Archie | FOLLOW THE SUN AND WHICH WAY THE WIND BLOWS
Lun 7 Déc 2020 - 0:09
A brand new moon and a brand new sun
Solaire Intrépide Persévèrent Enthousiaste Observateur Confus Envahissant Imprudent Amoral Crédule | Armé principalement d’un pied de biche qui le suit depuis chez lui, il s’aventure bien souvent trop proche de la mort, les avant-bras recouverts de ce qu’il trouve pour tenter de se protéger comme il peut, généralement des couches de papiers, pub ou autres papiers journal saucissonnés avec des bandes de tissus, cordelettes à rôti, ou quand c’est possible, du scotch. Côté tranchant, il a un couteau de chasse accroché à sa ceinture, récupéré sans vergogne dans la main fraîchement morte d’un camarade tombé au combat environ un an après le début de tout ça. Rarement tiré de son étui, il l’utilise plus souvent sur des aliments à trancher que pour perforer des crânes décrépis. Il possède également une arme de poing, qu’il utilise encore moins souvent que son couteau. Trouvé il y a trois ans de cela, caché dans le réservoir vide d’un WC alors qu’il cherchait des vivres dans une ancienne crack house, il n’a tiré avec que très peu de fois. Les armes à feu faisant définitivement trop de bruit et les balles étant si rares qu’il n’a jamais fini le chargeur avec lequel il l’a récupéré. Le fait qu’il n’ai aucune expérience avec les pistolets doit certainement y être pour beaucoup, aussi. Pour le reste, Archie voyage léger : Un sac à dos certainement chipé à un mort, il n’en garde aucun souvenir, avec quelques vêtements de rechanges et un duvet bourrés à l’intérieur. Dans la poche dorsale de celui-ci se trouve toujours un carnet à dessin et une trousse prise à une enfant qui ne respirait plus depuis trop peu de temps. Pour le reste, rien de bien extraordinaire, un petit nécessaire de soin, une lampe torche avec cellules photovoltaïques troquée contre quelques plans de bâtiments, une pince coupante, un ouvre boite, des allumettes, quelques vivres, juste de quoi survivre sans ne jamais être encombré. Un esprit sain dans un corps sain. « Mon corps est un temple » qu’il se plaisait à rabâcher avant que le monde ne s’écroule, son esprit avec. Et maintenant, il ne restait que des murs vides où plus grand-chose ne résonne, ne raisonne. Le long de ses pas beaucoup de centimètres, 168 pour être très précis, s’étalent une multitude de tatouages, tous datant d’avant, seules des cicatrices sont venues s’ajouter entre les encres, parfois dessus en les arrachant au passage. Rien de bien impressionnant en revanche, pas de grandes marques qui emportent avec elles des histoires héroïques ou dramatiques, seulement des erreurs idiotes qui se sont accumulées sur sa peau, preuves irréfutables de son imprudence alliée à sa bravoure stupide. Contre toutes attentes, Archibald est solide. Des épaules déjà carrées au départ et des muscles secs taillés par l’horreur et la nécessité de se battre pour survivre, il préfère pourtant éviter d’en venir aux coups, qu’importe la situation. Mais les mots et ses sourires chaleureux n’ont que très peu d’effets sur les morts qui marchent, alors Archie il frappe quand il faut. |
Pour Archie, c’est pareil. De ce qu’il avait pu être avant ne restait que des sourires benêts et étrangement rayonnants au milieu d’un tableau seulement peint de gris et de rouge. Et face à l’improbable, face à l’horreur, face aux morts qui ne le restaient pas, il s’était découvert un autre lui qui était peut être la depuis toujours mais qu’il avait sûrement ignoré, même s’il y avait certainement eu des signes avant-coureurs : Archibald était un crétin. Mais cette terrible fatalité ne s’était pas imposée tout de suite. Sa santé mentale s’était doucement dissoute dans le sang épais et encore chaud des vies qui s’éteignaient autour de lui. Ça s’était effrité si lentement qu’Archibald ne s’en était pas vraiment rendu compte, n’avait pas vu s’installer cette brume opaque autour de ce qu’était autre fois son intelligence, le laissant aujourd’hui confus, ou pour être plus vulgaire : vraiment con.
Et la stupidité ne s’était pas révélée seule, embarquant avec elle une imprudence et une crédulité étroitement emmêlées avec son manque flagrant de discernement. Dans un monde devenu un vaste terrain de jeu mortel, ou les rares rires sortaient généralement de sa propre âme fêlée, ce n’était pas bien difficile de croire en tout et faire confiance à n’importe qui. Et perdu dans les eaux troubles de sa propre psyché en décrépitude, les frontières de la moralité en devinrent plus flous, et il eu de moins en moins de scrupules à les franchir, jusqu’à ne plus se poser la moindre question sur ce qui était bien, ou moins bien.
Et au milieu de tout ça, y’avait un enthousiasme sans faille malheureusement lié à l’être bien heureux et simple d’esprit qu’il était devenu. Irrémédiablement attachant quoi que terriblement envahissant, Archibald a le cœur qui rayonne, et ça avait tendance à refléter sur d’autres qui auraient la patience de rester en sa compagnie. Alors c’était assez courant qu’il s’approche de n’importe qui, sans raison ni but particulier, imperméable à l’idée qu’il pourrait peut être déranger, et offrait ses meilleurs sourires et ses aventures pas toujours dignes d’intérêt, mais il aimait partager Archie, échanger, s’entourer.
