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Eli - "Oh non pas encore lui !"

Ven 16 Oct 2020 - 9:47


Eli Delgadotell me more about you

prénom(s) : Eli
nom : Delgado
date de naissance : 15/10/1995
âge : 25 ans

ville de naissance : Villa Ahumada (Mexique)
métier : Artiste (graffeur)
groupe : The Inglorious Fuckers

avatar : Luke Pasqualino

what i am

qualites
Bienveillant
Sincère
Franc
Sociable
Courageux
defaults
Émotif
Borné
Naïf
Insolent
Fataliste
Equipement :
Une carabine et un couteau de chasse
     
Details physiques :
Eli est une grande perche : 1,87m pour environ 75kg. Ses mésaventures ont forcé ses muscles récalcitrants à se renforcer et ont achevé de faire fondre le peu de gras qui lui restait. Sec, agile et rapide, il s'est forgé à l'escalade des bâtiments et aux crapahutages dangereux dans la ville. En conséquence, ses mains sont souvent très abimées et ses bras particulièrement solides. Ses épaules sont plutôt larges, davantage par son ossature que par la grosseur de ses deltoïdes. Le reste est mince, et lors des mauvaises saisons quelques creux se forment autour de ses côtes ou de ses clavicules.

Sa peau est naturellement bronzée, et ses cernes plutôt marqués. Une bouille sympathique, un nez trop gros à son goût et "des lèvres de suceuse" d'après certains, le tout surmonté d'une tignasse brune presque lisse qu'il ne pense jamais à couper de lui-même. Ses yeux sont bruns, le regard profond et vivace offre toutes ses humeurs de façon entière à qui cela peut intéresser.

Vestimentairement, Eli ne se prend pas la tête et privilégie largement le confort à l'esthétique. Toutefois, il apprécie de porter quelques bracelets en cuir ou en bois. Quelques petits tatouages ornent son corps, ainsi que de nombreuses cicatrices (détails en annexe).

Psychologie

Au début de l’épidémie, le mexicain tombait dans tous les panneaux et attrapait toutes les perches tendues. C'est qu'il était trop optimiste sur la nature des hommes, persuadé qu'une part de bonté devait avoir survécu en tous. La réalité lui a peu à peu ramené les pieds sur Terre. Aujourd'hui, Eli est moins naïf, même s'il reste particulièrement crédule face aux personne qu'il apprécie. Il prend moins de risques irréfléchis dans le but de faire le héros, et son camp passe avant le reste des survivants.

Depuis presque trois ans, la vie lui a offert une nouvelle raison de persévérer : il est devenu père, et est énormément attaché à sa fille. Déjà avant l'épidémie, son rêve était d'avoir une famille. Alors, à Effy il espère encore offrir une vie supportable et dirige autant que possible ses choix dans ce sens. Il se plaît à trouver de la normalité dans sa vie, d'où sa tendance à s'amuser qui peut éreinter ceux qui prennent tout au sérieux.

Lorsque le doute s’installe, et lorsque personne ne peut plus l’en distraire, ses démons l’enserrent. Comme bien des personnes qui étaient saines d’esprit avant l’épidémie, Eli est maintenant en proie à un triste fatalisme. Pour chasser les pensées négatives, il se remplit l’esprit d’autres choses. Grand créatif, il s’imagine des fresques ou de nouveaux aménagements qu’il pourrait construire dans son camp. Il habite son espace de couleurs. Et puis il y a sa fibre sociale qui le pousse à faire le pitre ou inventer des activités pour s’amuser, à créer du lien avec les autres.

Très (très) mauvais stratège, Eli est principalement mû par ses émotions. Ce sont elles qui le poussent à agir ou non. Il ne retient pas ses mots, peut faire preuve de franchise cinglante, et n’hésite pas à se passer les nerfs sur les éléments du décor si ça n’est pas directement dans le nez de son interlocuteur. C’est un sang chaud, qui monte très rapidement, qui agit impulsivement. En découle souvent des remords après coup, que sa fierté collera sous scellé plutôt que de lui laisser reconnaître ses torts.

D’ailleurs, il a horreur d’être soumis à quelconque forme d’autorité, et ce depuis toujours. Son insolence et ses élans rebelles sont parfois source de sérieux conflits dans son entourage. Grande tête de mule, Eli veut agir selon ses principes et peine à comprendre un point de vue différent du sien. Les débats avec lui sont quasiment impossibles, car il campe lourdement sur ses positions, fruits de ses émotions brutes. La logique a très peu de place dans ses convictions. C’est davantage ce qu’il ressent qui compte.

Mais le jeune homme est avant tout une personne entière, sincère et bienveillante, prêt à se sacrifier pour ses proches. Il hait l'idée de tuer quelqu'un qui ne représente pas directement et clairement une menace importante, et prendra presque systématiquement la défense de ceux qui se placent en victimes.




Story of survival


I. ENFANCE

Né bien au chaud à Villa Ahumada, pas bien loin d'El Paso, j'y ai vécu les premières et meilleures années de ma vie. Bien sûr, je n'me souviens pas de mes premiers pas ou de ce genre de choses là. J'sais qu'il y avait ma mère, ma brave mère, et qu'on recevait régulièrement de l'argent de mon père. Je suis fils unique, et à y repenser aujourd'hui, j'me dis que c'est bien mieux comme ça. C'est à l'école, que j'ai donné mes premiers coups de craie. J’passais entre les pas des gamins pour recouvrir la cour de formes compliquées. Jusqu'à la prochaine averse, j'avais marqué le terrain de ma main. C’était une sensation qui m’faisait vibrer.

J'suis arrivé à Seattle quand j'avais neuf ans. Le paternel était déjà présent, avait déjà son boulot de merde dont il était très fier. On habitait dans une bicoque pas tout près du centre ville, alors entre les transports et ses horaires décalés, je n'le voyais pas vraiment plus que depuis le Mexique.

À l'école c'était un peu compliqué. J'étais pas non plus persécuté. Juste isolé, débarqué en plein milieu d'année comme une pièce rapportée. J'ai fini par me faire ami avec le seul noir de l'école, Tyron, et une p'tite rousse, Kathlyn. Le clan des reclus, des mal-aimés. La communication était pas mon fort, mais ils m'ont aidé à mieux comprendre l'anglais. J'pensais pas qu'ils me suivraient si longtemps. Tyron est vite devenu mon meilleur pote, et je suis tombé fou de Kathlyn quand les hormones ont frappé, quelques années plus tard.

II. ADOLESCENCE

A quatorze ans, il faut bien l'avouer, je n'étais pas l'enfant le plus facile à vivre. Turbulent, des notes désastreuses, je passais plus de temps planqué dans le grenier de Tyron qu'à réviser. Paraît qu'on suit le même chemin que ses parents. Faut croire que je me pourrissais volontairement pour ne jamais les dépasser. J'étais pas encore fini que j'tâchais déjà de m'achever. Ma mère me répétait sans arrêt qu'elle me verrait bien en costard-cravate dans un bureau d'avocat ou en blouse blanche à faire médecin. Ils avaient de beaux projets, mais ça n'était pas les miens. Les murs de ma piaule étaient recouverts de gribouillages, de peintures, de collages et quelques paroles morbides avec lesquels j'me cassais la voix pré-pubère sur ma guitare. Les livres de maths servaient davantage à caler le pied d'mon bureau bancal qu'à être étudiés. Pourtant, j'étais pas spécialement con. J'aurais pu réussir comme tous les autres gosses, je parlais mieux anglais qu'mes parents. J'avais juste d'autres passions. Le genre qui ronge les nuits, fait peser des cernes d'une tonne et demi et endort pendant les cours quand c'est pas pour gratter le pupitre d'une pointe de compas.

