Dans ma situation, j’aurais rien pu faire contre le clébard. Quand sa course est stoppée nette par un tir d’Arizona, je suis encore penchée sur ma victime, haletante, le corps fourbu de notre rouler-bouler. Une deuxième balle met fin aux horribles gémissements du molosse. Enfin. Mais désormais, les règles du jeu vont changer, parce qu’on est forcément repérés.

J’essuie rapidement ma lame sur les flingues de la dépouille et me relève. Les consignes arrivent et j’enchaine sans attendre. En chemin, alors que des halots de torche se rapprochent, je troque mon couteau tactique contre mon flingue. J’aurais bien aimé ne pas avoir à babysitter mais pas le temps ni le lieu pour faire part de ce que je pense. Le gamin me demande si je peux le couvrir, je lui réponds avec un demi-sourire un peu crispé.

- T’inquiète.

On pénètre la maison d’où provenaient les gars qu’on a tué, avant d’être repéré. Mon cœur cavale dans ma poitrine, le sang cogne dans mes oreilles. Le canon de mon arme me précède, j’enlève mes lunettes de vision nocturne car à l’intérieur, des lampes à huile éclairent les pièces à vivre. Ça sent l’humaine, le bois, la terre et la fumée. Mes yeux bondissent partout, explorent les angles, les coins et les dessus de table. J’ai le temps d’inspecter deux chambres – vides – remplies de sac de couchages, quand les aboiements se font dangereusement proches.

- Putain de merde, il faut qu’on ferme les issues et qu’on bloque la porte !

La clebs va nous trouver, c’est qu’une question de temps. Si on se laisse débusquer ici, on est morts. Par contre en empêchant nos ennemis de rentrer, on a une carte à jouer…

Spoiler:

Les premières gouttes de sang coulent, elles sont d'en face c'est déjà une bonne nouvelle. Le professeur ne peut s'empêcher de regarder la lueur de vie qui disparaît dans les yeux du chien quand Arizona l'abat froidement, c'était dingue comme la fin du monde laissait de l'empathie pour les animaux pas pour les hommes. Le professeur fit tourner son pistolet dans sa main avant de se remettre en chemin, naturellement, comme un tic pour oublier ce qui venait de se passer et se reconcentrer, Levi lui avait donné la charge de Sean, c'était pas le moment de se déconcentrer pour si peu, fallait ramener le gosse à la maison.

Suivant Jill et Sean, le prof fit son entrer dans la maison, le souffle court, les mains crispés sur les matériaux composites de la crosse de son flingue. Il entre doucement dans les pièces mais il n'y a rien, rien qui ne fasse penser à des signes de vies. Cependant, la salle semble bien être utilisée au quotidien, fallait-il croire que les gens pour la plupart étaient bien partis au banquet, les pauvres n'auraient, eux, pas la chance de pouvoir se battre avant de mourir. Jetant un coup d’œil rapide dans ce qu'il restait, voir si on pouvait récupérer quoique ce soit, sûrement un réflexe de vieux survivant solitaire, il entend à son tour l'aboiement avant de se tourner vers Jill, ce clebs est pas loin et il doit pas être seul.

En entendant les quelques mots qu'elle leur laisse, Aodhan file vers la porte pour la refermer avant de poser ses yeux sur Sean pour lui donner des directives. "Planque toi derrière un mur, une porte ce que tu veux mais soit à couvert et te laisse pas prendre vivant quoiqu'il arrive." Vu ce qu'ils semblaient faire aux gens, il valait mieux pour le gosse qu'il soit mort de toute façon; Le professeur se mit à chercher ensuite de quoi bloquer la porte, c'était l'heure qu'il redoutait, l'heure de se demander s'ils allaient rentrer chez eux et de prier leur bon Dieu de seigneur.

Spoiler:

Dès qu'ils atteignirent le hangar, une odeur les prit à la gorge. Ivy la reconnaitrait entre mille, c'était celle du sang. La brune retint une exclamation d'horreur en voyant ce que contenait le hangar. C'était un véritable abattoir qui se trouvait là sous leurs yeux. Elle sentit une nausée lui monter à la gorge et se retint à grande peine de ne pas vomir le contenu de son estomac au sol. Elle avait vu des scènes macabres, déjà assistée à des autopsies mais ça, c'était probablemeny la scène la plus insoutenable à laquelle elle avait pu assister. La brune jeta à peine un regard aux corps suspendus craignant de reconnaître là une connaissance.

Les 4 hommes se séparèrent et Ivy jeta un regard aux autres. Ils devaient se séparer. Elle choisit celui qui était le plus près et fit signe aux autres qu'elle s'en occupait. C'était le moins costaud. Elle sortit son couteau et fit taire cette petite voix dans sa conscience qui lui disait qu'elle faisait les mauvais choix, que rien ne justifiait un meurtre. La médecin n'avait pas le choix de toute manière. Nul doute que s'ils se faisaient attraper, ils finiraient suspendus eux aussi à ces crochets.. Depuis le début, June avait eu raison. Les preuves étaient là sous leurs yeux. Ces hommes étaient des cannibales, ils ne méritaient pas de vivre.