Dans son panier imbécile, y’avait aussi l’intrépidité marié à son inconscience, n’hésitant pas à se jeter dans des plans pas bien malins parce que « ben pourquoi pas ? ». Jamais le dernier à vouloir se rendre utile, même au-delà de ses capacités physique et/ou mental, Archie se porte facilement volontaire, et il est parfois plus judicieux de ne le choisir qu’en cas de « ya pas l’choix, reste plus qu’toi ». Et brilleront dans ses yeux l’incompréhension et la déception s’il n’est pas prit alors qu’il lève la main, inconscient que sa bonne volonté ne suffit malheureusement pas toujours, pas souvent.
Pourtant, en plus d’être bardé de bonnes intentions, Archibald a un sens de l’observation aiguisé. Délesté de pensées superflus, d’instinct de survie qui frapperait assez fort dans sa poitrine pour le déconcentrer, il scrute, observe, enregistre sans pour autant être capable d’analyser, d’en tirer des conclusions qui pourraient s’avérer utile. Mais il n’hésite pas à partager avec le reste de la classe, peut être que dans le tas, quelqu’un serait capable de tirer au milieu d’informations peu cruciales comme « la porte a la peinture qui s’écaille », « il était huit et y’en a deux qui avaient un bonnet » ou encore « y’a une pierre qui s’est barrée sous une échauguette ». Et ça s’imprime dans sa tête ce qu’il voit. Pas tout, pas toujours, mais quand ça décide de s’accrocher ça reste, ça se répète en boucle comme une vidéo bloquée sur replay. Les sujets varies entre des visages survivants, des morts qui marchent, des morts qui ne marchent plus, des bâtiments et leurs architectures, et tant qu’il ne les a pas couché sur le papier, ça le hante nuit et jour, jusqu’à le rendre incapable de se concentrer sur quoi que ce soit d’autre.
Y’avait également une persévérence, un entêtement étroitement liée à son manque de conscience de lui même, du danger permanent qui l’entoure et aussi, et surtout, ce besoin viscéral de ne décevoir personne. Alors il tente d’ignorer la douleur et la fatigue jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus, prends des tours de garde et laisse le suivant finir sa nuit parce que « oh mais pauvre chaton, il dormait si bien... », et ça, sans jamais rechigner, toujours avec cette joie empreinte sur ses lèvres, un sourire si grand qui offrait une vision si étrange dans ce monde ou le bonheur n’avait plus vraiment sa place.
Alors mélangez tout ça, et ça vous donne un cocktail pétillant et définitivement trop sucré mais avec un goût de « reviens-y », peut être, ou pas.
1990. Né de parents aux âmes fleuris, êtres peace & love jusqu’aux os qui s’étaient trouvés au milieu de 450 000 autres âmes venues participer au festival du siècle, l’un pour écouter ses artistes favoris les pieds dans la boue et l’autre pour nourrir les festivaliers. Ils ont d’abord voulu exister par tout les moyens avant de donner la vie et ainsi lui transmettre leurs savoirs, leurs sagesses, leurs paix. Ils ont voyagé un peu, déménagé beaucoup, ont mûri ensemble avant de finalement poser bagage à Gresham, cette ville de l’Oregon si loin de leur Californie natale. L’une avait 39 ans et l’autre 40 ans quand Archibald poussa son premier cri, et il vint compléter un tableau fait d’amour, d’herbes roulées dans une feuille et d’eau fraîche.
1991-2008. L’enfance fut simple et aimante au milieu de deux parents débordants d’envie de faire bien les choses. L’enfant unique qui ne s’est jamais senti seul avec ses parents-copains avait très vite intégré le fait que sourire était la réponse à tout, tout le temps. Le gosse au soleil dans le cœur avait hérité de la joie naturelle de sa mère et de l’amour des pinceaux de son père, et il répétait sans cesse qu’il voulait « peindre comme papa et rendre heureux comme maman. ».
Et s’il était évident qu’il était aussi doué au dessus d’une toile que son paternel et qu’il était autant bienveillant que sa mère, sa bonne volonté n’était pas toujours accompagnée des bons mots, du bon ton. Si les enseignements de ses parents étaient gravés à jamais sur les parois de son être, certains mécanismes avaient fini par prendre le pas sur ce qu’ils lui avaient inculqués. Il s’était découvert un petit air condescendant qui lui colla à la peau pendant longtemps, même s’il ne sortait que dans des cas bien spécifiques, et particulièrement face à la bêtise et l’ignorance, là ou Archibald devrait faire preuve de patience et d’abnégation. Mais il leur souriait à ces imbéciles, c’était déjà ça.
2008-2014. C’était un jeune adulte plein d’entrain qui avait fait ses premiers pas sur le campus universitaire, jonglant entre études en art, rassemblements extra-scolaire écolo, groupes de musique dans lesquelles il ne restait jamais bien longtemps, et les heures et les heures le cul dans l’herbe ou dans les transports en commun un carnet de croquis à la main, Archie perfectionnait ce qui deviendra très vite sa spécialité : le speed sketching. Le regard s’imprégnait d’une tranche de vie, et la main la couchait sur le papier dans des traits et formes simplifiés, en seulement quelques minutes, Archibald pouvait retranscrire un moment, un endroit, l’agitation qui s’était étalée sous ses yeux, la figeant en noir sur du blanc. Il n’était pas rare qu’il offre ses croquis aux sujets qu’il avait immortalisé dans la rue, toujours la joie bloquée sur ses lèvres.