Le soir, on se retrouvait tous les trois chez Tyron. Son père était veuf depuis peu de temps après la naissance du fils, et il ne faisait pas d’histoires. Kathlyn avait bien changé, avec les années. Elle ressemblait de plus en plus à une femme, unique, comme on n'en voit jamais. Pas le genre mannequin blonde et élancée. Non, elle était toujours aussi rousse, aussi pâle, et elle avait une incisive cassée qui la bourrait de complexes. Si bien qu'elle se retenait de rire et se cachait derrière ses mains. On fumait ensemble, souvent sans rien se dire, à écouter ses morceaux préférés que je supportais à peine, ou à s'affaler dans le canapé de Tyron devant des films absurdes. Elle calait sa tête sur mon épaule, et je m'réchauffais tout entier. Suffisait que je la vois pour me sentir tout fébrile et heureux à la fois. Petit puceau qui ne savait définitivement pas y faire, malgré les encouragements sans discrétion aucune de son pote. On en riait, putain, mais plus le temps passait et plus ça me démangeait.

Une nuit, quand la télé crachait encore ses images de dessin animé en boucle, Tyron s'est écroulé sur le tapis et s'y est endormi. Kathlyn, qui était toute aussi arrachée que lui, que moi, s'est roulée en boule dans mes bras. J'pouvais sentir mon coeur s'agiter jusque dans le bout d'mes doigts. Boom, boom, des pulsations puissantes et incessantes. L'herbe m'en donnait le tournis. Elle m'a dit qu'elle l'entendait et s'est mise à en rire, la main devant la bouche. Dans un élan de courage, j'ai coupé court à ses moqueries en lui volant un baiser maladroit. On a fondu l'un dans l'autre.

Mes parents ne m'apercevaient plus qu'en coups de vent, lorsqu'il fallait que je vienne changer de vêtements. A seize ans, j'avais trouvé un petit boulot dans le bâtiment. Mes journées étaient organisées ainsi : Réveil à 8h aux côtés de Kathlyn, chez Tyron. Lycée, jusqu'à 16h quand je prenais la peine de ne pas sécher bêtement. Se péter les rotules au boulot, jusqu'à 22h. Préparatifs et graffs avec Kathlyn qui se prêtait au jeu, jusque tard dans la nuit. Et on recommence. Et encore, et encore, jusqu'à se priver de sommeil, puisqu'on y perd un temps fou. Tyron, de son côté, s'était mis au parkour. Parce qu'il trouvait ça cool, et surtout parce que le prof lui plaisait. Il m'a convaincu d'essayer, et j'y ai passé la plupart de mes weekends à l'époque.

III. PETIT MERDEUX DEVIENDRA GRAND

Dix-huit ans. J'ai tenté de passer mon diplôme, pour la forme. J'ai échoué à l'examen, sans grande surprise, et ai mis un point final à mon parcours d'étudiant avant même de l'entamer. Définitivement, j'ai déménagé dans le centre de Seattle, en colocation avec mon pote et ma copine, loin de mes parents et de leur déception pesante.  

J'ai graffé pour une expo sauvage qui m'a permis de nouer quelques contacts. J'peignais de grands visages déformés sur des bouts d'mur qu'on nous donnait le droit d'exploiter. C'était légal, et par conséquent, bien moins intéressant. Mais le chèque était là, à la fin d'la journée. J'me suis même fait sponsoriser par une marque de peinture. Ça sonne ridicule, mais j'ai fêté ça comme la plus grande consécration de ma vie.

Bien sûr, ça ne m'a pas empêché de gravir les toits pour poser ma patte sur des coins de bâtiments inaccessibles. De glisser sur des tuiles trempées, de m'abîmer les mains sur le crépi dégueulasse des façades. Tout ça était vite récompensé par les regards curieux du public, quand le petit matin se levait et que deux gros yeux apparaissaient dans un nuage de peinture, sur l'horizon découpé de Seattle. J'étais fier, et j'avais toutes les raisons de l'être.


15 OCTOBRE 2015 / SEATTLE : Premières rumeurs

" - Les mecs, z'allez pas croire c'que j'ai vu !" C'est Tyron qui déboule dans l'appartement, essoufflé et en sueur, la cravate qui pend de son épaule ; la gueule ahurie, qui lui vaut bien un rictus moqueur.
" - Ta gueule dans un miroir ?" Je pouffe à ma propre remarque, le bras autour des épaules de Kate, attendant du soutien de sa part. Mais elle reste silencieuse, alors que l'autre s'énerve. Elle a le teint plus pâle encore qu'à son habitude. Les yeux figés sur l'écran de télévision qui diffuse le journal quotidien.

"- Un mec fou, putain !" Reprend Tyron, qui force une place à nos côtés.
" - Fou comment ?
" - Fou ! Genre la rage, j'sais pas ! S'est j'té sur un autre, l'a mordu au visage, et ça pissait le sang bordel !" Il est sérieux. Et il panique. Ses mains tremblantes qui viennent chercher la mienne, et la télé qui crache les nouvelles. "Plusieurs cas d'agressions sont à relever aujourd'hui dans la ville de Seattle. Des manifestations violentes qui semblent gagner le pays. On ignore encore les revendications de ces actes." Kathlyn est totalement absorbée. Concentrée. Elle pianote sur son téléphone, cherche quelque chose.

"- Y a une rumeur qui dit que des morts cliniques se réveillent...
- C'est des conneries.
- Le type puait la mort.", répond Tyron en machonnant le filtre de la cigarette qu'il essaie d'allumer.
"- Wow, mais qu'est-ce qu'vous avez fumé, sérieux ? Y a des gens qui pètent un câble, c'est pas nouveau...
- Ils nous disent pas tout ! Y a des témoignages à la pelle sur les forums !
- Arrêtez un peu la parano ! Ça va s'calmer, c'est bon !" Le ton a grimpé, et j'm'extirpe rapidement du canapé. Kate a déjà baissé les yeux sur son portable, et Tyron fige comme une pucelle apeurée devant le journal télé. Je peste, passe à côté, l'éteins.

" - Qu'ess'tu fous, l'chicanos ?!
- Z'êtes en train d'vous laver l'cerveau avec ces conneries.
- Tu d'vrais écouter ta meuf un peu, y s'passe un truc chelou dehors !
- On nous l'dirait s'il fallait s'inquiéter, tu penses pas ?" Il se lève, l'oeil furieux, fond sur moi, m’entraîne au sol, me frappe à la tête d'un poing déterminé. C'est pas la première fois que j'me prends un pain, mais c'est la première fois que c’est lancé avec autant d’coeur. J'le sens passer. Et j'perds pieds.

16 OCTOBRE 2015 / SEATTLE : Tyron est parti

Une belle bosse sur le haut de mon front. J'suis resté assommé des heures, avant de revenir à moi pour mieux me rendormir. Ma dette de sommeil en a profité pour me prendre en traître.

"- Arrh, quel con..." J'presse la main sur mon crâne, me redresse douloureusement. J'suis dans le lit, mais m'en déracine sans attendre pour rejoindre le salon.

