Un regard doucereux et une mine accueillante, ces deux hommes semblaient être de simples sbires. Simples sbires qui ne faisaient que leur travail. Il aurait été aisé de les éliminer, mais les molosses gachaient cette opportunité presque trop facile. Alan afficha toujours cet air fatigué que sa barbe aidait à rendre plus crédible encore.

Alors, tandis que Duncan et les autres faisaient la conversation, Alan se passa une main sur le visage pour souligner cet air las de l'homme qui a hâte de s'allonger enfin quelque part pour gagner quelques heures de repos. En se passant une main sur le visage, le galeriste aperçu alors par la petite fenêtre du préfabriqué la présence de deux autres silhouettes. Alors, la manœuvre devenait nettement moins aisée : ils ne pourraient pas y aller franchement en neutralisant simplement les hommes et les chiens. Ces derniers avaient de la compagnie dans ce préfabriqué.

Le cinquantenaire pensa qu'il aurait été plus simple de régler cette histoire à l'intérieur du préfabriqué. Ainsi, le combat vif et rapproché aurait peut-être permis d'éliminer tout le monde le plus discrètement possible... Alan fit tomber son béret par inadvertance, se penchant alors pour le ramasser en soupirant, lâchant une plainte pour feindre une douleur lombaire. Il pressa en ramassant son béret l'arrêt de la cheville de Duncan contre lequel il se tenait, s'excusant d'un « Pardon... » Marmonné pour paraître le plus crédible possible. Remettant le béret sur sa tête, il fit un léger signe de cette dernière en direction des fenêtres du préfabriqué avant de paraître étonné par la bonté de l'un des deux hommes, qui leur proposait alors de rester jusqu'à l'accouchement du bébé à venir.

« Rester ici ? Vraiment ? » Dit-il d'une voix grave, presque ému. Il se frotta l'arrêté du nez et grimaça de nouveau un dos capricieux et douloureux. « C'est inespéré... » Il grimaça et posa sa main sur l'épaule de Yulia en plongeant quelques secondes son regard dans le sien. « J'ai hâte de pouvoir m'asseoir... Mon dos me refait des siennes après être resté penché sur le capot... » Assez fort avec une mine assez accablé pour que les hommes prennent cela comme une demande. Pour en rajouter un morceau, Alan frotta l'épaule de Yulia comme si il sentait qu'elle avait froid, comme toute cette pauvre petite famille...

Spoiler:

Kaya en faisait trop, mais ça ne devrait même pas m’étonner. J’eus un mouvement de recul quand elle me gratifia d’un coup de coude, avant de me reprocher d’avoir été le premier à commencer. « T’es sérieuse là, Pearl ? » C’était sorti presque naturellement, pour le coup. Puis c'était quoi ce prénom pourri ? Heureusement que je savais gérer mon stress à force de monter à cheval, parce qu’elle était douée pour le faire monter en flèche. C’était déjà difficile de garder son calme dans une situation pareille… C’était bien pire encore quand Kaya commençait à y aller de sa petite version des faits. Nihima, enceinte de mon père ? Vraiment ?

Elle en disait bien plus qu’il n’était nécessaire de le faire. Le problème, quand on enchaînait les mensonges, c’était de finir par s’emmêler les pinceaux et perdre en crédibilité. Heureusement, Nihima rattrapa le coup, et tout le monde enchaîna assez naturellement. Au final, c’était même une aubaine parce qu’ils nous invitaient maintenant à faire un petit séjour prolongé chez eux. Ils allaient peut-être même nous ouvrir les portes, ce qui nous simplifierait la tâche. J’écoutai mon père et Yulia qui parlaient tout deux d’une brève halte le temps de réparer le camion avant de repartir. C’était le bon moment pour intervenir, non ?

