« Mais qu'est-ce que tu racontes ?! »

Elle a effectivement mangé de la terrine mais elle n'a aucune raison de croire qu'elle risque de se transformer en monstre. Car c'est bien ce que la remarque d'Aodhan sur la mise en danger de Kassy suppose, non ? L'idée fait tout de même un bout de chemin dans les pensées de l'australienne. Jusqu'à ce que sa soeur décide d'ouvrir la porte et de livrer leur bastion aux assiégeants. « T'es sûre de toi, là ? » lui demande-t-elle. Mais il est déjà trop tard, le mal est fait. Zelda se glisse à son tour à l'extérieur et évite soigneusement le regard d'Ela. « On peut en discuter plus tard ? » demande-t-elle à l'israélienne, consciente que son comportement n'entre pas dans ses standards de bienséance. « Et Ao' a raison, non ? Y'a plus important pour le moment... » argumente-t-elle en désignant d'un mouvement de la tête les responsables du camp qui rejoignent les autres.

Les explications confirmes les soupçons. L'adolescente observe June puis Arizona et Laya avec gravité. Le plan exposé est un juste retour des choses. C'est cruel mais nécessaire. Et puis, surtout, c'est de la légitime défense. Elle observe les gens qui restent. Son regard s'attarde sur Kassy, Sean et les autres membres de l'Armée de June. En la créant, ils savaient qu'une telle chose pouvait arriver. « Ces skagits de merde ont voulu nous la mettre à l'envers ? » relève-t-elle en se baladant devant les membres du groupe. « Ils ont cru qu'ils pouvaient s'foutre de nous ? Qu'il y aurait pas d'conséquences ? » L'adolescente se sent attaquée personnellement. Il faut dire qu'elle en a mangé, de la terrine. « REMNANTS, QUEL EST VOTRE MÉTIER ?! » Elle espère qu'ils vont vu le film ! Kassy et elle l'ont visionné chez Casey quelques jours plus tôt. « AHOU ! AHOU ! AHOU ! » Ouais, ok, ça fait un flop et elle a l'air conne...

« Tu veux prouver à June c'que tu vaux, K ? » demande-t-elle ensuite à sa soeur. « Ben c'est le moment où jamais ! » Elle referme son bras valide autours du sien et l'attire avec elle vers Layla. Ce soir, les responsables peuvent faire le tri entre les faibles et les forts. Il n'appartient qu'à elle d'être dans le bon camp, d'imiter et de rendre fier Clay qui n'a pas hésité une seule seconde avant de se porter volontaire. « Layla ? On en est ! »

le p'tit résumé:

Spoiler:

Rejoignant l’école avec les dirigeants, Quinn les quitte néanmoins pour se mêler à la foule. Elle n’a fait que leur apporter les informations dont ils avaient besoin pour prendre leur décision et à l’instant où ils pénètrent dans la salle, elle redevient une citoyenne lambda. Louvoyant entre les survivants, elle cherche Maeve du regard et finit par la trouver, accompagnée d’Ivy. L’épidémiologiste rejoint les deux médecins et leur adresse un regard de remerciement. Sans leur sang-froid, elle n’aurait pas pu lancer les premières analyses – toujours en cours au complexe. En silence, elle écoute les différentes interventions successives, jetant à peine un regard à ceux qui quittent la salle lorsque l’occasion leur est offerte de le faire. Elle ne les juge pas, il faut un certain courage pour prendre part à la vengeance qu’ils s’apprêtent à mettre en marche. Sa participation est d’ores et déjà acquise, et elle le fait sans remords. Près d’un an auparavant, elle hésitait à livrer une guerre bactériologique à New Eden. Aujourd’hui, elle ne se questionne plus. Elle est devenue froide et mécanique, évacuant sans état d’âme les considérations morales. Les regrets viendront probablement plus tard, dans quelques années. Sur son lit de mort, elle jugera peut-être ses actions passées avec dureté. Mais pour l’heure, elle est déterminée à apporter sa contribution. Pour autant, elle ne se prononce pas. Pas à voix haute, de crainte d’attirer l’attention sur elle. Et elle juge plus sage de laisser ses concitoyens dans l’ignorance de l’origine du poison. Cette responsabilité, elle l’assumera seule.

Spoiler:

- Ce n’est pas un jeu, ni une situation à prendre à la légère, intervint subitement l’avocate.

Arizona et Layla avaient déjà clarifié la situation mais la rouquine voulait être bien sûre que personne – personne – ne s’engage sans savoir ce qui était attendu de lui. Ils ne pourraient se permettre d’avoir des démissionnaires en cours de route ou des cas de conscience au moment le plus crucial. Il ne s’agissait pas d’aller déloger un groupe de rôdeurs ou de neutraliser une poche de pillards qui voudraient s’introduire sur leur île. Il s’agissait d’une éradication, purement et simplement.

- Nous allons inviter les représentants de ce groupe, et autant de personnes qu’ils souhaitent, à se joindre à nous pour un repas, proposition qui serait acceptée, elle n’en doutait pas, car le chef des Skagit lui-même leur avait déjà proposé et June avait à l’époque décliné l’invitation, nous allons les inviter et nous allons les empoisonner. Tous.

Une fois encore, elle s’arrêta, fixant avec gravité tous les survivants rassemblés ici. Elle n’avait pas de regard pour ceux qui partaient, elle préférait les savoir loin plutôt que de les voir parasiter une opération délicate. Car ce serait délicat, quoiqu’on puisse en penser.

- Votre rôle sera de jouer les hôtes, jusqu'au moment fatidique, spécifia-t-elle succinctement - le détail du plan, ils l'élaboreraient plus tard - mais le résultat serait le même : tous seraient complices d'un assassinat sournois, cela va exiger beaucoup de sang-froid et de retenue. Et pendant que nous accueillerons nos convives ici, un détachement se rendra sur leur île pour finir le travail, précisa-t-elle froidement, sans état d’âme, il n’y a pas de place pour ceux d’entre vous qui sont trop sensibles ou qui remettent en doute le fait qu’il s’agisse de la seule bonne décision dont nous disposons, ce point, ils l'avaient tranché dans son bureau, c'était inévitable, alors je le redis, pour ceux-ci, vous pouvez sortir : personne ne vous jugera si vous le faites.

Spoiler:

La menace semble suffire à débusquer les deux jeunes filles sur lesquelles l’israélienne pose un regard dur et glacial. Elles polémiquent, essayent de trouver un terrain d’entente mais l’architecte ne répond rien, dardant sur elle ce regard froid et implacable. Mais l’agitation du retour de leurs dirigeants offre un sursis aux jeunes filles. Quand Zelda la regarda, lui demandant si elles pouvaient en parler plus tard, il y a une franche déception dans ses prunelles. Sa mâchoire est crispée, elle ne dit rien. Plus tard. Elle n’a pas besoin de parler pour lui faire comprendre qu’elle n’oublierait pas cette attitude, et Zelda disparait à la suite de Kassidy pour rejoindre l’assemblée.

Quand elle retourne dans la salle de classe, Ela est droite et digne. Mais pas de douceur dans ses prunelles, encore moins en entendant le discours de Phelbs. Rapidement, le tableau se dresse, et l’israélienne se pose en retrait pour réfléchir. Elle avise rapidement Kassidy et Zelda qui s’avancent vers Mademoiselle Jones pour participer au banquet. Alors Ela s’avance, toujours d’aussi mauvaise humeur. « Vous ne pourrez pas participer au banquet, pas avec ces langues trop pendues, l’enjeu est trop important. Mais je suis sûre que Madisson saura utiliser vos talents à bon escient. » Dit-elle, sans appel. Elle connaissait la mésentente entre les deux jeunes femmes, et cette fois-ci, Ela n’interviendrait pas en sa faveur.

Ela s’approcha ensuite de Layla, une détermination froide sur son visage. « Il vous faudra des personnes capables d’achever les empoisonnés, si leur mort prend trop de temps. » Parce qu’il fallait y penser aussi. Il y avait une différence entre attaquer un camp et tuer les ennemis dans la bataille, et regarder cet ennemi dans le blanc des yeux pour l’achever alors qu’il se trouve déjà à terre. « De plus, je m’y connais suffisamment en réception fastueuse pour détourner l’attention des convives sur ce qu’ils ont sous leurs yeux. » Dit-elle d’un ton presque plus léger. Le monde d’où elle venait ressemblait à celui de Layla, elles pouvaient se reconnaitre dans ce domaine.

Spoiler:

Il lui aura fallu un moment, mais le café chargé de Quinn aura fini par l’aider à redescendre. Quand il rejoint la salle de classe aux côtés de Phelbs, Maverick, Winslet et Jones, il a dégrisé et son air beaucoup trop détendu s’est effacé pour laisser place à un masque plus dur et plus froid. Il observait distraitement les personnes qui quittent les lieux avec une certaine indifférence. Ce qu’ils s’apprêtaient à faire nécessitait plus qu’un peu de courage. Le poison était une vengeance vicieuse mentalement difficile à assumer. Pour ceux qui restaient, il voyait bien que la situation restait encore floue pour certains, June insistait pour que personne ne prenne ce plan à la légère, cela les affecterait tous, individuellement. Aussi se permit-il de s’avancer, pour parler un peu plus de ce poison.

« Outre l’esprit de vengeance, ceux qui participeront au banquet assisteront à la réalité de ce poison. Il ne s’agit pas ici de prendre les armes et de marcher sur leur camp, il s’agit ici de s’assoir à côté de chacun d’entre eux et… d’attendre. » Dit-il, sombrement. « Le poison ne fera effet qu’après une vingtaine de minutes, au minimum. Et pendant tout ce temps-là, il faudra continuer à faire semblant. Ensuite, les premiers symptômes apparaitront. La mort par empoisonnement n’est pas immédiate, ils lutteront. Leurs bouches vont s’assécher, leur corps sera parcouru de longs tremblements jusqu’à en être paralysé pour certains, leur rythme cardiaque s’accélèrera, ensuite viendront les convulsions et une salivation accrue. Ce sera lent, et difficile à regarder. Sans compter qu’il nous faudra très certainement abattre ceux qui résisteront le plus longtemps. Ce n’est pas tout à fait la même chose que de se battre à armes égales… Ils n’auront aucune chance. » Il se tait, un instant, leur laissant à tous le temps de s’imaginer la scène. « Assister à une mort par empoisonnement et s’en rendre complice n’est pas donné à tout le monde. Il nous faut des personnes capables de sang-froid, capables de donner le change pendant toute la durée du repas. Vous n’êtes pas obligé d’y participer si votre conscience vous y interdit, et les conséquences seront lourdes à porter quelles qu’elles soient. Alors réfléchissez-y bien, avant de vous porter volontaire. » Il ne parlait pas de façon accusatrice, il plaçait les faits en avant, pour que tous prennent conscience de ce qu’ils comptaient faire. Ce ne serait pas facile à porter, même lui en porterait le fardeau, personne n’était invincible.

Spoiler:

Spoiler: