cendrillon n'avait pas eu le choix de les laisser s'occuper de la plaie béante qui s'étendait de son épaule à son cou. Pas évident de faire un pansement efficace à cet endroit, mais elle en avait rien à faire, honnêtement. Son regard se perdait dans le vide dès qu'elle ne s'occupait pas à quelque chose. Et ce n'était pas le travail qui manquait ici, au moins. Elle avait tellement hâte au matin, que tout se calme. Mais ce n'était pas pour tout de suite, visiblement. Casey & Maddie lançaient déjà les hostilités, d'ailleurs. Adam en rajoutait. Leurs propres frustrations ne pouvaient que peser encore plus sur la princesse, d'ailleurs. « Vous pouvez pas la mettre en veilleuse, juste un peu? » Sur les nerfs, la demoiselle? Un brin. Son thorax lui faisait mal à chaque putain de respiration, ce n'était rien pour aider. Et même si elle était de l'avis de Casey, elle n'avait pas assez de souffle pour parler. Ni d'énergie. « Elle est en vie. » précisa-t-elle tout de même à son attention. Pas un regard pour le prof, pourtant. Elle n'était pas prête pour lui. Elle leva les cils sur Quinn qui se réveillait, un peu plus loin, et elle décida de rester loin de l'épidémiologiste. Liv n'était pas prête pour elle non plus.

Elle se tourna vers Zelda, et pour une fois, il n'y avait pas cette petite étincelle de malice qui s'allumait habituellement quand elle déconnait avec la gosse. « T'veux bien remplir des verres d'eau? Ils commencent à se réveiller. » demanda-t-elle un peu absente, avant de se diriger tour à tour vers la nonne, la chirurgienne, l'ancien hacker, le pasteur et la princesse de Phelbs, pour s'assurer de leur état.

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Elle regarde Maddie ramper à ses pieds. Zelda hésite, peu encline à quitter le confort de son trône et les fraises que des esclaves lui glissent dans la bouche. Mais l'envie est trop forte : elle finit par rejoindre le petit serpent et lui tape dessus avec son sceptre jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une vague bouillie. « Pas d'vipères dans mon royaume ! » clame-t-elle, impérieuse, à la foule de ses sujets qui ont observé la scène. « Faites entrer l'bouffon ! » ordonne-t-elle dans la foulée avant de retourner s'installer à sa place initiale. « Distrais-moi, Ao ! » Il a intérêt à offrir un beau spectacle. Pendant que le professeur s'active à jongler et à faire des pirouettes, l'adolescente balade son regard sur ses sujets. La plupart sont prosternés et n'osent pas la regarder. C'est normal, ça. Elle fait peur ! Casey, devenue Ministre du Fun, s'active avec Esther sous l'immense statue qui représente June. La Reine-Mère est morte il y a peu. Triste. Roza et Levi, eux, pourrissent sur la potence depuis une petite douzaine de jours. C'est pas beau à voir. Les privilégiés comme May, Clayton, Nathan ou encore Cole sont confortablement installés sur sa gauche. Sean, lui, trône à sa droite. Leur mariage était spectaculaire. Pour l'occasion, ils ont massacré un camp des New Eden. Tellement romantiiique... « Qu'on ramène du vin ! » ordonne-t-elle à son sbire préféré, à savoir Adam. « Et la liste des condamnés du jour ! » Rien de mieux qu'une petite dose d'exécutions avant le déjeuner ! C'est distrayant et puis ça rappelle aux gens qui commande !

Le tableau est idyllique. Vraiment idyllique. Après un passage au niveau du colisée fraîchement construit au centre de Fort Ward - c'est sympa de donner des fanatique de New Eden aux alligators ! - et avoir salué Johnson, Myles et Maximus, sa royale Majestée est interrompue par des éclats de voix vraiment désagréables. L'adolescente n'hésite que vaguement avant de siffler son tank. Ce dernier, docile, roule à toutes chenilles dans sa direction. Une vision mignonne au possible. Mais toute bonne chose à une fin, dit-on. Et il fallait bien que l'australienne s'extirpe un jour de ce merveilleux rêve... « CA VOUS DIRAIT PAS D'FERMER VOS GUEULES ? » Hurler est sa première réaction, oui. « Y'EN A QUI SONT ENCORE EN PLEINE CROISSANCE, ICI !!» Et qui, donc, ont besoin de dormir. C'est trop demander ? Elle tente un bref instant de retrouver la douceur de son rêve puis abandonne cette belle idée lorsque May lui demande d'apporter de l'eau. « De l'eau ? » s'étonne-t-elle. Il lui faut quelques secondes pour se rendre compte où elle se trouve, ce qu'il s'est passé et pourquoi elle a sa tête posée sur l'oreiller d'un autre. La gamine se frotte les yeux et découvre le visage de Sean à deux doigts du sien. Alors forcément, elle s'écarte vivement et, ce faisant, fait basculer sa chaise en arrière, dans le vide. Elle s'étale sans grâce puis se redresse en se massant la tête. « Ouais May, ouais... J'leur apporte ça ! » Mais d'abord elle va aller faire un gros pipi et se rouler un joint à l'arrière du dispensaire. Ils peuvent un peu attendre, les rageux du vaccin. Ils sont de toute façon trop occupés à s'engueuler. Zelda pousse un soupire et se dirige donc vers les toilettes puis, la nature soulagée, à l'extérieur du bâtiment...

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"Mouais... Bah, elle est vaccinée aussi... J'pense que si elle savait..." J'ai envie d'ajouter qu'elle était bien conne, mais j'me retiens. Elle est un peu conne de toute façon pour une génie... Elle lèche le cul d'la rousse juste pour être dans ses bonnes grâces. Enfin, est-ce que j'suis mieux? J'lui faisais confiance aussi. Et puis, peut-être que j'devrais pas trop en ajouter et laisser la dispute de famille aller, j'ai mieux à faire de toute façon, comme regagner la confiance de May. Déjà que ça a pris des mois l'obtenir, j'ai l'impression qu'après l'épisode de la morsure, elle ne voudra plus jamais m'approcher.

Elle m'ignore d'ailleurs et elle s'gêne pas pour dire à tout le monde la fermer comme si ses problèmes étaient plus gros que ceux de tout le monde. J'veux dire... Ça doit être chiant d'avoir dû tuer quelqu'un qu'elle appréciait, j'le nie pas... Et elle doit être sous le choc d'avoir été un bout de cou arraché... Mais la blonde a parfois l'impression qu'elle est la seule à vivre du malheur alors qu'on est tous dans le même bateau. J'glisse mon regard sur elle, et ça m'fait mal de voir qu'elle regarde ailleurs, qu'elle n'ose même pas m'accorder ses yeux bleutés et doux.

"May... J'suis là encore, tu sais..." Que j'lui dis en espérant qu'elle comprendra que dans toutes les épreuves, même dans celle où une version maléfique de moi l'a attaqué, j'suis là pour elle. "T'es ma dernière lueur dans ce tunnel noir comme l'encre... Te referme pas sur moi s'il te plaît..." J'aurais vraiment envie d'me redresser et d'la serrer dans mes bras, sauf que j'suis un peu retenu par des liens et que j'pourrais peut-être la mordiller de nouveau... Autant rester loin pour l'instant.

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Valentine se souvenait de l’attaque, en se réveillant, elle se rendait compte qu’il ne s’agissait ni d’un rêve ni d’un cauchemar. Le cobaye s’était retourné contre le reste de son monde. C’est tout ce qu’elle arrivait à se dire. Ses symptômes et ses conséquences avaient rythmés sa vie depuis maintenant trop longtemps, elle commençait à en être fatiguée, mais cet épisode de violence était certainement la cerise sur le gâteau. Dans un état de semi-conscience dans un premier temps, elle pouvait déjà sentir ce mal de crâne qui lui rappelait les gueules de bois de lycéenne, quand il buvait vite et jusqu’à plus soif pour pouvoir rentrer à minuit et demie. Elle gardait les yeux fermés, le temps de pouvoir accepter l’idée de faire rentrer de la lumière dans ce mix. Mais tout le monde semblait avoir envie de gueuler, que ce soit Casey, Zelda, ou May, Valentine fut contrainte de rester allongée, en ouvrant les yeux, la position allongée lui donnait la nausée, mais constata le fait qu'elle était attachée au lit, comme un malade à l'asile, elle soupira tentant mécaniquement de s'en défaire.

