La proposition de Layla résonnait plutôt bien dans son esprit. S’ils voulaient être certains que les Skagit consomment massivement leurs denrées empoisonnées, mieux valait les avoir à l’œil, sur leur territoire, que l’inverse. Par ailleurs, l’opération militaire pourrait alors se faire avec des risques et des coups réduits. Fort Ward avaient de très bons éléments, la rouquine ne doutait pas qu’Arizona et Stanley sauraient rassembler les meilleurs des meilleurs, pour ne rien laisser au hasard.

- Au-delà de répartir la culpabilité, l’appât ne sera que plus crédibles s’il est mené avec des personnes ordinaires, rebondit June suite à la suggestion de la britannique de faire « participer le peuple » et à l’avis du jeune soldat.

Par « personnes ordinaires », elle entendait bien sûr tous les survivants moins rompus que certains aux missions hostiles ou périlleuses. Ils étaient nombreux sur le camp et de fait, ils attireraient moins la suspicion. Quant à l’inquiétude de Stanley, ça n’en était pas vraiment une la concernant :

- Les réfractaires ne seront pas obligés de participer. On ne forcera personne à contribuer à un meurtre de masse, non pas par sens moral ou par empathie, mais parce que les gens contraints seraient moins efficaces et plus sujets à faire tomber leur plan à l’eau, mais notre manière de gérer les conflits n’a jamais été secrète, il n’y a pas lieu de se cacher, après tout, ils n’en seraient pas à leur première éradication et certains, parmi les plus discrets des habitants, y avaient participé, il faudra simplement s’assurer de ne sélectionner que des volontaires conscients de ce dans quoi ils s’engagent. Et les autres devront se tenir à l’écart le temps que ce soit fait.

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La scientifique reste silencieuse, écoutant attentivement la conversation. Elle n’a aucun pouvoir ici, malgré la confiance que lui accorde Friedrich. Elle n’est que sa subalterne et lui-même est sous les ordres directs de June. Elle ne reste – n’est même tolérée – que parce que le responsable en place est trop embrumé pour assumer son rôle. Visage sérieux et froid, Quinn hoche la tête lorsque la rousse lui enjoint de questionner une certaine Briana Rhodes. Elle reste silencieuse face aux nombreuses propositions qui fusent, laisse Friedrich répondre aux questions. Froidement, elle se dit que l’empoisonnement d’une partie de la communauté skagit constituerait un galop d’essai intéressant, avant de s’attaquer à New Eden.

Les aspects militaires de la vengeance que les décisionnaires sont en train de planifier ne la regardent pas et elle n’intervient pas, jusqu’à la question d’Arizona. « Ça serait possible, mais cela induit de leur imposer une place à table, ce qui pourrait être suspect. » Les empêcher de se placer librement trahirait presque immédiatement leurs intentions, et ils ne peuvent pas risquer d'empoisonner ceux d'entre eux qui participerait au banquet. « Il faudra utiliser des doses conséquentes, pour s’assurer que le poison fait effet rapidement. Dans le cas contraire, ils auront le temps de comprendre et d’essayer de s’enfuir. Il faudra alors les achever par balle et nous auront triplement gâché nos ressources. » Un calcul qu’elle ne doit pas être la seule à faire, bien sûr.

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