Cela devait avoir l’air convaincant. Juste assez pour avoir l’effet de surprise escompté et réussir la première partie de leur plan. Isaac avait intégré l’équipe chargée de cette mascarade bien ficelée, mais il fallait l’avouer, c’était un sacré poids sur ses épaules. Sans compter que Joachim l’accompagnait. Cette fois l’adolescent avait eu le droit de se joindre à cette mission périlleuse. Et s’il y avait eu de nombreuses tensions entre le père et le fils ces derniers temps, depuis leurs retrouvailles après la fugue de Joachim et ses amis ; le vieux Greene avait accepté que le jeune homme l’accompagne. Dans son dos, il a attaché son glock à sa ceinture,dissimulé sous sa veste. Son couteau, également à sa ceinture, est rangé dans son étui. Visible, contrairement à son arme à feu.

Malgré une légère inquiétude, l’homme restait pourtant optimiste, malgré tout. Depuis sa rencontre avec Selene et les Messiah, il en avait vécu des situations tendues, celle-là serait une de plus… Sûrement la plus risquée, mais ils n’avaient pas le choix.

Et alors que les hommes du checkpoint les avaient finalement repérés et qui avançaient vers eux ; le cavalier s’approcha de Nima qui s’accrocha à son bras. La Lakota jouerait le rôle de sa « femme » le temps de les embrouiller un peu. Et alors qu’il affichait un sourire chaleureux et amical à l’encontre des hommes qui étaient venus à leur rencontre, il les salua « Bonsoir Messieurs. Veuillez excuser l’inquiétude de ma femme. Je lui avais promis, aux enfants aussi, que nous trouverions un abri avant la nuit… » Une légère moue embêtée se dessina sur ses lèvres avant qu’il ne vienne poser sa main sur l’épaule de son fils.« Malheureusement, je n’avais pas prévu que notre véhicule tombe en panne… »

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Endosser son meilleur rôle, c'est pas donné à tout le monde. Bien sûr qu'à l'arrière de la Love Mobile, où on a fait le trajet jusqu'ici, y'a une grosse pointe d'appréhension qui monte. Mais on doit réussir cette première étape et on a pas le choix. En amont, on a laissé Antony et Jaren descendre pour qu'ils se mettent en embuscade. Un baiser rapide à Jaren, et on a repris la route comme il fallait pour commencer à jouer avec les pédales. Quelques mètres plus loin, la fumée qui se dégage de la Love Mobile en dit long sur l'état du camion, même si c'est carrément du fake.

Je descends de là, fais genre de mettre les mains dans le moteur. Un bref regard à Alan qui fait genre comme moi, je surjoue un peu le truc avant de me retourner quand on comprend que ça arrive déjà vers nous. Ok. Concentrons-nous, c'est pas le moment de chanter faux. Ou de jouer faux... Je sais plus. Je crois qu'à force de fréquenter Isha, je dis et je fais autant de conneries que lui, ça commence à être chaud...

Sur le qui-vive, je porte une main vers le manche de ma masse en pose un regard dur sur les personnes en face de nous. Couteau à la botte, invisible. La sangle de mon fusil a pompe montre que je suis armée. Mais on parlera pas du bon plan de Milow avec les bracelets qui recouvrent mes poignets, et les lames cachées dedans. On va pas faire comme si on était des grands naïfs tombés de leur paradis, ça prendrait pas sinon. On est déjà sales, pas mal fatigués, bref... Des survivants comme on en trouve partout. Alors, ça jouera.

Ouais, notre camion est fatigué, on savait pas pour vous, que j'ajoute. Net problem, on décampe dès qu'on peut, que j'ajoute sèchement, comme à mon habitude, avec un fort accent de l'Est pour marquer le coup.

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J’étais tendu, stressé, au fond du camion. Je n’appréciais pas vraiment d’être aux premières loges, surtout quand il était question de jouer la comédie… Mais on complétait bien le tableau familial pour faire une bonne publicité avec Kaya. Il y en avait encore pour croire que les gamins ne savaient pas se défendre et étaient des victimes innocentes de l’apocalypse. Ca endormirait leur vigilance. Pour l’occasion, Nihima et Isaac étaient en couple, et Kaya jouait le rôle de ma grande sœur. C’était complètement débile, étant donné que j’avais presque dix centimètres de plus qu’elle… Elle avait insisté, et comme d’habitude, j’avais fini par céder. Je me retournai vers elle quand elle me demanda si j’étais chaud. « C’est sérieux là, soeurette. » Non, nous n’étions pas ici pour rire. Elle le prenait bien trop à la légère à mon goût. A croire qu’elle ne s’était jamais pris une balle !

Je descendis un peu après tout le monde. Chacun jouait son rôle, du gentil bûcheron au mécano improvisé pour l’occasion. J’avais une arme de poing à la ceinture, mon couteau dissimulé sous mon t-shirt. Ca ne servait à rien de se montrer désarmé, tous les survivants maintenant l’étaient. Je passerais très bien pour le gamin à qui on avait confié une arme au cas où mais qui saurait à peine s’en servir. Quant à ma mine effrayée et impressionnée, elle n’était qu’à moitié feinte. Je restais dans le giron de Nihima et mon père. La main de ce dernier sur mon épaule m’aidait à me tranquilliser un peu. Je me relâchai un peu et lui rendis un sourire quand le premier garde nous répondit d’un ton avenant qu’ils ne nous causeraient pas d’ennuis. « On est peut-être bien tombé, papa… »

Je laissai Duncan leur répondre. Il s’imposait naturellement en leader, même maintenant. Moi, je me contentais de parfaire le tableau. « On va pouvoir s’arrêter ici ? Je suis fatigué… »

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