Entre les cônes roulés à la fumée acre, les footings dans le parcs universitaire, les petits concerts étudiants ou il était batteur et les milliers de sourires journaliers, Archibald sorti diplômé d’un bachelor en art. Et il n’avait aucune intention de s’arrêter là, visant un master avec deux années supplémentaires d’études. Ses parents l’avaient pourtant poussé à prendre une pause, de profiter de cette jeunesse dans laquelle il baignait sans pour autant oser s’y immerger entièrement. Ils l’avaient invité à voyager, à découvrir autre chose que Gresham et son campus et il avait répondu qu’il aurait « tout le reste de ma vie pour ça ! ».
2014-2015. Master en poche, Archibald avait enfin terminé ses études et la vie précaire d’artiste débutant pouvait enfin commencer. Dans un petit appartement au dessus d’une rue piétonne de la ville qui l’avait vu naître, le blond essayait de se faire un nom dans le milieu difficile de l’art. Et tout était bon pour tenter d’accrocher sa griffe quelque part. Expositions dans d’anciennes crackhouse ou ils avaient tout juste pris le temps de retirer les seringues et les couvertures puantes pour les inventer galeries d’art bobo, distribution de croquis dans les transports, photos de ses œuvres sur internet, ventes privées, le prénom d’Archie commençait doucement à se murmurer dans le cercle underground des artistes hors des cases aux foulards noués autour de la gorge.
• DÉBUT OCTOBRE 2015 : gresham, oregon, heart of freedom
C’était une notification sur son smartphone qui lui appris la nouvelle, ce jour là. Sous son regard curieux et ses sourcils froncés s’étendait un post Reddit intitulé « CE QU’ILS NE NOUS DISENT PAS ! » et pendant de longues heures, Archie avait parcouru des dizaines de théories du complot rédigées par des internautes qui s’improvisaient lanceurs d’alerte. Il en réfutait la plupart mais en embrassait certaines, principalement le fait que oui, les médias ne leur disaient pas tout. Et l’armée non plus, d’ailleurs. Et ça gonflait en lui, la peur d’être asphyxié sous des lois liberticides, que tout ceci ne soit qu’une ruse pour prendre le contrôle des foules. Pas habituellement complotiste, Halpert avait pourtant la rébellion dans le cœur et c’était sans doute pour cette raison qu’il avait rapidement rejoint les premières manifestations, un panneau à la main, un bandana lui couvrant une partie du visage. Et tout en scandant des slogans pas toujours inspirés, Archibald marchait dans les rues de Gresham, l’esprit pacifique qui se tenait éloigné des casseurs et autres fouteurs de merde, essayant d’éviter les bombes lacrymogènes, aidant ceux qui avaient été touché en leur rinçant les yeux, les réconfortant avec de grands sourires et des discours pas très flatteur sur les forces de l’ordre.
Heart of freedom ; octobre 2015, peinture à l’huile sur toile, 16"x12".
Ici, l’artiste a dépeint sa première manifestation, lui au milieu d’autres, cherchant à garder sa liberté avec des slogans notés à la va-vite au marqueur sur un carton qu’il brandit.
• FIN OCTOBRE 2015 : gresham, oregon, the great shipwreck of life
La violence, il l’avait vu grandir dans les rues dans lesquelles il avait marché pendant des jours, écriteaux de paix au dessus de la tête. Elle déchirait la ville qui l’avait vu grandir, elle s’attaquait aux commerces, aux petites vieilles dans la rue, aux gens chez eux pour une paquet de pâtes ou un rouleau de papier toilette. Ce monde devenait fou, et ça laissait Archibald hagard. Il n’arrivait pas à comprendre la panique qui prenait les moins stables à la gorge, les poussant à être les pires versions d’eux même. Comment pouvaient-ils s’égarer de la sorte ? C’était terrifiant. Il les voyait passer sur les réseaux sociaux, les délurés qui se regroupaient, se retrouvaient pour prendre d’assaut la supérette du coin, s’organisaient comme s’ils étaient entrain de monter le casse du siècle et c’était désolant. Et comme n’importe quelle personne en désaccord avec quelqu’un d’autre sur internet : Archie donnait son avis en commentaire, faisait preuve d’esprit sur des airs hautains en leur prouvant par A + B qu’ils étaient de mauvaises graines qui ne faisaient qu’empirer les choses.
Mais la panique avait fini par le saisir, lui aussi. Panique dirigée vers les émeutiers, d’abord, la situation inédite ensuite. Les voitures brûlées, les boutiques saccagées, les appartements éventrés avaient eu raison de lui, le poussant finalement à quitter son chez lui, bien loin de se douter qu’il fermait une porte qu’il ne rouvrirait jamais plus. Alors sac à dos sur l’épaule, pied de biche à la main, il avait rejoint le gymnase de la ville dressé en camp de réfugiés par les militaires contre lesquels il avait manifesté, quelques temps plus tôt. Archie s’était d’ailleurs excusés à quelques uns d’entre eux, pardons reçus les sourcils étonnés face à ce hippie des temps modernes qui avouait ses tords et qui annonçait qu’il n’aurait « pas dû perdre confiance en l’autorité et croire aux conneries sur internet. ».
