Il faisait noir, très noir. Mais chose étrange, Caleb ressentit comme une vague – éphémère – de calme et de sérénité. Il avait confié l’otage à un homme qui, selon lui, serait nettement plus adepte à le gérer et… A faire ce qu’il fallait, s’il en était besoin. Ainsi libéré de ce poids, il se sentit – encore une fois de manière éphémère – prêt à la suite. Evoluant dans le noir, parfois tranché par une torchère plus grande que l’autre mais qui, une fois à nouveau baissée, ramenait tout dans les ténèbres, sa main bute contre ce qui semble être le rebord d’un tableau. Un tableau ? Dans un hangar qui, jusqu’ici, ne contenait que de la nourriture et de denrées diverses ?

L’espace d’une ou deux secondes, le bûcheron s’immobilise. Doit-il poursuivre, ou prendre le temps de regarder ce que s’était ? Après tout, dans ces ténèbres, n’importe quoi pourrait ressembler à quelque chose, surtout lorsque ce n’importe quoi est effleurer de bout des doigts caleux d’un artisan bientôt quarantenaire. Bon, il écoute son instinct, et farfouille.

Et il a bien fait. Car ce tableau – ou plutôt ce panneau – au mur, servait de présentoir pour des clés. Six clés, pour être exact. Caleb les prit dans sa large pogne, et tenta de discerner des mots qui pourraient aider à savoir quelle clé démarre quel engin, ou ouvre quelle étagère. Mais rien. Frustré, le Canadien profite d’être légèrement éloigné de Connor pour frapper du poing sur un meuble de bois. C’est alors qu’une idée lui vint. Il retourna en direction de Connor, pour lui faire un débriefing :

- Eh ! J’ai trouvé ces clés ! Il n’y a rien d’autre ici, à part de quoi nous nourrir pour les prochaines années. Je sais pas ce que ces clés ouvrent, ou font démarrer. Mais j’aimerais bien essayer avec cette moissonneuse batteuse là ! Peut-être qu’on pourrait tenter quelque chose, si les autres font diversion avec elle ! J’vais aller leur donner, et je reviendrais ensuite ! Et si t’as un plan… Bah on verra à ce moment-là ! Souhaite moi bonne chance !

Et Caleb prit la route. Baissé, ses genoux pliés en deux, avançant comme un grand canard, il parvint à rejoindre la position des autres, derrière la moissonneuse. Discrètement, il tapota sur l’épaule de la première venue et lui dit ces quelques mots :

Eh ! C’est Caleb, du calme ! J’ai trouvé ces clés ! Je ne sais pas laquelle serait pour la moissonneuse, ni même si elle y est… mais ça vaudrait le coup d’essayer ! Avec Connor, on a peut-être un plan alors… Si vous pouviez nous faire une diversion, ou quoi que ce soit, ce serait pas mal ! Aller, faut que j’y retourne !

Scrutant les alentours, Caleb attendit le moment de revenir dans le hangar.

Résumé:

Réceptionnant l'otage, Connor hésita à savoir ce qu'il devait en foutre... Très connement, son premier réflexe fut de lui prendre le crâne à une main et de le marteler à plusieurs reprises contre la tôle de l'entrepot. Sale. Quand le sang perça sur la chair et que l'homme tourna de l'oeil - mort ou vivant, il n'en savait rien - Connor en profita pour lui ligoter les bras et les jambes dans le dos à l'aide de ses lacets.

Putain de merde. Devoir se coltiner des mecs comme ça maintenant, c'était la pire des emmerdes, Connor était en train de voir clairement flou. Tâchant de ne pas perdre pied, il se concentra. Brièvement à l'abri avec Caleb, il ne vit pas l'homme trouver des clés, juste ce dernier s'imposait à lui pour lui dire ce qu'il avait en main. Un plan, quelque chose.

Ok, trancha le blond alors que le bucheron s'éloignait pour apporter le trousseau à la personne la plus proche. Et parler. Bon sang ! C'était pas le moment de jouer les bavards ! Bouge ! Grogna-t-il alors, s'impatientant. Glock dégainé, batte à portée, le sportif perdait clairement patience. Peut-être pourrait-il y aller tout seul au final, ça ferait la différence s'il s'y prenait habilement... Quand il y eut brièvement une opportunité, le bucheron revint : On va au fond de l'entrepot, on trouve une sortie et on contourne pour les prendre à revers ! Expliqua-t-il en désignant le fond de leur abri. Ils veulent nous acculer, on va les prendre en sandwich, et les plier en deux.

Spoiler:

J’vais pas rester planqué comme un rempla_ant ! Pas question non mais ! A côté d’moi, j’ai enfin vu qu’il y avait trois personnes, deux garçons et une fille ! J’leur souri en faisant sauter ma boule dans mes mains. « Vous voulez voir un truc cool ? j’vais faire comme au superbowl ! » j’ai vu des étoiles dans leurs yeux et là il vont en avoir encore plus !

Je sors de ma planque, prêt à lancer et là je vois un mec pas trop loin : je respire à plein poumon et je hurle comme pendant une charge : « MARINEEEEEER » Je lance et là il y a un gros « PLOC » puis le mec tombe à terre ! EN PLEINE TETE! J’laisse éclater ma joie : « AAAAAAH MES BOULES DE SEAHAWK SUR TON FRONT ! »
Je regarde ceux qui sont avec moi et j’hurle comme si je venais de marquer : « OUAAIIIS Z’AVEZ VU ÇA ! » Je me replanque comme un prudent et j’attends ! J’ai eu grave chaud par contre ! Y’en a un qui a faillit me toucher, genre la balle elle est passé à 2 cm de ma tête ! Mais il m’a loupé et c’est le plus important !

Spoiler:

De nouveau plié en deux, tentant autant que possible de s’abaisser pour éviter des tirs ou prendre une balle perdue, Caleb reprit la direction du hangar. A vrai dire, il se sentait plutôt ridicule à marcher comme ça. Ses grandes pattes lui rendaient une allure de grand canard pataud. Plusieurs fois, il manqua de tomber, mais il vint à bon port.

Et Connor, qui semblait passablement énervé, avait un plan. Et celui-ci consistait à sortir de la relative sécurité du hangar. Cela n’enjouait pas Caleb, il fallait bien l’avouer… Mais rester ici, c’était la mort garantie. Alors mieux valait sortir, et tenter quelque chose… Non ? Après tout, comme disait un de ses anciens employés, habitué des missions de bucheronnage à haut risque : quitte à mourir, autant choisir quand et pourquoi.

Voyant le sang sur la tôle du hangar, et le corps inanimé de l’otage ligoté, Caleb se doutait que Connor avait fait… Ce qu’il avait à faire. Avec violence… Mais au moins, c’était fait. Mais bien vite, le bûcheron avisa son interlocuteur :

- D’accord. Je te suis.

Résumer:

Si j’ai un sursaut, je suis soulagé de voir Farah en un seul morceau et avec nous. Je la regarde avec attention, comme pour m’assurer qu’elle n’a rien du tout avant de fouiller pour essayer de trouver, en vain, les clés du tracteur. « Fait chier… » Je jure entre mes dents avant de tiquer sur la présence de Bruce. Ouais, difficile de le rater pourtant. Et on a beau être dans la merde, on a beau se demander si on va survivre aux prochaines minutes, y a le gamin de 10 ans en moi qui le regarde avec de grands yeux admiratifs l’espace d’une seconde. Je hoche la tête en silence quand il nous demande si on veut voir un truc cool, sans imaginer le moins du monde ce qu’il va faire.

« …. Ah ouais. » Okay. C’est carrément cool. Violent. Mortel. Mais cool. Et quand il revient, je peux pas m’empêcher de le fixer sans rien dire, en vrai petit fanboy. « C’était mortel ! » Bon, par contre, faut arrêter les conneries. Je secoue la tête, histoire de me rappeler qu’on est genre en danger mortel. Mais vache … mes boules de Seahawk sur ton front quoi, on peut PAS faire plus cool. Je grimpe de nouveau à moitié dans la cabine du tracteur, essayant de voir si on peut vraiment rien en faire ou s’il y a pas un truc intéressant qui pourrait nous être utile. « Va falloir qu’on bouge de là si on veut pas se faire tirer comme des lapins. Y a aucun de vous qui sait démarrer un tracteur sans clé j’imagine… » Quoi, on peut toujours demander. Ca marche pas comme dans les films ?  