Ivy se fondit dans l'ombre du hangar et se glissa derrière celui qu'elle avait pour cible. La brune pouvait miser sur sa petite taille et son agilité pour être discrète. Quand elle jugea le moment opportun, elle se jeta dans son dos et le frappa dans le cou. L'homme n'eut pas le temps de reagir. Être medecin avait un avantage, elle savait où frapper et comment provoquer la mort rapidement. Sa victime laissa échapper un gargouillis à peine audible. Les mains  et une partie du visage d'Ivy se couvrirent immédiatement de sang tandis qu'elle tentait d'accompagner le corps de l'homme au sol pour que le bruit de sa chute ne se fasse pas entendre. Elle se releva et essuya le sang de ses mains sur son pantalon, ce sang rouge qui la hanterait longtemps, elle le savait mais pour le moment, ce n'était qu'un peu de sang de plus dans ce macabre entrepôt.

Spoiler:

Le mouvement des torches à l'extérieur. Jason et Levi eurent tôt fait de les voir à travers la fenêtre de la maison, se planquant dos au mur, ils les laissèrent passer et se planter à quelques pas de leur abri. Soufflant, l'israélien nettoya le sang sur ses mains et sur son couteau à l'aide de son pantalon avant de lever un regard vers Jason. Ils n'étaient pas totalement en position avantageuse, et la discrétion était de mise. Mais par chance, le groupe de quatre décida de se séparer en deux groupes de deux, et d'aller faire des affaires ailleurs. Serrant la mâchoire, l'homme ressentit une pointe d'inquiétude. Ils devaient balayer tout ça rapidement et tenter de rejoindre les autres après leur mission effectuée.

D'un signe de la tête, il invita Jason à le suivre dehors, en silence. Quand deux des hommes dépassèrent leur position, ils purent les suivre. L'occasion était trop belle. A moitié vouté, Levi suivit le plus en retrait silencieusement, venant se placer dans son dos sans qu'on se doute de rien. L'instant d'après, il bondit à moitié dessus, laissant à Jason l'occasion d'en faire de même avec le second. Couteau en main, il le planta dans son oreille brutalement et d'un coup sec, et très vite, l'homme qu'il tenait contre lui devint un pantin désarticuler. Devant, le second parlait toujours à son ami, comme si rien ne venait de se passer.

Spoiler:

Le spectacle qu'ils découvrirent dans le hangar relevait de l'horreur. Stanley ne réprima d'ailleurs pas une grimace, alors que plusieurs corps étaient suspendus, partiellement démembrés et déjà pleinement préparés. Il ne reconnut pas Will, ne s'attardant pas sur les visages des cadavres. Ses lunettes à vision nocturne ne lui permettaient pas de voir les couleurs que la lumière du jour leur aurait offert, et cela était peut-être d'autant plus glauque. Ce n'était pas tant l'odeur, ni réellement les images, c'était tout ce que cela suggérait. Le jeune homme prit une inspiration profonde, dilatant ses narines, au souvenir de ce pain de viande ingurgité quelques jours plus tôt. Il posa son regard sur la médecin, espérant que cette découverte l'inspirerait. Car l'important n'était finalement pas là. L'important était ces quatre hommes qui rôdaient dans le coin...

Ces derniers se séparèrent et de la même manière, notre troupe se glissa en dehors du hangar pour se les faire. Un par un. L'opération restait toutefois délicate, ils n'étaient plus dans une zone boisée. Ils devaient s'approcher sans se faire repérer, contre des types armés. C'était peut-être un peu fou. A pas de loup, Stan accéléra pour rattraper un gars dans son dos, le couteau brandi, près à passer à l'action. L'homme l'entendit au dernier moment. Trop tard. Il commença à se retourner, en lâchant une exclamation, mais n'eut pas le temps de réagir outre mesure que la lame du militaire tranchait son cou, duquel jaillit un flot de sang. Stan accompagna le corps jusqu'au sol, attentif aux alentours. Au cas où quelqu'un surgirait à son tour dans son dos... Il glissa son couteau jusqu'au cerveau de sa victime, à travers le lobe oculaire du bonhomme, pour l'achever complètement.

Spoiler:

Les fenêtres d’abord. Je m’active car il y en a peu et, pourtant, beaucoup trop à la fois. Le plus silencieusement possible, je descends les vitres et enclenche les loquets. Ça ne les empêchera pas de les casser mais, au moins, on les entendra. Ensuite, je reviens dans la pièce principale, avise un fauteuil et fais signe à Aodhan.

- Aide-moi !

Je pose mon flingue sur l’assise, pour qu’il reste accessible, et on déplace à deux le mobilier pour le caler devant la porte. Les aboiements approchent, les mecs ne sont pas loin – c’est une certitude – et je suis sûre que le chien va les attirer dans notre direction. Le réflexe du clébard, ça va être de passer par l’entrée, nest-ce pas ? Alors…

- Le canapé maintenant.

Mon cerveau tourne à 200 à l’heure. On ne pourra par couvrir toutes les issues, il y a assez de fenêtres pour qu’ils entrent de toute façon. J’indique au prof d’histoire ce que je veux : caler le sofa à une certaine distance de la porte entravée, face à elle, pour qu’il nous serve de couverture. Ainsi, on pourra cribler le battant de balles quand quelqu’un se pointera de l’autre côté mais se planquer si les Skagit ont la bonne idée de nous rendre la politesse.

- Toi surveille les fenêtres, que je commande à Sean.

Je me branle qu’il se planque, il est pas ici pour être en stage d’observation. Il a deux yeux, deux mains et un engin de mort entre les doigts. Il fait partie de la team. Parce que s’il est là et qu’il compte pour du beurre, c’est comme se traîner un putain de boulet.

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