Et dans ce camp aux allures de futur naufrage, Archibald fit la rencontre de Gary, un petit con qui avait aussi peu de notion de respect que ceux à qui il avait essayé d’expliquer la vie sur internet. Alors les commentaires n’étaient plus écrits, mais oraux, le petit sourire suffisant en plus. Ce « Gary » incarnait tout ce que Archie ne supportait pas dans leur génération, ce fier représentant de cette société de consommation qui croit que le monde lui appartient, parce qu’il en avait décidé ainsi. C’était alors en toute logique qu’ils en virent à s’insupporter au moindre raclement de gorge, de bruit de fourchette dans l’assiette ou d’une inspiration plus forte que la précédente. Et la première vraie dispute avait éclatée quand le blond s’était fait piquer des noix dans son sac alors qu’il méditait, et que le brun avait eu l’audace, en plus, de les lui jeter une à une en plein visage alors que son esprit était ailleurs. S’en était suivie une lecture condescendante sur l’origine de ces dites noix qui n’étaient « définitivement pas des graines » et Archie et Gary ne s’étaient plus parlé pendant des jours. Bon débarras. Une chose était certaine dans la tête de l’artiste : une fois tout ça terminé, une fois rentré, il ne voudrait plus jamais croiser cette tête de con.
The great shipwreck of life ; octobre 2015, fusain sur papier à grain 125g, 8,2"x11,7".
Représentation du gymnase ou l’artiste s’est barricadé avec d’autres âmes en quête de sécurité. Les visages sont volontairement flous, tout comme la situation dans laquelle l’artiste, et le monde, baignent.
• HIVER 2015-2016 : campagne de gresham, oregon, when the party is over
Après des semaines à l’abri du danger extérieur, épargnés par l’horreur qui grandissait dehors, la patience des survivants ignorants commençait à s’amenuiser face aux manques de vivres, de confort, mais surtout face au manque cruel d’informations. Plusieurs groupes avaient fini par se former dans le gymnase, tout comme la certitude qu’il n’y avait rien de bon à rester ici. Et Archie avait essayé de s’y accrocher le plus longtemps possible, à sa conviction que tout redeviendrait comme avant, que les émeutes finiraient vite, qu’il pourrait bientôt rentrer chez lui, reprendre le tableau inachevé qu’était sa vie. Mais se cramponner à cette idée alors que les espoirs s’effilochaient un peu plus chaque jour aurait été des signes de pure folie alors quand une partie du camp avait décidé de le quitter pour fuir la ville, Halpert avait suivi le mouvement. A ce moment la, le blond n’avait pas vraiment conscience de ce qui l’attendait dehors, ni la faim, ni le froid, ni les morts. Il s’était contenté de suivre ceux à qui il avait sourit et qu’ils lui avaient sourit en retour. Sauf à Gary, il lui avait pas sourit à lui, et pourtant il était quand même là. Ils étaient une petite dizaine à avoir quitté Gresham et son gymnase, et l’horreur de la réalité, dont ils avaient été préservé entre les murs qui sentaient la sueur et le désespoir, avait fini par les frapper. Et le premier coup avait été porté à leurs illusions, persuadés que pour se rendre dans le ranch tant convoité dans l’état d’à côté, ils pourraient utiliser des voitures. Mais elle étaient pour la plupart siphonnées ou inutilisables, et aucun d’entre eux ne s’y connaissaient assez en mécanique pour les sortir de cette terrible fatalité : ils devraient quitter la ville à pied.
Le second coup, c’était le froid qui l’avait balancé en plein dans leurs gencives, crochet du doigt à en décrocher une molaire, ou deux. Des hivers rudes, Archibald en avait déjà connu, mais toujours emmitouflé dans des grands manteaux et des écharpes, des paires de gants et de chaussettes sèches, le ventre bien remplis, aussi. Alors celui ci semblait plus dévastateur que tout les autres, sans être certains que ce soit vraiment les températures le problème, mais plutôt la situation précaire dans laquelle ils étaient tous. Sûrement un subtile mélange des deux. Bordant les routes les bras croisés sur sa poitrine pour garder un peu de chaleur, il s’enfonçait d’avantage dans les campagnes de l’Oregon, s’éloignant d’une ville qu’il n’avait jamais vraiment quitté, luttant contre l’idée pessimiste qu’il ne la reverrait peut être jamais. Parce que c’était un optimiste, Archie. Il ne pouvait s’empêcher de leur dire que tout ça n’était qu’un au revoir, qu’ils finiraient par revenir, une fois tout remis en ordre, dans « quelques s’maines, vous verrez ! »
Mais ça, c’était avant le troisième et dernier coup essuyé par le petit groupe devenu un peu plus que de simples êtres qui survivaient ensemble. Ce soir là, c’était Archie et Gary qui montaient la garde. Et même si les liens s’étaient resserrés avec les autres, avec lui c’était jamais vraiment passé. Ils avaient toujours fait en sorte de ne jamais se trouver à être responsables de quoi que ce soit d’important en même temps, mais le destin en avait décidé autrement, ce soir là. D’où était parti la dispute ? Certainement quelque chose d’incroyablement crétin, couplé avec le fait qu’ils n’avaient encore jamais croisé de morts, ce qui les rendaient moins conscients d’un danger pourtant omniprésent. Les autres dormaient d’un sommeil bien mérité quand les voix des deux hommes s’étaient élevées l’une contre l’autre, et ils n’avaient pas entendu les clochettes tendues sur des fils chanter l’avertissement qu’elles arrivaient, ces menaces qu’ils n’avaient entendu que dans la bouche d’autres. Alors les sienne s’agitaient, se déformaient sous les insultes et les reproches. Et peut être avaient-ils fini par se rendre compte du vacarme qu’ils faisaient, à quelques pas de ceux qu’ils avaient juré de protéger pour cette nuit, parce qu’ils avaient fini par la fermer, l’un l’index levé, l’autre l’oreille tendue. Et dans le regard qu’ils s’étaient tout deux échangés, ils avaient compris que c’était trop tard, qu’ils avaient attirés quelqu’un, appelé par leurs chamailleries. Ou quelque chose, quelques choses. Ce premier hurlement de douleur suivi d’un silence, Archibald s’en souviendrait jusqu’à sa mort. Ce qu’il vit, aussi. Jugulaire arrachée dévorée d’un enfant entre les dents d’un homme qui ne ressemblait à rien de ce qu’il s’était imaginé, les nuits d’avant. Il était resté un instant figé face au carmin dégueulasse qui s’éparpillait, aux grognements inhumains et cette panique qui était née dans le cœur de chacun d’eux, le sommeil et l’incompréhension encore dans leurs traits. Armé, Archibald aurait pu peut être sauver des gens de l’horrible sort qui les attendait, peut être, tous. Mais au lieu de ça, il avait foncé pour récupérer son sac, et avait fuit le cauchemar qu’il avait lui même aidé à créer. Et ce geste égoïste, bien qu’il lui ai certainement sauvé la vie, il ne se l’expliquait toujours pas aujourd’hui.
Et il avait couru, la peur au bide, la honte aux yeux, à s’en déchirer les muscles, les doigts crispés sur son arme qui n’avait encore jamais servie. Pourtant, il avait fini par faire volte face, répondant à un appel à l’aide la ou il avait ignoré les douze premiers. Pourquoi celui ci et pas les autres ? Pour ça non plus, Archibald n’eut jamais la réponse. Il avait changé de direction, fondant sur sa gauche la ou les suppliques s’élevaient d’une voix qu’il n’avait pas reconnu entre les battements terrifiés et terrifiants de sa propre peur à ses oreilles. Et il la vit, la mort au dessus de Gary, si proche de le faucher de ses dents tranchantes. Sa course s’était achevée d’un grand coup d’épaule dans celui qui ne vivait plus mais qui marchait quand même, le faisant tomber un peu plus loin, l’écartant de l’homme au sol à qui il avait jeté un « relève toi ! » sans même avoir la présence d’esprit de lui tendre la main pour l’aider, trop obnubilé par la mort qui se relevait de sa chute. Et porté par la peur, ce qu’il tenait trop fermement entre les doigts fini par fendre l’air glacial de cette nuit-là, s’écrasant d’abord sur un torse qui ne semblait pas ressentir la moindre douleur. La force et l’élan qu’il avait donné à son coup manqua de le faire trébucher, mais réussi à se rattraper sur son autre jambe et le pied de biche revint à la charge, s’éclatant lourdement sur le côté du crâne visé, partant en éclats sous la violence du métal et de la terreur d’Archibald. Il venait de tuer pour la première fois. Il n’eut pas le temps de dégueuler ce qui se pressait pourtant au bord de ses lèvres, car d’autres arrivaient, sûrement avait-il dû hurler pour se donner du courage, les attirant à leur suite. Archie et Gary avaient détalé dans deux directions différentes, sans même un mot, sans même un regard.
Il courut une heure cette nuit là, avant de s’écrouler dans un placart à l’étage d’un diner désert, ou il laissa enfin sortir de son estomac la terreur, la fatigue, la honte d’être en vie et la soudaine solitude qui avait fondu sur lui.
When the party is over ; janvier 2016, stylo noir sur une serviette en papier, 5,9"x5,9".
Cauchemar noir et rouge sur blanc. La fillette et le mort mangeur de vivants sont étonnants de précision, le carmin pour illustrer l’horreur et le sang que l’artiste à découvert cette nuit la est fait à partir de sauce tomate maison diluée dans un peu d’eau.
• 2016-2017 : entre gresham, oregon et seattle, washington, the light behind their eyes
Alternant entre le lourd poids de la solitude et le bonheur de pouvoir offrir des sourires à ceux qui n’en avaient pas vu depuis des lustres, Archibald avançait sans d’autre but que celui de survivre. Il suivait parfois un groupe qui voulait bien de lui pendant un temps, avant de se retrouver seul à nouveau parce qu’il avait été oublié sur un bord de route, parce que sa seule bonne volonté ne suffisait plus à justifier de garder la bouche à nourrir qu'il était ou parce qu’il s’était simplement perdu, incapable de les retrouver. Et puis ça recommençait, lui, la route, les morts, le froid et la faim avant de retrouver d’autres âmes auxquelles s’accrocher. Chiot abandonné sans objectif qui suivait ceux qui en avait un, et il fini même par s’approprier le leur : rejoindre Seattle et une des communautés qui se seraient formées la bas.
Et dans un monde qui n’avait de cesse d’attaquer son esprit éclatant, la mort s’accumulait sous ses cotes, l’horreur s’amoncelait dans sa tête et tout perdait lentement sens. Les couches s’était délitées petit à petit, se détachant une à une pour ne laisser plus que le vide dedans et des sourires posés par dessus. Chaque matin il se réveillait un peu moins lui, jusqu’à ne plus l’être, les bouts de raison éparpillés un peu partout sur le chemin entre chez lui et cet ailleurs qu’il cherchait à rejoindre sans parfois se souvenir pourquoi. C’était une autre personne qui était venu boucher les trous dans sa tête, offrant à ce monde décharné un Archibald confus, à des kilomètres de celui qu’il fut et qu’il avait laissé à Gresham.
Les obsessions étaient aussi venues se greffer à ce cœur qui battait différemment, ces images qui s’accrochaient à lui sans répit, lui brouillant la vue le jour et lui troublait le peu de repos qu’il trouvait la nuit. Et griffonner ces bribes d’hier sur papier semblait être la seule chose qui les faisait partir. Alors papiers, carnets, stylos et autres crayons étaient montés sur la liste des priorités de ses recherches journalières au milieu de la nourriture consommable, de l’eau en bouteille, des médicaments et aussi, d’autres personnes à accompagner.