" - Tyron est parti rejoindre son père." J'tourne la tête. Effectivement, il n'y a plus qu'elle.
" - Pourquoi ?
- Viens, faut que tu regardes ça." Elle me fait signe d'approcher. Et j'grimace encore, mais accepte de m'asseoir par terre, devant elle, pour mieux me lover dans ses bras.
" - Ça a l'air sérieux.
- Ça l'est, Eli. Ils conseillent à tout le monde de rester chez soi, à cause d'un virus qui serait lié aux agressions." J'soupire, emmêle mes doigts aux siens, embrasse le dos de sa main. J'peux distinctement ressentir tout le stress que pompe son pauvre coeur.
" - On devrait peut-être retourner voir nos parents, nous aussi." lance-t-elle, au grand désespoir.
" - 'sont sans doute plus tranquilles en banlieue, Kate.
- Alors on reste ici ?
- Tu vas rester ici, ouais. J'ai un contrat ce soir, j'peux pas m'défiler.
- T'es pas sérieux ?
- Ça fait des s'maines que j'le prépare.
- Mais tu pourras le faire après...
- Si j'me dégonfle, ils prendront quelqu'un d'autre." Je renverse la tête en arrière, pour mieux la voir. Ses grands yeux remplis de reproches et d'inquiétude.
" - T'es chiant. Je t'accompagne.
- C'est en pleine nuit.
- Je sais." Je tire une moue contrariée. Mais concède d'un hochement de tête, viens chercher sa nuque pour l'attirer et l'embrasser. Quoi qu'il se passe dans la rue, ça ne peut pas être plus grave qu'une bande de cassos déchaînés.

NUIT DU 16 AU 17 OCTOBRE 2015 / SEATTLE : première sortie

Ça fait quoi ? 72h que j'suis pas sorti ? A peine trois jours. Et la face de la ville a complètement changé. Les rues désertes. Le silence. Le froid morbide. Quelques voitures qui sillonnent les rues. Y en a une plantée contre un mur, le capot encore fumant. Personne au volant. J'tiens Kate par la main, les affaires balancées sur l'épaule. Le pas pressé. Ça m'fout des frissons d'horreur dans l'dos.

" - C'était p'têtre pas l'idée du siècle, en fin d'comptes.
- C'est que maintenant que tu réalises ?" Ouais, j'crois.
" - Y aura personne à ton truc, on devrait rentrer." Elle me tire par la manche. Mais je la retiens.
" - Attends...
- Attends quoi ? Viens, il fait froid.
- T'as vu ça ?
- Hein ?"

Je recule et entraîne Kate avec moi contre un mur. Depuis la rue qui coupe celle-ci, des hommes habillés de treillis marchent à reculons en matraquant la gâchette. Il y a des cris. Pas humains. Des grognements, plutôt. Des plaintes, des sons gutturaux. Et puis, plus rien. L'un des hommes fait signe au second de s'engager à nouveau sur cette route. Et il nous voit. Je croise son regard. J'ai pas l'temps de causer qu'on est déjà en ligne de mire. "Hey ! Hey !! Stop !!" Le type nous jauge, finit par baisser son arme. Kathlyn se redresse entre mes bras.

"- Ça va. Ça va..." Que j'lui murmure, en lui prenant les joues. "Pleure pas, ça va j'te dis..." Le soldat approche, crache quelques phrases dans sa radio.
"- Y a encore des civils qui traînent dans les rues, c'est quoi ce bordel ?" Pas de réponse pour monsieur. Il s'adresse directement à nous, avec tout ce que l'autorité a de détestable. "Rentrez chez vous ! C'est dangereux par ici !" Et Kate chiale de plus belle, toute tremblante. J'paie pas de mine non plus. Mais quitte à être là, j'ai besoin de savoir.
"- ...Qu'est-ce qui s'passe ? Sur quoi vous tirez ?
- Pas vos affaires. Dégag... AH !" Il est coupé. Une femme qui rampe depuis la rue et lui agrippe le pied. Je la vois. La chair putréfiée. Le sang, les plaies béantes. Comme un corps en décomposition, comme un mort, comme un monstre. Elle souffle une haleine sifflante, lève son bras vers la cuisse du soldat. Celui-ci a tout le temps de mettre en joug et tirer. Une rafale, qui se plante dans le visage déformé et meurt en écho contre les immeubles. Qui tue. Il l'a tuée. "..." Je suis juste.. tétanisé. À ne plus savoir qui de Kate ou moi rassure l'autre en l'enlaçant avec force. Paraît que les morts se relèvent, ouais. J'sais pas ce que je préfère croire. Soit l'armée massacre des malades, soit des malades nous attaquent : dans tous les cas, on plonge la tête la première en plein cauchemar. Le soldat crie à son collègue, "La tête, John !! T'en as laissé passer une, Ducon !" Deux larmes acides, aux coins des yeux. Merde. La scène est trop irréelle pour être intégrée.
" - On... On rentre, Kate. Viens." Je tourne le dos à la rue et la pousse vers notre immeuble.

18 AU 25 OCTOBRE 2015 / SEATTLE : retrouvailles

On a un coup d'fil de Tyron : il est dans une pizzeria avec d'autre rescapés, coincés par la situation qui dégénère complètement dehors. Il m'a donné l'adresse, mais il veut pas qu'on sorte. "- Tyron a coupé son téléphone. Il doit économiser sa batterie." J'annonce la nouvelle à Kate, en jetant le dernier paquet de clopes vidé jusqu'aux miettes. Ce foutu appart commence à me rendre dingue. Ce canapé miteux commence à me rendre dingue. La tension grimpe, et le manque imminent de nicotine ne fera qu'empirer les choses. "Le dernier message parlait d'un mort. À cause d'un soldat." Je roule le crâne sur le dossier, pour capter son regard. Faut qu'on s'mette d'accord. "Faut qu’on y aille avant qu'il s'fasse buter." Kate se renfrogne, mais ne dit rien. Elle se contente de ronger ses ongles qui n'ont pas le temps de pousser entre deux assauts nerveux. "On est là bien au chaud, et il est coincé d'puis des jours dans c'te foutue pizzeria de merde." Pas de réponse. "Hey ! Tu m'écoutes ?" J'me suis redressé, et j'la toise. "J'ai pas non plus d'réponses de mes vieux, tu sais ?" Sujet sensible, qui la fait s'éveiller avec violence. "Ta gueule, Eli ! Ferme ta gueule !" Elle rougit, furieuse, fond en larmes, refuse mon accolade, y cède quand je persiste.

On passe le reste de la journée à rassembler des affaires. Quelques conserves, un nécessaire de premiers secours, les passeports, tout écrasé dans un sac à dos. On se trouve des gants, des vestes chaudes et solides, des lampes de poche, piles, batteries, et des armes. Couteaux de cuisine pris dans un filet à la ceinture, couvercles de casseroles comme boucliers. Masques pour peinture aérosol sur la gueule. On ignore comment le virus se transmet exactement. Alors autant mettre toutes les chances de notre côté.

L'aube nappe la ville de rouge. Elle dissimule à moitié les traînées sanglantes qui parsèment le sol, les murs. Ça et là, quelques départs de feu, des cris, des fracas. Un type qui passe en hurlant, en courant, en boitant. "Grouille toi." J'arrache Kathlyn à sa contemplation tétanisée, l'attire vers l'avant. On croise parfois quelques voleurs qui profitent de la panique pour se ravitailler. Des cadavres, beaucoup, que l'on contourne avec soin. Et puis, ces morts errants, qui se traînent avec lenteur. Qui suivent, un instant, avant d'être semés. Quand il le faut, on se hisse sur les toits déserts pour accélérer la progression.

Une heure plus tard, on rejoint c'te foutue pizzeria comme on se ruerait sur la terre promise. Les militaires qui gardent l'endroit ont l'amabilité d'nous inspecter avant d'nous faire entrer. A peine la porte passée, c'est notre pote qui se jette à nos pieds.

"- Tyron !!
- Chicanos d'mes couilles !!" On s'enlace tous les trois à s'étrangler, et on s'met à pleurer d'un même sanglot en articulant maladroitement nos peurs et nos remords. Jusqu’au soir, on prend le temps de faire le point.

Le père de Tyron est contaminé. Avant de faire s'échapper son fils, il a pu lui donner des nouvelles du quartier.
Les parents de Kathlyn sont barricadés chez eux.
Les miens ont tenté de rejoindre le Mexique.

26 AU 28 OCTOBRE 2015 / SEATTLE : nuit à la pizzeria

On reste sur place. On arrive à s'nourrir un peu, malgré la vis d'angoisse qui nous serre la gorge. On est tous les trois, c'est encore c’qu'on pouvait espérer de mieux. Quand les autres dorment, on s'regroupe dans un coin pour planifier la suite. Tyron se fait gagner par l'impatience. J'vois bien qu'il commence à céder au désespoir.

"- Y en a trois qui sont partis pour le lycée. M'ont dit que c'était sûr, là bas. Genre organisé, vraiment. Pas comme ici." J'dis à la petite assemblée en grignotant un vieux bout de croûte de pizza desséché. J'le fais tourner comme un joint.
"- On n'est même pas sûrs que ce soit vrai.
- J'préfère tenter l'coup que m'faire refroidir par l'un d'ces types." Nos six yeux se retournent vers l'un des militaires endormi sur sa chaise, l'arme pendant de son buste. J'veux bien croire Tyron quand il dit qu'ils ont abattu un type encore sain de corps et d'esprit. Les yeux d'mon pote s'y attardent un peu trop, d'ailleurs.
"- Ty ?
- On va avoir b'soin d'un p'tain d'flingue, si on sort." Pas besoin d'en dire plus pour s'comprendre. J'lui agite la carcasse d'une main sur le genoux pour le réveiller.
"- Tente pas l’diable, mec.
- J'veux qu'on aille dans ton p'tain de lycée, Eli.
- On peut l'faire.
- Plus l'temps passe et plus y'a d'ces monstres dehors. Faut pas attendre.
- On aura qu'à courir.
- On crèverait comme des merdes avant d'pourrir les tripes au soleil.
- On part demain." C'est Kathlyn, qui tranche. La voix bien plus ferme qu'à son habitude. L'innocence éteinte. Du sang plein l'vert de ses yeux.
"- Ca m'va. Ty ?
- Ouais. Ok."

Tyron a pas attendu le lendemain. Quelques heures plus tard, alors que la rousse dort sur mon ventre et que j'ai trouvé une place à même le sol, lui, il reste les yeux grand ouverts, comme une bête en éveil. J'le sens m'enjamber. J’ouvre les yeux, et les lèvres sèches n'articulent qu'un vague gémissement inconfortable. J'le suis du regard, tant bien que mal, frottant les cernes douloureuses. Et puis, j’percute enfin. Et le palpitant s'agite. J'peux juste rien faire. Pas un bruit. Rien. Il faut qu’il s’arrête. Y faut qu’tu t’arrêtes, Ty. Il s'approche du soldat endormi. Il se penche sur lui, et puis il me retourne un regard complice. Un sourire en coin comme de ceux qu'il lançait quand il s'apprêtait à faire une belle connerie. J'remue la tête. Non. Me redresse, doucement. Lui articule sans un son de revenir, de sortir de son gros délire.

Il met la main sur le canon. L'autre se réveille en sursaut. J'me relève dans la précipitation, dégage Kate. Mais l'coup de crosse lui fracasse déjà l'menton. "TYRON !!" Je gueule. Le monde ouvre les yeux. La balle fuse et se plante entre les siens.

29 OCTOBRE 2015 / SEATTLE : départ de la pizzeria

"- On aurait pu tous s'en sortir..." Kate souffle. Kate a passé des heures à pleurer. À crier, à s'arracher les cheveux, avant d'se calmer. Kate prend doucement l'apparence d'un fantôme. Kate est en train de sombrer à son tour.

On a traîné son corps jusque dans la chambre froide, avec le premier. Tout le monde a peur de les voir se réveiller. On est plus que deux.

"- On devrait y aller." Elle écrase mon sac sur mon buste, avance la première vers l'entrée. J'cherche pas à négocier. Les autres non plus. Ils ont dû comprendre qu'on était plus très loin de la névrose. Ils nous laissent filer.

"- Tu sais par où passer ?
- Ouais."

NOVEMBRE 2015 à FEVRIER 2016 / GARFIELD HIGHSCHOOL : arrivée à Emerald Freedom

Ce sont deux autres soldats qui nous ont récupérés sur le chemin pour le lycée. Le véhicule blindé a frayé sa route entre les monstres qui venaient s'y éclater sans ménagement. On est arrivés au refuge, entiers.

On a soufflé. Sans vraiment chercher à s'intégrer. Kathlyn et moi avons passé le plus clair de notre temps collés l'un à l'autre, à se consoler mutuellement. Les communications de la périphérie sud ayant été coupées, on n'a plus jamais eu de nouvelles de nos parents.

Dans l'une de mes vieilles salles de classes, assis sous les tables, on se prend les mains et on s'invente des prières, récitées sans un son. On s'autorise à faire notre deuil, seuls.

"- On devrait lui rendre hommage." J'acquiesce, alors qu'elle roule nerveusement ses doigts contre les miens.
"- Comment ?"
"- Hm... Attends." Elle se couche sur le dos, entre deux pieds de bureau, et je fais de même. De la pointe de mon couteau, elle grave le bois qui nous surplombe. Il faut quelques instants, pour y dessiner nos trois initiales entremêlées, décharger la table de quelques copeaux qui rebondissent sur nos visages. Le plus important, c'est savoir qu'on a laissé notre marque.

Les jours passent. On entend l'histoire d'un jeune homme malmené par l'armée pour avoir tenter d'entrer en zone gardée. La tension grimpe d'un cran dans le lycée. Le soir de Noël, qui devait nous rendre un peu de chaleur, est ruiné par le comportement des militaires trop imbus de leur rôle de grands protecteurs.

Le bruit circule qu'un des autres refuges principaux de la ville, à CenturyLink Field, est tombé aux mains des monstres. Ils les ont nommé les rôdeurs. J'dois avoir perdu en humanité. Depuis la mort de Tyron, celle des inconnus ne fait plus que m'effleurer.

Dans le même temps, Kathlyn et moi donnons du nôtre pour faire fonctionner le camp. J'apprends à bricoler nos défenses. On m'envoie souvent au casse-pipe pour décrocher les corps des morts pris sur les barricades. Pour la première fois de ma petite existence, je tire de vraies balles avec un vrai flingue. On a perdu notre statut de pauvres petites choses sur-protégées. C'est pas plus mal. L'inaction m'aurait rendu malade.

Au cours du mois de février, le viol d'une civile par l'un d'eux balaie le maigre respect qu'on pouvait encore leur porter. Nous nous rapprochons d'autres réfugiés, tissons quelques nouvelles amitiés. Le plan de révolte prend forme. Kate n'y participera pas. Elle restera s'occuper des autres, dans le gymnase.

20 FÉVRIER 2016 / GARFIELD HIGHSCHOOL : rébellion contre les militaires d'Emerald Freedom

Le grand jour. Le grand final.
Bien sûr, je ne fais que suivre les leaders du mouvement. Je leur fais confiance, à peu près autant que le clan adverse me répugne.

C'est un massacre. Je ne pensais pas être capable un jour de donner la mort à qui que ce soit. Alors, j'me rassure en me disant que c'est probablement leur faire une faveur que de les arracher à ce cauchemar. On prend le dessus. La plupart crève, les autres déguerpissent comme des lapins le cul plein de plomb. On aurait bien pu en rester là. Mais quand le calme retombe sur le front, c'est à l'arrière qu'on entend les cris et les rafales détoner et fendre l'air.

Lorsque j'arrive, les derniers militaires sont abattus aux portes du gymnase.
Devant eux, les corps remuants et gémissants des civils baignent dans le sang.
J'avance, glisse, me prends les pieds dans les bras raidis, dans les poings fermés, les râles grimpent les murs, entrent en écho, un vacarme morbide, de pleurs, de souffrances.

Je distingue, au centre de la salle, la chevelure feu qui se promène sur le sol.  
Je m'assieds. Lentement. Lui prends la main. Ignore le reste du monde, cette fois. Sa chair est encore chaude. Ses doigts se plient sans force autour des miens. Rouges, trempés. Je les embrasse. Encore, et encore. A travers ses vêtements, on devine que les balles ont frappé les côtes, le cœur. Elle suffoque. Les poumons incapables de pomper l'air. Elle se noie, dans son propre sang. Elle tremble, et son corps entier se débat. La peau bleuie, les lèvres noires. Ses veines se gonflent de poison. Elle meurt, mais revivra. Comme les autres. Tous les autres. On me gueule de sortir, alors que les miraculés se ruent vers les portes.

Kathlyn a cessé de se battre. Les yeux blancs grand ouverts sur les miens. J'entends. Les ordres. Je les comprends. Elle va devenir l'un d'eux. Et j'hésite, un instant. Elle pourrait bien me tuer. Je serai incapable de lui en vouloir. Je pourrais bien... l'accompagner.

"Eli, bordel !!" C'en est un autre qui m'arrache à elle, me tire vers l'arrière. Je panique. Résiste. Chiale. Saisis l'agate accrochée à son cou, l'en détache.

Je suis foutu dehors. Ils font le tri entre les condamnés et ceux qu'on pourrait encore sauver. Le feu désintègre les corps des revenants, qu'on aura pris soin d'achever d'une balle dans le crâne.

FEVRIER à AVRIL 2017 / EMERALD FREEDOM : excursion avec Roza pour retrouver Kaycee puis retrouvailles avec Selene

Après, j'étais seul avec mes fantômes. Le dessin était un échappatoire tout relatif : souvent, rien ne venait, et face à la page blanche, les pensées les plus morbides se mettaient à défiler.

Sans que je ne me rende compte de rien, le temps fait pourtant son œuvre. Les semaines passant, les politesses échangées avec des inconnus deviennent de vraies discussions. Les souvenirs de Kate ne se sont jamais effacés, mais ils font enfin un peu de place au présent : à ces nouvelles amitiés qui se lient.

Lorsque l'occasion se présente de partir avec Roza en mission loin du camp, j'en suis. Nous allons chercher Kaycee, l'ado qui a fugué du lycée. La russe devient rapidement ma meilleure amie. Délires communs, fumette, aventures, confiance totale et mutuelle : je voudrais qu'on trace notre chemin ensemble, le plus loin possible.

Mais j'ai revu Selene.

"Est-ce que c’est vrai ? Dis-moi que c’est vrai…
- J'ai l'impression d'halluciner... complètement." Ça n'est pas une façon de parler. Ces images ressemblent à celles d'un rêve. C'est bien trop ficelé, à la fois noyé par la fatigue et l'émotion. J'secoue la tête, j'avance vers Selene, ravale les quelques pas - les années de calvaire qui nous séparent. Et j'la contemple, comme un ange tombé en enfer, comme un miracle. Comme partie d'un songe que je n'veux plus quitter. Je n'veux plus la quitter. "J'te pensais vraiment..." morte. Contaminée. Disparue. Loin. J'dois retenir les larmes qui pressent sous mes yeux, poussées par les battements lourds de mon coeur. On n'va pas pleurer. Pas encore. "Putain, tu m'as tellement manquée..." Et je me penche, l'enlace, encore, la serre, très fort.


C'était un hasard, vraiment. Avec Roza, nous faisions un arrêt chez mes parents, dans l'espoir de les y trouver - bien sûr ils étaient partis depuis longtemps. Mon amie d'adolescence s'y trouvait en même temps, et tout ce qui était resté noué à l'époque s'est délié le plus naturellement du monde. J'avais besoin de retrouver ce repère, cette marque d'un passé où la vie suivait encore son cours. On s'aime fort, cette nuit là. Et elle me donne un indice pour la retrouver. Mais avant cela, Roza et moi devons rentrer à Emerald. Nous y sommes attendus par nos proches inquiets.

ÉTÉ 2017 / Georgetown : fin d'Emerald, retrouvailles avec Alma

Le lycée est pris d'assaut par un groupe très armé et très organisé. Les défenses étant tombées, le groupe décide de déménager.

Accompagné d'April et Roza, je repars sur les traces de Kaycee pour la tenir au courant de la situation. On retrouve l'ado, et April décide de rester avec elle. Roza et moi partons à nouveau seuls sur les routes pour rejoindre Georgetown, l'un des points de ralliement des membres d'Emerald Freedom.

J'y retrouve Lisandro, accompagné de... ma mère.

Après avoir fouillé notre maison à Tacoma, j'avais vraiment, sincèrement perdu espoir. Elle pouvait être si loin, comme elle pouvait simplement ne plus être. Je n'pensais pas, non, pas un seul foutu instant, qu'elle serait à ma poursuite en plein Seattle. Et putain, on a dû passer si près l'un de l'autre à tellement de reprises, sans jamais se croiser. J'garde les yeux grands ouverts sur ma mère, déglutis difficilement, complètement dépassé, halluciné, hébété.

"Tu...
- Oh, Niño, si tu savais combien de temps je t’ai cherché." Elle vient m'étreindre, et mon corps met une courte seconde à réagir. Et puis j'l'enlace aussi, écrase ma joue contre son crâne, l'coeur explosant sans vergogne. Ça réveille les blessures à peine rétablies de mes côtes, de mon dos, de mes mains. Mais j'm'en fous, putain. J'la serre et m'y accroche désespéramment, la gorge me lançant atrocement sous les sanglots que j'peine à contenir. Elle a maigri. Elle est blessée. Mais son parfum est resté le même, sécurisant et familier.

Ces retrouvailles me donnent un nouveau souffle. Tous les quatre, on se met en route pour le camp dont Selene m'avait parlé.

15 AOUT 2017 / SOUTH PARK BRIDGE : perte de Roza

On doit passer ce pont, sur lequel est renversé un grand semi-remorque. Des rôdeurs s'y étaient cachés. Beaucoup de rôdeurs - bien trop pour que l'on arrive à les gérer. A force de lutter, le groupe est séparé. Roza et Mark d'un côté - Lisandro, Alma et moi de l'autre. Une dernière confrontation, un coup de feu - la russe disparait. "ELI !!!!" Et dans ce dernier appel, sa voix disparaît aussi.