Je baissai les yeux, à la remarque d’un des types. Si je pensais assez fort à ma sœur – la vraie – j’étais même sûr d’arriver à paraître assez attristé. « Ben… On n’en sait rien en fait. J’espère qu’ils vont bien… » C’était courant de chercher à retrouver ses proches, même après autant de temps. Et si c’était si loin, on paraissait encore plus désespérés. Je relevai la tête vers mon père ensuite : « Tu crois qu’on pourrait rester plus longtemps ? Ils ont l’air gentil, ici. » Le pire, c’était que je le pensais vraiment. Ils avaient l’air de vouloir nous aider, alors qu’on projetait de tous les tuer dès que l’opportunité se dessinerait. J’en avais le cœur qui se serrait rien qu’à l’idée.

Spoiler:

« Ouais, Kaya... C'était notre chienne ! Elle est... Elle est... »

Attention, grand moment de théâtre en approche. L'adolescente baisse le regard en fermant les yeux. Elle aurait bien voulu être capable de pleurer sur demande mais ce n'est pas vraiment le style de la maison. « Elle est morte ! » Si ça ne leur brise pas le coeur alors Kaya voit mal ce qui pourrait attendrir ces deux types. « Morte ! » répète-t-elle, optant pour le drama absolu. Après la mère enceinte, la mort d'un petit ange de chien imaginaire devrait au moins leur fendre le coeur. Et si ça ne fonctionne pas alors il restera toujours les bons vieux tomahawks !

N'empêche que la lakota n'aurait pas eu besoin d'inventer cette excuse si seulement ce débile de Bruce n'avait pas jugé utile de donner son véritable prénom à leurs adversaires. Et Joachim, de surenchérir derrière en l'appelant Pearl...

Maintenant Kaya a bien vu le regard de sa mère lorsqu'elle a évoqué sa grossesse. C'était une bêtise ! Et curieusement, la gamine n'est plus si pressée de voir leurs adversaires disparaître. Tant qu'ils sont présents, elle ne pourra pas être enguirlandée ! Alors elle se dit que gagner un peu de temps et continuer à discuter, c'est peut-être une bonne chose. Et pendant que les autres insistent bien sur le fait qu'ils seraient ravis de pouvoir passer la nuit avec leurs hôtes, elle se détourne pour cacher sa prétendue tristesse. Et au passage, elle en profite pour observer le préfabriqué. Tiens ?! C'est bien une silhouette qu'elle vient de voir à la fenêtre, là ?

« Ils ont raison, Maman ! » Ces deux types, là ! « Ce serait p't-être plus sûr de rester ici. Le temps qu'on soit cinq ! » précise-t-elle en l'enlaçant. Sur la pointe des pieds, elle en profite pour glisser un « Comme eux ! » Nima, c'est sûr, elle va bien comprendre le message. Et puis en se retirant de cette étreinte, la gamine décoche un vague regard d'avertissement à Isaac. Jouer la comédie, oui ! Palper avec trop d'insistance le bidon de sa mère, non !

l'réré:

Okay, on est au niveau du pont ! Ils sont pas nombreux, on peut le faire, y a un mec dans le petit préfabriqué, il y a deux monsieur sur le pont, en hauteur. Mais Antony va les fumer ! Go TONY ! Les chiens, j’aime pas les chiens. On se regarde tous, Joséphine est pas loin de moi, j’ai promis à Connor de veiller sur elle alors elle a pas le droit de se faire mal.

On s’approche encore un peu, j’sens que c’est nerveux, comme avant le superbowl. Je pointe le préfa’ du doigt a Joséphine. De ma main gauche, car de la droite je dois prendre mon club de Golf : « Regarde Chérie ! Il ressemble à mon oncle Mick ce lui là, tu sais celui qui jouait dans les MARINNNNNNNNEEEEEEEERRRRRSSSS » C’EST LE MOMENT ! Je fonce vers le préfabriqué en faisant signe à Joséphine de me suivre ! Ils sont deux, que deux ! Mais je suis trop nombreux pour EUX ! Le premier me regarde arriver sur lui comme si j’étais au foot ! Je lui rendre dedans et je tape un drive avec mon fer ! VOILA CE QUI ARRIVE QUAND ON VIOLE LES FEMMES ! Je hurle mon cri de ralliement ! « SEAHAAAWK ! »

Bon, elle est où Josie ?

Spoiler: