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Mihai Altmann • the little Scamp of the Emerald City
Mar 22 Déc 2020 - 17:19
what i am
Débrouillard Malin Drôle Charismatique Vif Téméraire Désinvolte Borné Chapardeur Menteur | Mihai s'est retrouvé bien vite seul et a été sous la tutelle de quelques survivants, des situations qui l'ont poussé à savoir se débrouiller mais aussi à bien s'équiper. Voleur et très secret, l'adolescent ne se sépare jamais de quelques-unes de ses acquisitions, notamment un couteau à la ceinture ainsi qu'un petit marteau. Un sac à dos retrouvé sur un cadavre lui permet de transporter tout son barda. Celui-ci était plein de nourriture séchée quand il fut trouvé par Mihai qui s’empressa de dévorer. La seule chose que Mihai possède encore du début de l’épidémie est un bandana rouge qu’il garde souvent noué autour du cou, des cheveux ou du bras. La malnutrition a forcément eu un impact sur le développement de Mihai qui est entré dans l'adolescence dans de pareilles circonstances. Très fins, maigre, le jeune homme ne dépasse pas encore le mètre soixante-dix. Dans son souvenir cependant, Mihai a conservé l'image d'un père très grand, bien bâti et solide, une image à laquelle il aspire pouvoir ressembler un jour. Mihai sait cependant que sa silhouette a des avantages, notamment en ce qui concerne son agilité et sa rapidité. À à peine 15 ans, Mihai perd petit à petit ses traits d'enfant pour un visage finement ciselé, anguleux à la peau d'albâtre constellée de tâches de rousseurs qui contraste avec sa masse de cheveux noirs. Des boucles indisciplinées que lui laissait pousser sa mère lorsqu'il n'était encore qu'un enfant. Mais ses cheveux ont subi les horreurs de l'Apocalypse et il est déjà arrivé qu'il soit obligé de les sectionner au couteau pour éviter d'avoir un jour à mourir bêtement, happé par la main baladeuse d'un infecté. Le jeune garçon a également un air toujours espiègle, ses yeux noirs brillants et son sourire large et communicatif qu'il n'hésite pas à utiliser à bon escient, conscient de l'impact qu'à ce dernier sur les autres. Sa plus grosse cicatrice est une plaie béante dans le dos qui lui a laissé une cicatrice le long de la colonne vertébrale. Elle a été provoquée par une chute de plusieurs mètres de distance. D'autres cicatrices mineures constellent également sa peau d'albâtre. |
Psychologie
Dans son comportement de tous les jours, Mihai est donc perçu comme un jeune homme enthousiaste, de bonne constitution, drôle, qui trouve toujours le mot pour dérider les pires bougons, au risque d’en agacer certains. Un jeune homme un peu loufoque mais parfois désinvolte. Cela n’a pas toujours été le cas : dans la petite enfance, Mihai se trouvait être un petit garçon beaucoup plus gentil, bien que très agité et ne tenant pas en place. Mais la vie en Post Apocalypsia y aidant, le jeune garçon dû trouver des moyens de se protéger, y compris psychologiquement, pour supporter le quotidien qui devenait de pire en pire au fur et à mesure des années. L’adolescence y aidant pour beaucoup, Mihai se montre parfois borné, persuadé d’avoir raison. « Quand il a une idée dans la tête, il l’a pas dans le… » Pourraient dire certaines personnes qui l’ont connu. Mihai était un véritable petit garçon sauvage aux premières années de l’épidémie. « Cours pour rester en vie. » lui avait conseillé sa mère après tout.
Avec les années et la venue de l’adolescence, Mihai a compris qu’il pouvait passer pour quelqu’un d’attachant. L’avoir compris lui a donc permis de jouer de ce charisme. Mêlant une énergie débordante à des idées parfois complètement tirées par les cheveux, Mihai ne fait jamais dans la demi-mesure : il est souvent excessif et plutôt autocentré sur ses agissements, oubliant parfois l’esprit communautaire qui lui a toujours fait défaut jusqu’à présent, à force d’être déçu ou de voir les gens autour de lui mourir bêtement ou soudainement. Une éducation est totalement à refaire pour que le jeune garçon puisse vivre efficacement en groupe : c’est la raison pour laquelle il reste seul. Car jusqu’à présent, Mihai s’est montré plutôt cachotier, menteur, méfiant mais surtout traumatisé de ses diverses mésaventures, le jeune garçon a dû mal à être totalement honnête avec les autres survivants. Pire, il lui arrive même d’être chapardeur, pour ne pas dire qu'il s'agit d'un véritable chapardeur, un simple réflexe de survie forcément contesté lorsqu’il s’agit d’évoluer au sein d’une communauté soudée, ce qui en fait un personnage assez marginale, un enfant sauvage qui est difficile à apprivoiser.
Story of survival
Pre-apocalypse
« Tatăl meu este bolnav. Vreau să o poată vedea înainte să plece. » (Mon père est malade. Je veux qu'il puisse le voir avant de partir.)
Le ventre gonflé, Ramona avait tenu la main de son mari pendant tout le trajet. Enceinte de son septième mois de grossesse, les longues heures de vol allaient être pénibles. Mais Ramona avait insisté depuis le début : elle voulait que son fils naisse sur les terres de ses ancêtres. Un impératif qu’avait respecté Mike, le mari de Ramona. Tous les deux jeunes et fous amoureux, ils avaient quitté la Roumanie pour les États-Unis, la terre natale de Mike Altmann, dont la mère y était elle-même originaire. L’envie d’ouvrir un restaurant aux États-Unis, sous les conseils de sa mère, avait poussé Mike à entraîner son amour de jeunesse dans son périple pour les États-Unis, à l’aube de leurs vingt ans. Pour amasser les fonds nécessaires à la création de ce commerce, le jeune couple avait trimé sans se plaindre pendant des années. Après cinq ans de vie commune aux États-Unis, ils remettaient les pieds en Roumanie pour de bien tristes raisons : le père de Ramona était malade.
Cela valait donc la peine de supporter plusieurs heures de vol, enceinte. Si Mihai était un enfant désiré et attendu avec impatience, le savoir loin du confort qu’ils avaient préparé rien que pour lui dans le chantier de leur nouvel établissement angoissait Mike, son père. Un homme à la peau d’albâtre et aux cheveux frisés magnifiques, qu’il coiffait toujours en un catogan dont quelques mèches folles tentaient sans cesse de s’échapper. À la naissance de Mihai, son père fut ravi de constater qu’il avait aidé à la conception d’une petite merveille, un nourrisson déjà fièrement coiffé, hurlant à plein poumons dans la maison d’enfance de sa mère. Son grand-père, gravement malade, reçut l’immense honneur de pouvoir transmettre son prénom et ainsi perpétrer les origines de l’Est à ce petit d’homme qui allait être élevé loin de ses racines, aux États-Unis. Mihai Altmann faisait la joie de cette famille qui vivrait quelques mois plus tard le deuil d’un patriarche, pansant alors par ses gazouillis la peine de la pauvre Ramona, fille unique et fierté de son père.
Ils rentrèrent aux États-Unis un an plus tard avec un héritage en poche suffisant pour terminer les derniers travaux de leur restaurant, fruit de leur ambition et de leur amour : Placă din România (l’Assiette de Roumanie).
Janvier 2007 • 77 Spring St, Seattle : Placă din România
Le restaurant ouvrit ses portes en février 2006. Un petit garçon en body noir arpentait les lieux, soignés, sentant encore le vernis frais du parquet. À cet âge-là, Mihai ne se rendait pas compte de la cohue qu’il y aurait bientôt dans ce lieu qu’il considérait comme une salle de jeu géante. Ce n’est qu’en grandissant qu’il comprit que ce lieu de vie était également le business de ses parents, un business particulièrement florissant. Placă din România était un lieu très prisé par quelques connaisseurs de la cuisine des pays de l’Est et les curieux se pressaient au portillon pour découvrir cet établissement chic et chaleureux à la fois. Ramona et Mike tenaient à ce que Mihai ait une éducation plutôt libre. Ils se rendirent vite compte que leur fils unique était une vraie boule d’énergie, incapable de rester en place. Ses cheveux coupés à ras pour lui éviter de finir avec des branchages et des feuilles dans les cheveux, le petit garçon était un vrai rayon de soleil. Après l’école, il revenait en catimini pour se faufiler jusqu’à la maison, située quelques mètres plus loin.
Impossible cependant d’échapper à des parents qui venaient tout juste de terminer le service du midi et de fermer boutique jusqu’au soir. Mihai savait alors, malgré son jeune âge, qu’il se ferait remonter les bretelles. En effet, le petit garçon n’avait jamais été taillé pour l’école. De toute façon, l’école c’est nul, on est toujours obligé de rester assis. On a même pas le droit de bouger ! Pensait-il l’air boudeur en attendant que son père lui fasse une énième morale sur l’importance du travail scolaire. « Dar tati ! » Se défendait Mihai, âgé d’à peine sept ans, en faisant la moue, une tête adorable que Mike ne pouvait vraiment prendre au sérieux. Impossible de gronder un petit garçon aussi attachant. Avec les yeux de chatons et un sourire, les grands deviennent gaga, c’est trop drôle ! Mihai parvenait à tromper son monde ainsi, car il savait qu’il était apprécié des adultes qui bien souvent le prenait en sympathie. Oh bien sûr, le petit garçon ne pensait pas à mal ; simplement il avait compris le système. Les adultes étaient si gentils avec lui après quelques échanges de sourires...
Le restaurant se portait à merveille, jusqu’aux sept ans du petit garçon. À cette époque, la concurrence se mit à fleurir un peu partout dans le quartier, puis dans les quartiers voisins. Bien sûr, le petit garçon était bien ignorant des problèmes financiers que commençaient à angoisser ses parents… Mihai était bien trop occupé à sa vie d’enfant pour prêter attention aux clients qui se faisaient moins nombreux au fil des années… Pourtant, la réalité était bien perceptible : Placă din România était un restaurant qui, comme beaucoup d’autres, se voyait menacé par un manque de renouvellement et une concurrence accrue de part et d’autre de la ville.
Août 2013 • 77 Spring St, Seattle : Placă din România
« Pourquoi on est obligé de déménager mămică ? » Se plaignait Mihai en portant sa lampe de chevet en forme de coffre à trésor et son ours en peluche au bandeau de pirate jusqu’à l’arrière de la voiture. C’était chose faite : le couple Altmaan avait perdu trop d’argent et avaient dû se résoudre à vendre la maison. L’appartement au-dessus du restaurant, qu’ils louaient autrefois à l’un des employés - malheureusement remercié depuis – allait leur servir de logement. Ramona et Mike étaient follement amoureux, mais bien entendu quelques disputes avaient dû remonter à la surface à cause de ce passage à vide. Le restaurant était compliqué à maintenir en l’état et ils furent obligés par la suite de penser autrement leur métier de gérants. Les livraisons étaient plus nombreuses, le restaurant beaucoup moins bondé qu’à l’origine. Mihai lui-même fut parfois réquisitionné, malgré son jeune âge, à devoir aider à la plonge. Le petit garçon le faisait de bon cœur, quoi qu’un peu boudeur les premières fois, car il avait compris, petit à petit, que ses parents vivaient une période difficile. Comment l’avait-il compris, à un âge aussi jeune ? En constatant qu’il était beaucoup moins gâté qu’auparavant. Au début, à sept ans à peine, Mihai l’avait mal pris, dans l’incompréhension d’un changement brusque de mode de vie. Mais par la suite et jusqu’en octobre 2015, il comprit que la seule solution était de se serrer la ceinture pour pouvoir rester ensemble et de garder le restaurant qu’il appréciait par-dessus tout. Il s’agissait d’un paysage si familier qu’il ne pouvait pas être vendu. Jamais.
Heureusement ses rêveries d’enfant et son imagination débordante parvenaient à lui faire passer le temps, pendant les longues heures au restaurant. Il était d’ailleurs étonnant qu’il arrive à rester des heures assit à l’une des tables du restaurant avant son ouverture, à dessiner des cartes au trésor et à inventer des histoires de pirate, alors qu’il était incapable de tenir en place en salle de classe. C’est pas ma faute… L’école ça m’ennuie. Alors que ma vie de pirate, ça c’est trop cool ! Mihai s’était inventé tout un univers autour de la piraterie, rêvant de trésor et de perroquet coloré.
