J’entends le bruit du sang qui s’écoule de ses plaies et qui goutte au sol. J’ai l’impression que ça résonne dans ma tête comme une espèce de bruit de fond lancinant. Sauf que le bruit est rapidement remplacé par autre chose, de beaucoup trop familier. Bruit que j’occulte, que je mets de côté. Comme tout ce qui risque de me rendre complètement dingue. Je relève la tête quand Farah entre, me contentant d’opiner sans vraiment la regarder et de reprendre ce que je suis en train de faire. Je retourne dans mon espèce de bulle, concentré sur la chose que j’ai à faire. Et je continue d’inciser, de charcuter, me demandant à quel moment ce sera le geste de trop, à quel moment sa respiration va s’arrêter, quand est-ce que je devrais planter une lame dans son crâne pour éviter qu’il se relève.

Je sursaute quand j’entends le message de Duncan et je manque de ripper. Mais je ferme les yeux, refermant le poing pour que ma main arrête de trembler. Et j’inspire longuement, alors que mon regard s’attarde un instant sur le talkie et que je sens mes mâchoires qui se contractent. Pas encore. Pas maintenant, sinon on aura fait tout ça pour rien.

Je galère à déloger la dernière balle, au niveau du genou, grimaçant en voyant son état et j’ai un profond soupir, alors que je lève enfin la tête vers les autres, suturant la dernière plaie aussi vite que je peux. Et d’un coup, le reste du monde me revient en pleine figure. J’ai un goût de métal dans la bouche et je me frotte nerveusement le visage, le couvrant de sang. « On y retourne. » Ils sont à pied. Hors de question qu’on les laisse se débrouiller. Que ce soit parce qu’ils ont besoin de renfort ou parce que la horde va leur tomber dessus tôt ou tard. Et on ne pourra rien faire de mieux pour Elrik de toute façon. Je crois que Tom a parlé, fait quelque chose avec le talkie, mais je suis pas vraiment sûr. Je l’interroge du regard alors que je me redresse un peu et que je me saisis d’une nouvelle dose de morphine pour la planter dans la peau de la lakota. « T’en auras besoin, le retour va être hardcore. » Et je ferme les yeux un instant, essayant de calmer les battements de mon cœur.

Spoiler:

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La tension était palpable, alors qu'elle se forçait à rester immobile. Braquant la lampe sur chaque plaie, chacune de ses respirations se bloquant dans sa poitrine quand le bruit métallique des balles venait à tinter au sol. Ce fût Farah qui lui fit relever le regard, alors qu'elle annonçait que le pire restait à venir. Les coyotes. Ses sourcils se froncèrent légèrement en l'apprenant alors qu'elle se concentrait pour ne pas trembler sous l'effet du stress mêlé à l'angoisse, croisant le regard de Nolan et Tomeo. Vous y êtes presque. Les avaient-elle encouragé d'un murmure, avant que les râles de l'armée de Yama ne parviennent à eux. Ses phalanges blanchissant alors qu'elle resserrait sa prise sur la lampe torche, et qu'enfin, la dernière balle était retirée. Bien joué !

L'air revint à ses poumons, alors qu'elle venait éponger son front teinté d'une fine pellicule de sueur et que désormais, la course contre la montre se lançait. Laissant aux deux hommes l'occasion de se féliciter alors qu'elle lâchait enfin un sourire de soulagement malgré la douleur, et que désormais ils devaient s'organiser.

Les morts.

La voix de Tomeo lui parvint alors qu'il annonçait la nouvelle aux alliés, et que Nolan venait jusqu'à elle. Venant planter une seringue dans son bras alors qu'il annonçait qu'elle en aurait besoin, et qu'elle hochait la tête gravement. Ca va aller. Assura t-elle dans un grognement, alors qu'à nouveau on venait lui parler. Ses yeux noirs se plantèrent dans ceux de Tomeo alors qu'il parlait de la faire passer à l'avant avec le fusil d'assaut. Au cas ou.

Farah, aide moi à me lever. avait-elle annoncé sans réellement répondre, venant passer son bras valide autour du cou de la jeune femme non sans lâcher un cri retenu de douleur en sentant celle-ci lanciner la moitié de son corps. Roulant des yeux pour juguler son envie de hurler à quel point elle avait mal, venant se mordre la langue avec violence avant de reprendre à l'attention des deux hommes.

On fait comme ça. Maintenez les blessés, on va à l'avant. On va récupérer les nôtres.

Dans quel état, elle n'en avait aucun idée. Mais ils iraient. Prenant appui sur sa jambe valide avant de reprendre à l'attention de Farah. Je tiendrais pas seule debout; c'est impossible. Faut que je reste assise. Remerciant d'un murmure la blonde qui l'aidait à s'asseoir sur le côté passager, venant faire glisser son arme pour l'avoir à portée avant d'attacher la ceinture de sécurité dans un cliquetis. Calant le fusil de manière à pouvoir espérer atteindre les coyotes les plus proches, non sans jeter un dernier regard à Farah.

Fonces.

Restait à espérer que la morphine fasse rapidement effet, et que les Esprits soient avec eux.

Spoiler:

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