La patience est une vertu, il paraît...

Mar 22 Déc 2020 - 11:22


Dans la journée du 16 Décembre 2020, à quelques kilomètres à l’Est de fort Nisqually.
Une zone forestière à explorer, et peut-être exploiter.

Caleb était littéralement submergé de travail. Ses petites expéditions en dehors des murs de fort Nisqually, pendant sa période dépressive, période durant laquelle il disparaissait de son atelier pour s’enfuir, et remettre son destin entre les mains de la première force qui voudrait en faire quoi que ce soit, avaient fait s’amonceler toutes les commandes et tous les besoins du groupe, du fort, et des individus. Tout, de la construction en dur au plus petit cadeau, avait prit du retard. Seule la barricade avançait conformément aux délais établis.

Son esprit était donc tout à fait focalisé. Tout à fait ? Non, en réalité, par totalement. Car le colosse Canadien était retombé dans l’adolescence depuis quelques jours… Depuis qu’il s’était rapproché de Lily, la fermière douce et solitaire. Ils s’étaient embrassés, avaient partagé plusieurs nuits ensemble… Et s’étaient avoués la naissance de sentiments forts. Sentiments qu’il ne pensait plus jamais ressentir, depuis la mort violente de sa famille.

Voilà trois années que sa femme et sa fille avaient été tuées devant ses yeux, dans l’assaut de leur groupe par un groupe de survivants violents. Pilleurs, violeurs, assassins, semèrent la mort dans ce camp… Et arrachèrent des bras de Caleb, la vie de sa tendre épouse et celle de sa douce fille. Voilà trois années maintenant… Et lui qui croyait ne jamais revivre cette sensation incroyable, s’y abandonnait peu à peu.

Mais aujourd’hui, il devait être concentré. Car aujourd’hui – et comme de plus en plus souvent – Caleb était sorti du giron de fort Nisqually, afin d’exploiter une parcelle de bois qui semblait prometteuse. Située à seulement une vingtaine de kilomètres à l’Est du fort, la parcelle semblait prometteuse : sapins, pins, épicéa, cèdres, des bois solides, utilisables pour des meubles et de petites constructions. Mais point de chêne, de palissandre… Point encore.

Des membres de l’équipée étaient armés jusqu’aux dents. Ceux-là faisaient parti de l’équipe de sécurité. L’endroit n’étant que très peu reconnu, nul ne pouvait dire si les lieux étaient sécurisés. Ne risquaient-ils pas de rencontrer de survivants hostiles ? D’être stoppés par une horde de rôdeurs ? Des fusils, et des combattants semblaient, ainsi, indispensables en cette journée.

Caleb étant responsable de la scierie et de l’atelier du fort, il était en charge de cette équipée. Ce rôle, tout nouveau pour lui, était une source de stress. Il devait composer avec les personnalités et les compétences de chacun, s’assurer de la sécurité des survivants – vis-à-vis du matériel – et s’assurer que la coordination entre les ouvriers et les soldats, soit effective au maximum. Mais son rôle ne l’empêchait point de mettre la main à la patte. Aussi s’était-il affecté à une équipe, afin de travailler en groupe. Après quelques dizaines de minutes de trajet, le groupe arriva enfin dans la zone à reconnaître. Et après quelques autres minutes à attendre que les soldats sécurisent l’endroit à proximité des camions, avant d’élargir le périmètre, les survivants purent enfin sortir, et se rassembler autour de Caleb, qui attendait pour pouvoir organiser la journée.

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Re: La patience est une vertu, il paraît...

Sam 26 Déc 2020 - 11:21

La basse besogne
Abigail & Caleb

C’était sa première sortie depuis la fin de sa convalescence. Abigail grande coureuse depuis sa tendre enfance et chasseuse émérite aurait dû glapir de joie mais il n’était rien. Pourquoi donc ? Puisque outre son affinité pour le grand air, la jeune femme a toujours eu un sérieux problème avec l’autorité surtout depuis que chaque erreurs peuvent vous faire tuer. Confier sa vie ou son temps dans quelqu’un était tout à fait absurde pour elle, la pisteuse aimait agir en solitaire et surtout ne dépendre de personne et ne devoir non plus rien.

