« Vous savez ce que c'est un chalumeau ? »

Zelda leur accorde un généreux instant de réflexion. Mais personne ne lui répond. « Non ? Vous voyez vraiment pas ? » Ces skagits n'ont pas vraiment l'air de chercher la réponse, à vrai dire. Ils ont l'air... fatigué. Le poison commence déjà à faire effet ? « Un dromaludaire à deux bosses ! » L'adolescente plisse les yeux quand elle se rend compte que sa blague n'a pas eu l'effet escompté. Bon, il y a bien eu un rire. Mais il avait surtout l'air nerveux...

Et voilà ces enfoirés qui prétextent un désir de se dégourdir les jambes. Ils se lèvent presque à l'unisson, fuyant la table comme si on venait de leur annoncer qu'on avait découvert de l'or dans le Yukon. « Vous vous êtes pas dégourdis les jambes en venant jusqu'ici ? » Ca sonne comme une mauvaise excuse, ça. Alors oui, elle comptait les ennuyer pour les forcer à manger. Un peu comme les filles des films qui viennent de se faire larguer et qui se réfugient dans la crème glacée. « Attendez, j'vous accompagne ! » Déjà parce qu'elle n'est pas bien sûre qu'ils aient le droit de quitter la table et ensuite, parce qu'elle compte bien les forcer à manger davantage de trucs empoisonnés.

L'australienne promène ses yeux sur June, Ela et Clay. Ils ont l'air bien occupés. Mais elle capte le regard de Kassidy. Elles échangent un sourire et Zelda lui fait un petit signe de la main pour l'inviter à la rejoindre. « Ca va ? » s'inquiète-t-elle. Est-ce qu'elle tient le coup ? C'est malheureusement un peu tard pour faire marche arrière, maintenant. « On les suit ? » propose-t-elle en désignant d'un mouvement de la tête les fuyards. « Dis ! Tu la connais, toi, la blague du chalumeau ? » Il lui semble que c'est Dean qui l'avait racontée à l'une des soirées de leur cercle d'amis. « On est d'accord qu'elle est quand même cool, non ? » Il vaut mieux obtenir l'avis de son amie avant d'aller la faire à June...

le p'tit résumé:

Ah, bah forcément… Fallait bien que ça m’arrive à mon tour, non ? Après tout, les Skagits étaient nombreux ce soir, peut-être pas autant que nous, mais suffisamment pour être un peu partout et nulle part à la fois. Alors forcément, quand j’ai senti le banc bouger sous el poids des deux balourds, puis le début d’une voix rauque imbibée d’alcool, j’ai compris tout de suite… C’était mon tour.

Lorsque les types se pointent, je fais mine de douiller – enfin plus ou moins, je ne m’attendais pas à ces mouvements de banc et m’y adapter via mes muscles posturaux, m’aura quand même fait une petite douleur bien comme il faut. J’acquiesce simplement lorsqu’il parle de service, de protéger, et lorsqu’il montre ses plaques militaires. « Ouais… Faut c’qui faut hein »

Je joue mon air cow-boy blessé dans ses chaires et dans sa fierté, et ça semble marcher. Par contre, l’autre type, parle de l’installation du camp, de notre solidité, et des… Meufs… Je regarde le type qui parle des femmes, et j’essaie de trouver où – ou plutôt qui – il regarde. Puis, je regarde Lisa, qui doit être en panique – ou au moins en grande angoisse la connaissant. J’allais répondre, à propos du camp, et aussi sans doute d’anecdotes militaires, lorsque le vieux McMan se met à choper un Skagit par le col, pour protéger sa fille. J’imagine Lisa prise à partie par un Skagit un peu trop baladeur et ça m’énerve intérieurement… J’sais pas pourquoi j’me met à imaginer ça putain… M’enfin.

- Eh les gars, on est pas là pour s’battre hein… Vous voulez pas dire à vot’ copain d’ce calmer et d’laisser la donzelle tranquille ? Histoire qu’on puisse parler tranquill’ment ? Entre militaire ? J’vous ramènerais d’la liqueur d’prune. Celle qui l’a prépare, c’la plus belle femme qu’j’ai jamais vu, et vous verrez, ça s’sent dans sa liqueur qu’elle est magnifique c’te meuf.