The light behind their eyes ; 2016-2017, crayon sur papier à grain gris 90g, 8,3"x5,8".
Longue séries de portraits des gens qui ont croisé la route de l’artiste. L’on peut voir l’évolution de sa psyché dans certains détails qui tendent à disparaître, et d’autres qui apparaissent, en particulier dans les yeux de ceux qui sont morts qui finissent par être remplacés par des « googly eyes » dignes de dessins d'enfants la ou tout le reste représente l’horreur vécue par l’artiste dans des détails de plus en plus macabres.
137, ash night bld, Toledo, Washington ; février 2017, stylo bleu sur papier simple, 8,2"x11,7".
Premier croquis d’une interminable série de plans de bâtiments avec annotations à utilités variables. Le premier est un plan en coupe de la première maison visitée par l’artiste à Toledo.
• AUTOMNE 2017 : seattle, washington, you’re my windows to the sky
Il lui fallut presque deux ans pour atteindre un but qui ne lui appartenait pas au départ, et quand ses chaussures trouées avaient enfin foulées les premiers bouts de route de Seattle, Archibald s’était persuadé que cet objectif était sien, qu’il était la consécration de sa vie, une fin en soi, l’accomplissement de la quête ultime. Alors il avait pleuré, pas de tristesse, pas de fatigue, mais d’une joie incommensurable, rires dérangés dérangeants qui s’étaient mêlés aux larmes sous les yeux écarquillés de ceux qui avaient fait ce dernier bout de chemin avec lui. Sans doute n’avaient-ils pas encore remarqués dans ses regards brillants et ses sourires trop grands, cette folie pourtant bien la, et qu’une fois chose faites, ils ne pouvaient plus l’ignorer. C’était sûrement la raison pour laquelle ils l’avaient laissé derrière après une nuit dans un grand entrepôt sur les docks, ou d’autres âmes s’étaient éparpillées ça et là du sol bétonné. Archie s’était réveillé sans être entouré, et il se rappela que l’unique réponse à tout, comme ses parents lui avaient appris, c’était de sourire. Alors face à cet énième abandon, face à la solitude revenue se poser sur lui, il avait offert un grand sourire à personne.
Ça faisait quelques jours déjà qu’il s’était retrouvé seul dans ce qu’ils semblaient tous appeler le « no man’s land », et Archibald avait tenté quelques approches avec d’autres solitaires comme lui, armé de son sourire et de son envie de rompre le silence entassé derrière ses lèvres. Et sans forcement s’être fait des ennemis, il devint rapidement une cible facile. Ce n’était pas la première fois qu’il se faisait piquer des affaires, et jamais le blond ne s’emportant, acceptant son sort avec un bonheur sur le bord de ses lèvres et inadapté à ce genre de situation. Tout le monde était dans le besoin, le partage était la clé, même si bien des soirs Archibald se retrouvait sans rien à se mettre sous la dent, son maigre diner difficilement acquis entre les mains d’autres. Il était armé pourtant, il aurait pu défendre sa pitance dérobée déjà trop de fois, mais n’avait pas l’intention de rentrer dans un cercle de violence qui ne ferait que rendre un monde déjà mourant encore pire. Peut être que c’est ce qu’il aurait pensé, avant, alors qu’aujourd’hui il prenait seulement ces rares interactions comme du pain béni dont il se nourrissait à défaut de manger ce qu’il était allé chercher au péril de sa vie.
Plongé dans une profonde méditation, dos au mur et pied de biche sur les genoux, il ne les avait pas entendu fouiller, encore, dans son sac à dos. Il n’avait pas entendu non plus son surnom depuis l’autre bout de l’entrepôt, lancé par une voix qu’il aurait sans doute reconnue. « Hé, c’est mon hippie! » Archie n’avait émergé qu’une fois les doigts tapotant son épaule, ouvrant les yeux dans un sursaut de sa respiration. «Archie, ils t’ont piqué tes cacahuètes!» « Retourne jouer aux billes connard, mêle-toi de ce qui te regarde si tu veux pas que ça tourne mal. » Il lui fallut quelques secondes pour comprendre soudain pourquoi il y avait tant de gens autour de lui là ou il y avait d’habitude personne. «Ca me regarde, on se connaît! On a mangé des tomates ensemble.» Les mots s’emmêlaient autant dehors que dedans, et battant lourdement des paupières, le regard navigant entre ceux qui tenaient leur butin dans les mains et celui qui était venu se dresser face au larcin, Archibald oublia de reprendre sa respiration. La majorité des visages de ceux qu’il avait rencontré au fil de ces années cauchemardesques avaient désertés sa mémoire, et certainement qu’il s’était présenté à des gens qu’il connaissait pourtant déjà. Mais ces traits là, ils étaient restés gravés quelque part au fond d’Archie. Et sa voix, elle l’avait transportée la bas, cette nuit là, et le cri qui s’en suivi personne d’autre ne l’avait entendu, résonnant assourdissant dans ses entrailles emmêlées par un événement qui pensait s’être perdu il y a des siècles de cela. Bribes d’un autre homme et d’autres problèmes, morceaux de la fin de quelque chose et des débuts d’un autre. Et peut être que ça fit remonter quelque chose de soigneusement enfoui qui aurait du le rester, car quand l’un sorti un couteau, Archibald sauta sur ses pieds, arme prête à faire son office vissée dans sa main crispée. Il n’était pas impressionnant, du haut de son pauvre mètre et quelques, pourtant la présence de sourire sur son visage à cet instant avait ce truc imposant, de gênant aussi. Halpert, il pouvait accepter de se faire détrousser en boucle, se faire moquer, se faire insulter même, il en haussait les épaules. Mais il refusait cet étalage de bêtises pour quelques bouchés de nourriture périmée. Et pour la première fois depuis le début de tout, Archibald avait des airs de ce qu’il fut autrefois. « Vous avez c’que vous voulez, non ? Prendre le risque que ça tourne mal ça s’rait quand même pas bien malin. Pourquoi on s’rait pas tous copains ? Ca s’rait bien plus sympa. » et la joie mal placée sur un visage qui devrait afficher le sérieux de la situation, s’était étirée. Il écarta les bras un instant en signe de bonne foi, portant sa main dans une poche intérieure de sa veste il en tira une barre chocolatée qu’il lança au plus nerveux. « Tiens voilà pour ton goûter. Et si tu trouves des billes, lui et moi on sera chauds pour une partie ! » y’avait même plus de moquerie dans sa voix et c’était bien ce qu’il y avait de plus dérangeant.