Pourquoi avait-elle accepté la vie à Fort Nisqually alors ? L’idée pourrait paraître franchement idiote vu le tempérament de la jeune femme ! Eh bien elle est arrivée malade comme une chienne, infectée par une saleté nommé la varicelle. Au bord de la mort à cause de connerie anti-vaccin que sa mère avait gober, la chasseuse n’avait eu d’autres choix que de se laisser emporter par Ruben. L’ancienne athlète n’avait pas intégrer le groupe de bon cœur, très loin de là mais elle savait pertinemment que de tel situation pourrait se reproduire. L’espérance de vie d’un solitaire se fait de plus en plus courte à mesure que les ressources se raréfient. Alors elle devait suivre le courant et s’y adapter mais plus facile à dire qu’à faire.

On l’avait enfin autoriser à faire sa première expédition, la survivante aurait dû contre toute attente glapir de joie. Il n’en fut rien même si je suis certain que vous espériez tout comme moi la voir sourire un jour ! On l’avait assigner au simple rôle d’ouvrière alors que son fusil de précision aurait dû les aiguiller sur ses véritables compétences ! Elle était monter de très mauvais cœur dans ce camion espérant qu’on arrêterait enfin de la considérer avec méfiance.

A destination, les soldats se déployèrent efficacement autour du camion et de la zone  qu’ils allaient exploiter. Abigail ne put s’empêcher de les observer par un trou de la bâche qui recouvrait l’arrière du camion. De mauvaise foi, elle les houspilla de tout les noms se considérant comme bien plus compétente. Le chef, son chef pour la journée descendit à son tour du camion et le petit groupe suivit soulevant deux lourdes caisses contenant tout le nécessaire pour se mettre au travail.

Trop habituée à disposer d’elle-même, Abigail ouvrit l’une des caisses avec impatience puis s’empara de l’une des haches parfaitement à l’aise avec son poids.

- Tu veux t’occuper de quels arbres en priorité ? lui demanda la chasseuse son regard parfaitement neutre sur lui.

Généralement ce sont les grandes gueules qui remportait le plus de lauriers, Abigail de nature silencieuse acceptait alors ce nouveau rôle si cela lui permettait d’être mieux considérer par le reste des survivants.



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Re: La patience est une vertu, il paraît...

Sam 26 Déc 2020 - 17:56

La zone était sécurisée. Caleb en était assuré, grâce au rapport détaillé fournit par celui qui était responsable de la sécurité du convoi, et de l’équipée. Armé d’un fusil d’assaut, le combattant exposa la situation : la zone forestière ne portait aucune trace d’une présence quelle qu’elle soit, ni humaine, ni rôdeur. Des traces de cervidés étaient visibles un peu partout, mais aucun animal plus gros. Autrement dit, aucun ours, ni aucune autre bestiole dangereuse, comme des pumas, ou des lynx.

Une fois rassuré, Caleb ordonna le rassemblement. Avec sa taille, il n’eut qu’à lever les bras, et frapper une fois dans ses mains. Inutile de crier, ni de faire quoi que ce soit de ce genre, qui ferait trop de bruit. Tous les ouvriers se rassemblèrent devant lui, et les soldats, eux, reprirent leurs positions. Une fois tous les ouvriers rassemblés, Caleb prit la parole.
- Toute cette zone est sécurisée. Nous avons besoin d’un maximum d’arbres. Tous les arbres du coin nous serviront, alors donnez-vous en à cœur joie ! Travaillez en sécurité : un soldat minimum pour chaque binôme minimum. Si possible, travaillez en trinômes, afin que vous puissiez toujours veiller les uns sur les autres, et veillez à ne pas faire tomber d’arbres sur vos collègues. Nous partirons vers quatre heures de l’après-midi, avant la tombée de la nuit. Une pause repos d’une heure sera réalisée à midi, soit dans deux heures. Cela nous laisse le temps d’abattre une dizaine d’arbres, peut-être un peu plus ! Les grumiers seront là pour rapatrier tout ce bois. Allons-y.

Aucune question. Signe donc que les consignes avaient été claires, sinon routinières, et déjà connues des ouvriers. Caleb prit donc la direction des caisses où se trouvaient les outils rangés en sécurité. De ses larges pognes, il prit une hache, sa hache. Sa propre hache, qu’il possédait déjà au Canada, gravée de ses initiales. Il leva sa tête, sur le visage d’Abigail.

Il ne connaissait pas très bien la jeune femme. Il avait reçu toutefois des informations, lorsqu’il indiqua aux responsables du fort, qu’elle faisait partie de l’équipage. On lui indiqua que la jeune femme était farouche, qu’il était difficile pour elle de suivre les ordres, ou du moins, de faire face à l’autorité. Caleb avait de l’expérience dans la gestion d’une équipe. Il avait sa propre entreprise, par le passé, et ses employés n’avaient pas tous été des enfants de cœur. Toutefois, la période avait changé. Et Caleb espérait que tout se passe pour le mieux. Alors, il lui répondit naturellement, le plus neutrement du monde, sans la prendre de haut, et avec un petit sourire.
- Et bien, là, à une cinquantaine de mètres, il y a plusieurs grands sapins aux troncs épais. Ils feront de superbes bois de constructions. On va commencer par-là. Et en plus, on sera suffisamment éloigné des autres groupes pour ne risquer aucun accident. Tu as déjà abattue un arbre de cette taille ? Je peux t’apprendre, si tu le veux bien. Allons-y.

Caleb était en binôme avec Abigail, et tous les deux étaient sécurisés par un soldat du fort. Et alors qu’il prenaient la direction des bois à abattre, Caleb écoutait attentivement la réponse qu’Abigail voudrait bien lui donner.
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Re: La patience est une vertu, il paraît...

Jeu 31 Déc 2020 - 11:23

Question de fierté
Abigail & Caleb

Quelques consignes aussi basique qu’un exercice de maternelle. Leur patron les prenaient-t-ils pour des idiots ? Cet accusation serait bien prématurée au vu des mines neutres des ouvriers qui avaient l’air d’être habitué à Caleb. Faire du rentre dedans alors serait idiot voir inconscient mais la farouche chasseuse plongea dans cette voie. Croyant naïvement qu’on la respecterais plus si elle l’ouvrait plus mais c’était loin d’être le cas. On n’était plus au début du dix-neuvième, aucun des survivants étaient syndiqués et personne dans le groupe ne voulait avoir de problèmes. Chacun avait sa routine, se lever, bosser sans faire chier le monde puis dormir. Ils se pliaient à l’autorité pour la sécurité, chose plutôt logique en y repensant.

Sauf que la jeune femme a une chose de plus que les autres, une fierté dévorante qui occulte les autres aspects de sa personnalité pour se retrouver dans chaque instants de sa vie. Tout devient une question de fierté, monter seule dans le camion c’est de l’orgueil. Vous commencez à comprendre le problème derrière ? Alors quand le patron de la bande vint la voir en doutant de sa capacité, inexistante en passant, de couper un arbre de cette largeur la chasseuse vit rouge. C’était idiot mais sa fierté l’empêchait de réfléchir clairement alors elle répondit d’une manière cinglante :

- C’est qu’un arbre suffit de taper sur le tronc et la gravité fera son travail, commença-t-elle à la limite de la suffisance. Je peux me débrouiller seul mais de toute manière tu me donneras pas le choix.

Alors sans demander son reste, elle se dirigea vers la zone aux arbres qu’elle devait avouer plutôt impressionnant, s’attendant à ce que le patron la suive. Devant les arbres, elle dû se rendre à l’évidence ! Son idiotie l’avait fait dire des conneries et devant le fait accomplie, la chasseuse ne pouvait que prétendre gérer la situation.

Elle aborda le problème méthodiquement, d’abord elle inspecta le tronc prétendant y apprendre quelques choses mais l’écorce lui paraissait tout à fait banale. Rien qui sortirait de l’ordinaire ou montrerait un point faible. Dos au mur, elle rassembla ses maigres connaissances pour proposer quelques choses.

La chasseuse se plaça alors devant le tronc qui faisait au moins sa largeur d’épaule puis planta la hache d’une façon transversale en partant du haut puis donna un coup puissant qui la réveilla aussitôt de travers. Elle répéta la chose plusieurs fois de suite sans résultat réellement probant. Le tronc était très loin de s’effondrer sur son poids.

Pour sauver sa fierté, elle choisit la solution de facilité car quand on est incompétent cela est plus facile de se plaindre du matériel que de se remettre en question. C'est une chasseuse pas une maudite bucheronne !

- On a de trucs plus efficaces sur des troncs aussi gros ? J’suis pas certaine qu’une petite hache va suffire.

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Re: La patience est une vertu, il paraît...

Sam 2 Jan 2021 - 21:32

Les propos d’Abigail choquèrent quelque peu l’esprit du bûcheron. Si, bien-sûr, il s’attendait à de la résistance de la part de la jeune femme, étant donné sa propension à vouloir être seule, à regarder les gens avec défiance, à répondre sans réfléchir, et son attitude vraisemblablement complexe, il ne s’attendait point à cela. Déjà, parce qu’il s’agissait un manque de respect envers la nature, et envers son propre métier, à lui. Alors, il suffisait juste de savoir « swinger » une hache, pour être un bûcheron ? Il ne fallait ni cerveau ? Ni expérience ? Ni intelligence ? Ni réflexion ? Cela pouvait être vexant, frustrant aussi… Mais Caleb décida de ne point lui en tenir rigueur.

Pourquoi ? Car il ne savait point réellement le pourquoi du comment de cette personnalité, de ces réactions, de cette façon d’être. Peut-être Abigail n’avait-elle pas été toujours comme cela. Peut-être a-t-elle vécu quelque chose de traumatisant ? Plusieurs choses de traumatisant ? Peut-être a-t-elle changé au point de ne plus pouvoir être comme elle était avant ?

Tant de questions, pour si peu de réponses. A vrai dire, pour aucune réponse. Non, aucune. Mais Caleb avait beau être un géant doté d’une force impressionnante, il était aussi capable de douceur, et de compréhension. Aussi resta-t-il de marbre, silencieux, face à ce qui pouvait être prit comme une véritable provocation, ou une véritable insulte.

Laissant Abigail prendre les devants, il la suivit, à bonne distance. Respectueusement, il analysa ses moindres faits et gestes, scruta son regard, et ne montra ni sourire, ni signe de moquerie que ce soit face à l’échec des tentatives d’Abigail. En réalité, il était critique. Il regardait ses mouvements, son regard et sa façon d’être. Et il regardait ce qui pouvait aller, et ce qui n’allait point.

Jusqu’à-ce que l’hypocrisie dont elle fit preuve, ne se montre à son paroxysme. Alors, il faudrait autre-chose, quelque chose de plus gros, ou de plus fort, ou de plus impressionnant, pour pouvoir venir à bout de cet arbre qui, et c’était vrai, était tout aussi épais, et impressionnant. Mais Caleb n’en ferait rien. Inutile de gâcher des chaînes de tronçonneuses, et de l’essence, et de l’huile, pour faire ce qu’un peu d’huile de coude ont toujours permis de faire.
- Une petite hache, non. Mais une plus grosse, oui. Au moins, tu auras appris que chaque tâche bénéficie d’un outil particulier. Mais je dois te dire aussi que tu as une technique intéressante. Il te faut travailler ton angle d’attaque, et ta posture, mais tu as un bon « swing » et une force adéquate. Avec un peu de pratique, tu seras très efficace, et tu pourras travailler seule. Tu veux bien que je te montre ?
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Re: La patience est une vertu, il paraît...

Dim 10 Jan 2021 - 22:15

Question de fierté
Abigail & Caleb

Abigail ne se rendait pas compte de ses dires, de son irrespect pour cette profession. Elle était aveugler par un orgueil dérisoire, inutile. Personne ici ne cherchait à savoir qui était le meilleur, elle n’était pas un poids mort sinon on l’aurait virer du camps depuis longtemps. Chacun ici faisait sa part du travail pour survivre, personne ne cherchait plus ou moins alors pourquoi un tel besoin de prouver sa valeur ? Une enfance difficile ? Non rien de tout ça, c’était juste que la chasseuse avait un esprit de compétition féroce qu’elle essayait à grand peine de réfréner. Ce n’est pas par hasard qu’elle aimait sa vie de solitaire, perdre en équipe lui était insupportable au lycée. Ne pas se distinguer des autres voir être prit pour une faible à cause des erreurs autres que les siennes ça la faisait bouillir, ce n’était pas juste ! L’athlète n'a pas vraiment cet esprit d’unité qu’on attends d’une communauté, pour certain c’est inné, pour d’autres cela s’apprend et les autres meurent seul et déprimé.

Elle ne voulait pas mourir puisque évidemment mourir c’est pas très sympa alors elle apprenait peu à peu à se plier au groupe mais dieu sait qu’elle galérait. Comme avec ce charpentier qu’elle traitait comme un vulgaire ouvrier ne connaissant pas son travail ! Quel insolence en y pensant ! Une femme totalement en dehors du métier qui veut passer pour la plus maline, la chose en aurait énerver plus d’un et les coups auraient fuser vite mais Caleb était de ce genre plus patient que l’univers lui-même.

Alors elle avait essayer de se mettre à la tâche sans grand succès, l’hâche était bien trop petite, sa posture trop celle d’une inexpérimenté pour parvenir à quoique ce soit. Néanmoins il réussit à la complimenter là où la jeune femme se serait maudit d’avoir été aussi nul.

- Le swing c’est pas un truc au golf ? Des amis à moi en parlait tout le temps comme si ça changeait tout. Tiens je pense que c’est plus facile de tailler en pièce un arbre avec un tel tour d’épaule ! dit-elle en lui tendant l’outil sur le ton de l’humour. Humour aux goûts qui laissait à désirer vu le degré d’insolence dans sa phrase.

L’homme pouvait le prendre comme un compliment ou bien une moquerie et c’était là toute la finesse de son humour !
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Re: La patience est une vertu, il paraît...

Lun 11 Jan 2021 - 11:35

Les propos d’Abigail n’étaient pas réellement adaptés. Le fait qu’elle s’arrête sur la notion de « swing », qui était effectivement un mot, un qualificatif, adapté davantage au golf qu’ici, traduisait soit un cruel manque de confiance en elle, soit une personnalité hautaine, bien trop placée dans le jugement de l’autre, ou dans la moquerie, pour pouvoir oser baisser sa garder, ou montrer une once d’humilité.

Toutefois, Caleb ne s’en formalisa point. Sa patience n’était point encore entamée, ni même égrenée. Il sentait un potentiel chez la jeune femme, potentiel gâché uniquement – et seulement jusqu’ici – par une personnalité difficile à cerner, et un caractère fort. Plutôt que de choisir la fermeté, la dureté, et prendre ainsi le risque d’Abigail se braque et se ferme définitivement, il choisit la patience, et la prudence.

La petite pique – ou serait-ce un compliment – concernant le tour d’épaule de Caleb, le surpris toutefois. Il ne s’attendait point à une telle prise d’initiative de la jeune femme. Il fallait avoir du cran pour « s’en prendre » à un géant comme lui, dès le premier jour. Cette remarque fit toutefois sourire le bûcheron qui, depuis longtemps maintenant, avait l’habitude de ne pas passer inaperçu. Combien de fois, avant et après l’apocalypse, avait-il été davantage caractérisé par sa taille, et son imposante musculature, plus que par sa personnalité ?

Comme cette fois où, il y a plusieurs années, il s’était rendu à un salon des métiers du bois, au Canada. Les constructeurs exposaient leurs derniers modèles de grumiers, de tracteurs sur roues, ou sur chenilles, leurs derniers modèles de tronçonneuses, les tous derniers mélanges essence et huile pour ces petits outils. Les dernières techniques, les derniers brevets… Lui était arrivé comme à son habitude : pantalon sa bûcheron renforcé aux genoux, à la taille et aux chevilles, grosses chaussures de randonnées, épais pull aux motifs typiques de ces représentations qu’on se fait – c’est-à-dire des carreaux de couleurs rouges. Dépassant tout le monde, il était comme une bête de foire : on le regardait, on n’osait point se mettre en travers de son chemin, et ses yeux foncés, entourés d’un bonnet sombre et d’une épaisse barbe, lui rendaient une aura que d’aucun pourrait craindre. Mais seulement en apparence.

Ce jour-là, alors qu’il venait pour acheter du matériel, et un nouveau grumier, il lui aura fallut démontrer avec force et vigueur, qu’il n’était ni un simple bûcheron, ni un « homme de main », mais bel et bien un chef d’entreprise. Comme quoi, les apparences…

Donc, Caleb ne se formaliserait point de cet humour douteux. A la place, il prit la plus grosse hache qu’il avait amené. Une hache qu’il utilisait depuis bien longtemps, si longtemps d’ailleurs, que le cuir qu’il avait entouré autour du manche – pour une meilleure prise – semblait possédait l’emprunte de ses poings et de ses doigts refermés dessus. S’installant face à l’arbre, il pointa la direction vers laquelle il voulait abattre le conifère.
- Cette direction est parfaite pour l’abattage. Il n’y a pas d’arbres dans le chemin, et la zone est légèrement en pente dans cette direction. Dans sa chute, l’arbre fera des bonds, c’est la physique qui veut cela. Mais avec la pente, les « bonds » du tronc le pousseront dans cette direction, et non vers nous. Il faut donc l’entailler. Les coups doivent se faire en direction du centre du tronc. Plus bas, il faut frapper parallèle au sol, ou légèrement oblique vers le haut. Mais plus haut, il faut impérativement frapper obliquement vers le bas, et le centre, selon un angle de plus ou moins quarante-cinq degrés. Comme ça, quand on passera derrière, la fente ainsi réalisée permettra de donner la direction parfaite à la chute de l’arbre. Ça évitera de se le prendre sur le coin du bec.

Et après ce petit cour, Caleb s’apprêta. Encore refroidit – puisqu’il n’avait pas encore travaillé – il garda son manteau et son pull sur les épaules. Mais nul doute que bientôt, il se départirait de son épais manteau, et que sa peau Canadienne s’habituerait bien vite à ce froid qui, de toute manière, était bien plus doux que les rudes hivers Canadiens.

Etant droitier, le Canadien se positionna donc de sorte que son côté gauche soit du côté de l’arbre, afin de bénéficier de l’amplitude maximale de ses gestes. S’assurant qu’Abigail soit loin – un coup de hache serait mal venu – il prit position. Genoux fléchis, jambes légèrement écartées, pieds ancrés dans le sol, il porta sa main droite – main principale – à proximité de la tête de hache, et sa main gauche, loin derrière, au bout opposé du manche. Tournant sa taille, sans jamais tourner sa tête qui regardait fixement le point d’impact, il porta loin derrière lui sa hache, avant de la ramener avec force vers l’avant. Ce « swing » l’obligea, pour gagner en force, à ramener sa main droite vers sa main gauche. Ce mouvement apporta une impulsion supplémentaire, accroissant la force déployée. Et l’épaisse hache vint s’abattre pile là où l’avait indiqué le bûcheron, s’enfonçant sur plusieurs centimètres, parallèlement au sol. Et il reprit immédiatement position, et frappa de la même manière, mais plus haut, et de biais, en direction du centre et du sol, comme indiqué. La seconde frappe décrocha un épais morceau d’écorce et d’arbre, alors que se creusait sous leurs yeux la fameuse entaille, décrite précédemment.

Le Canadien reprit le travail, et frappa à plusieurs reprises. Chaque coup atteignait son but, et retirer des pans de cet imposant arbre. Et lorsque l’entaille fut terminée, il se plaça à l’opposé du tronc, et regarda Abigail.
- A ton tour ! Dit-il, haletant, le front commençant à perler de sueur. Cette fois, il faut que tu vise le centre opposé à notre entaille. Plus tu viseras juste, plus la chute sera parfaite. Et tu dois frapper uniquement parallèlement au sol, pas d’entaille cette fois ! Il faut faire tomber l’arbre.

Il avait bien chaud maintenant. Et une fois ses indications laissées, il abandonna son épais manteau, pour se retrouver en pull, et il observa son apprentie du jour.
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