La suite du plan se déroule plus ou moins comme prévu. Une fois les premiers gardes neutralisés, il faut lancer cette grenade pour attirer l’attention. Et c’est d’un commun accord que Cassidy est choisie… Je sais qu’elle est rapide, mais cela ne m’empêche pas de sentir l’angoisse se loger dans mes entrailles quand elle part et qu’on entend l’explosion. Et c’est avec un soulagement intense qu’elle revient en trottinant. Une bonne chose de faite. Maintenant, il suffit de les cueillir… Même si nous ne sommes pas tous d’accord sur la conduite à tenir. Les tuer pour être tranquilles. Les neutraliser, mais de façon non létale. Je suis partagé. Le secouriste en moi, le mec encore plein d’idéaux trouve cela horrible d’abattre des hommes… parce qu’ils sont là. Mais le survivant, lui, sait qu’il faut parfois laisser ses principes au placard pour le bien de tous. Alors je ne proteste pas face à la stratégie adoptée et reste un peu en retrait alors que les gros bras accueillent les quelques personnes venues voir l’incendie. Et qui ne paient clairement pas de mine. Un piège pour nous amadouer ? Cela n’empêche pas Bruce d’en laisser un sur le carreau.

Je retiens mon souffle alors qu’ils n’opposent aucune résistance tandis que le pauvre type gémit au sol, n’ayant pas supporté de se prendre la charge d’un rhinocéros sur la tronche. Est-il gravement blessé ? Quand Nolan va l’examiner, je me porte à sa hauteur et m’accroupis en face de lui. Si jamais sa colonne vertébrale est touchée… On est mal. Surtout qu’on n’a pas le temps de s’occuper de lui comme il faut. Il faut les emmener dans le hangar et se tenir prêts à accueillir la suite. A un moment, ça va paraître suspect et ce ne sont pas quelques cinquantenaires qui vont nous tomber dessus… « A ton avis, les vertèbres sont touchées ? » On peut l’emmener, en s’y mettant à plusieurs et en se coordonnant pour garder la colonne alignée. Même si il n’y a guère que Joséphine, Nolan et moi pour savoir comment procéder. Et encore, on manque de matos.

Spoiler:

L'arrivée du véhicule coupa court à tout. Connor n'eut pas le temps de continuer à parler, encore moins de comprendre que déjà, la situation sembla évidente pour les hommes en face. Pas le temps de réagir pour la suite. Il eut à peine un regard pour les autres, se saisissant de celui qu'il était sur le point de ligoter pour le balancer devant lui. S'il arrêta les balles - et pas de la manière dont il aurait aimé - il ne lui permit pas pour autant d'amortir les chocs.

Le sportif eut cependant beaucoup de chances, puisque dans sa course folle jusqu'à un abri viable, il ne se fit pas toucher. Ca n'était cependant pas passer bien loin de son côté. Il souffla longuement, le coeur battant à tout rompre avant de saisir son glock. Répliquer. Viser juste... Abattre cette douzaine d'ennemis... Bon, ils avaient été prévenu que ça ne serait pas simple.

C'EST MAINTENANT OU JAMAIS ! Cracha-t-il au talkie sans prendre davantage la peine de faire du morse cette fois. Les autres étaient déjà au courant, les détonations devaient s'entendre à l'autre bout de la ville... Il n'y avait plus de mystère pour personne.

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Vertèbres touchées. Mince. Mais finalement, cela n’a pas d’importance alors que des hommes armés débarquent subitement et ne se laissent pas du tout leurrés par nous. Ils hurlent à pleins poumons. Merde… D’accroupi, je passe à courbé en deux, alors que je vois des corps s’effondrer autour de nous. J’échange un regard avec Nolan, très bref. Pas besoin de mots. Fuir, et vite. Je l’attrape par le poignet et je me mets à courir, non sans vérifier que mon ami suit la cadence. Hors de question de l’abandonner. La course est plus difficile pour lui, il va crever de mal à sa jambe, mais ce sera signe qu’il est en vie. Heureusement Cassidy et Farah sont restées derrière, c’est déjà ça. Je peste contre notre stupidité. Nous avons été trop… timorés. Mais c’est ce qui fait que nous ne sommes pas des monstres. Et qu’on sera peut être des gens biens, mais morts, dans pas longtemps.

Je me dirige vers un des véhicules agricoles, histoire de nous mettre à couvert. Est-ce qu’on a réussi la diversion ? On dirait bien. Mais ça risque de nous coûter cher. Le cœur battant la chamade, je me planque avec Nolan et reprends mon souffle, en sortant mon arme à feu cette fois. « Putain, c’est à se dire qu’on ne gagne rien à ne pas devenir de vrais salopards… » Puis je regarde la machine. « Tu vas me prendre pour un dingue, mais on peut pas se servir des machines pour leur rouler sur la gueule à ces connards ? » Oui c’est sale, mais là, c’est notre survie avant tout.

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Je hoche la tête à la question de Tomeo, essayant de réfléchir à la façon de le transporter sans l’achever. Sauf qu’on a pas le temps de discuter que c’est… le bordel. Putain, elle marche sacrément bien notre diversion en fait. Un peu trop à mon goût. Par réflexe, je cherche Cass’ des yeux mais elle est bien à l’abri, comme Farah et mon regard croise celui de Tomeo alors que les balles commencent à siffler autour de nous. Je me laisse embarquer, à peu près sûr que, sans sa poigne, j’aurais pas tenu la distance. Et, une fois planqué derrière un tracteur qui doit être à peu près aussi vieux que moi, je reprends mon souffle tant bien que mal, grimaçant à ses propos. « Je sais… fait chier. »

Pourtant, on le savait hein… que ça pouvait que finir comme ça. Je lève les yeux en direction de l’engin et j’ai un haussement d’épaule, essayant de pas songer à tout ce que ça peut impliquer. « … ça se tente. J’ai pas conduit ce genre de trucs depuis plus de 10 ans mais… » C’était bien la seule activité marrante à la ferme. Je serre mon couteau entre les mains, bien dérisoire face aux balles qui ont sifflé dans tous les sens et je prends une grande inspiration alors que j’essaie de voir si tout le monde a réussi à se tirer. J’espère que oui.

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J'écoute tout l'monde taper la discute, p'tain ils étaient partis pour tous les descendre et maintenant ils font à moitié copain-copain pendant que deux gars d'chez nous aident le pauv'type qu'a pas l'air d's'être remis du plaquage express offert par notre copain aux gros bras. J'suis presque surpris qu'personne ait encore descendu personne, dans mes souvenirs les rencontres quand ça commençait par des explosions ça terminait rarement bien pour un des deux partis.

Enfin, on a pas l'temps d'finir d'discuter d'ça, qu'déjà, y a deux jeeps qui débarquent à tout allure avec des gars à leur bord, p'tain, ça va mal s'finir cette histoire et j'peux pas m'empêcher d'reculer d'un pas ou deux pour m'rapprocher d'Elrik. Par fraternité ? Par protection ? Nan, juste parce qu'j'me dis qu'c'le seul qui voudra p'têt s'jter d'vant moi pour prendre les balles si ça tourne mal. Pis d'ailleurs, ça risque pas d'bien s'passer puisqu'à peine arriver, ils ont l'air d'gueuler des trucs que j'comprends pas trop, par contre quand les balles se mettent à fuser, çà j'comprends un peu mieux. Surtout que le gars à côté d'Duncan, s'mange une sale rafale.

C'le moment d'se barrer, j'me retourne et s'en demander mon reste j'tape l'sprint de ma vie, j'ai pas envie de rester dans le coin, j'file à tout à allure vers la cachette la plus proche pour m'y j'ter comme un lapin, j'suis courageux mais pas téméraire et j'peux pas m'empêcher d'vérifier si j'ai pas pris d'balle avant d'chercher des yeux mon frangin en espérant qu'il y soit pas resté quand même, au bout d'quelques instants j'ai ma réponse, y m'rejoint et j'peux pas m'empêcher d'relacher la pression pendant un instant, c'déjà ça en moins à s'inquiéter.

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Si les choses semblent bien parties sur le moment, les choses s’enveniment rapidement quand des jeeps surgissent de l’ombre alors que Nolan et Tomeo étaient en train d’essayer de stabiliser la victime de l’autre tank. Très rapidement, la situation qui penchait pourtant en leur faveur se renverse, et les leurs se retrouvent rapidement sous les feux ennemis. Intrus ou civils, les gardes armés ne semblent faire aucune différence et rafle la zone à coup de mitrailleuse.

L’amazone retient un juron, restant accroupie et parfaitement immobile le temps d’analyser la situation. Quand une balle perdue ricoche sur la carrosserie de la moissonneuse, elle bat en retraite et recule, sous la protection de l’engin. Elle retrouve Nihima, Cassidy et Joséphine qui l’avaient suivie. « A votre avis, quel est le pourcentage de chance qu’ils aient laissé les clés dans la cabine ? » Un aussi gros engin n’est généralement pas la première cible d’un pillage. Ils avaient leurs chances. « Ils ne nous ont pas encore repéré ici, tu viens d’une ferme, non ? » Demande-t-elle à Cassidy. « T’arriverais à leur rouler dessus avec cet engin ? Je te couvrirai, s’ils te repèrent. » Assure-t-elle, ensuite. Prête à remonter sur le haut de la machine dès qu’on aurait besoin d’elle.  

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