Spoiler:

Si Alan avait manqué de peu de se faire tirer dessus, il s'était retrouvé roulant-boulant sur le sol pour atterrir contre la porte du hangar. Une chance que le colosse ne se soit pas démis une épaule dans l'opération. Autant vous dire aussi, que le béret du gentil bûcheron qu'il était quelques minutes plus tôt s'était envolé vers d'autres cieux. Tant pis. Les mahcoires serrées, Alan observa un instant les agissements de chacun. Un brin impressionné par la performance de Bruce, qui par un réflexe primitif lança littéralement ses boules au visage de l'ennemi, le cinquantenaire s'accroupit pour tenté de repérer une fenêtre d'approche.

Au même moment, Connor et Caleb à l'entrée du bâtiment, aux côtés d'un orage inutilement ficelé comme un rôti dont Alan aurait volontiers fendu le crâne en deux à l'aide de sa hache, semblaient décidé à contourner l'assaut pour les prendre à revers. Alan leva une main silencieuse pour de manifester et se glissa dans le hangar à leurs côtés pour les suivre. Le galeriste était meilleur au corps à corps, il savait que la Bête préférait voir sa victime s'éteindre entre ses mains plutôt qu'à distance.

Trouver une sortie au fond du hangar... Il y avait toujours la possibilité de faire tomber une de ces puissantes étagères contre l'une des paroles de taule en espérant que cela la fasse tomber. « Avec la surprise que le vacarme va produire nous pourrons leur foncer dessus et finir le travail à la main. » Fini d'expliquer Alan en exposant alors son idée aux deux hommes. Ils ne seraient pas trop de trois pour renverser cette étagère pleine de vivres, par exemple, pour arriver à ouvrir une brèche vers ces hommes se trouvant sur le flanc du hangar.

Spoiler:

Forcément. Si les premiers ont l’air de vieillards inoffensifs, c’est loin d’être le cas de ceux qui arrivent ensuite. J’ai beau être restée planquée avec certaines derrière une moissonneuse, je ne parviens à reprendre ma respiration quand tout le monde semble être à l'abri. Non pas tout le monde. Je cille en voyant les corps à terre, avant de chercher les miens du regard. Ils vont bien. On va se focaliser sur ça. On est en plusieurs groupes, mais tout le monde va bien.


Je tourne la tête vers Raina – elle me traite de pécore là ? – , regardant un instant l’énorme machine à côté de nous. « J’ai pas conduit de trucs comme ça depuis que je suis gosse… Mais c’est comme le vélo, ça s’oublie pas ! » J’ai l’air plus convaincue que je ne le suis ? J’espère en tout cas. Suis-je ravie à l’idée de conduire ce truc ? Non, j’ai déjà des haut-le-cœur rien qu’à l’idée de ce que ça ferait de passer sur quelqu’un… Je frissonne, mais mon attention est momentanément détournée par des cris. Un cri en fait, suivis d’autres. Je me fige en l’entendant, avant de comprendre et de rester un peu con, les yeux rivés sur le géant… et ses boules de Seahawk donc… Merde. Je devrais pas rire hein ? C’est un peu beaucoup nerveux, mais quand même. Je sais pas si je suis soulagée ou encore plus inquiète de les savoir avec lui du coup. Parce qu’il est trop classe. Et trop bourrin. Et trop con à la fois. Je sais pas trop quoi en penser du coup. Mais bon, c’est pas comme si j’avais le temps de le faire.


Je sursaute en sentant quelqu’un derrière moi. Laissant filer un soupir de soulagement, j’attrape les clés que Caleb me tend et hoche la tête. « On va faire ce qu’on peut oui. » Si j’arrive ne serait-ce qu’à démarrer et allumer les phares de ce truc déjà, ils seront aveugles… Ouais, je devrais pouvoir rouler avec aussi.

Spoiler: