L'interlude aura été de courte durée. Les bonnes choses ne semblaient décidément pas faîtes pour durer ici, et la doc voyait de façon un peu trop pessimiste le même schéma se répéter. À présent coincés tous ensembles dans l'une des salles de classe, elle laisse Madisson informer la communauté des problèmes détectés, son regard glissant sur les différents protagonistes. Outre le vent de panique susceptible de souffler sous peu et des diverses protestations, elles devraient faire avec ceux ayant trop bus et des adolescents pas toujours très fins. Maddie opte pour une voie diplomatique qui n'est pas pour déplaire à la chirurgienne, omettant volontairement les détails sordides de l'affaire qui les occupe.
En aparté, la canadienne envoie Lucy, l'infirmière qui l'assiste au dispensaire chercher les kits de prélèvements. Pourquoi faut-il que toutes ses soirées au sein de la communauté terminent toujours de cette façon ? Au moins cette fois-ci ne vomit-elle pas ses tripes et ne risque pas la perte de conscience...

Surprise de ne pas encaisser plus de protestations que cela, elle voit ses compères jouer le jeu et la liste s'allonge peu à peu alors qu'elle adresse un léger mouvement de tête à Madisson. Tentant de faire abstraction des quelques personnes à moitié nue qui défilent sous ses yeux, elle s'apprête à prendre la parole pour expliquer le déroulement des choses quand une voix balance un peu trop haut la combinaison de mots qu'elle aurait préféré ne pas entendre. Viande humaine. Peu à peu l'ambiance déjà pesante se charge un peu plus et elle sent l'inquiétude et l'interrogation prendre le pas sur le reste. Les adolescents... quand ce n'était pas l'un c'était forcément l'autre...
Lançant un regard mélangeant colère et lassitude à Maddie, elle tente de mettre de côté ses sentiments personnels pour enfiler à nouveau le masque de médecin qui la protège si bien. Ou l'expose un peu pour sa propre santé mentale, comme présentement.

« S'il vous plaît ! Tant qu'on ne sait pas exactement de quoi il retourne inutile de se laisser aller à des hypothèses. Comme l'a dit Maddison des tests sont conduits au complexe à l'instant où je vous parle et plus vous coopérez rapidement plus nous aurons des réponses précises à vous fournir. » Elle aurait préféré leur mentir et elle n'en avait même pas honte. « Je vais demander aux personnes ayant consommé de la viande de se présenter à moi et Lucy pour effectuer une prise de sang. Ce n'est qu'une précaution. Nous sommes une communauté fermée et la dernière chose que nous souhaitons est qu'une épidémie nous touche, aussi banale puisse-t-elle être qu'une simple salmonellose. Encore une fois, tant que nous ne sommes certains de rien, il ne sert à rien de se perdre en des conjectures dramatiques. » L'infirmière revient justement avec les kits demandés et Maeve la remercie. « De même qu'il est inutile de vous faire vomir volontairement sous peine de fausser et de compliquer notre travail ici ce soir. » Et elle pose un regard lourd de sens sur Adrienne. « Toute personne ayant une formation dans le médical est la bienvenue pour nous aider dans les tests sanguins. » Et tout ce qu'elle pouvait espérer, c'était un minimum de bon sens de la part des habitants du camp. Juste ça. Et c'était sans doute déjà trop.

Spoiler:

La soirée aurait réellement pu être agréable, si seulement un évènement incongru, indésirable, que dis-je… Un évènement qui fait bien chier, ne serait arrivé pour anéantir cette soirée de festivité. Franchement, ça fait chier. Ça fait vraiment chier putain !

J’agrippe mon t-shirt, alors que Lisa prend ma main pour m’emmener là où tout le monde va : vers l’école. Je la suis, me rendant compte de son état d’anxiété, alors que sa poigne se fait plus forte, et son regard, de plus en plus poignant. On s’installe. J’ai beau être fort, j’ai encore des côtes pas tout à fait consolidées, alors je prends une chaise, que personne ne me refuse – l’avantage d’avoir été torse nu et de montrer mes bandages. J’aurais bien pris un verre, mais je n’ai pas pensé à choper une bouteille de whisky… ça aussi, ça fait chier !

Et là, c’est encore le bordel. Un souci sanitaire nous dit-on, avec la viande. Quiconque aurait manger de la viande, serait potentiellement impliqué. J’en ai bouffé moi, de la viande ! Putain ! Eh, s’il y a un bon dieu : tu fais vraiment chier, tu veux pas taper sur quelqu’un d’autre hein ? Bordel !

Lisa me demande si j’ai manger de la viande… Je n’ose lui répondre, de peur de la voir paniquer pour de vrai cette fois. Je prétexte une envie de boire, pour me rendre dans les chiottes… Et me faire vomir. J’ai déjà subi plusieurs intoxications alimentaires collectives, surtout en Irak, où la bouffe était vraiment merdique. Plus on garde c’te toxine en nous, plus elle est assimilée par l’organisme, plus on sera malade ! C’est simple ! C’est logique.

Mais qu’est-ce que c’est douloureux. Mes côtes me font véritablement souffrir le martyr, alors que chaque mouvement nauséeux provoque une remonter de mon diaphragme et une contraction de mes muscles intercostaux… Et ça, ça fait mal. Mais j’arrive à vomir ce que j’ai ingéré. Elle était bonne pourtant cette salade de pommes-de-terre.