Silencieuse dans un premier temps, Valentine se disait qu’elle aurait préféré se réveiller autre part que dans le dispensaire. Il y avait trop de gens, trop d’émotions dont très honnêtement, elle n’avait ni envie d’entendre, ni envie de gérer. Peut être était-ce insensible, mais s’encombrer des émotions des autres n’avaient jamais été le point le plus fort de l’horticultrice d’où une carrière dans le domaine des plantes, d’une certaines manières, elle ne pouvait pas lui parler. « Vous avez tous besoin de hurler ? » soupira t-elle en regardant le plafond. Ses cheveux glissèrent sur son visage, et rien que cela l’agaçait. Comme être ici.  Personne n’avait dit non au vaccin qu’elle sache. Elle était aussi énervée qu’eux à moindre mesure sûrement, mais envoyer tout balancer ne servirait à rien. La française laissa tomber sa tête s’installer sur ses genoux, regardant dans le vide. Ça risquait d’être une longue … nuit, une longue journée, et elle savait qu’elle n’y arriverait pas au bout tout de suite.

« Si on avait su, on aurait dit non. Personne n'a refusé le vaccin que je sache. » reprit-elle en cherchant Maddie du regard. Essayer de trouver un coupable n'allait certainement pas arranger les choses. Et ce qui était certains, c'était que Madisson n'avait pas à s'asseoir sur le banc des accusés.

La voix d’Adam résonne à son tour, expliquant à Casey que ce n’est pas ma faute. Mais je n’ai pas de mal à remarquer une certaine rancœur dans sa voix. Lui aussi semble particulièrement remonté, comme si j’avais besoin de ça… Cela dit je n’ai pas vraiment le temps de m’en formaliser, ma grande sœur revient à la charge, les piques qu’elle me lance sont particulièrement insupportables à entendre. Mon aînée n’a jamais mâché ses mots et ce qu’elle me dit me touche de plein fouet, mon cœur se serre encore un peu plus… Mais je reste impassible, me contentant finalement d’afficher un sourire mauvais. « C’est bon ? T’as fini de me cracher ton venin à la figure ? Un léger silence s’installe. Je finis par reprendre sur le même ton sec « Ça tombe bien. Moi non plus, je ne veux plus te voir. »

Mais je la connais trop bien pour savoir qu’elle en restera là. Casey explose effectivement quelques secondes plus tard, se retournant vivement vers moi. Et c’est encore une pluie de reproches qui s’abat sur moi. Un flot de parole incendiaire qu’elle ne semble plus pouvoir contenir. Et si je comprends sa colère, il y a des mots que je n’accepte pas. Qu’importe ce que je dis, elle ne m’écoutera pas. « Parce que tu penses vraiment que je t’aurais caché la vérité si j’avais été au courant ? Tu crois que je vous aurais volontairement mis en danger toi et Esther ? Si c'est ce qe tu penses... Très bien. » C’est l’impression qu’elle me donne pourtant. Oublie-t-elle que moi aussi j’ai reçu ce vaccin, et que j’aurais pu m’en prendre à elles ?

« Mais vas-y, tant que je suis là. Défoule-toi ! Continue de me crier dessus. Tu ne sais faire que ça de toute façon, hurler. Comment tu veux que nous ayons un semblant de discussion si tu n’arrives même pas à garder ton calme ? Et après tu oses me traiter de morveuse ? Je n’arrive pas à contenir un rire nerveux. « Je crois que tu ne t’es pas bien regardé grande sœur. Niveau gaminerie t’es pas mieux ! » A côté de nous, May intervient, nous demandant de nous calmer. Je n’y prête pas attention. Ni même aux beuglements de Zelda qui s’en mêle aussi. Je poursuis, fronçant encore une fois les sourcils. « Tu sais quoi Casey. Si tu me détestes autant ? Eh bien c’est parfait, parce que ne compte plus sur moi pour t’aider avec Esther. Et pareil pour le bar. Trouve toi quelqu’un d’autre. Je me mords l’intérieur de la joue, parce que ça me tue de devoir lui dire ça, d’en arriver là. Mais je ne peux pas faire autrement…

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