Putain de clébard. Ça, c’était pas prévu. Je guette un moment mais visiblement… il ne s’approche pas. Je suppose que quelqu’en soit la raison, il n’est pas libre de nous rejoindre. Par contre, ça pue parce que ce truc à l’air d’être un molosse. Je vais attaquer une seconde planche quand un sifflement nous arrête : c’est Levi et avec Jason… ils nous ouvrent de l’intérieur. Oui, c’est pas con.

C’est regroupé qu’on se glisse entre les arbres, à l’abri de la nuit noire qui nous a couvert jusque-là. Le chien n’arrête pas d’aboyer et il faudrait être débile pour l’ignorer – dans un camp comme dans l’autre. L’ingénieur s’adresse à son partenaire du jour avec sa question, mais je ne peux m’empêcher de grincer entre mes dents :

- T’as déjà vu un chien de garde à l’œuvre ?

Une façon de dire que bien sûr, il va être un putain de problème ; en tout cas, s’ils ont le temps de le lâcher. Et comme les bonnes nouvelles n’arrivent jamais seules, on peut désormais entendre qu’ils en ont deux. Au moins deux. Nos équipes improvisées se séparent et alors qu’on atteint la lisière du bois, où vois le monstre qui trahit notre position. Cette bête me fait presque plus peur que tous les autres Skagit réunis. Les maîtres, bien sûr, fusils en main. J’attends les ordres pour savoir quoi faire.

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Ils s'étaient séparés. Levi et Jason étaient partis s'occuper d'un mirador plus loin, quand le reste de l'équipe continua sa progression. Rapidement ils devinèrent derrière leurs lunettes la silhouette d'une maison, d'où les aboiements provenaient.
Et l'engin qui les émettait était impressionnant ! Un molosse de couleur clair comme Stanley n'en avait jamais croisé. Il se surprit à espérer que la chaîne ne cède pas inopinément.

- Faut l'faire taire, souffla-t-il à ses compagnons, sans rien leur apprendre. Juste avant que deux gaillards armés ne sortent du pavillon.

Le militaire cessa immédiatement de respirer, évaluant comment les attaquer au mieux. A cette distance et vues leurs carabines, l'arme à feu semblait la plus appropriée. Mais c'était avant que les deux types ne décident de s'avancer dans leur direction pour y voir plus clair. Les lampes torches s'allumèrent pour scruter la forêt.

- Planquez-vous, murmura-t-il dans la foulée à ses voisins les plus proches, en se calant lui même derrière un bosquet plus touffu.

Le chien continuait son raffut. Le militaire attira l'attention de Roza d'un mouvement de la main : elle comprit. Il dégaina alors de nouveau son couteau de combat et se concentra sur sa respiration. Attentif aussi au bruit des pas des deux hommes qui s'approchaient. Le faisceau de leurs lampes s'intensifia autour d'eux, allongeant les ombres de la végétation. Plus que quelques mètres...

Soudain, Stanley jaillit de sa planque pour fondre sur l'un des gars. Parfaitement coordonné avec la russe. En une fraction de seconde, sa lame vint se loger dans la carotide du pauvre homme qui émit tout au plus un vague bruit rauque. Il accompagna son corps jusqu'au sol, alors que des derniers spasmes le secouaient juste avant que la vie ne s'échappe tout à fait.

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Récupérant le fumigène, la slave en profite pour rendre un signe de tête à la militaire en guise de remerciement. L'objet, plus qu'utile, lui a déjà sauvé la vie par le passé pendant qu'elle fuyait avec les siens lors de l'attaque des Remnants contre le camp d'Emeral Freedom. Ironiquement, aujourd'hui, c'est bien un ses anciens ennemis qui lui offre ce petit Graal, la donne a bien changé... La grenade est rangée à sa ceinture et le groupe se séparent enfin. Pour sa part, elle suit le groupe de Stanley et se rend vers les palissades une fois la voie dégagée par leurs tireurs d'exception.

Pendant que la doc' de l'équipe s'occupe de chercher une faille, la tatouée en profite pour enfiler ses lunettes de vision nocturne et patiente sagement. Changement de plan après les aboiements , Stanley redirige la troupe vers l'entrée principale et tous se faufilent à l'intérieur en silence, progressant alors silencieusement dans les bois.

Deux premiers lurons se présentent, la slave reste attentive aux ordres du militaire et patiente à nouveau. Une fois les deux à proximité, couteau dégainé, elle se lance à la charge en harmonie avec son ami mais le mauvais sort la frappe. Contrairement à Stanley, elle a plus de mal avec le sien qui lui assène un coup de crosse dans la tempe pour l'amener au sol. Le canon se dresse sous son nez quand une ombre massive repousse le tireur et la balle tout juste tirée finit sa route dans une racine épaisse à quelques centimètres de son visage.

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Les consignes sont claires : je me planque moi aussi, à l’ombre d’un arbre à peine plus large que moi, et attend. Rester calme, concentrée. Je tire précautionneusement ma lame de son étui et attend, la respiration la plus tranquille possible. De là où je suis, je ne peux voir que Sean et Ivy. Il s’agit là de leur baptême du feu et fatalement, ils sont plus tendus que tous les autres. De l’index, je leur fais signe de rester silencieux et de ne pas bouger. En parallèle, les torches enflamment le bois, balaient les buissons, sous le rythme des aboiements du molosse. Mon cœur bat si fort que j’ai la sensation qu’il résonne sur la plaque de mon gilet. Soudain, l’assaut commence. Je l’entends aux bruissements significatifs : buissons froissés, grognements étouffés, coups échangés. Je risque un œil hors de ma planque et voit que Roza est en sale posture…

Putain. Mon sang se gèle et je réagis au quart de tour. Je bondis, enjambe la distance qui me sépare du Skagit et lui rentre dedans de tout mon poids. La déflagration a le temps de résonner, m’assourdis, mais impossible d’évaluer les dégâts. On roule dans l’herbe haute, l’un contre l’autre, à en perdre la notion terre/ciel. Mon adversaire me repousse du pied et redresse vivement son canon. Je l’intercepte avant que mon visage ne soit dans la ligne de mire, résiste, mais il a plus de force. Changement de stratégie, je donne une impulsion qui lui envoie sa propre crosse dans le nez. Il est surpris, sonné, alors je recommence, si violemment que je lui ai probablement éclaté les dents de devant au passage.

Il tombe en arrière, étourdi. Je n’attends pas pour profiter de l’ouverture et le planter en pleine poitrine d’abord, d’un coup sec, féroce. Je tourne brusquement l'acier dans la plaie, puis l'arrache sans douceur. Mécanique, les yeux dilatés par l'adrénaline, j'attrape ma victime à l’agonie par les cheveux pour soulever sa tête et lui enfonce profondément ma lame ensanglantée sous la mâchoire, jusqu’au cerveau. Lorsque je le relâche… il est déjà mort.

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