Un coup d’eau, un petit lavage buccal, et on retourne dans la salle de cours, en feintant un sourire à Lisa qui, visiblement, ne s’arrête pas de paniquer. J’apprends que des tests sont menés pour trouver qui que quoi dont où. Ouais. On aura le temps de crever, surtout si les laborantins sont aussi saouls que Jill…

Résumé:

Spoiler:

Ohlala…

Je dois reconnaître que ce rassemblement dans l’école m’angoisse. La dernière fois qu’on s’est retrouvés comme ça, à la nuit tombée, c’était au printemps dernier, pendant l’épisode des crises de violence. Grelottante, blême, je fends la foule pour me trouver une fenêtre et l’ouvre pour pouvoir continuer à respirer l’air extérieur. Frais, à peine revigorant. Autour de moi, tout est un brouhaha inintelligible. Ce qui me ramène un peu au présent, c’est la fenêtre voisine qui s’ouvre et la femme qui s’y penche pour… vomir ?

- Qu’est-ce que… est-ce que ça va mad-

Je suis interrompue par Oswald qui se précipite vers moi pour savoir si je n’ai « rien mangé de bizarre ». Je ne comprends pas… j’étais ailleurs, je n’ai pas percuté les explications de Madisson. Un frisson me traverse des pieds à la tête, mon cœur bat lourdement mais devant la panique de mon aîné, je me dois de rester forte.

- Ça va aller Oswald. Quoi qu’il se passe, je suis sûre que nos responsables vont trouver une solution.

Je leur fais confiance pour ça – une confiance aveugle même. Une vois attire alors mon attention, celle de Maeve qui s’exprime sur la marche à suivre. Il y a donc un souci avec la viande… je me demande si ne peux pas me rendre utile aussi. Si je n’ai pas les compétences pour faire des prélèvements, je peux peut-être tenir le listing, rassurer les gens, fluidifier la queue… n’importe quoi. Au moins, savoir que ça n’a pas encore à voir avec le vaccin me rassure un peu. Je ne risque pas de me jeter à la gorge de quelqu’un…

- Oh, dis-moi Oswald, tu as vu Mallowe ? Une nouvelle, assez chétive, j’ai peur que la foule ne l’effraie…

Spoiler:

L'annonce de Madisson laisse la slave silencieuse, bras croisés sous sa poitrine, elle observe les réactions ici et là. Y en a qui sont sans t-shirts, d'autre encore bourrés, d'autre qui se font vomir plus ou moins discrètement et d'autre encore qui commencent à pâlir en quelques secondes, chouette.

L'information saute comme un pou d'une tête à une autre et ne tarde pas à retomber aux oreilles attentives de la russe. Quelques bouchées de viande humaine ? Ah ! C'est ça qui les affole à ce point ? Ça peut se comprendre. La russe n'a mangé que du poisson, ça aide à prendre de la distance et surtout à se sentir aucunement concernée, ça aide aussi pour juger facilement les habitants de Fort Ward, ces privilégiés protégés depuis le début de l'apocalypse derrière leurs grandes barricades. "Hum... J'crrois que leurr monde s'effondrrre là..." Souffle t-elle tout bas à Maeve, facile à dire quand on a pas mangé de viande, remarque ! Mais quand on y pense sérieusement, combien de vagabonds ont déjà eu à faire face à ce scénario ? Plusieurs, les psychopathes accro de viande ne manquent pas dans les rues de Seattle, il y en a pour tous les goûts, surtout quand on a pas d'autre choix. C'est ça aussi la survie en extérieur, faire avec les moyens du bord, ce que finalement peu des Remnants ont eu à faire depuis que les morts se réveillent. Roza a de quoi s'estimer chanceuse pour ce coup-là. "M'du coup, si on a pas bouffé d'viande, on peut s'tirrrer ?" Elle regarde tour à tour Lucy, Madisson et Maeve, dans l'espoir d'obtenir une réponse rapide. Ouais, c'est pas l'idéal pour elle ce type de rassemblement en espace clos, ça craint même.

Spoiler:

Ah oui ça rigole pas… problème avec la viande, au point de devoir faire des tests au labo sur la bouffe et à lancer une série de prise de sang. Ça déconne pas et disons que ça me dégrise un peu. Je ne pense pas que les leads soient du genre à tirer une telle sonnette d’alarme pour rien, alors même avec une quantité raisonnable d’alcool diluée dans le sang, je prends ça très au sérieux.

J’ai bien entendu là ? La voix de gamine qui vient de gueuler « de la viande humaine », ça a un rapport avec ça ? Je me lève de ma table – et je tangue même pas – pour jeter un œil sur la foule compacte. Je crois que Mal s’est dirigée vers moi un moment, puis a changé de cap. Les messes basses vont de bon train, le volume sonore ne cesse d’augmenter et Maeve, qui prend la relève après la blondinette, peine à se faire entendre.

Oubliée la fête, je me dirige sagement vers les tests sanguins non sans essayer de focaliser mon attention. J’ai encore cette sensation d’avoir la tête dans une bulle de savon mais au-delà de ça… je crois que l’instinct de flic prend le dessus. En situation de crise, je suis censée rester calme pour gérer ceux qui ne le sont pas. Alors quand vient mon tour, j’en profite pour m’adresser à voix basse à Madisson :

- Si t’as besoin d’aide, dis-moi.

Pour gérer la foule, appeler au calme, ce genre de chose. De toute façon, je veillerai. La petite n’a pas l’air dans son élément, mais je suis une académique bête et méchante : ici, l’assistante du chef représente le chef. C’est donc à elle que j’ai des comptes à rendre. Je m’assois ensuite devant Lucy et lui tend au bras, au moment où Roza demande à prendre congés. Je ne dis rien mais je n’en pense pas moins.

Spoiler:

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