« QUOI ? » Il me traite de menteur l’autre vieux, je ne mens jamais ma maman elle voulait pas que je mentes ! Je me lève d’un bon et je me diriges vers le papy ! Tout le monde me regarde et personne ne bouge, pourtant ils voient que je suis en colère !!!! SEAHAWK ! Il m’a traité de menteur !!!! J’vois Selene qui bouge et qui tente de m’empêcher de passer, Je sens ses mains sur moi ! J’la regarde l’air mauvais !

Mais j’vais pas lui faire de mal, elle veut bien faire ! MAIS ON STOPPE PAS LE BRUCE TRAIN COMME ON VEUT ! « De quoi ? Okay, tu viens avec moi alors ! » Je choppe Selene et je la met sur mon épaule, et j’avance vers le patriarche ! J’aime pas le ton qu’il vient d’employer, PAS DU TOUT ! Qu’il s’explique tout de suite ! JE LE CHOPPE PAR LE COL CE CON ! « Tu me traites de menteur alors même que mes amis ont été blessés, presque tué pour vous libérer de New Eden ? » J’ai les larmes aux yeux, je n’aime pas qu’on me traite de menteur, j’aime pas mentir, j’ai jamais menti. Je lui aurais bien attrapé les épaules mais j’suis fatigué : « On est venu car on a peur que New Eden fasse sa loi partout et que plus personne soit libre. » Je pose Selene et puis je tombe à genou tellement j’suis fatigué : « On ne veut pas que nos amies se fassent violer pour donner des enfants, on veut… on ne veut pas ça, vous comprenez on a peur, on ne veut pas d’eux ! On veut les repousser aussi loin que possible… On est désolé de vous avoir fait du mal… Mais… comprenez s’il vous plait, on veut juste se défendre contre des gens qu’on sait mauvais. »

Je pleurs ? Mais oui je pleurs pour de vrai… Tellement fatigué : « Je suis désolé que vous pensiez ça de nous… mais je ne mentais pas, on ne mentais pas… Si… un jour vous changez d’avis, sachez que les Seahawks seront toujours vos amis. » Je sèche une larme… j’suis pas vraiment fait pour ça. La prochaine fois je veux pas faire un combat comme ça en fait.

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Elle était toujours pétrifiée alors que les échanges s’enchainaient. Avaient-ils fait le bon choix ? Cette question la hantait et rouvrait la porte aux démons qu’elle avait mis tant de temps à enterrer. Avaient-ils fait le bon choix ? Et finalement… celui qui la ramena sur terre, ce fut Ruben. Ruben, suivit de Joachim, qui évoquèrent le sort de Kaya. Oui… c’était si évident. Selene était venue là pour assurer un avenir à sa fille, c’était pour ça qu’elle avait pris tous ces risques, qu’elle avait cru en cette cause… et c’était à ça qu’elle allait se raccrocher. Il ne fallait pas qu'elle oubli. C’était aussi ce qui lui ferait accepter que cette fois, ils avaient perdu…

- Hey, non ! S’écria-t-elle en voyant le buffle Bruce s’élancer vers l’assemblée.

La musicienne présageait le pire, elle chercha à le retenir en faisant pression sur son torse, mais c’était comme un chaton qui voulait entraver la route d’un rhinocéros. Elle n’eut aucun effet et pire : son monde bascula si vite qu’elle mit quelques secondes à réaliser qu’elle rebondissait, comme un sac-à-patate, sur l’épaule de l’ancien sportif. Râler et taper sur son dos n’eut aucun effet. La pianiste ne recouvrit la terre ferme que parce que le quarantenaire posait le genou à terre pour son plaidoyer.

Un plaidoyer déchirant. Selene n’eut même pas le cœur à l’interrompre, à l’engueuler ou quoique ce soit. Elle resta plantée là, à hauteur de la foule, aux côtés d’un Bruce qui craquait sous la pression. En se rongeant l’intérieur des joues, les lèvres pincées, la jeune femme s’abaissa à sa hauteur et posa la main sur la sienne. Ses prunelles lazulis cherchaient les yeux humides du géant.

- Hey… c’est ok… , elle regarda brièvement le patriarche et secoua finalement la tête, on peut rien pour eux, on va juste rentrer chez nous. C’est pas fini, lui souffla-t-elle finalement.

Non, ce n’était pas terminé… ils trouveraient un moyen. Si les gens ne voulaient pas être libérés, ils tomberaient New Eden sans leur aide, c’était aussi simple que ça.

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J’avais l’impression de nager en plein cauchemar. Le tumulte avait cessé brutalement, quand l’un d’eux s’était levé pour faire taire tout le monde. Il devait être, sans aucun doute, leur chef. Bien entendu, il n’acceptait pas nos revendications. Je n’avais même pas pu entendre ce que les plus indécis auraient voulu dire. Je ne pouvais pas m’empêcher de croire qu’il était intervenu pour les empêcher de parler. Et nous, peut-être… Qu’on s’y était mal pris. Est-ce qu’on valait guère mieux qu’eux, à vouloir imposer nos idées par la force ? Ils avaient besoin d’un électrochoc, qu’on les réveille et pousse à réfléchir par eux-mêmes. C’était sans doute trop prématuré, ou même trop brutal, comme approche. Mais s’ils ne voulaient pas nous écouter… Alors on avait échoué. « On aurait fait tout ça pour rien ? » Je baissai la tête, résigné. « On voulait seulement vous aider, mais si vous ne voulez pas de notre aide… » Je croisai brièvement le regard de Selene. « On n’est pas venu pour vous forcer. »

Je me sentais fatigué. J’avais mal partout. Je tentais quand même de sourire un peu, mais c’était difficile en fait. « Si certains veulent quand même venir, parce qu’ils ne se sentent pas de rester ici, ils sont les bienvenus chez nous. On a… Un camp auto-suffisant. » Difficile d’en dire plus sans trop nous trahir, en fait. « On s’en sort plutôt bien. Vous serez à l’abri avec nous. Vous avez une porte de sortie qui vous est offerte, à vous de voir si vous voulez la prendre... » S’ils craignaient qu’on vienne les chercher là-bas, ils seraient plutôt tranquilles là-dessus. Et maintenant, ils avaient enfin le choix.

Je secouai la tête négativement, avant de décider de quitter l’église. C’était un peu trop pour moi d’un coup. Je n’avais plus qu’une hâte, c’était de pouvoir rentrer.

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Le vieux lève la voix et j'ai le réflexe grave con de sursauter et de tirer Kaya derrière moi pour qu'elle se prenne rien si quelque chose arrive. Bon, bah rien arrive, même si on se fait gronder comme des enfants sur le coup et qu'on en mène pas large. J'ai même pas les réponses à mes questions et y'a rien à faire. J'ai l'impression de digérer du plomb là, c'est totalement injuste. On est pas venus pour être les méchants, on pensait vraiment qu'ils étaient pas si bien, que c'était un système qui broyait les gens, à grande échelle. Et quoi ? On nous annonce tout le contraire, je comprends pas comment on a pu se tromper à ce point.

Bruce cependant, il en lache des larmes et il a raison. On veut pas que nos amies se fassent violer, on veut pas subir ce qu'ils acceptent. Moi, je l'accepterais pas. Et j'en attends autant de la part de mes amis, on peut pas ne pas se battre contre eux. Contre ce qu'ils considèrent comme normal pour leur survie. C'est comme signer un contrat avec le diable : je te sauve aujourd'hui mais tu me donnes ton âme en échange ? Non, c'est pas un deal qui est juste. Mais pourquoi ils le comprennent pas ? Pourquoi ils tolèrent ça ? Pourquoi ils tolèrent surtout que ceux qui acceptent pas finissent mal ?

Putain…

Et avec tout ça, j'en ai oublié mon anniversaire. C'était hier. Une fracture de la pommette, des coups, des bleus, et des remontrances de la part d'un vieux. Bah super pour ta dix-neuvième année, Ruben.

C’était peine perdue. Voilà ce que pensait Valérian, tandis que les autres s’échinaient à vouloir convaincre ces hommes, ces femmes, dont les vies semblaient irrémédiablement vouées à ce système dont ils prônaient les rouages. Des rouages qu'ils étaient prêts à intégrer pour bénéficier du confort offert par la civilisation de New Eden. Et… Était-ce si surprenant, en vérité ? S’ils avaient accès à cette civilisation, à ce confort et surtout à cette sécurité, il était compréhensible que ces civils soient dévoués à cet Eden, jusqu’à être indifférents au prix qui leur était imposé en échange de cette vie. L’acceptaient-ils réellement ? Ou bien était-ce bel et bien la peur qui parlait à leur place, comme le mentionnait le jeune Joachim ?

Après tout, à l’exception de quelques voix hésitantes, l’assemblée paraissait conquise et les louages adressées à cet Eden ne manquèrent pas. Aux yeux de Valérian, ces gens étaient complètement aveuglés, endoctrinés ; à tel point qu’ils ne répondirent pas aux questions qui leur étaient adressées concernant les failles de ce système. Des failles dont eux avaient pourtant eu des preuves. Des failles dont ces gens étaient certainement conscients, mais qu’ils préféraient ignorer par pure commodité.  

Ces civils avaient peur oui. Mais en cet instant, Valérian peinait à déterminer de quoi exactement. Était-ce la peur de perdre accès à cette vie dans laquelle ils semblaient se complaire ? Ou bien la peur de cet Eden, dont ils connaissaient et redoutaient l’envers du décor ? Une chose était certaine : ces gens ne voulaient pas être sauvés. Et ce constat ébranla le grec, qui perçut plus que jamais l’horreur et la futilité de cet assaut.

Les traits tirés par la fatigue, Valérian hocha silencieusement la tête aux propos de Duncan. Si - et c’était désormais une certitude - ces gens ne voulaient pas les rejoindre, ils devraient déterminer quoi faire d’eux. George serait rasé de fond en comble. Élimineraient-ils également ces civils ? Au fond de lui, le grec savait qu’agir ainsi les mettrait sur un pied d’égalité avec le système qu’ils étaient venus combattre.

Lorsque le patriarche haussa le ton, un sourire à la fois dur et désoeuvré étira les lèvres de Valérian. « À votre guise. » répliqua-t-il d’un ton cassant. « Navré de vous avoir fait perdre votre précieux temps. » Le mépris et la colère sourdaient en lui ; l’impuissance aussi. Plus que jamais, le grec se sentait perdu. Cette bataille avait été remportée, certes, mais son issue était décidément bien amère. Sans compter qu’ils ne faisaient que s’engager dans un conflit démesurément grand, dont la première pierre avait été posée ce jour-là.

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