Post-apocalypse
Au début, Mihai ne comprenait pas vraiment les événements… Ce qu’il retenait, c’était simplement que quelque chose d’anormal était en train de se produire. À la télévision, sur Internet… Des images sordides tournaient, que ses parents voyaient. Eux aussi commençaient à paniquer, décidant alors de fermer le restaurant. gé de 9 ans, Mihai ne se rendit pas tout à fait compte, mais lorsqu’il vit son père clouer des planches de bois sur la porte d’entrée du restaurant, quelque chose s’alluma dans son esprit. Il se remémora les scènes de bataille de ses récits de pirates, mais aussi l’importance de garder son trésor bien caché jusqu’à son retour de mission. Acquiesçant, il avait alors suivi docilement ses parents, tenant étroitement la main de sa mère, jusqu’à CenturyLink Field. Le stade avait été aménagé par les forces de l’ordre en un campement de réfugiés. Quand j’y repense, j’me dis que j’ai été bête… J’ai cru pendant des semaines qu’on attendait, comme quand on passe des heures à l’aéroport, jusqu’à ce qu’on nous appelle pour partir à l’aventure ! N’importe quoi ! En effet, les premières semaines avaient été surtout à la découverte. S’adapter à ne plus avoir de maison, à vivre en communauté… Fort heureusement, Mihai n’avait pas de difficulté à se faire des amis et très vite, il devint comme beaucoup d’autres enfants du campement : insouciant et parvenant à faire abstraction de l’horreur dans laquelle ils étaient plongés, absorbés par leurs jeux d’enfants…
Mihai fêta ses dix ans dans le campement de CenturyLink Field. Pas de gâteau, simplement un bandana à paisley rouge, offert par son père après qu’il l’eut échangé avec un autre réfugié. J’étais super content, ça ressemblait à un bandana de pirate ! Avec des copains, on avait même fabriqué des faux crochets en papier alluminium… J’avais le plus beau costume ! Si Mihai se rappelait de détails insignifiants comme celui-ci, il ne voyait pas la dure réalité des événements et la complication de la situation qui ne devait être que temporaire.
En janvier 2016, alors que la nouvelle année ne présageait rien de bon, un véritable mouvement de foule se déclencha à la chute du campement. Impossible de se rappeler les faits précisément, l’esprit de l'enfant qu’il était avait certainement éludé certaines informations. Peut-être que Mihai ne s’était tout simplement pas rendu compte de la dégradation des événements, du haut de ses neuf ans... Tout ce dont se rappelait le jeune garçon, c’était de ces cris, de ses coups involontaires et d’un mouvement de foule. Sa mère avait été bousculée par un homme d’une corpulence certaine. Elle avait lâché la main de son fils qui l’avait cherché du regard en se mettant à crier : « Mămică ! Mămică ! » Un cri de ralliement dans la double culture dans laquelle il était plongé depuis petit, mais il n’y eut aucune réponse. Mihai se fit extirper de la foule par deux bras puissants. Il reconnaissait l’homme qui avait échangé son bandana rouge à son père. « Il ne faut pas rester ici… » Avait-il averti avant de l’emporter contre lui, rejoignant sa femme et ses enfants, ainsi que quelques autres personnes qui avaient suivi le mouvement. Pendant le mouvement de foule, Mihai avait cessé de crier le nom de sa mère et ne s’était pas débattu. Il avait aperçu sur le sol, le corps inerte de son père, le visage face contre terre. Mort. C’est comme si j’avais compris sans comprendre. Je me disais qu’il allait peut-être finir par nous rejoindre, les premiers temps… Mais… Ensuite j’ai compris que je l’avais vu mort, pour la dernière fois.
La chute du camp de réfugier fût d'ailleurs l'occasion pour Mihai de découvrir la cruauté et le cauchemar de la situation, une situation d'horreur qui plongea le jeune garçon dans un mutisme choqué pendant plusieurs semaines après que le groupe ait quitté les lieux.
février 2016 - janvier 2017 • Cougar Mountain Regional Wildland Park
Le groupe était constitué de la famille de l’homme qui avait échangé le bandana et qui répondait au nom de Luis, de sa femme et de ses deux fils. L’un avait deux ans de plus que Mihai et jouait parfois avec lui lorsqu’ils vivaient encore au camp de réfugiés. Quant à l’autre, Ian, qui arborait les traits disgracieux de l’adolescence, son tempérament faisait souvent éclater des disputes au sein du groupe. Mais la famille Gomez n’était pas la seule : il y avait aussi une mère épuisée du nom de Kathy et Lara, son adolescente de fille accompagnée par deux policiers, ainsi que deux jeunes stagiaires qui travaillaient dans le bâtiment au début de l’épidémie, de seize ans à peine : Idriss et Ed. La survie à Seattle n’était pas facile, et Mihai se rendit vraiment compte des horreur sur la situation : des infectés, l’odeur putride du sang et la violence nécessaire à leur survie. Bien sûr, le petit garçon était terrifié et avait pleuré de nombreuses nuits en appelant ses parents dans son sommeil, rassuré du mieux possible par Kathy et sa fille. La journée, Mihai semblait sur le qui-vive, toujours en alerte. Un réconfort pour le garçonnet ? La présence de son ami Emilio et d’autres jeunes qui lui permettaient de conserver des activités d’enfants, de ne pas oublier totalement ces jeux qu’il mettait au centre de ses préoccupations quelques mois auparavant encore.
Le grand-frère de la famille Gomez était devenu un exemple pour Mihai. Ne tenant pas en place, assez révolté par rapport à la situation, Ian n’hésitait pas à s’éloigner un peu du groupe pour râler sur le monde, avant d’être rejoint par les deux jeunes ouvriers. Avec le temps, le groupe, mené par Luis Gomez et les deux policiers, décida de s’aventurer dans la forêt. « Là où ces bêtes ne nous trouveront pas ! » Avait averti le policier le plus âgé, portant toujours son insigne dans la poche intérieure de sa veste, comme si cela allait l’immuniser contre quoi que ce soit. C’est au Cougar Mountain Regional Wildland Park qu’ils trouvèrent refuge. Mais cette trouvaille ne fût pas synonyme de paix et de sécurité pour autant. Une bêtise d’adolescent mena Mihai hors de portée des adultes compétents et le plongea dans un cauchemar sans nom, le première d’une longue série pour un jeune garçon si jeune.
« Ouais bon, écoutez, même toi le nabot. On va mettre les voiles. J’connais une cabane de chasseur, j’l’ai vu la dernière fois qu’on était en ravitaillement avec papa… J’suis sûr qu’on y s’ra peinard ! » L’aîné de la famille Gomez avait alors poussé son frère cadet Emilio et le plus jeune de la bande, à savoir Mihai lui-même, à se prendre au jeu. « Ce sera comme si on était les enfants perdus du pays imaginaire ! » Emilio avait réussi à convaincre Mihai, qui se voyait déjà laisser pousser ses cheveux pour ressembler au Capitaine Crochet. Une bêtise d’enfants qui allait se révéler bien plus grave : mortelle.
Le petit groupe s’était évidemment perdu. Mihai suivait aveuglément le frère aîné d’Emilio sans se rendre compte que l’adolescent paniquait : il n’arrivait plus à retrouver le chemin du campement, ni de la fameuse cabane. Dès lors, ce fut le début du cauchemar. L’adolescente voyageant avec sa mère se fit mordre par un infecté égaré dans la forêt tandis que très vite, le froid venait s’emparer de la santé pourtant vaillante des deux ouvriers. Les températures et l'humidité de la forêt environnantes avaient suffit à les terrasser de grosses difficultés respiratoires. Pneumonie ou grippe ? Mihai n'aurait sû le dire. Mais il se souvenait d'Idriss toussant quelque chose ressemblant à du sang, incapable de se mouvoir tant la fatigue l'avait mis à terre. Ed avait eut le droit à la même destinée à quelques jours d'intervalles. Ils s’étaient installés dans un campement de fortune mais petit à petit, la panique et le froid s’installèrent et brisèrent leurs espoirs utopistes. Pendant plusieurs jours, Mihai assista impuissamment à la déchéance des deux aînés de leur bande, affligé de constater leur impuissance face aux événements. Si seulement j’avais encore eu mon père à côté de moi… Lui aurait su quoi faire, il aurait pu m’apprendre… Mais Ed et Idriss mourraient alors qu’ils étaient bien plus grands et forts que moi. Quand ils se sont transformés, ça a été l’horreur, j’en ai fait des cauchemars pendant des années. Ian avait alors attaché les deux corps à un tronc d’arbre avant de poursuivre sa route dans le reste de la forêt, les tripes de Mihai malmenées à la vue de ces corps désormais sans vie, gargouillant d’une faim barbare. Eux qui avaient été de si bons camarades. « J’veux rentrer, stop… Il faut le dire à ton père Emilio… C’est grave ce qui est arrivé ! » Avait presque supplié le jeune Mihai à son aîné, impuissant face aux événements qui avait pleuré et hurlé en voyant le dernier des deux ouvriers se réveiller de sa nouvelle Mort.
Emilio voulut aller chercher de l’aide quand son frère tomba gravement malade après que sa jambe blessée l’ait immobilisé, quelques jours plus tard. Mihai avait alors suivi son camarade de deux ans son aîné à travers la forêt pour qu’ils se perdent à leur tour. C’était vraiment n’importe quoi…Si les adultes m’avaient montré notre position sur une carte, j’aurais pu m’en rappeler ! Mais comme d’habitude, on nous prend pour des débiles… Tout ça pour ça ! Emilio finit par mourir après avoir ingéré quelques mousses et champignons, tiraillé par la faim. Les vomissements et la déshydratation avaient eu raison de lui, devant le petit brun impuissant face à la situation, tandis que lui-même commençait à ressentir quelques gênes, toussant grassement après trop d'efforts. Mihai était resté à ses côtés jusqu’à ce qu’il se transforme. « Non… S’il te plaît… Emilio non… » Avait murmuré Mihai en voyant les yeux vitreux du jeune garçon s’ouvrir avant qu’il ne se mette à produire un son guttural qui n’avait rien d’humain. Jamais Mihai n’avait pensé à appeler à l’aide, de peur d’attirer d’autres monstres. Il avait alors fui, courant à toutes jambes sans s’arrêter. C’était la première fois qu’il se trouvait seul en Post Apocalypsia.
Février 2017 - août 2018 • Bellevue to Elliott Bay Marina
Comment un enfant de cet âge-là peut survivre seul en pleine nature ? Mihai avait reproduit quelques gestes par mimétisme, qu’il avait vu du père Gomez ou d’autres. Mais à à peine onze ans, il avait été difficile de ne pas céder à la panique, surtout la première nuit qu’il avait passé seul. La peur de se faire rattraper par le cadavre d’Emilio l’avait poussé à courir, courir le plus vite possible sans s’arrêter, malgré la toux et une fièvre qui s'emparait de lui. Le jeune garçon, épuisé, s’était alors assoupi dans une cabane… La fameuse cabane de chasseur dont avait mentionné l’aîné de la famille Gomez. Elle était loin… Tellement loin. Ian ne nous avait pas dit qu’il se souvenait l’avoir aperçu le jour de notre arrivée dans la forêt… J’ignore combien de temps j’ai pu courir, mais j’ai cru que j’allais mourir dans cette cabane. Le froid et l'humidité me mordait les joues et les orteils… D’ailleurs, si Jerry et Laurell ne m’avaient pas trouvé, je serais sûrement mort là-dedans…
Le surlendemain de cette nuit macabre, deux hommes avaient ouvert la porte de la cabane de chasseur. Ils avaient trouvé le corps de Mihai, inanimé sur le sol. Au début, ils l’avaient cru mort, mais après un petit moment, Jerry admit que le garçonnet n’avait pas bougé d’un pouce. Il ne pouvait pas être mort, d’autant plus qu’aucune blessure grave apparente ne semblait avoir été fatale, mais bien vite, ils constatèrent que la fièvre s'était emparée de lui : l'Etat du jeune homme avait considérablement empiré. La Mort le guettait, patiente. Quand il avait remué en geignant, si faible, Jerry avait pesé le pour et le contre. Ils ne connaissaient pas cet enfant, mais pouvaient-ils le laisser mourir sous leurs yeux ? Jerry et Laurell étaient deux routiers, qui par la force des choses, s’étaient retrouvés bloqués lors du mouvement de foule des débuts de l’épidémie. Ces deux pères de famille n’avaient pas pu ignorer la détresse de Mihai.
C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent rapidement en route vers la ville où ils seraient plus apte à trouver de quoi trouver secour à Mihai. C'est à Factoria, près de Bellevue que Laurell et Jerry réussir à trouver de quoi s'occuper de la fièvre terrassante du petit garçon. Près de l'école de Newport, ils parvinrent à se trouver un abri dans une maison abandonnée.[/color]
Cette période était très floue encore aujourd’hui dans l’esprit du jeune garçon qui avait mis un temps considérable à récupérer, à vaincre la fièvre et ce qui s'apparentait être une pneumonie. Il se souvenait simplement de ces deux hommes qui lui étaient apparus comme des sauveurs, des hommes très différents parfois bourrus mais justes. Il avait bien fallut plusieurs semaines peut-être plus encore pour que l'état de Mihai s'améliore. Petit à petit, le petit brun retrouvait ses esprits et récupérait grâce aux efforts des deux hommes pour s'occuper de lui. J’aimais beaucoup Jerry, c’était le plus gros. J’ignore encore comment il a fait pour rester aussi gros alors qu’on ne mangeait jamais à notre faim… Mais c’était rassurant en quelque sorte. Il avait des tatouages de marins ridicules sur les bras et adorait parler de son enfance. Laurell était tout maigre, super grand mais aussi toujours inquiet. En fait, ils me faisaient penser à Timon & Pumba… J’m’en rappelle parce qu’une fois, quand j’étais encore blessé, je les avais vu de dos, en train de fumer à la fenêtre. Je sais pas si c’était les médoc’s qu’ils m’avaient donné ou l’infection, mais j’avais cru voir un phacochère et une mangouste en train de fumer leurs clopes, de dos… J’avais eu un de ces fous rires !
Les souvenirs avec Laurell et Jerry étaient nombreux et les deux hommes avaient appris énormément de choses au jeune garçon. Celui-ci n’avait pas eu besoin de se faire apprivoiser, le simple fait qu’ils l’aient sauvé d’une mort certaine avait suffit pour instaurer une sorte de pacte entre eux. Il fallut plus d’un mois pour que Mihai puisse remarcher de nouveau, non sans mal. Mais à cet âge-là Mihai avait été capable de guérir et retrouver son entrain. Avide d’en apprendre plus aux côtés des deux hommes avec qui il se sentait en sécurité, Mihai éluda ce qui était arrivé dans la forêt, jusqu’à ce qu’il se retrouve, un jour de printemps, face à un autre infecté qui lui rappela les horreurs qu’il avait pu connaître dans la forêt. « Faut agir, faut pas avoir peur et simplement frapper. Sinon, ce sont elles qui nous mordent sans s’priver. » Une leçon expéditive du plus épais de ses deux comparses qui avait cependant fait son bonhomme de chemin dans l’esprit du jeune garçon. Il était temps qu’il apprenne à éliminer définitivement ces êtres faits de pourritures et de fluides nauséabonds. J’avais hyper peur au début, parce que j’avais encore le souvenir des deux ouvriers attachés au tronc d’arbre… Mais je ne me rappelais pas de la manière dont Ian s’était débarrassé à l’époque de la fille qui s’était retrouvée en forêt avec nous. Grâce à Jerry, j’ai compris que c’était la tête qu’il fallait viser. Et les jambes, quand on arrive pas à les avoir du premier coup, pour avoir le temps de s’enfuir.
Alors il avait appris. Et plus le temps passait, plus Mihai ne devenait pas qu’un simple protégé pour Jerry et Laurell mais aussi un allié de taille, lorsqu’il s’agissait d’être rapide et efficace. Car la finesse du préadolescent était parfois un avantage certain. Laurell et Jerry lui faisaient de plus en plus confiance, parce qu’il le prouvait, chaque jour, en se montrant toujours plus malin. « Une vraie fouine ce gamin ! » S’était amusé Laurell, un jour impressionné en le voyant grimper quatre à quatre l’étage d’un immeuble qu’ils fouillaient, armé d’un petit couteau et d’une barre de fer.
Plus les mois passaient, plus le trio apprenait à se mouvoir et se protéger des infectés qui étaient devenus un véritable challenge pour le préadolescent : les tuer, s'entraîner à les battre, devenir plus fort, plus débrouillard… Aussi un peu pour remercier ces hommes qui n'avaient pas hésité à lui porter secours quand il en avait besoin.
Le soir, parfois, Mihai rêvassait encore de ses histoires de pirates. Ne cessant de bassiner les deux hommes à ce propos, il se souvenait les avoir entendu un soir, pensant qu’il dormait. « Tu sais, le p’tit loup d’mer a pas tort… Si on s’rapproche ne serait-ce que de la côte, ça nous permettrait d’avoir à bouffer à l’oeil… D’la poiscaille, ça doit pas manquer ! On devrait p’t’être au moins s’rapprocher. » L’autre avait marmonné quelque chose, séduit petit à petit par l’idée. Alors ils se mirent en route pour l’ouest de Bellevue. Là-bas, ils trouvèrent plusieurs quais, mais aucun bateau pour pouvoir espérer vivre de pêche et d’air frais. « Tant pis, rien ne nous empêche d’aller sur Mercer Island. On verra bien après. » Avait conclu simplement Laurell. Après tout, les deux routiers connaissaient les routes comme leurs poches, impossible de se tromper.
Août 2018 - septembre 2018 • Mercer Island & East Seattle
« Vous avez vu ça ! On voit même l’autre côté de l’île de la pointe ! » S’était exclamé Mihai d’un air enthousiaste. Le jeune garçon avait l’impression d’être plongé dans l’un de ses fantasmes de piraterie. Les deux routiers allaient et venaient dans différentes planques, se servant dans les affaires des anciens propriétaires sans rougir. Ils avaient fait comprendre au petit brun qu’il ne fallait pas hésiter. À force, j’y ai pris goût. Ça m’a vite plu de pouvoir me servir dans c’que j’voulais. Et puis il fallait admettre que parfois, on tombait sur de sacrés baraques. Les infectés restaient un problème, mais j’avais beaucoup moins peur qu’au début !
Sur Mercer Island, ils restèrent le temps de l’été, longeant la côte Nord, à la recherche d’un bateau capable de pouvoir les abriter dans la durée. C’est au WA State Park qu’ils trouvèrent plusieurs quais, avec sur l’un d’entre eux, un bateau en assez bon état, encore installé sur sa remorque, flambant neuf ! En le découvrant sous sa bâche, Laurell avait poussé un hurlement de victoire, ravi de pouvoir trouver un bateau en parfait état : " J'connais c'modèle de r'morque... Avec un peu de boulot et si on s'creuse un peu la tête, on pourra l'mettre à l'eau ! C'est qu'ils avaient les moyens les gars avec cet engin ! " Les jours devinrent des semaines jusqu'à ce que ce bateau soit mis à l'eau et Mihai se souvenait, encore aujourd’hui, de ces jours comme les jours les plus paisibles qu’il n’ait jamais connus. Peut-être parce qu’à son âge, il gardait au cœur de son esprit ses désirs d’enfants ; mais surtout parce que ses deux compagnons lui faisaient comprendre que c’était un rêve envisageable. « Barca pe apă... » Chantonnait parfois Mihai, une des rares comptines de son enfance dont il se rappelait. Cet été-là, Mihai apprit à pêcher à l’aide de Jerry, au bord des cours d'eau mais aussi à l'aide d'une canne à pêche qu'ils avaient trouvé sur l'un des quais, si bien qu’il poursuivit cette pratique même seul, perché en hauteur sur un quelconque cabanon, à l’abri des menaces apocalyptiques, tandis que les hommes travaillaient d'arrache-pied pour mettre le bateau à l'eau, à l'aide de leur véhicule et de cette remorque mais aussi après avoir conçu une rampe pour l'immerger. À la fin de l’été, ce fût le temps les grands essais. Ils se mirent en route, en pleine mer, criant à la liberté sur les flots. Mais le bateau qu’il possédait fonctionnait à l’essence, et celle-ci était une denrée de plus en plus rare. Impossible de faire assez de réserve compte tenu de la taille du bateau : ils devaient accoster au bout d’un moment. Ils décidèrent alors d’amarrer à l’Est de Seattle. Pendant ce périple, plusieurs kilos de poissons avaient fini de dorer leur enthousiasme.
Une fois à Seattle, près de la plage de Denny Blaine, les deux routiers, accompagnés par le jeune garçon toujours vif et utile au trio, rencontrèrent un petit groupe, basé non loin de là. Ce fût alors l’occasion pour Mihai de voir d’autres personnes. Il y avait un décalage entre les plus jeunes et le jeune garçon, qui avait été habitué à cette vie de nomade, puis de loup de mer pour reprendre l’expression de Jerry. Pas tellement poli ni spécialement attentif aux autres, Mihai se concentrait sur ce qui lui plaisait pour simplement chercher à l’acquérir. Laurell avait craint que l’adolescent ne cherche à voler leurs nouveaux camarades, c’est pour cette raison qu’il chercha à inculquer la notion de troc à Mihai. « Ouais c’est comme pour mon bandana, mon père l’avait troqué. » S’était rappelé le petit brun en acquiesçant. Si Mihai n’était pas ignorant de ce système, la frontière entre le troc et se servir était mince. Un réflexe psychologique de survie, la peur de manquer ? Peu importe. Le petit groupe qu’ils avaient rencontré était composé d’une dizaine de personnes, qui avaient échangé de l’essence et du matériel divers contre de nombreux poissons. Ils n’étaient qu’à quelques centaines de mètre du quai où leur bateau était amarré, ce qui leur assurait un lien constant avec eux.
Plus le temps passait, plus le groupe de troc et le trio sympathisaient. Il s'était avéré que Mihai avait développé quelques manies, que les deux hommes n'avaient jusqu'alors pas saisi lorsqu'ils n'étaient que tous les trois. Je sais pas, j'pouvais pas m'en empêcher... Dès que j'voyais un truc qui me faisait envie, j'trouvais un moyen pour me l'accaparer... Laurell m'avait bien dit que c'était pas bien, que c'était du vol. Il m'avait enseigné la différence entre le vol et du troc, une manière honnête d'obtenir ce qu'on veut... Mais... Je sais pas, j'étais pas à l'aise au début. Jerry le défendait, mettant cette manie sur le compte de la privation à laquelle Mihai avait dû faire face au début de l'épidémie. Mais Laurell quant à lui, se montrait plus sévère à ce propos.
En septembre, un événement rapprocha le trio et ce groupe, ce qui amena Mihai à devoir faire davantage d'efforts en communauté. Des pillards avaient tout simplement subtilisé le bateau. À la découverte de la disparition du bateau, Laurell et Jerry s'étaient entretenus avec les membres du groupe du troc. Avait-il soupçonné le vol du bateau par une personne apparentée au groupe ? C'était une possibilité. Fort heureusement, Yves, Carl et Ilda, qui géraient le campement, avaient montré leur bonne foi et après de lourdes discussions, et quelques recherches, le groupe retrouva les restes d'un campement inconnu, appartenant bien à de simples pillards, ce qui conclut toute inculpation. C'est à la suite de cette affaire, à laquelle Mihai avait eu un oeil encore enfantin mais attentif, que le trio se joignit définitivement au groupe de troc, surnommé le groupe de la côte.
Septembre 2018 - janvier 2019 • Seattle & Discovery Park
Les pillards qui avaient pris notre bateau, c'était un peu comme la fin d'un rêve pour moi. C'est comme si on m'avait enlevé ma maison... Je m'y sentais bien, avec Laurell et Jerry... Mais ils avaient pas l'air de comprendre. Au début, je me faisais enguirlander parce que je partais de plus en plus tout seul. J'ai commencé à faire pas mal de conneries... Certains trouvaient le comportement de Mihai dû à un manque d'encadrement maternel notamment, d'autres prétextaient que ce garçon avait simplement atteint un âge que beaucoup craignaient, l'adolescence. Cette période qui poussaient les jeunes survivants à mener leurs propres expériences et à défier les règles, même en prenant en compte leur situation critique. Mihai n'arrivait pas à expliquer cette colère et cette envie, parfois, de longer la côte pour espérer retrouver le bateau, et pourquoi pas, retrouver ces pillards.
J'avoue que l'accident de mon dos était stupide... Je voulais simplement avoir un point de vue plus haut, alors j'ai monté une coline, à proximité de notre campement. Je sais pas trop, je voulais simplement essayer d'apercevoir l'horizon, voir si je trouvais pas le bateau... Cette escapade, effectuée après le sermon inquiet de Jerry, ne fût pas sans risques. Mihai voulu monter sur un rocher qui, malgré sa taille, était moins stable qu'il ne l'avait cru : il fit une chute et dévala la pente sur plusieurs mètres. Le sol rocailleux lui trancha la chair à de multiple endroit, lui arrachant des cris de douleur, notamment le long du dos. Ce fût Yves, en charge de la ronde, qui retrouva le corps du garçon, qui s'était trainé malgré la douleur hors de porté d'infectés attirés par le bruit de son cri. Revenu au campement avec le jeune adolescent dans les bras, Yves confia Mihai à Maria pour qu'elle le soigne. La plaie s'infecta en partie à cause du temps qu'il avait passé avant d'être pris en charge. J'vous dit pas la honte... Et le savon que j'ai pu prendre par Jerry... Mais je crois qu'ils se sont inquiétés, apparemment, ça avait vraiment une sale tête ! Il fallut quelques temps pour que sa blessure se referme complètement. Fort heureusement, seules les chairs avaient été malmenées, mais rien qui n'engageait sa vie. L'infection n'était que partielle, ce qui causa notamment cette cicatrice disgracieuse qu'il conserve encore aujourd'hui. Cette marque rosée contrastait avec le blanc pâle de la peau de l’adolescent qui avait poussé de plusieurs centimètres à l’automne 2018.
Mihai s’était alors montré plutôt indépendant voir solitaire, ayant énormément de mal à s’inclure dans la communauté. Mihai avait encore du mal à s'adapter à cette petite communauté et si Jerry et Laurell se faisaient très vite à cette socialisation retrouvée, ils étaient attentifs aux réactions de Mihai, se sentant responsables de lui. Seule Maria, une ancienne sage-femme aux airs maternels, parvenait à apprivoiser petit à petit le jeune homme, qui pour attirer son attention, lui volait parfois quelques affaires personnelles. Si le jeune garçon conservait ce charisme qui donnait envie aux adultes de s’occuper de lui, ce dernier souffrait, et le traumatisme psychologique qu’il avait subi à cause de l'incident n'arrangeait rien. La nature de voleur de Mihai était excusée par cela auprès des autres membres du groupe, sauf peut-être les plus jeunes qui s’offusquaient à chaque roublardise du loup de mer.
Quand l’hiver s’installa, le vent souffla fort en bord de mer et Mihai fêta son treizième anniversaire. Carl, qui semblait mené le groupe, proposa alors de se rendre plutôt au milieu des terres et d’investir un endroit dans l’ancienne ville de Seattle pour passer l’hiver, espérant rencontrer de la civilisation pour échanger des vivres.
Janvier 2019 - Septembre 2020 • Green Lake Elementary School
Toujours en vadrouille aux alentours de l’école, Mihai provoquait l’angoisse de certains des membres du campement en disparaissant parfois plusieurs heures voir une journée complète, rendant Jerry et Laurrel bien inquiets. « Mais c’est bon, pas de stress ! J’étais juste parti faire un tour, j’sais m’débrouiller ! » Agacé d’être couvé de la sorte, Mihai entrait dans une période de conflit qui allait de paire avec sa crise d’adolescence. L’école de Green Lake était un espace suffisamment vaste pour que le groupe prenne ses aises. Des lits de camp avaient été trouvés dans le baraquement contenant du matériel scolaire, ce qui assurait aux plus jeunes, comme Mihai, d’avoir un lit digne de ce nom. Au fur et à mesure du temps, le petit groupe – surnommé le groupe de la côte – avait réussi à construire quelque chose qui donna envie aux différents membres de s’installer définitivement dans cette école. Un couple avait rejoint le groupe au début du printemps 2019, donnant naissance à un bébé quelques mois plus tard. Mihai avait énormément de mal à supporter la vue d’un bébé si fragile, inutile au groupe selon lui. À son âge, Mihai était capable de partir chasser du petit gibier, de se débrouiller et de mettre en pratique toutes les ficelles de survie que lui avaient inculqué les deux routiers, mais aussi les membres du groupe avec qui il s’entendait le mieux. Petit à petit et parce qu’ils avaient appris à connaître le jeune homme, la plupart des membres originels du groupe s’étaient accoutumés au comportement marginal du petit brun. Toujours aussi roublard, mentant comme un arracheur de dent, Mihai se montrait toujours solitaire, voleur à l'occasion, peut-être simplement pour provoquer... Mais parvenait à passer ses nerfs dans des activités qui était finalement utile au campement.
Ce dernier se développait au fur et à mesure. Les plus jeunes membres du campement, à savoir Milena et Thomas, dirigés par une femme d'âge mûr du nom de Meredith avaient commencé à voir plus grand : faire des réserves pour les jours d'après, les saisons d'après et pourquoi pas s'organiser pour rendre cet endroit durable. Ils avaient eu alors l'idée de faire de l'élevage de petit gibier pour réussir à subvenir à leurs besoins. À force, une zone entière de l'école était consacré à l'élevage, notamment de lapins. Mihai quant à lui, prenait ses aises au campement mais prenait beaucoup de plaisir à se mettre en danger, jouant les téméraire en partant en expédition, seul ou accompagné de quelques camarades. En prenant confiance, mettant de côté ses différentes blessures qui restaient la preuve de son inexpérience, le jeune garçon se mettait parfois en danger. Volontairement, par accident ? Peu importe. Il s’éloignait parfois de plus en plus longtemps de l’école pour venir tâter de l’infecté, surtout depuis que Laurell lui avait donné quelques tâches à réaliser à l'extérieur. J’avais l’impression de pouvoir être enfin indépendant, et ça me faisait du bien ! Alors je me disais "allons-y" ! Même si ça mettait Maria en pétard ! Car en effet, la sage-femme restait très protectrice envers Mihai, qui ne verbalisait jamais son attachement pour la quarantenaire. Après qu’il se soit blessé en expédition, pendant l’été 2019, une grosse dispute avait éclaté. Elle avait alors tenté de revenir vers l'adolescent en lui proposant de partir à la pêche, non pas par besoin mais simplement pour parler avec lui. Si Mihai n'avait pas spécialement apprécié l'idée de partager un moment aussi intime et solitaire que les sessions de pêche que Mihai appréciait tellement par le passé. Mais le moment échangé avec la sage-femme avait été finalement agréable... Peut-être aurait-elle pu réussir à apprivoiser petit à petit l'adolescent, si les choses n'avaient pas tourné autrement.
« Attends… Ne bouge pas. » Avait-elle ordonné à Mihai en rentrant, tandis que l’adolescent grimpait sur une voiture pour faire semblant de viser avant son arc. « C’est bon, déstresse Maria ! Y a rien ! En plus on a réussi à trouver du poisson ! C'est Jerry qui va être content, il nous parlait de ses recettes à la con la dernière fois, ça m'a mis l'eau à la bouche ! » Avait répondu Mihai d’un air désinvolte avant que la femme ne le fasse taire d’un geste de la main et d’un regard sévère. Ils avaient alors continué le chemin vers l’école avec prudence. Maria avait raison… À l’entrée de celle-ci, ils purent entendre des cris et des rires goguenards. L’adolescent, les yeux écarquillés, avait alors eu simplement le temps de se mettre à couvert lorsqu’une balle toucha Maria à la poitrine. La jeune femme tomba à terre, les yeux rivés sur Mihai, caché dans un fourré, à quelques mètres d’elle ; le panier dans lequel reposait les quelques poissons qu'ils avaient pêché était tombé sur le sol, à quelques centimètres de son visage. « Sauve-toi… » Avait-il pu lire sur ses lèvres avant qu’elle ne perde connaissance. À peine avait-il eu le temps de réagir que la voix d’un homme s’était fait entendre non loin de lui. « J’ai eu une nana ! Elle rentrait au bercail l'él'veuse ! Ils ont plein de matos, des fringues et tout l'reste ! Et en plus elle nous a ram'né le poiscaille ! » Avait alors scandé la voix d’homme avant de faire demi-tour, visiblement enthousiaste à l'idée d'être tombé sur un groupe capable de faire des réserves sur la durée, ramassant le panier et les poissons en enjambant la jeune femme sans remords. Mihai avait retenu sa respiration avant d’attendre que la voie se libère et de partir, avec comme seul équipement son couteau à sa ceinture, qu'il avait serré contre lui. Là j’ai compris que j’étais dans la merde, j’ai compris que j’devais m’débrouiller tout seul pour de vrai. En un sens, j’me suis trouvé chanceux d’avoir été une tête de con pendant des mois, ça m’avait permis de passer pas mal de temps seul et du coup d’être capable de trouver un abri/trouver à manger/trouver de l’eau, tout c’qu’il faut pour survivre.
Depuis septembre 2020 • Seattle
J’ai surtout trainé près de Woodland Park après avoir pris la fuite, mais après, j’ai pensé que les types pouvaient me chercher. Alors j’ai pas arrêté de bouger. Y avait des poissons dans le lac, ce qui m’a permis de me faire quelques réserves… J'avais encore quelques restes de ce que m'avait appris Jerry. C'était des moments que j'aimais, au bord de l'eau, à scruter le poisson pour l'embrocher. Mais la pêche n’était pas le seul atout de Mihai. Ce dernier était également devenu vif et rapide, et surtout, il savait se faufiler un peu partout : il n’était pas difficile alors pour lui de se trouver un endroit où passer la nuit. C’est à cette époque qu’il devint de plus en plus sauvage. Les enfants élevés dans la nature développent toutes sortes de réactions et de réflexes pour leur propre survie. Peut-être que Mihai avait certainement développé certains de ses troubles pour assurer sa propre sécurité. Il n’hésitait pas à s’approprier tout ce qui lui faisait envie, même si cela appartenait certainement à des survivants partis en ravitaillement. Le plus discret possible, le jeune homme faisait de son mieux pour ne pas approcher de trop près les gros groupes.
En novembre dernier, Mihai fêta son quinzième anniversaire, seul. Son objectif ? Retourner là où il avait aperçu ses parents la dernière fois, au début de l’épidémie. Qu’était devenu le campement, qu’étaient devenus les survivants ? Mihai ignorait qu’il allait bientôt atteindre le No Man’s Land, un lieu de rencontre et de vie en Post Apocalypsia, ce qui allait drastiquement changer son train de vie. Allait-il contourner cet endroit où s’y plonger, prit de curiosité ?
Survie
Quand il n’est pas à l’abri quelque part, le jeune homme s’aventure dans certaines zones de la ville pour espérer trouver du petit gibier ou des zones dans lesquelles il est capable de trouver de la nourriture. S’il voit des survivants en pleine chasse ou expédition, il les contourne et évite au maximum leur contact. Car Mihai peut se montrer au premier abord assez surprenant, tel un petit sauvage de la ville, un roublard sournois prêt à filer en un clin d’oeil. C’est probablement ce qu’il est, dans le fond. Mihai arrive parfois à se perdre dans les allés de bibliothèque s’il a l’occasion d’en trouver, tentant de rattraper ses lacunes en lecture, pour décrypter certains ouvrages utiles à sa survie ou simplement redécouvrir quelques vieilles histoires de son enfance. Sinon, lorsqu’il s’ennuie ou se sent tout de même un peu en manque de sociabilisation, l’adolescent passe du temps sur les toits d’immeuble à lancer des boîtes de conserve au loin à l’aide d’un bâton ou à observer les mouvements des quelques rôdeurs qu’il aperçoit dans les rues adjacentes. Si ceux-ci lui faisaient peur il y a quelques années, Mihai ne voit en eux que de simples animaux primitifs et affamés, qu’il est facile de berner. .
time to met the devil
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Re: Mihai Altmann • the little Scamp of the Emerald City
Mar 22 Déc 2020 - 17:50
Rebienvenue !
Us against them
ANAPHORE- Tori H. Watanabe-Hayworth
Inglorious Fuckers
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Re: Mihai Altmann • the little Scamp of the Emerald City
Mar 22 Déc 2020 - 18:13
Rebienvenue ! Bonne rédac
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