Clayton est partant, même encouragé par sa bourgeoise, youpi ! Bon par contre, il se dirige vers moi – c’est-à-dire pas au bon endroit pour se désaper. Enfin… si, mais pas pour le strip poker. Je veux dire… bref. J’admets que j’en suis pas à ma première bière et que même mes pensées s’emmêlent un peu. Alors que le routier arrive à ma hauteur, je me lève mon assiette dans la main – faut pas déconner – et je passe mon bras libre sous le sien.

- Viens, j’te guide, lui glissé-je avec un clin d’œil amusé - et un chouilla mutin.

J’avoue qu’à ce moment, je ne pense pas à Misha qui doit rester assise, sobre, avec une machine à chouiner dans les bras, pendant que son – beau – mec se fait hameçonner par… moi. Décomplexée, je garde la posture complice avec mon aînée. D’un coup d’œil en arrière, je vois que la petite nouvelle s’est resservie et rassise toute celle. Quelle tristesse… elle a l’air au bord du suicide quand tout le monde s’amuse.

- Youhou, Mal, amène-toi aussi ! Tu vas voir : y’a pas qu’la bouffe qui fait plaisir aux yeux ici, et puisque je passe à proximité de Logan, je mets un petit coup de cul dans son dos pour attirer son attention à lui aussi, yo soldat, faites pas l’timide : attrapez votre assiette et rendez-vous au strip poker !

Non, je ne me tape pas du tout l’incruste dans leur jeu.

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Pour quelqu’un qui va finir à poil plus vite que les autres, tu chantonnes beaucoup, constata Levi à l’adresse de Graham, après avoir posé ses nouvelles cartes dévoilées.

Graham esquissa une brève grimace avant d’éclater de rire. Se levant, il défit la boucle de son pantalon pour le faire glisser sur ses jambes. Et voilà que l’attroupement se faisait autour d’eux et que certains voulaient se joindre à eux. Ça n’était pas pour déplaire au groupe initial, d’autant plus à Levi qui resservait d’une bonne rasade les verres de tout le monde.

Il va falloir une nouvelle bouteille, assura-t-il fermement en esquissant un sourire. Et se tournant vers Sean, alors que Clayton les rejoignait, il eut un bref sourire complice : On aura bientôt la réponse, fit-il à l’adolescent.
On agrandit la table, et ceux qui nous rejoignent doivent finir trois verres cul sec pour nous rattraper, sinon c’est pas du jeu ! assura Graham en s’éclipsant pour aller rechercher à boire.

Une nouvelle esclandre et quelques insultes venant de la barmaid derrière le comptoir, le militaire revint l’instant d’après avec trois bouteilles – dont une dérobée à la volée.

C’est du sérieux ici, fit-il en resservant au passage Nathan. A trois, cul sec !

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Allez où ? Que je demande par-dessus leur épaule en fronçant les sourcils.

J’ai réussi à chasser Graham en lui balançant à moitié une bouteille dans la tronche, c’est pas pour que les autres s’éclipsent et que je sois la seule à supporter les blaireaux sans me bourrer la gueule hein. Non mais sans rire, c’est quoi ces histoires ?

J’t’ai trouvé un vin d’Autriche, tu finis la bouteille ou je te la fais finir, on entend le poc caractéristique du bouchon en liège qui saute alors que je lui pose la bouteille devant les yeux. On verra si tu vas réussir à lever autre chose que ton coude après ça, et j’ai un grand sourire.

De défi. J’ai à peine eu le temps d’avaler ce que Stanley m’a amené. Là, c’est ma pause, j’en ai pour quoi ? quelques longues minutes desquelles je dois profiter. Ça veut dire me rouler un bon joint avant de retourner à la guerre, un peu plus détendue.

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Elle accorde un regard à June, ainsi qu’un léger sourire. C’est vrai, il n’y avait peut-être plus qu’elle à cette table – dans cette communauté – à avoir goûté à une vie, disons, peu commune. Tu lui avais donné une vie que bon nombres auraient enviée – et critiquée aussi. Et il fallait dire qu’elle ne mesurait sa chance que depuis que tout s’était effondré autour d’elle ; la civilisation telle qu’elle l’avait connu, le faste dans lequel elle vivait autrefois, une vie parfaite, parfaitement lisse. Sans doute un peu terne sous bien des aspects. Mais elle ne le voyait pas à l’époque. Aujourd’hui, devant cette chance d’être encore en vie, elle pouvait voir les éclats du vernis de son ancienne vie. Seul son amour pour toi restait inébranlable. Mais la vie que vous meniez autrefois ? Son souvenir se fendillait peu à peu.

Madisson à leurs côtés s’expriment à son tour, jusqu’à ce que l’israélienne rajoute, avec mélancolie. « Quand j’étais enceinte, je ne jurai que par le Grec de cette rue commerçante… Aucun quatre étoiles n’auraient pu rivaliser avec ça… Peu importe ce que c’était d’ailleurs. » C’en était presqu’un souvenir amusant. S’il n’y avait pas la douleur de sa fausse-couche, quelques mois après. Ici-même, d’ailleurs.

Savourant son met avec une grâce d’un autre temps, elle promena son regard jusqu’à tomber sur Amsalem qui ôtait son t-shirt. Strip poker. Mmh. Le regard de l’israélienne se ferma tandis qu’elle observe l’agitation qui se déploie soudainement autour de cette table plus au fond. Elle était un brin gênée, cela dit. « Il semblerait que certains aient trouvé une autre façon d’égayer la soirée… Madisson… » Dit-elle, en dardant un regard bienveillant à la jeune femme, en l’invitant à regarder par elle-même son compagnon faire tomber le t-shirt également. Ela n’était pas friande de ce genre de soirée – est-ce qu’on l’avait réellement vu un jour, s’amuser ? Mais elle ne se permis aucun commentaire, encore moins quand ce fut au tour de Graham de baisser son pantalon devant tout le monde. L’architecte se contenta simplement de détourner la tête, en s’intéressant à la salade de pomme de terre garnissant son assiette.  

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