"NON ! VA T'FAIRE FOUTRE ! ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE ! TOUS LES DEUX ! J'VOUS EMMERDE PUTAIN ! TU CROIS QU'ELLE EST MORTE ?! TU CROIS QU'ELLE S'EST TUÉE ?!" Le coup part tout seul. Mes phalanges s'éclatent sur le coin d'la gueule de Lisandro, craquent dans un tonnerre de douleur, vibrent les os déjà fragilisés. "FUCK !"

"Donne moi ça !!" J'essaie de choper son arme, son foutu pied d'biche, j'me débats avec ma mère qui m'tire par le bras, y met tout son putain d'poids. "J'y retourne ! J'm'en fous ! CASSEZ VOUS, C'EST MON PUTAIN D'PROBLEME !" J'suis rouge, rouge vif, à vif, bouillant, excédé, hors de moi. J'ai pas pu sauver Ty, j'ai pas pu sauver Kate, j'ai dû abandonner Selene, j'ai laissé Calypso en arrière, j'ai accepté qu'April se casse, j'ai aucune trace de Rowen, de Rosaleen, de Ian, j'peux pas, j'peux juste pas ne rien faire cette fois, j'peux pas m'casser, alors que j'ai encore une toute petite chance de l'aider, elle est pas morte, Roza est en vie, j'la sens, là, ça m'brûle les tripes tellement qu'j'la sens se battre, elle est dans une merde folle parce que j'ai monté c'plan d'merde, parce que j'ai fait mon putain d'égoïste de merde, elle m'a suivi sans faire chier, elle m'a fait confiance. Elle m'faisait confiance.

J'recule pas. Pas d'moi-même. J'me laisse traîner par les deux autres en luttant à moitié dans l'autre sens, mais déjà épuisé par la crise de nerfs difficilement encaissée par mon corps affamé. La rage s'éteint doucement, soufflée par la rapidité avec laquelle tout s’est enchaîné. J'n'ai pas eu le temps de penser. Elle est partie. Elle m'a pas laissé l'temps de l'aider. C'est fini.


21 AOUT 2017 / PRISON DE GIG HARBOR : arrivée à Messiah

Lisandro, Alma et moi arrivons dans le camp de Selene, à la prison de Gig Harbor. Je ne digère absolument pas la mort de Roza. Enfin, sa probable mort - je n'arrive pas à le croire, c'est peut être qu'une question de temps avant d'accepter les faits.

Revoir le visage de Selene me permet de mettre ça de côté l'espace d'un instant. On s'enlace, et contre mon ventre, je sens le sien qui désormais abrite la vie : elle me l'annonce, je vais devenir père.

J'en rêvais. Pas maintenant, pas ici mais... Cette nouvelle devrait être terrifiante ; elle est avant tout un immense bonheur. J'en pleure de joie. Je vais être papa.

27 AOUT 2017 / PURDY : rencontre avec des cannibales

A peine une semaine après mon arrivée, je sors avec Andrea, Sarah et Duncan pour une mission de ravitaillement du côté de Purdy, au Nord du campement. C'est l'occasion de faire mes preuves, surtout face aux plus réfractaires à mon arrivée.

On est séparés un instant. Andréa pénètre dans une boutique par une fenêtre, et ne répond plus à mes appels. Je m'empresse de la suivre, flingue dégainé, mais n'ai pas le temps de comprendre quoi que ce soit - mes mains sont fauchées et je suis lourdement assommé.

Je me réveille dans une pièce sombre, sans savoir combien de temps est passé. Un type verse de l'alcool sur mes blessures pour me soigner, et puis m'enferme, les mains liées et sans comprendre quoi que ce soit à ce qui se passe.

Il se passe deux jours avant qu'on nous retrouve. Malheureusement, cette libération prend une tournure tout à fait morbide. Andrea a perdu un bras. Selene sombre dans la folie et déchaîne sa violence sur nos ravisseurs. Cette scène ne me quittera plus.

12 NOVEMBRE 2017 / PRISON DE GIG HARBOR : mort d'Alma

La quasi-totalité de Messiah est présente lorsqu'on rencontre ce camp ennemi. Ma mère est tuée sous mes yeux. L'information ne percutera vraiment qu'à notre retour à Gig Harbor.

Il en a fallu, du temps. Peut-être deux semaines, avant de venir faire sa tombe parmi celles des autres. Des inconnus. J'pensais qu'en laissant filer quelques jours, ça ferait moins mal. C'était une pensée stupide.

A genoux devant elle, je reste silencieux. Les autres sont bien au chaud, à l'intérieur. La nuit tombe déjà. Le ciel commence à se décharger d'un crachin dédaigneux.

Ta dépouille est perdue. J'espère que ça n'te retiendra pas ici-bas, maman. Et putain, j'espère surtout que tu avais raison de croire en cette connerie de paradis. J'espère que tu y retrouveras papa. Et Kate, et Tyron. Et même notre clébard. Je sens, tu sais bien, que tu veilles toujours sur moi. Tu n'vas pas m'lâcher comme ça... Tu vois tout, maintenant. T'aimerais pas que j'te pleure, t'as jamais voulu que j'me fasse de soucis pour toi. C'était toujours à sens unique. J'suis désolé, d'ailleurs, d'avoir raté des centaines d'appels de ta part sans jamais te rappeler. J'suis désolé d't'avoir fait la gueule, quand t'as trompé papa, alors qu'il t'aimait juste pas assez. J'suis désolé de t'avoir mené la vie dure. Les sorties, la came, les engueulades, l'insolence. J'suis désolé d'avoir été mauvais en cours, d'avoir ruiné tes espoirs de m'voir devenir quelqu'un d'important. J'regrette toutes ces fois où j'aurais dû t'écouter, toi, plutôt que ma bêtise. J'suis désolé... d'avoir été contre toi et Lisandro. T'avais bien l'droit, et... j'crois qu'il t'aimait vraiment. On aurait pu faire une famille bizarre. T'aurais pu être grand-mère, merde, t'étais presque grand-mère... Pour deux petits mois de plus. J'aurais voulu qu'tu sois là pour le gosse, j'vais être perdu. J'comptais sur toi pour m'apprendre à l'élever. Pour le faire bien, comme tu l'as fait pour moi. R'garde, j'suis encore en vie, j'ai même quelques amis. Ça pourrait être pire. J'comptais sur toi pour beaucoup de choses, au final. T'étais toujours là. J'me suis jamais vraiment rendu compte à quel point j'avais d'la chance d'avoir une mère comme toi.

HIVER 2017 / PRISON DE GIG HARBOR : naissance d'Elizabeth

J'ai envie de crever. Je ne supporte plus personne. Des disputes éclatent avec tout le monde. Je n'suis plus foutu de rien. J'ai envie de partir, de disparaître. Cette vie m'accable. Je ne me raccroche plus qu'à un espoir : celui que la grossesse de Selene soit menée à bien sans que personne ne meurt dans l'opération. Ce moment arrive finalement le 6 janvier, quelques semaines avant le terme.

L'hiver a pris Alma et remanié l'argile pour en faire ma fille. Certes, elle a déjà contracté le mal qui nous transformera tous en cadavres ambulants ; mais elle est le petit éclat d'espoir qui détourne le monde de son acharnement à semer la mort. Si on peut faire naître la vie, j'aime croire qu'on a encore une chance de nous reconstruire.

Le manque de sommeil pèse sur les nerfs, les airs paisibles d’Elizabeth font une balance fragile avec l’état inquiétant de Selene. Je reste assis, incapable de bouger de peur de brusquer la petite, le regard cherchant celui de ma petite-amie mais n'y trouvant qu'un vague écho paumé. Ça ira, elle a souffert, elle mettra du temps à éclaircir ses esprits, à reprendre des couleurs, mais ça ira. Ça ira.

PRINTEMPS 2018 / GIG HARBOR : Roza arrive à Messiah

Je parviens à retrouver la trace de Roza, bien vivante, qui a élu domicile dans une caravane au beau milieu d'un terrain du Madrona Links Golf Course, avec un type de son camp, Connor. C'est Selene qui m'a donné ce tuyau après de difficiles négociations. La cheffe des Messiah savait bien à quoi s'attendre : je ramène la russe à Gig Harbor et force son intégration dans le groupe. Ma prise d'initiative est vivement critiquée - pour dire poliment qu'on m'envoie chier. Peu importe, je les emmerde. Si Selene veut que je reste, elle doit accepter Roza.

C'était peut-être une provocation de trop. En avril, Selene me largue.

J'm'y attends mais c'est dur à entendre. Ca ira alimenter l'tas de noirceur qui s'forme depuis deux ans déjà. C'était bien contenu, un noyau solide et imperméable. Une boule de marasme et de haine qui s'faisait oublier sous les sourires mais la coquille se fendille. C'est juste ce qu'il fallait de trop.

AUTOMNE 2018 à AUTOMNE 2019 / NISQUALLY : déménagement et rencontre avec New Eden

Suite à l'attaque d'American Dream sur Messiah, je suis envoyé pour escorter les personnes les plus vulnérables du groupe ainsi que nos animaux vers un nouveau point de ralliement, au fort de Nisqually. Le trajet se fait sans grandes encombres, et je passe le plus clair de mon temps sur place à m'inquiéter du sort de mes amis restés à Gig Harbor, chassant les scénarios catastrophe de ma tête en m'occupant à aménager l'endroit pour accueillir tout le monde.

Il faut environ un mois pour que le reste du groupe nous retrouve - je souffle enfin, malgré quelques mauvaises nouvelles.

La vie au fort se construit peu à peu, on prend de nouveaux repères. Effy, qui commence à doucement prendre conscience de ce qui l'entoure, semble bien vivre ce changement. Je passe évidemment beaucoup de temps avec elle, et tant qu'à faire, avec les autres enfants du camp. J'ai passé mon 4e Dan en changement de couches et en berceuses, prenant plaisir à chantonner l'espagnol de mes parents à leur descendance. Mes relations avec Selene sont cordiales, malgré une distance bien installée. On a trouvé un équilibre là dedans, je crois. Si on oublie le fond de jalousie qui me titille de temps à autres. Je garde ça pour moi, et préfère me placer en soutien pour mes amis qui en ont bien besoin. Rapidement, le groupe, nommé The Haven, prend de l'ampleur. Peut-être que se présente la chance d'Elizabeth de grandir dans une société à peu près normale, en sécurité. Je l'espère, en tout cas.

En été, un signal radio est capté par le fort. Le nom de Roza y est mentionné, ainsi qu'un lieu de rendez-vous. Bien sûr, je tique et me rends sur place avec un détachement de plusieurs personnes. Là, il se passe quelque chose de tout à fait... inattendu. En plein Seattle, un hélicoptère nous survole et s'écrase tout près. On porte secours au pilote, puis toute une floppée de mecs très équipés arrive sur nous. Heureusement, leurs intentions sont louables : ils veulent simplement récupérer leur pilote. Là, on apprend l'existence de ce camp très mystérieux, qu'ils nous dépeignent comme un paradis sur Terre. Leur nom y est tout modestement en adéquation : New Eden.

En octobre, lors d'une nouvelle rencontre de démarchage de ces drôles d'individus (qui me vendent clairement du rêve, on n'va pas se mentir), Elena décide de les suivre pour se rendre sur leur camp et vérifier tout cela de visu. Je me rends volontaire pour venir, curieux de savoir. Si tout cela est vrai, alors toutes ces galères trouveraient enfin un sens. Caroline et Simon nous rejoignent ; on part à quatre.

En chemin, doués que nous sommes, notre groupe se fait repérer. Ouais, ça la fout mal : on se retrouve en mauvaise posture, Caro est blessée, on est acculés dans un appartement. Puis Elena panique, persuadée qu'on passerait par la case torture pour nous soutirer des informations. Sans que je n'ai le temps de comprendre et de l'entraver, elle fout une balle en pleine tête de Simon et retourne le canon sur elle-même. On gueule, Caro et moi, et on l'arrache à son geste suicidaire. La suite, on pouvait s'y attendre : on se fait capturer, attacher, emmener.

Caroline, Elena et moi sommes escortés dans un de leurs regroupements, en pleine campagne. Ca n'est pas le point d'arrivée finale, prévu pour fin novembre. Le temps de rameuter assez de monde pour que le trajet en vaille la peine, je suppose. Et effectivement, nous ne sommes pas les seuls. Du monde s'accumule. Nos conditions de détention sont pourtant correctes. Peut-être qu'on peut encore espérer quelque chose de tout ça. Moi, en tout cas, je choisis de coopérer, tant qu'on n'me fait pas chier. On verra bien où ça me mènera.

NOVEMBRE 2019 / GEORGE : départ du camp de New Eden

On est à la veille du départ. Je commence franchement à tourner en rond d'impatience et de frustration. Je déteste être enfermé, ne pas savoir. Être tenu loin de ma fille. Ca me pèse, mais une fois que j'aurai vu ce putain de camp, ouais, une fois que j'en aurai fait le tour, je pourrai revenir la chercher.

La dernière nuit, dans la fraîcheur éreintante de ce début d'hiver, j'entends une grande agitation. Et puis des coups de feu. Bien sûr, je n'aurai aucune explication. Je constate juste qu'au matin, avec moi, il n'y a ni Caroline, ni Elena.

L'heure venue, je grimpe à l'arrière d'un véhicule militaire avec une bonne dizaine d'autres personnes - de tous âges, genres et couleurs, de tous degrés de coopération aussi. On se met en route. J'ai beau demander pour mes amis, je ne saurai rien de plus.

Après peut-être une heure de trajet, un véhicule bifurque d'une route adjacente et se met à notre poursuite. Je ne les reconnais pas, mais après tout, ça bouge dans tous les sens et c'est impossible d'être certain de quoi que ce soit. L'homme de New Eden installé à l'arrière avec nous cale son arme sur le bord du pick-up. Je comprends que c'est sûrement ma seule chance de sortir de là et de reprendre un peu de contrôle sur ce qui se passe. Alors, sans réfléchir davantage, je me lève, pieds et poings liés, pour bousculer tout ce petit monde, l'épaule la première vers le preneur d'otage. Il bascule, me chope par le col et m'entraîne avec lui sous les roues de nos sauveurs.

HIVER 2019 / OKANOGAN : soins

"J'me souviens juste que... aïe, putain," "Désolé" "J'ai eu tout l'poids d'la roue sur les jambes, l'une après l'autre pi... j'sais pas, ça a craqué de ouf, ça m'a traîné... Ah putaaaaiiiin ça brûle, Annie !!"

Annie, donc, qui s'efforce de refaire mes pansements s'excuse encore. C'est qu'il y a du boulot : d'après elle, j'ai eu plusieurs fractures, une brûlure des tissus qui ont râpé le bitume dans ma chute, ainsi qu'un début d'infection heureusement ralentie par leurs antibiotiques - un bien par ailleurs très précieux qu'il faudra rembourser d'une manière ou d'une autre.

J'suis cloué à l'horizontale depuis des jours et ça va durer des semaines. Putain. Et à chaque nuit qui passe j'ai l'impression que j'vais crever tellement la douleur me tue, tellement mes forces sont aspirées par la chair en reconstruction.

J'ai atterri dans un autre camp, à Okanogan. 'Sont beaucoup, m'ont dit deux cents. Dans cette infirmerie, je n'suis pas seul : une dizaine de blessés est en train de se faire soigner, notamment quelques uns de ceux qui m'accompagnaient. Alors pour le coup, bien sûr, je n'ai pas eu d'autre choix que de coopérer. Mais leur cheffe a été claire, depuis mon arrivée : je pourrai repartir, que j'en sois capable ou non, pourvu que j'ai travaillé suffisamment dans le camp, de quoi payer mes médicaments. Un troc acceptable. En espérant que ça n'me prenne pas trop de temps.

PRINTEMPS 2019 / OKANOGAN : rééducation

Mes plaies sont refermées, et mes os commencent à se resouder. Mais je le sais, il faudra du temps pour que je puisse marcher. Et donc fatalement, il faudra du temps pour que je puisse rentrer. On me croira probablement mort. Je n'peux malheureusement rien y faire.

On m'a trouvé un fauteuil roulant, pour que j'puisse au moins circuler dans une partie du camp. Effectivement, il y a du monde. Et ça s'active dans tous les sens. Pour me rendre utile autant que je l'peux, je vais éplucher des patates en cuisine avec la cuistot à l'écouter s'indigner très fort du sexisme ambiant, ou trier des vis pour le vieux charpentier-pêcheur-bricoleur qui s'éclate à inventer des niches personnalisées pour chaque chien du camp. L'accueil a le mérite d'être chaleureux.

Presque quatre mois après mon sauvetage, j'arrive à faire quelques pas. "Tes muscles vont se refaire, il faut un peu de temps." dit Annie qui me fait office de béquille. Tu m'étonnes, ma démarche ne r'semble à rien, ça boîte et ça grince dans tous les sens. Enfin, paraît que j'ai déjà beaucoup de chance : un peu plus haut et il aurait fallu amputer. J'aurais eu l'air con - et surtout définitivement coincé.

ETE 2020 / OKANOGAN - MARBLEMOUNT - SEATTLE (trajet) : sur la route

Les douleurs ne sont pas complètement parties, et je fatigue bien plus vite qu'avant, mais je décide qu'il est temps. Et puis je pense avoir fait mon possible pour rendre service ici, entre les travaux et les caprices des habitants.

"Tu devrais passer par la forêt. Ca devrait t'éviter de tomber encore sur ces types. Ce n'est pas vraiment un problème pour trouver un véhicule dans le coin, en revanche pour ce qui est du carburant..." La cheffe du clan a l'air assez éreintée de me faire cette fleur, mais a déjà promis de se montrer reconnaissante. "...mes hommes doivent faire une descente de ravitaillement dans une station de la ville, ils te laisseront là bas. On te bandera les yeux le temps du trajet. Tu comprends, n'est-ce pas ?" J'acquiesce, habitué à ce genre de procédures. Et le lendemain, nous y voilà. L'endroit est déjà gardé par un petit groupe de personnes, à qui on force la main pour collaborer. Résultat des courses : un bidon d'essence, et une carabine volée, de quoi me lancer.

Pour résumer ce long trajet : c'était VRAIMENT long, putain.
La caisse m'a lâché au bout du deuxième jour. De toutes façons, les routes étaient difficilement empruntables. J'ai continué à pied avec mes jambes d'handicapé, ce qui m'a valu plein de pauses tristement chronophages. Heureusement, il n'y avait pas grand monde dans ces bleds paumés, et donc pas beaucoup de rôdeurs pour m'emmerder. Dans un refuge pour chasseurs, j'ai trouvé de quoi me refaire : un grand sac à dos de randonnée et un nouveau couteau pas dégueulasse. J'ai fait un stop de quelques jours à mi-chemin de Seattle, du côté de Marblemount pour me reposer les pattes et parce que j'avais trouvé un coin pour pêcher de quoi me requinquer. Finalement, quand l'automne a commencé à se pointer, j'ai remis les pieds à Seattle.


Mes matinées, je les entame le plus souvent avec Effy, à prendre soin d'elle et à jouer. Ca me met sur de bons rails pour le reste de la journée. Avec les personnes motivées, jeunes et moins jeunes, j'essaie d'organiser une animation de sport tous les matins : un foot, une balle aux prisonniers, de la corde à sauter... C'est puéril, certes, mais ça nourrit une bonne ambiance et ça renforce le lien entre les gens. Lorsque Duncan ou un autre pro du combat est dispo, on peut aussi en faire une bonne séance d'entrainement. S'en suit la toilette à l'eau froide, à l'ancienne dans la cour - qui me laisse complètement crispé en hiver.

Globalement, je me nourris assez peu et préfère laisser la priorité aux aux autres pour les vivres. Je prends ce qui reste quand mon estomac le réclame trop fort pour être ignoré, et chipe les meilleurs fruits ou quelques bonbons pour les donner en douce à ma fille.

Si une sortie s'organise, je suis presque toujours volontaire : j'ai bien du mal à rester enfermé et préfère largement partir au casse-pipe, même sur plusieurs jours et dans les plans les plus périlleux. Plus ça bouge, mieux c'est !

Et si aucune mission n'est en vue, alors on me trouvera probablement en train de donner un coup de main à la construction, relativement aidé par mes expériences passées en petits jobs ingrats dans le bâtiment.

Le soir, si Selene ne me l'accapare pas, je reprends Effy pour l'entraîner à la peinture - et à dissimuler les tâches maladroites. Ca n'est pas rare que d'autres enfants viennent se greffer à nous et que ça tourne en atelier improvisé. Lorsque l'agitation est passée, j'aime me trouver un coin tranquille pour griffonner sur mon carnet de croquis, tirer le portrait des habitants du camp ou bavarder avec des amis. Et si l'on a une bière ou un pétard à faire tourner, alors je suis comblé.

Mon objectif au camp est simple : c'est la recherche d'un bonheur collectif. Redonner le sourire aux dépressifs, faire jouer les gamins, apporter un peu de couleur là où les vies ternissent


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Re: Eli - "Oh non pas encore lui !"

Ven 16 Oct 2020 - 9:50

Rebienvenue ! Very Happy


I am an Fucker !

I am an O'Malley !


Chiara O'Malley
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Re: Eli - "Oh non pas encore lui !"

Ven 16 Oct 2020 - 10:08

Eli - "Oh non pas encore lui !" 2017363390



Us against them
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Tori H. Watanabe-Hayworth
Tori H. Watanabe-Hayworth
Inglorious Fuckers
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Re: Eli - "Oh non pas encore lui !"

Ven 16 Oct 2020 - 10:14

Yeah !!! :smile6: Re-bienvenue ! Content de te revoir par ici. :smile7: Messiah for Ever !  Eli - "Oh non pas encore lui !" 2451098191



Blood for blood

Duncan Donhadams
Duncan Donhadams
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Re: Eli - "Oh non pas encore lui !"

Ven 16 Oct 2020 - 10:16

Re-Bienvenue à toi !
Au plaisir de rp avec toi Smile
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Re: Eli - "Oh non pas encore lui !"

Ven 16 Oct 2020 - 10:23

Ooooh Eli ** trop bien de te revoir ici !!
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Re: Eli - "Oh non pas encore lui !"

Ven 16 Oct 2020 - 10:24

Aaaaaaah Eli rebienvenue !!!!!
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Re: Eli - "Oh non pas encore lui !"

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