Désarçonnés, et plus lourd d’une sucrerie, ils avaient fini par partir, laissant Archibald et Gary tout seul. « On remange des tomates ensemble quand tu veux, et même avec de la cendre dessus. » Et les regards qui s’étaient mélangés à cet instant n’avaient plus les couleurs d’avant, et sur leurs langues il n’y avait plus le goût de la haine puérile, comme si les presque deux années chacun dans son coin leur avaient permis de recommencer de zéro une relation enterrée d’avance. La simple vérité qu’ils puissent s’apprécier aujourd’hui car ils étaient devenus d’autres personnes ne lui traversa jamais l’esprit, comme si le moindre raisonnement était capable venir s’y loger. Duo amis improbable, quand tout en eux cherchaient à être loin de l’autre au début, aujourd’hui Archie et Gary ne se quittaient plus.
You’re my windows to the sky ; novembre 2017, crayons de couleur sur feuille à carreaux, 16"x12".
Premier portrait couleurs de l’artiste depuis le début de son cauchemar. Représentation de Gary Holt, antagoniste des premières heures devenu ami essentiel, entrain de jouer aux billes.
• 2017-2018 : seattle et alentours, washington, the broken minds club
Au lieu de dégringoler seul dans le terrier du lapin blanc, ils étaient maintenant deux à se jeter tout sourire dans cette folie qui les accueillait à bras ouverts pour les réconforter, pour leur faire oublier que demain, ils seraient sûrement décédés, dépiautés, déchiquetés. Et quand les derniers bouts de sa raison avaient cédés sous des rires idiots à un évènement qui n’avait certainement rien de drôle, Archibald ne senti plus le poids de la menace comme avant. Deux esprits ébréchés sautant à pieds joints dans les flaques boueuses teintées souvent de rouge, se tenant parfois la main comme deux enfants qu’ils avaient, peut être, fini par devenir, protection gamine face à ce qui grouillait sous leurs yeux quand ils se tenaient au dessus d’un toit à leur jeter des cailloux, des rires sur les joues.
Ils n’étaient plus seuls, c’était Archie et Gary, Gary et Archie, le duo d’abord attachant et puis trop vite envahissant, mais surtout pas toujours compétent. Ils essayaient pourtant, en particulier Archibald dans sa peur de mal faire, allant bien trop souvent au de-là de ses capacités et de ses ressources pour aller jusqu’au bout des choses. Jamais le dernier pour participer à l’effort collectif, le blond était le premier à lever la main quand d’autres solitaires avaient besoin d’un coup de pouce, souvent même avant de savoir quelle était la nature de celui-ci. Alors ils se retrouvaient au milieu d’autres, parfois, mais plus qu’à deux, souvent.
Figures régulières du No Man’s Land sans forcement être journalières, ils restaient parfois une semaine et n’y revenait plus pendant deux mois, partis perdus dans les campagnes de Seattle en quête d’éléments essentiels à cette survie devenue un vaste terrain de blagues déplacées et de rires mal nivelés. Et pendant leurs passages parfois éclairs, parfois interminables, dans l’entrepôt qu’ils se plaisaient tout de même à appeler « chez eux », ils troquaient ce qu’ils avaient trouvé durant leurs expéditions, étalés pèle-mêle sur une vieille couverture à même le sol. Et ce qui s’étalaient étaient aussi variés qu’aléatoires, mêlant armes, bijoux, nourriture en conserves, cosmétiques, vêtements pas toujours de bons goûts, gibiers, services divers notés sur du papier, dessins de la main d’Archie et des plans de bâtiments précis – parfois trop- et cartes à jour de certains quartiers signés de la même main. Ces plans portaient tous des annotations noircissant les contours de l’architecture représentée en coupe, commentaires pas toujours utiles concernant la couleur d’une porte, ou bien le nombre de WC, mais au milieu des mots superflus se cachaient des informations importantes : adresse, niveau de confort, niveau de sécurité, état général à date, les éventuels défauts dans la structure qui pourraient représenter un danger. Archibald tenait dans ses carnets, sans s’en rendre compte, un recueil d’abris et les distribuait bien trop souvent contre seulement un sourire et une conversation rapide.
Ce recueil de plusieurs œuvres a été nommé post mortem « the broken minds club » en revanche, jamais ces mots n’ont été inscrits par l’artiste et n’aurait peut être pas homologué ce titre. Il contient plusieurs œuvres dérangeantes, peut être l’apogée de la folie du peintre.
Midnight dark for Joséphine ; décembre 2017, carnet d’hôtel, 4,1"x5,8".
Speed sketching d’une tranche de vie, ou plutôt de mort, de Joséphine, survivante tombée et dévorée à quelques mètres de l’artiste en hauteur (d’après l’angle du dessin). L’histoire ne saurait dire s’il a vraiment dessiné le moment en direct, ou s’il avait eu la décence d’attendre d’être à l’abri et d’être éloigné des autres survivants encore en vie, et présents sur l’œuvre. Les googly eyes sur chacun des cadavres, marchants ou non, rendent cette œuvre dérangeante à regarder.
He died, twice. Shame, we loved his stew ; janvier 2018, carnet d’hôtel, 4,1"x5,8".
Double portraits d’un homme, un durant sa première vie, l’autre durant de sa deuxième. Une petite marmite a été dessiné dans le coin de chaque portrait. Une pleine, une vide.
Thanks to you Susan, Earth heals herself ; avril 2018, carnet d’hôtel, 4,1"x5,8".
Scène détaillée d’un cadavre allongé au milieu des herbes, le crâne ouvert, la mâchoire défoncée, des plantes sauvages ayant trouvées leurs chemins au travers de son corps décharné et de ses orbites. L'artiste connaissait-il Susan? Était-ce seulement son nom?
• SUITE DES AVENTURES D’ARCHIE : c’est par ici
Aujourd’hui, ça faisait bien trois bonnes semaines qu’il n’avait pas mis les pieds au No Man’s Land, égaré corps et esprit un peu trop loin des docks ou même des bordures de la ville, cartographiant des maisons qu’ils avaient fouillé, Gary et lui. Dans la marge d’un plan qu’il avait commencé sur un carnet qu’il tenait en main, il nota un « sent les pieds » très sérieux avant de noircir sur sa feuille les parties abîmés des murs ou plancher. Dans son sac commençait à s’entasser un sacré paquet d’objets à l’utilité variable. Outils, râpe à fromage, cordes de guitare, paire de pantoufles en 44, un avion en papier qu’il avait trouvé vachement bien fait, du fil barbelé, de l’eau en bouteille, et certainement d’autres trucs qu’il avait déjà oublié qu’il portait depuis des semaines. Ce jour la, ils avaient réussi à trouver des fruits au sirop, il appréciait ça Archie alors il était encore plus content que d’habitude quand ils se partagèrent la conserve assis sur le toit.
Et sûrement un peu trop chargés, ils avaient fini par repartir vers « chez eux », essayant de taire les morceaux de rires qui tentaient de s’échapper de leurs lèvres qui ne devraient qu’afficher le sérieux. Et sûrement qu’ils n’avaient pas réussi car le duo d’idiots bien heureux avaient fini par prendre retraite dans les hauteurs pour semer ce qu’ils avaient attirés, devant brisant quelques crânes de gens morts depuis trop longtemps mais qui avaient oublié de tomber, avant de finalement pouvoir repartir vers le No Man’s Land.
Il était toujours heureux de rentrer dans l’entrepôt, comme une envie de retirer ses chaussures et de les envoyer valdinguer à gauche puis à droite, faisant un grand coucou général à ceux qui ne le regardaient pas, vacant à leurs occupations. Et s’il ne retirait pas ses pompes, le geste de salutation, il ne s’en était pas privé, sourire tiré malgré la fatigue qui pouvait se lire sur ses traits. Et le rituel était toujours le même, Archie et Gary le connaissaient par cœur. Un à un, il tira de son sac plein à craquer les objets aléatoires que le blond avait ramené jusqu’ici, les plaçant aux côtés de ceux du brun. Et dans un coin de la couverture improvisée stand de marché aux puces, il posa son habituel tas de plans cornés maintenu en pile maladroite par un galet. Et Archibald, assis en tailleur, patientait, le regard qui parcourait ceux qui viendraient peut être, aujourd’hui, troquer avec lui.
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Re: Archie | FOLLOW THE SUN AND WHICH WAY THE WIND BLOWS
Lun 7 Déc 2020 - 0:12
Bon courage pour ta fiche !
- Tori H. Watanabe-Hayworth
Inglorious Fuckers
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Re: Archie | FOLLOW THE SUN AND WHICH WAY THE WIND BLOWS
Lun 7 Déc 2020 - 0:14
Bienvenue sur le forum, et bon courage pour la fiche !
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Re: Archie | FOLLOW THE SUN AND WHICH WAY THE WIND BLOWS
Lun 7 Déc 2020 - 0:18
Bon courage pour ta fiche !
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Re: Archie | FOLLOW THE SUN AND WHICH WAY THE WIND BLOWS
Lun 7 Déc 2020 - 0:21
- Spoiler:
- Hazel Parks
Sanctuary Point | Right Hand
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Re: Archie | FOLLOW THE SUN AND WHICH WAY THE WIND BLOWS
Lun 7 Déc 2020 - 0:21
J'ai hâte de voir ce que tu nous réserves avec Archibald Ca promets !
Bon courage pour ta fiche et bienvenue parmi nous Enjoy the ride
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Re: Archie | FOLLOW THE SUN AND WHICH WAY THE WIND BLOWS
Lun 7 Déc 2020 - 0:53
- Spoiler:
tu sais déjà tout le bien que je pense d'Archie et tout le rêve qu'il me vend yo
beaucoup troooop happy de me lancer dans cette aventure avec toi
et tellement hâte qu'on les lance olala
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