J’espérais que faire vibrer la corde de la paix, de l’entraide militaire, de la fraternité… Et d’une liqueur préparée par une femme magnifique, puisse les motiver à cesser cet esclandre avant que ça parte en couille.

Résumé:

Y a une plutôt bonne ambiance. Ça discute de l’amabilité des Remnants, ça blague sur le succulent buffet qui leur a été préparé… et ça se goinfre. De tout et de rien. Ça saute vivement sur les plats empoisonnés et ceux qui ne le sont pas sans vraiment se douter qu’en fin de soirée, le sort final que leurs hôtes leur ont réservé s’abattra sur eux et créera certainement un drame sans précédent. Elle y pense, Kassidy, entre deux gorgées de cette bière qu’elle trouve pourtant à peine buvable (faut dire, elle n’est pas amatrice)… Ça la hante, même, de les imaginer tous s’écrouler, la tête la première dans leurs assiettes. Elle sait pas comment ça va se passer, mais elle a déjà peur de ce à quoi elle va assister, au point de déjà en être terrifiée.

Elle boit, répondant aux questions des Skagits qui se montrent sympathiques, bienveillants. Elle leur pose des questions sur leur mode de vie, sur le fonctionnement de leur groupe qu’elle ne connait pas assez, et elle en apprend encore davantage sur ces gens qu’elle souhaite sauver. « Prenez un peu de poisson grillé… » « Et le jus de pomme, vous l’avez goûté ? » qu’elle les pousse à goûter, sans grand succès.

Dégoûtée, déprimée… Elle observe Clay, se demande s’il va réellement prendre part à ce qui est en train de préparer, elle qui a tenu à y être pour lui prouver qu’elle n’est plus cette petite fille craintive qu’il a sauvé cinq ans plus tôt mais plutôt une jeune femme en devenir. Un soupir. Son regard finit par croiser celui de Zelda qui lui inspire un sourire. Elle se redresse, s’excuse de devoir quitter ses convives et quitte la table avec son verre de bière fraichement rempli à la main. « Ouais, ouais… ça va super. » Elle est pas naïve, Zelda. Elle sait bien que non. « Ils sont cools, les Skagitses. » Skagits, skagitses… c’est un nom chelou, de toute façon. Tournant la tête pour adresser un dernier regard à son père, elle suit sa meilleure amie sur la trace de ces mecs qu’elle imagine déjà Zelda avoir bien saoulés… « Franchement, Zelda… y a mieux. » Ça l’empêche pas de glousser en repensant à la chute de cette blague que Dean lui a déjà raconté tant de fois. « Tu sais c’que c’est, toi, un cochon qui rit… ? » qu’elle lui demande avec le sourire. « Un porc tout gai. » Dean, Dean, toujours Dean. Un futur comique à ne pas en douter. Elles suivent ces inconnus sans même que Kassidy n’en sache la raison… « C’est une autre mission de June, c’est ça ? » Toujours.

Spoiler:

J'peux vous aider ? J'ai à peine laisser Ela derrière et pas avec de la ciguë que d'autres arrives.

La demande est relativement claire, ils veulent boire et surtout, ne rien à voir à faire avec Zelda encore une fois. C'est pas qu'elle est méchante mais apparemment, elle parle beaucoup trop pour une seule personne. Moi j'pense qu'il y a d'ailleurs plusieurs personnes qui vivent en elle et qui parlent quotidiennement, ça me semblerait bien plus logique !

Vous êtes pas suffisamment saoulés avec ce qu'elle vous a déjà dit ? que je plaisante finalement plus pour la forme qu'autre chose : On a plus fort oui, on fait nous même notre liqueur de prunes, vous voulez la goûter ? J'esquisse un sourire : Elle a macéré tellement longtemps que c'est comme un passage chez le dentiste, vous serez désinfectés de A à Z, c'est sûr !

Je sais pas s'ils ont vu un dentiste récemment mais normalement c'est le genre de comparaison qui parle à tout le monde. On a tous vécu cette position relou avec la sensation de la fraise sur une molaire pour déloger une carie :

Sinon, on a qu'a tenter des mélanges ! Ouais c'est probablement le bon moment pour ça. Bon après, j'assure pas la réussite mais ça peut qu'être marrant...

Spoiler: