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Tout s’achète: l’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi.

Mar 22 Déc 2020 - 22:00


James (Harry) Graytell me more about you

prénom(s) : James (Harry)
nom : Gray
date de naissance : 20 novembre 1988
âge : 32 ans

ville de naissance : Londres
métier : Garde du corps & escort boy
groupe : The Devil's Rejects

avatar : Tom Austen

what i am

qualites
charmeur
bon vivant
ambitieux
logique
observateur
defaults
cupide
hautain
manipulateur
excessif
immoral
Equipement :
James a conservé très peu de vestiges de son ancienne vie, si ce n’est quelques costumes et chemises qu’il garde pour la forme. La plupart de son équipement a été volé ou donné pour certaines choses. L’anglais ne s’est jamais séparé du couteau et de l’arme de poing que lui avait donné le chef à bord du yacht. Un poignard ontario sp2  et un pistolet Sig Sauer P229. Le reste va et vient mais à une prédilection pour des nombreux couteaux.
Dans son sac à dos, il y a aussi une petite boite métallique qui ne le quitte que très rarement. Personne n’a le droit de l’ouvrir. C’est ce qu’il appelle sa boite à trophée où l’on peut y trouver des boutons de chemise, des mèches des cheveux, des boucles d’oreilles ou même des bagues. Tous arrachés sur des gens qu’il a tués. James porte constamment la clé capable de l'ouvrir  autour du cou.  
     
Details physiques :
Il aurait aimé ne jamais vieillir, ne jamais changer. Il aurait aimé que rien ne change malgré cette Apocalypse. Bien-sûr, il a conservé le même regard. Ses yeux bleus qui trahissent bien trop souvent ses émotions, qui reflétent  tantôt son sérieux, tantôt son amusement. Tantôt son vice, tantôt ses réflexions. James n’a jamais été capable de garder un visage neutre. Bien souvent, ses sourcils se fronçent ; plus encore ses lèvres fines s’étirent en un sourire lumineux dévoilant un peu trop ses dents parfaitement alignées. Ses cheveux blonds s’accordent avec son teint tout aussi clair. Il ressemble à beaucoup d’anglais ; un physique avantageux aux yeux de certains et pourtant si ordinaire pour d’autres.

Pourtant, l’anglais a toujours vu son apparence comme un atout. Du haut de son mètre quatre-vingt-cinq, il met un point d’honneur à rester mince, élancé. Il entretient toujours sa musculature. Loin du culturisme, il garde tout de même un corps aléthique. James refusait de, selon lui, « salir » son corps d’encre. Il a toujours voulu garder sa peau intacte. La fin du Monde a légèrement contrecarré ses plans puisqu’en cinq ans,  quelques petites cicatrices et brûlures sont apparues ci et là. Rien de trop voyant, rien qu’il ne peut dissimuler.  

Psychologie

L'ambition des pauvres ne va pas sans avarice.” C’est ce que sa grand-mère ne cessait de lui répéter. Il n’était qu’un minot qui rêvait de grandeur. Ce n'était que des paroles en l'air, des mots dits sur le bout des lèvres, lâchés dans l’atmosphère dans un murmure à peine audible. Des mots  dont  il  ne comprenait pas vraiment le sens,  trop jeune pour se rendre compte que la défunte l’avait cerné bien avant qu’il ne se connaisse lui-même. Mais cette simple phrase était pourtant parfaite pour décrire James. Il a toujours débordé d’ambition, il a toujours voulu s’élever plus haut que la position sociale dans laquelle il est né. Il aime l’argent, le luxe, il est complètement cupide. S’il en avait encore une, il dénoncerait sa propre famille contre des ressources. Certains voient en lui un arriviste à l’heure où d’autres peuvent voir simplement quelqu’un de persévérant qui ne baisse jamais les bras devant une difficulté ou un obstacle. Bien souvent, l’anglais refuse de rester sur un échec et ne lésine pas sur les efforts pour se dépasser, pour se hisser à la place qui lui revient. Sa réussite, il ne la doit à personne.

C’est tant pour le regard des autres que pour son orgueil. Parce que James a une très haute estime de lui-même. Il est hautain, il s’aime et pense toujours valoir plus que son prochain. Cela va de paire avec son côté superficiel. Il privilégie la forme au fond. Comme beaucoup, il pense que la première impression est toujours la bonne. Alors, il soigne au maximum son apparence pour renvoyer une image positive et ainsi faire bonne impression auprès de ses futurs ‘victimes’. C’est aussi un beau parleur qui sait user des mots à bon escient. D’ailleurs, James fait parti de ceux qu’on peut ranger dans la case manipulateur. Il est de ceux qui vous font croire que vous désirez forcément ce que vous n’avez pas, ce que vous n’êtes pas ; qui vous font croire que vous avez forcément besoin de lui à un instant précis. Son côté charmeur l’aide beaucoup. Avec son visage et ce sourire, on pourrait lui donner le bon Dieu sans confession. Même si ses intentions ne sont pas toujours louables, il sait se faire aimer pour obtenir ce qu’il veut.

Et des choses, il en veut. Il est excessif dans tout, des sentiments à la luxure, de l’alcool à la drogue. Il ne se pose jamais de limite. Lui, il se considère plus comme un bon vivant qui ne refusera jamais de s’amuser ; que ce soit par la fête, sexuellement ou pour toute autre connerie. S’il n’accorde son entière confiance à personne, James n’en reste pas moins quelqu’un d’affectif ; il n’est absolument pas pudique ni dans ses gestes ni dans ses mots. Il met également tout ce qu’il a appris lorsqu’il était garde du corps à profit. Il est réfléchi, logique et très observateur. Il ne reste jamais bien longtemps au même endroit mais déteste être seul, il a ce besoin constant d’être entouré.  

Depuis l’invasion, une seule chose a changé en lui. James est devenu complètement immoral, sans scrupule. Sa personne passera toujours avant tout autre chose et il se moque bien de blesser dans son sillage. Il ne ressent aucune gêne à tuer des gens même désarmés, à voler aux miséreux des choses dont il n’aurait pas forcément besoin. S'il a toujours eu un caractère violent, il y prend maintenant bien plus de plaisir qu'il n'y devrait. 




Story of survival


Assi sur un banc, son regard bleuté est fixé dans le vide alors que ses doigts ouvrent une canette de bière tiède bon marché que Leigh a dissimulée sous sa veste quelques minutes plus tôt en sortant de l’épicerie. « Tu penses qu’un jour on verra autre chose que c’bitume ? ». Le garçon incline sa tête, l’air un peu interloqué. Caché derrière la petite boîte métallique, il étouffe un rire. « Tu parles comme dans ces films pourris pour ado ». Son regard balaie le paysage qui s’offre à lui. Ce panorama, il le connait par cœur. Des tours hautes en briques rouges, collées les unes aux autres. Du linge étendu et de nombreuses paraboles décorent les minuscules balcons devenus de vrais débarras pour certains. Quelques lumières commencent à s’allumer ci et là, éclairants l’intérieur des habitations. Dans l’arrondissement de Tower Hamlets, les council estates se ressemblent tous. « toi, j’sais pas. Moi, j’sais que je vaux mieux que ça ». Il le sait, un jour il verra autre chose que ces bâtiments, sans cette jeune fille à ses côtés qui ne pourrait que le tirer vers le bas. Il sent le poing frêle de Leigh s’enfoncer avec violence dans son bras. « t’es vraiment con quand tu t’y mets ». Il tourne la tête vers elle et plonge son regard dans le sien, un sourire aux coins des lèvres. Elle finira par baisser les yeux. Elle baisse toujours les yeux quand il soutient les siens. Il a ce pouvoir de la fasciner quand il la regarde, quand il lui sourit. « Je sais ». Elle baisse les yeux, ses lèvres viennent trouver celles de l’adolescent de quinze ans. Quelques secondes plus tard,  la tête blonde bondit sur ses pieds et enfourche le vélo qui appartenait il y a plusieurs années de cela, à son grand frère. « Faut qu’j’y aille » Elle le dévisage, incrédule « Déjà ? ». Lui, il ne la regarde plus. « J’veux pas qu’mes frères et la p’tite fassent cramer l’appart en chauffant des pâtes ». Il se met à pédaler, il n’en a que pour cinq minutes, dix au maximum. Derrière lui, il entend la voix de Leigh. « JAMES ! Tout l’monde s’en fout de c’que tu penses de toi. Tu s’ras toujours le gars qui vit dans un putain d’HLM avec une mère qui récure des chiottes et un père qui s’fait exploiter dans une usine » Sa voix se fait de plus en plus faible à mesure qu’il s’éloigne. « C’est pas ta belle gueule qui changera quoique c’soit. Tu vaux mieux qu’personne ici ! ». Il secoue la tête et lève son majeur en guise de réponse. Elle se trompe, il vaut mieux que tout ça, il vaut mieux que tout le monde ici.


Ça avait toujours été comme ça chez les Gray. Le plus grand des enfants devait s’occuper de surveiller les plus petits, juste le temps que leur mère ne rentre du travail. Le père, lui, dormait en fin journée et travaillait la nuit. James n’était pas le plus âgé de la fratrie, c’était Oliver l’aîné. James était né un an après lui, le 20 novembre 1988. Les jumeaux Sebastian et Liam s’étaient fait attendre pendant cinq ans et ont rapidement été suivi par Poppy, la petite dernière. Ils étaient sept, amassés dans cet appartement de ce quartier populaire prévus pour cinq. Entassés mais pas malheureux. Loin des clichés dépeints de la vie des banlieusards anglais, la mère de James n’était pas une camée alcoolique avec un géniteur différent et anonyme pour chaque enfant. Bien au contraire, il lui aura fallu des années au petit James pour prendre conscience de la situation précaire dans laquelle il vivait. Ce n’était pas quelque chose que l’on lui avait expliqué et à l’école primaire, il n’y avait que des élèves de son quartier. Pour lui, c’était normal de porter les vêtements de son grand-frère, c’était habituel d’avoir le même cartable pendant des années, c’était courant d’enregistrer une chanson qui passait à la radio pour ne pas avoir à acheter le disque, c’était ordinaire de ne jamais aller au restaurant ou au cinéma.  Il n’y a que lorsqu’il accompagnait ses parents faire les courses, un samedi par mois, que James notait une différence avec certains autres. Il était parfois gêné devant les garçons de son âge de ne pas pouvoir mettre lui aussi, des produits de marque sur le tapis du supermarché. Mais cette honte, il l’oubliait vite lorsqu’il revenait à Tower Hamlets, lorsqu’il retrouvait ses copains pour jouer au football en bas des immeubles. Dans ces moments-là, il ne pensait à rien d’autre que ce ballon entre ses pieds. Loin de la déchéance financière de ses parents, loin de ce vieux lit superposé qu’il partageait avec Oliver, loin de ces produits de marques ou de cette dernière console à la mode qu’il ne pouvait avoir, loin de ces problèmes de mathématiques qu’il n’arrivait pas à résoudre. C’était son exutoire  à cet embarra.


Mais bientôt, cette échappatoire se révéla dérisoire. Les choses s’étaient compliquées en intégrant le collège municipal pour James. Sa scolarité était désastreuse. Il était considéré comme un cancre par ses professeurs mais il s'en fichait. Il avait toujours été sous-estimé et n’avait pas l’intention de faire des efforts pour prouver ce qu’il valait. Il était loin d’être stupide mais il ne se donnait pas les moyens de réussir. Les études ne l’intéressaient pas le moins du monde. Ce qu’il l’intéressait lui, c’était ce qui se passait après les cours. C’était de changer de petite-amie tous les quatre mois, c’était de faire taire ces gosses de riches en uniforme qui le dénigraient lui et ses amis de Tower Hamlets. Les frapper eux et leurs langages soutenus, eux et leurs beaux vêtements ; c’était le seul antidote à cette jalousie qui le rongeait. Parce qu’il les enviait James, lui aussi il aurait aimé être né sous une bonne étoile. Souvent, il passait voir sa grand-mère avant de rentrer et elle lui disait « c’est comme ça mon grand, y’a des gens qui ont plus de chance que d’autres. C’est la vie » alors qu’il lui expliquait d’où provenait son œil au beurre noir ou sa lèvre fendue. C’était la vie ? Pas celle qu’il voulait. Un jour, il ne savait pas quand ni comment mais il leur montrerait à tous que ce que la vie ne lui donnait pas, il allait le prendre. Il devait changer, devenir plus assidu dans ce qu’il faisait. Travailler à l’école pour ne pas redoubler, travailler en dehors pour se faire un peu d’argent et de quoi se payer, peut-être un jour, des cours à l’université. Bien qu’il n’ait aucune idée de ce qu’il voulait faire dans la vie ; il savait une chose. Il n’allait pas pourrir dans ce quartier comme ses parents. Et si le seul moyen d’accéder à la vie qu’il pensait mériter était d’accroître ses efforts, de se faire violence ; alors il le ferait.


À seize ans, l’âge légal pour commencer à travailler en Angleterre, James dégota un petit contrat de dix sept heures hebdomadaires dans le même fast-food que son grand frère. Oliver ne voyait pas d’un très bon œil l’arrivée de son frère ici. Parce qu’avec le temps, leur relation s’était dégradée. Il ne voyait en James qu’un adolescent arrogant et prompt à cogner. Ce qu’Oliver ne comprenait pas, c’est que James ne se battait pas par plaisir. C’était juste un moyen pour lui de défendre son honneur et celui de sa famille quand d’autres aimaient les dénigrer. Il était bien trop présomptueux pour se laisser diminuer. Sa mère avait beau lui répéter qu’il ne fallait jamais porter le premier coup, que les mots faisaient plus mal que les poings, il se laissait vite tomber dans cette facilité. Il était seulement encore bien trop jeune pour réfléchir clairement. Mais étrangement, et même s’il refusait de l’admettre, travailler dans ce fast-food canalisait James. Il n’y était que deux jours par semaine, le samedi et le dimanche. C’était peu et pourtant tellement trop pour lui. Il donnait une partie de son maigre salaire à ses parents et mettait le reste de côté. À l’école aussi, il s’efforçait de faire plus d’efforts pour remonter ses notes. Et ça payait ses fruits. Lentement mais sûrement, l’adolescent remontait la pente. Il obtint son diplôme à la fin du lycée. C’était suffisant pour qu’il ne soit accepté dans la faculté de Birkbeck, pour y étudier les sciences sociales.


James était maintenant majeur et, du haut de ses dix huit ans, il n’était pas plus avancé sur quoi faire dans sa vie. Rien de ce qu’il étudiait ne l’intéressait. En réalité, il allait à’ l’université simplement pour l’image que cela renvoyait. Aucun de ses ‘amis’ étudiants ne connaissaient sa vraie adresse, qu’il cachait par honte. James était toujours celui qui ne buvait qu’une pinte de bière après les cours et prétextait devoir partir pour ne pas avoir à trop dépenser, il était toujours celui qui changeait trois fois de lignes de métro, qui faisait des tours et détours pour ne pas qu’on le voit sortir à une station peu glorieuse ; il était toujours celui qui ne pouvait pas venir au restaurant ; il était toujours celui qui se retrouvait à passer la nuit dans la chambre étudiante d’une conquête plutôt que chez lui. Mais ses camarades n’y voyaient que du feu. Parce qu’il avait toujours la bonne excuse au bon moment, toujours un mensonge crédible dans sa manche.


Un an plus tard, James démissionna du fast-food pour travailler dans un pub. Officiellement, il n’y travaillait que les week-ends. Officieusement, le patron lui avait proposé de venir chaque soir. Du travail au black, avec une grande partie payée uniquement en liquide. De l’argent qu’il ne donnerait à personne, qu’il cacherait dans un tiroir, dans un livre de cours ou même dans une de ses vestes. Parce que c’était son argent, il le gagnait lui-même, chaque soir. Il ne voyait aucune raison de le partager en plus de sa paie du week-end. Le jeune Gray n’avait jamais autant eu d’argent entre ses mains si bien qu’il se laissa tomber dans l’engrenage. Il travaillait de plus en plus tard, négligeant sciemment ses cours. Plus il servait de pinte, moins il étudiait. Mais plus il servait de pinte, plus il avait ce précieux liquide à se mettre dans les poches. Il comprit rapidement aussi qu’en se montrant charmant envers un client ou une cliente, il pouvait doubler la mise. Alors, il jouait de son sourire, il jouait de ses yeux ; il usait de son rire, il usait d’une politesse qui lui paru naturelle.  Attentif au moindre détail qu’il pouvait utiliser pour obtenir un pourboire plus généreux mais également soucieux que personne ne parte sans payer. Aucun consommateur ne lui échappait, James avait l’œil partout. Son patron le félicitait d’ailleurs souvent pour son bagou et sa vivacité. Au fil des mois, il avait fini par complètement abandonner la faculté, préférant l’argent à la connaissance. Parce que dans son esprit étriqué, l’argent c’était justement la reconnaissance. Un samedi soir, alors que le pub était bondé, James repéra une bande d’étudiants bien éméchés dont un qui semblait un peu trop tactile avec les autres clients. D’un coup de tête dans sa direction, son patron lui fît comprendre de s’en charger. James lui dressa un sourcil interrogateur, ayant bien conscience qu’il lui demandait de gérer la situation avec diplomatie et non avec violence. Il se rapprocha lentement et prit un air détaché. « allez mon gars, tu t’es assez amusé pour ce soir, on va te demander de sortir sans faire de vague » l’inconnu à l’haleine chargée posa une main sur l’épaule de James, titubant presque sur lui avant de se mettre à hurler qu’il ne sortirait pas. James jeta un coup d’œil vers son patron qui, lui, hocha la tête. L’anglais posa sa main sur celle accrochée sur son épaule et, sans plus de cérémonie, retourna le bras de l’inconnu pour venir le coincer dans son dos. L’homme, ivre,  était bien incapable de se soustraire à cette prise et fût escorté vers la sortie.


Cet évènement d’abord insignifiant donna une impulsion à James. Son patron, plus avare encore que lui ; vit une solution au problème qui lui taraudait l’esprit. Depuis plusieurs semaines, il songeait à engager un agent de sécurité pour gérer tout ce beau monde seulement voilà, il ne voulait pas payer la licence de bar de nuit qui lui donnerait la possibilité d’avoir quelqu’un en charge de la sûreté. Il se tourna donc vers James, lui demandant implicitement de surveiller la salle et d’agir en cas de besoin. L’anglais n’était pas dupe, il avait bien compris que son patron lui imposait un double emploi. Alors, pour trouver un compromis qui conviendrait aux deux parties ; il exigea une légère augmentation. Assez pour gagner plus mais pas trop pour que le patron ne soit perdant. Ils avaient trouvé un terrain d’entente où tous deux semblaient être gagnants. James passait donc autant de temps derrière le bar qu’à gérer ces gens qui dépensaient leurs argents sans compter. Intérieurement, il les jalousait, comme avant. Il les enviait de ne pas avoir à se soucier de l’argent, d’avoir pour certains des parents qui subvenaient à leurs besoins. Il se faisait d’ailleurs un malin plaisir à être un peu plus violent avec ceux qui transpiraient la richesse. C’était sa petite vengeance personnelle envers ces gens qui n’étaient en rien responsable de son statut social.


James voulait être comme eux ou, à défaut, être avec eux. Petit à petit, l’envie de les rejoindre par tous les moyens germait dans sa tête. C’est à ce moment là qu’il eut une idée. Une idée qui lui prendrait du temps mais qui pourrait l’emmener dans ce monde qu’il rêvait de côtoyer. Il retourna à la faculté, juste une journée. Il scanna cette carte qu’il n’avait pas utilisée depuis des mois et se rendit à la bibliothèque pour entamer ses recherches. Il n’y avait pas d’ordinateur chez les Gray et quand bien-même ; il ne voulait pas que sa famille ne le dissuade. Sur le moteur de recherche, il tapa une simple phrase. Comment devenir garde du corps. Parce que c’était la seule façon, la seule idée pour lui de frôler ce monde du bout des doigts. Selon internet, il lui faudrait un an de formation d’agent de sécurité. Puis six mois de spécialisation de garde rapprochée pour enfin demander un titre de Security Industry Authority. James allait sur ses vingt ans, il était encore jeune et s’il se donnait à fond, il pourrait débuter sa carrière peu avant vingt-deux ans. Avec l’argent liquide qu’il avait amassé et caché, il pourrait se payer ces formations. On pouvait lui trouver tous les défauts du monde, on ne pouvait pas lui enlever le fait d’être tenace. James n’avait pas peur de donner de sa personne pour parvenir à ses fins. Il ne rechignait pas à l’idée de se tuer à la tâche pour s’offrir une vie meilleure.


Il lui fallut quelques mois encore pour réussir à accéder à la formation. La première ne lui posa pas grande difficulté, si ce n’est une simple fatigue physique entre ses cours et ses soirées au pub. Mais un an, ce n’était rien. Il obtint son statut d’agent de sécurité sans problème. Les choses se gâtèrent pour la suite, pour accéder à la spécialisation de garde rapprochée. Il devait passer un entretien à la Vanquish Academy. Il se retrouva face à deux hommes. Un grand, costaud mais silencieux. Et un deuxième, plus petit, plus arrogant, plus froid. Et à l’instant même où James posa ses fesses sur la chaise, le deuxième homme l’assailli de questions. Ou plutôt, de reproches. Il se moqua de son adresse, de son travail. Affirmant qu’un gars de ‘cité’ n’avait pas forcément sa place ici, que ce n’était pas parce qu’il avait maté quelques ivrognes qu’il pouvait prétendre à plus, que ce métier était bien plus qu’un film d’action, bien plus que se battre. Mais James ne se démonta pas pour autant, rétorquant qu’il était justement là pour apprendre, qu’il était consciencieux, réfléchi, patient et dévoué. Que son casier judiciaire était vierge, qu’il avait de quoi financer cet apprentissage, grâce à ce travail où il s’occupait des ivrognes. Il taisait que sa vraie motivation était d’accéder à un monde plus riche. Après tout, tant qu’il payait, pourquoi le refuser ?  Il ne saurait dire si c’était une chance insolente ou simplement de la volonté mais l’anglais finit par accéder à cette formation. Le plus grand des deux hommes, Ben, semblait l’avoir pris sous son aile. Il passait toujours plus de temps avec James. Pour lui expliquer le côté technique mais également psychologique. L’entraîner aux gestes physiques, comme tactiques ; le forçant à réfléchir, à calculer, à mettre sa propre personne de côté, apprendre la défensive, jamais l’attaque et surtout à être patient. Et James apprenait, en gardant son objectif des yeux. Ce n’était que six mois. Six mois intenses pour se spécialiser dans ce qui le rapprocherait au plus proche de l’univers qui l’attirait tant. Mettre sa vie personnelle de côté et dépenser ses économies, c’était un maigre sacrifice pour lui. Il taisait sa véritable motivation, il avait même réussi à faire croire à Ben que c’était seulement pour son sens de la dévotion, ce besoin de se sentir utile dans la société. James jouait au parfait poulain. Tenace et épaulé, il n’eut aucun mal à acquérir le statut de garde du corps et, toujours grâce à Ben, obtenir sa titularisation et la certification du SIA. Le soutien sans faille que lui apportait son formateur, James comptait bien le mettre à profit. Surtout pour trouver son premier contrat.  


Un contrat bien loin des strass et des paillettes. Il s’était vu attitrer, avec trois autres hommes, la protection d’une femme victime d’harcèlement criminel. Jusqu’à la condamnation du dit harceleur. Et puis, il a couvert des évènements spéciaux tels que des soirées de lancement de produits, des fashion weeks où il se retrouvait parfois à faire le portier plus qu’autre chose. Même des escortes pour des transferts d’argent. James était bien conscient que seul le temps l’aiderait à faire ses preuves, qu’il devait forcément commencer par le bas de l’échelle. Tout ce temps, il était resté en contact avec Ben. Il espérait qu’un jour,  son formateur lui donne l’impulsion, l’aide à devenir plus, à mettre un pied dans l’ombre d’une personne sous les projecteurs. Mais il n’en fût rien. À la place, alors que James allait doucement sur ses vingt-quatre ans, il se dégota seul une place auprès d’une famille fortunée où il travaillait en relai avec plus de sept autres personnes. James n’était pas chef d’équipe aussi, il n’avait jamais le droit de s’adresser directement à la famille. Mais il s’en moquait, il était rémunéré bien plus qu’avec ses autres contrats. Ben l’avait averti que lui et son agence avait refusé de travailler pour cette famille, dont la fortune serait parfois douteuse. Mais ça aussi James n’en avait que faire. Avec eux, il voyageait souvent entre Londres et Monaco. Parfois même en Allemagne. Il était même logé, c’était une première. Loin de Tower Hamlets, loin de ce bitume, loin de cet HLM, loin de cette famille et ces amis qui le tiraient vers le bas. Il l’avait dit à Leigh, il valait mieux que ça. Il l’avait prouvé.


Mais il était gourmand James. C’était mieux que tout ce qu’il n’avait jamais eu et pourtant, il en voulait plus. Toujours plus. Il venait d’avoir vingt-quatre ans lorsque son employeur annonça à l’équipe qu’il partait, lui et sa famille, pour au moins un an aux Etats-Unis. Qu’il aimerait garder la même équipe, qu’il se chargerait de faire valoir la certification SIA en Amérique, qu’ils auraient le visa nécessaire pour exercer et vivre sur le sol américain.  Certains refusèrent de quitter leur pays natal, leurs familles, leurs amis. James, lui, accepta. Il n’avait aucune attache ici. Il ne prit pas le temps de réfléchir. L’après-midi même, il appelait Ben pour lui apprendre la nouvelle ; bien avant de prévenir sa propre famille. Ben était méfiant, sur ses gardes « tu devrais pas le faire. Ce type, il peut t’emmener très haut comme te plomber. Il est pas fiable, il a eu plusieurs affaires avec des collègues… S’il te lâche là-bas, t’es tout seul. » James entendait mais n’écoutait pas. Sa décision était prise.


Le soir, il retourna à Tower Hamlets, où il n’avait pas été depuis des mois. Il retrouva sa mère, son père, ses trois frères et sa sœur. « Wow le grand James daigne enfin nous rendre visite » pesta Oliver. James le jaugea un instant « et le grand Oliver, il fait toujours cuire des hamburgers ? ». C’était bas de sa part mais il n’aimait pas lorsque l’on pratiquait le cynisme avec lui. S’il se sentait piqué, il piquait en retour. Leur mère calma rapidement les ardeurs des deux frères et le repas se déroula dans une ambiance plutôt détendue. James gardait son annonce pour la fin du repas. Il se racla un instant la gorge, comme incertain. « Je… Je m’en vais. » Tout le monde leva les yeux vers lui « t’es déjà parti » lâcha Liam. « Non, pas juste de l’appartement. Je pars de Londres. En fait, je quitte même le pays. J’ai un contrat aux US. Je vous enverrai de la thune dès que je peux, c’est promis » inconsciemment, il avait un peu bombé le torse, par fierté. « On en veut pas d’ta thune, on en a pas besoin » James ne regarda pas de suite Oliver qui, lui, continuait « t’as pas compris que c’qu’ils ont besoin c’est d’un grand frère ? De la présence d’un fils ? Et moi, d’mon p’tit frère ? » James se redressa, toujours silencieux, entreprenant de débarrasser cette table autour de laquelle il avait grandi. Grand mal lui prit car, à peine eut-il le dos tourné qu’Oliver l’attrapa par l’épaule. Il n’avait jamais été sur ses gardes en famille. « Tu m’écoutes quand j’te parle ou j’suis pas assez bien socialement parlant pour qu’tu juges bon d’me répondre ?  T’es qu’un putain d’égoïste » James jeta un regard vers sa mère, comme désolé de ce qui allait suivre. Il attrapa fermement la main de son frère et le força à reculer, le coinçant entre lui et le mur. «  T’as toujours pas compris ? J’suis pas comme toi, j’suis pas comme vous. Jamais… Jamais j’me laisserai pourrir ici comme toi. Regarde-toi putain ! Tu pues la défaite. T’es né… Vous êtes tous né dans ce putain d’HLM et on va vous y enterrer » Un silence de plomb s’était abattu sur le salon des Gray. Ils savaient bien que James avait une haute estime de lui-même, ils savaient bien qu’il n’avait jamais accepté sa condition sociale mais jamais ils n’auraient pensé à ce qu’il mette des mots sur ça. James poussa un peu plus fort Oliver contre le mur, comme si toute la hargne qu’il avait gardée en lui pendant ces années était sur le point de jaillir pour assaillir son grand frère. C’est la voix de son père qui le ramena à la réalité. Lui qui ne s’exprimait que très rarement. « Dégage » James le regarda, un peu incrédule. La plus grande qualité de son paternel, c’est qu’il ne s’exprimait jamais pour rien, qu’il ne disait seulement ce qu’il pensait. « Dégage d’ici. Va voir si l’herbe est plus verte ailleurs, reste avec ton précieux argent que t’aime tant mais qui te le rendra jamais. » liant le geste à la parole, son père venait de raccompagner James sur le pallier. L’anglais n’eut pas le droit à un dernier regard envers le reste de sa famille que la porte se ferma violemment sous son nez. James resta quelques longues secondes devant cette porte close, bien incapable de faire ou de dire quoique ce soit. Avait-il été trop loin ? Non, c’était Oliver qui l’avait poussé à bout. Aurait-il dû se taire ? Non, il n’avait dit que des vérités. Jamais il ne se laisserait dépérir ici. Il l’avait toujours dit. Alors, sans chercher à sonner, James tourna les talons. Comme pour laisser derrière lui ses problèmes, sa pauvreté, son fardeau, sa famille.  


Quelques semaines plus tard, ses pieds foulèrent le sol américain. D’abord à New York, où son employeur passait la plupart de son temps. James devait apprendre à faire équipe avec des américains pures souches. Des gros bras, certains plus payés pour agir que pour réfléchir. Ils étaient tous armés alors que lui ; il n’avait aucune licence et aucun droit de ne porter une arme à feu sur ce territoire qui n’était pas le sien. Ils étaient tous plus vieux, ils étaient tous plus expérimentés. Alors, forcément, son employeur le laissait de plus en plus sur la touche lors de gros événements ou déplacements. Il était relayé, comme condamné à être celui qui devait veiller sur les enfants. Puis, petit à petit… Plus rien. On lui proposa de lui payer seulement le billet d’avion pour rentrer en Angleterre. Retourner à Londres ? Confronter Ben ? Affronter sa famille qu’il avait lâchement abandonnée ? Admettre son échec ? Jamais. Il était bien trop fier pour ça. Il était bien trop borné pour ça. Il accepta l’argent pour financer son retour, sans pour autant rentrer. James allait rester. James allait tenter ce fameux rêve américain qui n’était pas forcément le sien, seulement parce qu’il était trop orgueilleux pour revenir en arrière. Du moins, pas aux yeux de tous. Pourtant, il ne put fuir la régression. Si le milieu de la protection rapprochée était déjà fermée en Angleterre ; ici c’était encore pire. Lui qui avait atteint le milieu de l’échelle se retrouva à nouveau au bas de celle-ci. Pire encore, James ne trouvait aucun contrat stable. Il était tantôt videur de boîte de nuit, tantôt en charge de la sécurité de quelques soirées mondaines. Le tout pour un salaire de misère ou trop fluctuant. Il pouvait toucher 400$ en une soirée mais ne rien gagner pendant trois semaines.


James avait vingt-cinq ans révolus depuis quelques mois maintenant lorsque son agence le plaça sur une soirée privée au Mandarin Oriental. Une petite sauterie, sous couvert d’une vente aux enchères à des fins caritatives où seuls les gens pleins aux as étaient conviés. Il y aurait assez d’argent amassé au même endroit pour réquisitionner la présence d’une dizaine d’agents de sécurité. C’est comme ça que l’anglais se retrouva à couvrir l’une des sorties de cette salle, au sommet d’un hôtel de luxe avec une vue imprenable sur New York. Si une menace extérieure ne pouvait pas lui échapper, James ne ratait rien de ce que faisaient les invités. À gauche, il avait vu un petit sachet de poudre blanche passer entre deux mains. À droite, il voyait le visage de dégoût de la jeune femme à chaque fois le vieil homme accroché à sa hanche tournait la tête. Au milieu, il repérait cet homme qui entamait son énième coupe de champagne et qui poserait bientôt problème. Et sous son nez, ce groupe de quarantenaire en approche. Passablement ivres, robes de luxe, chaussures plus chers que tous ses salaires, pochettes au prix de sa voiture, injections aux joues. Il les détailla furtivement avant de ne reporter son attention sur le reste de la salle. « qu’est-ce qu’il est sérieux » lâcha la première. « ça le rend encore plus… sexy » enchaîna une autre. James ne s’autorisait pas un regard, gardant ses yeux fixés sur un point invisible, serrant la mâchoire. Celle qui semblait la plus âgée des quatre prit appuie sur l’épaule de l’anglais, portant ses lèvres à son oreille. Inondant son nez d’haleine chargée en alcool « On s’ennuie ici ». James grimaça, s’efforçant toujours de ne pas croiser le regard de ces dames. « t’es payé combien pour rester ici à surveiller ce porte ? Tu dois t’ennuyer aussi » la seconde revenait à la charge. James se crispa, imperceptiblement. Il était donc vu comme un simple door keeper par ces femmes qui puaient le luxe.  «  On te donne le double pour nous suivre dans un endroit… Un peu moins surveillé pour passer la nuit avec nous »  lâcha la femme toujours accrochée à son épaule. James dressa un sourcil interrogateur avant de finalement oser tourner son visage vers elle. Il la détailla sans vergogne, analysant sa peau tirée au botox, ses lèvres pincées teintées d’un rouge à lèvres bien trop voyant pour son âge avant de plonger son regard bleuté dans les yeux aux ridules apparentes « Le double ? » la questionna-t-il. La plus jeune se mit à taper frénétiquement dans ses mains, comme une gamine surexcitée devant un nouveau jouet « Un british ! Aligne le fric Jen ! » James esquissa un sourire en coin, sans pour autant regarder qui était entrain de s’extasier sur son accent. La fameuse Jen, elle, ne lâchait pas le jeune homme, soutenait son regard en attente d’une réponse. Ce soir, James était payé 300$ et… C’était seulement sa deuxième mission du mois, sans aucune autre de prévue derrière. Jen fouilla dans son sac à main, en sortit son chéquier, dans l’expectative. Devait-il se laisser acheter par ces femmes dont l’âge était proche de celui de sa mère ? Non, il ne devrait pas. Allait-il le faire ? Oui, il allait. Parce que tout s’achetait, surtout lui. « 1000$ » finit-il par murmurer, l’air détaché. Jen griffonna sur le papier, déclarant qu’elle le laisserait mettre son nom et prénom. Elle replia le chèque et glissa sa main dans la veste de James, caressa allégrement le tissu de sa chemise avant de ne trouver la poche intérieure.


C’est comme ça que James, en charge de la sécurité de cette soirée se retrouva dans la version encore plus privée de cette fête. Pour 1000$. Ce n’était rien pour ces dames, c’était beaucoup pour lui. Alors, c’était sans rechigner qu’il les suivi dans un sous-sol aménagé en boîte de nuit pour riches. Il buvait tout ce qu’on lui tendait, il laissait ces quarantenaires être plus tactiles que de raison, il les draguait même, pour entrer dans leurs jeux. Pour leur faire en vouloir plus de lui. Et ça fonctionnait. Au petit matin, alors que chacun s’apprêtait à rentrer chez soi, Jen interpella James, l’attrapant par la main. Son regard était presque vicieux, elle le déshabillait des yeux. James s’approcha d’elle, réduisant considérablement l’espace qui séparait leurs visages, s’arrêtant à seulement quelques millimètres de ses lèvres  « La nuit est finie ». Après tout, elle l’avait elle-même dit, ce chèque n’était valable que pour passer la nuit et voilà que le soleil pointait le bout de son nez. « T’es dur en affaire » lâcha Jen, tout en sortant un petit billet de son sac. James lui sourit, saisit le billet et déposa un baiser sur ses lèvres. « On peut y aller maintenant ».


L’anglais passa de nombreuses soirées en compagnie de ce groupe de femmes se faisant toujours payer pour ses services. Il passait de femme en femme, elles lui payaient les tenues qu’il devait porter, se pliait à leurs exigences qui différaient. Elles l’appelaient leur british toy boy et lui, il en jouait. Il vivait enfin dans ce monde qui l’attirait tant. Il n’avait aucun scrupule à donner son corps contre de l’argent. Au cours de ces soirées, il rencontrait d’autres personnes. Ces autres personnes qui n’hésitaient pas à faire appel à lui. Alors, séduit par l’appât du gain et de l’univers, James abandonna son statut de garde du corps pour devenir un véritable escort boy. Il voyageait énormément en Amérique, là où ses clients le lui demandaient. James ne s’imposait plus aucune limite. Il devenait ce qu’on voulait, ce qu’on attendait de lui. Le gendre idéal d’un soir pour une jeune fille fortunée qui subissait la pression de sa famille, l’éphèbe d’un homme qui pourrait être son père ou même son grand-père, un sadique pour une cinquantenaire un peu trop excitée par son nom de famille, un soumis pour un dominant anonyme. Il pouvait même jouer l’amoureux transit durant des jours, des semaines si on le lui demandait. Il honorait chacune des attentes qu’on lui demandait dès lors que l’argent était entre ses mains. Homme, femme, jeune ou âgée ; son champ d’action était sans frontière. James devenait le fantasme de chaque personne capable d’en payer le prix.  Son regard avide qui réclamait le contact. De corps en corps, sans visage, sans genre. Il s’en fichait. Il vivait dans la luxure mais surtout, dans le luxe. Loin de son quartier londonien où il était obligé de voler des bières tièdes à l’épicerie. Il était là où il avait toujours voulu être.


En octobre 2015, un mois avant ses vingt-sept ans ; un de ses clients réguliers fît appel à lui. Cet homme connu aux Etats-Unis  voulait fêter ses soixante ans sur un yacht au large de Seattle. Avec une trentaine de personnes à bord. Des amis, de la famille, des prostituées, des escort de luxe, des gens pour s’occuper de la sécurité, de l’alcool, de la drogue et de l’argent. La seule condition était que les téléphones seraient interdits à bord. Cette fête devait durer une semaine. James ne se fît donc pas prier, il savait que son client le paierait bien plus que de raison. Il savait aussi qu’il passerait du bon temps sur ce yacht, bien qu’il ne comprenait pas pourquoi le faire à Seattle.


c'est juste en dessous  :smile17:


Les habitudes de James différaient selon le groupe avec lequel il se trouvait. Il s'adaptait et devenait, comme toujours, ce qu'on attendait de lui pour gagner la confiance des gens. Les rares fois où il se retrouvait seul, il occupait son temps à repérer des lieux, pister un potentiel nouveau groupe, une éventuelle victime ou simplement quelqu'un avec qui passer du bon temps.

Depuis peu, il a rejoint un nouveau groupe mais cette fois-ci pour de bon puisqu'il tient à sa vie. Il n'a pas encore trouvé sa juste place parmi ces fous alors il tâtonne. Il continue aussi de s'entraîner, pour garder la forme.


time to met the devil

• Pseudo (sur internet) : msully
• Âge irl : 27 ans
• Présence : souvent pendant le chômage partiel, moins pendant le travail What a Face
• Personnage : Inventé [x] / scénario/prédef [ ]
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Re: Tout s’achète: l’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi.

Mar 22 Déc 2020 - 22:01

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Octobre 2015, au large de Seattle

10/10 – Les pieds de James tapent frénétiquement le sol de la Marina. Il a toujours été très ponctuel, contrairement à ses clients. Alors il attend quelques longues minutes qu’ils arrivent. Il s’est habillé comme le lui a demandé son commanditaire. Un simple costume noir taillé sur mesure avec une chemise blanche. Dans sa valise, tous les autres vêtements qu’a exigé son client. Après tout, c’est pour sa semaine d’anniversaire et James a reçu un gros chèque pour se plier à ses exigences. Au loin, l’anglais aperçoit son riche client arriver, flanqué de quatre gardes du corps. James hausse un sourcil. D’habitude, il n’y a qu’un garde. Mais il ne s’attarde pas sur ce détail, il va enfin pouvoir monter sur le yacht se réchauffer un peu. Les autres invités arrivent au compte-gouttes. Ce soir, ils doivent tous prendre le large, pour sept jours.

L’anglais a à peine foulé la passerelle qu’un autre agent de sécurité l’attend en haut. Il lui ordonne de poser son téléphone portable dans ce sac, qui sera ensuite caché dans un coffre fort. James s’exécute, comprenant parfaitement qu’il ne faudrait pas que des photos compromettantes soient prises ou pire encore, que des paparazzis soient au courant de la localisation du bateau. Il espère seulement que parmi les invités, il n’y aura pas ces idiots qui croient en l’existence de cette soi-disant nouvelle drogue qui rendrait les gens hargneux. Parce que même s’il n’est plus officiellement en charge de la sécurité, il n’a pas envie d’avoir à gérer des débordements.


13/10 – Du moins, c’est la date qu’affiche le calendrier du yacht. James lui, a perdu la notion du temps en pourtant si peu de jours. Son sang n’est plus qu’alcool, son esprit embué par des produits plus illicites. Ils sont au beau milieu de l’océan mais au dessus d’eux, il voit bien les allées et venues des hélicoptères militaires. Il ne se pose pas de questions, il n’est pas en mesure de s’en poser.


16/10 –    Les radios des gardes du corps et des agents de sécurité ne cessent de grésiller. Des messages prompts, précis. La mine de ces hommes est grave, sévère. Là encore, James devrait s’en inquiéter. Il sait que dans ce métier, il ne faut jamais laisser transparaître quoique ce soit. Il sait que la discrétion est de mise, qu’il ne faut en aucun cas alerter les protégés. Oui, il devrait s’en inquiéter mais il ne le fait pas. Lui, il est là. Il a l’impression qu’il plane à trente mètres au dessus du sol. Il tient cette bouteille à moitié vide, un sachet de cocaïne entre-ouvert sur la table à côté de lui. Demain, tout ira mieux. Demain, il retrouvera la terre ferme.


18/10 – On lui explique, à lui et aux autres invités, qu’il y a un léger changement de programme. Qu’ils vont devoir rester un peu plus longtemps que prévu sur ce yacht, qu’il ne faut pas s’inquiéter ; qu’au contraire, ils peuvent se détendre et profiter un peu plus. Ça chemine doucement dans le cerveau de James. Il commence à s’inquiéter lui, mais il ne le montre pas. Il cesse juste de boire plus que de raison, il cesse de sniffer cette poudre blanche. Si quelque chose cloche, il doit être alerte.


26/10 – Ils sont toujours sur ce yacht qui n’avance plus, faute de carburant. Ils croisent de plus en plus de bateaux mais la plupart des personnes présentes sur le navire sont trop stones pour s’en rendre compte. James se rapproche de la sûreté, demanda des explications.  Il n’a le droit qu’à une bribe de réponses un peu bancales. On lui dit que des émeutes ont éclatées en ville alors, pour des raisons de sécurité, il vaut mieux rester au milieu de nulle part, à l’abri de ces casseurs. Peu convaincu, l’anglais acquiesce tout de même.



Novembre 2015, toujours au large de Seattle

La fête qui ne devait durer qu’une semaine s’est un peu trop éternisée. En réalité, l’heure n’est plus à la célébration. L’ambiance s’est clairement détériorée sur ce yacht de luxe qui paraît bien trop petit maintenant. Ils sont une trentaine de civils et une dizaine d’hommes en charge de la sécurité. Cette dizaine a totalement pris le contrôle du navire, laissant les civils dans l’ignorance. Ils ont instauré une sorte de loi martiale et plus personne n’ose piper mot. Ils rationnent la nourriture depuis plusieurs jours, ils privent les accros d’alcool et de drogues. Alors forcément, les esprits commencent à s’échauffer. Il y a quelques tentatives de rébellion vite avortées sous des coups de poings ou des coups de feu. Les invités, devenus captifs, négocient pour récupérer leurs téléphones. C’est inutile, il n’y a plus de batterie, plus de réseau.

James se terre dans un silence. Il essaie de trouver sa juste place entre captifs et geôliers. Il oscille, incertain. Partagé entre l’envie de vouloir regagner la terre ferme et l’idée que ce n’est finalement pas une prise d’otage, que les choses doivent être bien plus sérieuses. Les jours passent mais rien ne change. Ils errent tous sur le bateau, ils tournent en rond. Certains vivent très mal leurs sevrages forcés et de nombreuses rixes éclatent.

Un soir, alors que la majorité dort à poing fermés, James entend un cri. Il s’extirpe de sa couchette pour rejoindre le pont. Il voit cette jeune femme, tremblante ; entourée de deux hommes armés. Au sol, le corps de l’hôte, inerte. « C’est quoi ce bordel ? » questionne James en avançant. L’un des deux hommes emmène la jeune femme plus loin alors que le deuxième pose son regard sur l’anglais. « Va me chercher un grand drap » lui ordonne-t-il. James s’exécute mais exige tout de même des explications. Alors, il est là, entrain d’aider ce type à embaumer ce cadavre. L’homme lui explique que le sevrage forcé rend fou les gens, qu’elle voulait juste sniffer un peu, que l’hôte a refusé, qu’elle lui a planté un taisons de bouteille dans la jugulaire.

Des bruits de pas commencent à se faire entendre,  les habitants du yacht se réveillent, interloqués.  James ne sourcille pas, au contraire. Il suggère de cacher rapidement le corps avant que le bruit n’attire trop les autres. Que demain, à la première heure, ils le jetteront par-dessus bord. Un cadavre en pleine mer mettrait plusieurs jours, plusieurs semaines à réapparaître. Avec l’aide de l’homme, l’anglais explique aux autres qu’ils peuvent retourner se coucher, que la jeune femme a seulement fait une crise de somnambulisme et s’est réveillée paniquée en dehors de sa cabine. Rien de bien méchant. Tout le monde retourne se coucher, James aussi. Il s’endort rapidement, comme si de rien n’était. À l’aube, le gars vient le réveiller. L’anglais se lève, sans réfléchir. Il sait ce qu’il a à faire. Il se dirige vers le pont, enlève les sacs sous lequel est caché le corps. Le drap a l’air vivant, comme si le cadavre se tortillait. James jette un coup d’œil furtif vers son complice forcé. « Il est pas mort ? » Il s’interroge plus qu’autre chose alors que ses mains viennent tirer sur le drap. Le soixantenaire continue de bouger alors que du sang coule encore de sa gorge. Ses yeux sont laiteux. Mais James n’a pas le temps de faire quoique ce soit pour lui venir en aide que l’autre homme le pousse loin de ce cadavre. « On fait comme on a dit. Je t’expliquerai ». Il y a tout un tas de questions qui se bousculent dans sa tête, il est même prêt à parier que son visage se déforme tant il cherche à comprendre. Et pourtant, à nouveau, il s’exécute. Il balance le corps qui n’est plus si mort que ça par-dessus bord. L’homme donne une tape amicale sur l’épaule de James. Lui, il reprend un air sérieux. « Tu peux m’expliquer ? Tout de suite ? » Sa voix trahit allégrement son énervement. Il déteste ne pas comprendre. L’homme lui promet qu’il lui expliquera tout. Il donne rendez-vous à James dans une heure, dans la salle de commandement.

Impatient, l’anglais s’y rend de suite. Il attend, attend, attend et attend encore. Une heure plus tard, les dix hommes de la sécurité débarquent. Ils affichent tous un air sérieux, un air qui ne donne pas envie de les embêter. Pourtant, James est dans l’expectative. Il veut savoir. Le plus vieux, le chef s’avance vers lui et finit par prendre la parole. « Si on vous garde là, c’est pas par plaisir. Il se passe un truc grave. Très grave. On connait pas encore l’ampleur de la chose mais on veut juste vous… Nous protéger tous »  James ne comprend toujours pas, il s’apprête à parler lorsque le chef tend une main vers lui, pour le faire taire. L’anglais s’enfonce un peu plus dans son siège. S’il a envie d’hurler pour avoir des explications, il est assez réfléchi pour savoir que ce n’est pas la meilleure chose à faire. Alors il se tait et attend, encore.  « Ce que tu as vu ce matin… ça serait généralisé à Seattle. Les morts ne seraient pas… Vraiment morts. Ils se réveillent, ils ne sont plus vraiment eux-mêmes. Ils veulent juste bouffer tout ce qui bouge. » James le fixe, incrédule. Il n’a pas envie d’y croire, il a envie de penser que c’est une mauvaise blague. Pourtant, les hommes qui lui font face n’ont pas l’air de rire. Il repense au regard vitreux de feu son client. « On ne peut prendre aucun risque. On ne veut pas que la panique gagne ce putain de bateau. Tant qu’on garde ça pour nous, on évite la panique. Parce qu’il n’y a pas pire que la panique, ça se répand comme une traînée de poudre et après… On ne peut plus rien tenir. » L’homme se penche vers James, sa main se resserre autour de son flingue « Alors un mot de ta part et tu finis comme le vieil homme ». Le jeune homme lève les sourcils, il ne se sent pas menacé. « Je dirais rien. Mais je veux vous aider. Je veux plus être le captif. Vous allez avoir besoin de soutien. La bouffe tiendra pas éternellement, on est presque déjà à court » Les dix hommes se regardent, sans dire un mot. Le chef brise ce court silence. « On verra ça »

Pour James, c’était tout vu. Il refuserait de rester encore une fois sur la touche.



Décembre 2015, Seattle

Voilà maintenant trois semaines que James est dans la confidence. Pourtant, les choses n’ont pas changé pour lui. Les hommes de la sécurité lui laisse simplement plus de liberté que les autres mais ne lui donne aucune responsabilité. Une nuit, alors qu’il les épie en toute discrétion ; ils les voient mettre à flot l’un des canots. Il se rapproche du petit groupe, se racle la gorge pour se manifester. « Je sais pas ce que vous comptez faire mais j’veux en être » Sa voix est assurée, juste ce qu’il faut pour montrer qu’il est sérieux. L’homme qu’il avait aidé à dissimuler le corps chuchote quelque chose au chef. Celui-ci scrute James et lui tend une arme à feu « Tu sais t’en servir ? » James attrape l’arme. « J’apprend vite » le chef secoue la tête, un maigre sourire aux lèvres. « Vous quatre, vous restez ici, vous maintenez l’ordre » il se retourne vers l’anglais « Si ça tourne mal, tu restes sur place. Tu peux aussi te servir de ça » il lui tend une arme blanche ; son couteau militaire. James hoche la tête, témoignant ainsi qu’il a bien compris ce qu’on lui demandait.

Ils sont sept sur ce canot, ils mettent plusieurs heures à rejoindre le continent. Les six autres donnent l’impression de connaître les gestes à suivre par cœur, ils ont du faire ça des dizaines de fois et James n’y a vu que du feu. Lui, il se sent à la fois excité et nerveux. Ça fait des semaines qu’il n’a pas mis un pied sur la terre ferme et, malgré tout ce qu’on lui a raconté, il a hâte. Il appréhende mais il est impatient. Il se sent prêt. Mais grand mal lui prend de songer, ne serait-ce qu’une seule seconde, qu’il est préparé à ce qui l’attend. L’air de Seattle est extrêmement froid mais là n’est pas le plus gênant. Le plus angoissant, c’est l’obscurité d’où émanent des bruits inconnus, anonymes. James trésaille mais le chef le pousse en avant « t’as voulu venir, maintenant tu assumes ». Alors il avance, au milieu de ces gars bien plus à même de se défendre que lui. Lui, il sursaute à chaque bruit étranger, il se crispe devant chaque vitrine fracturée, il sent la sueur perler sur son front devant chaque carcasse de voiture brûlée. Il serre son couteau, il ne lâche pas ce flingue. Il se concentre pour ne pas céder à la panique, il essaie de se souvenir tout ce qu’il a appris pendant ses formations. Être sur ses gardes, être prêt à agir, être logique et surtout prêt à se défendre dès qu’il le faut. Seulement voilà, il ne connait pas son ennemi. Il n’a jamais vu autre chose que des êtres bien vivants. C’est simple pour lui d’anticiper une réaction humaine, c’est impossible pour lui de devancer quelque chose qui n’existait pas avant. Il doit faire le vide dans sa tête, reprendre le contrôle sur ses appréhensions. Et juste quand il pense avoir réussi à se maîtriser, il entend un bruit. Quelque chose qu’il n’a jamais entendu auparavant. Il tourne la tête vers l’origine de ce râle. Et c’est là qu’il le voit. Son premier mort-vivant. Qui avance difficilement vers lui, ses chevilles complètement tordues. James se fige, il sent un poids descendre dans son estomac et dans sa poitrine, son cœur dérape, loupe probablement un battement. Tous ses muscles se crispent au moment où il sent une main dans son dos le pousser vers cette ignominie « Et oublie pas de viser la tête » . Il comprend vite que c’est le chef qui le bouscule, qu’il doit faire ses preuves. Dans la panique, il entend en boucle, comme un vieux disque rayé, la voix de l’homme « oublie pas de viser la tête. Oublie pas de viser la tête ». Alors il s’élance, incertain de la mesure à suivre. Il essaie de planter son couteau dans la tête de cette charogne mais bien entendu, le crâne résiste. La bête claque des dents, aussi vite que le cœur de James bat la cadence dans ses tempes. « Les yeux » lui indique l’un des hommes. Il repousse tant bien que mal la bête avide de sa chaire. Son couteau s’enfonce dans l’orbite gauche du monstre qui s’étale dans un bruit sourd. L’anglais ne tarde pas à suivre, tant ses jambes ne peuvent plus le porter. Le chef se rapproche et… Coupe une mèche de cheveux au zombie avant de la tendre à James « pour ton premier » déclare-t-il tout sourire. Abasourdi, l’anglais saisi ce qu’on lui tend, sans trop comprendre. Il sent qu’on le tire par le col de son manteau et il se retrouve à nouveau debout, sur ses deux pieds. Ils reprennent la marche alors que lui, il se sent ailleurs. Son complice se rapproche et lui murmure que ça ira, qu’il s’y habituera.

Cette nuit là, James croisera bien plus de rôdeurs que de vivants. Ils trouveront quelques ressources et regagneront le yacht. Epuisé, comme si tout ce qui venait de se passer n’était qu’un mirage, James s’endormira pour plusieurs heures après avoir rangé la mèche de cheveux dans sa valise.  



Février 2016, le yacht

James est maintenant pleinement intégré à la sécurité du navire. Il fait parti de l’équipe, il participe aux missions ravitaillement et donne même son avis, fort de décisions. Comme les autres, il continue d’arracher quelque chose à chaque zombie tué. Un petit tableau de chasse personnel.

D’un commun accord, ils ont informé les civils de ce qui se passait dehors. Comme prévu, beaucoup ont crié au scandale, réclamant une preuve de cette mascarade. Le chef, qui n’est pas là pour jouer au garde-fou s’exécute. Il part dans la nuit avec deux autres types. À l’aube, il réclame que tout le monde se présente sur le pont. Ignorant tout de cela, James s’y présente aussi et constate que le chef n’a pas fait les choses à moitié. Attaché solidement autour d’une corde, les mains coupées et la mâchoire fracturée se tient là un rôdeur. Le chef lui plante un couteau en pleine tête « Voilà ce qui se passe et voilà comment on fait. D’autres questions ? »

Depuis, plus personne ne tente de mutinerie. Les esprits continuent de s’échauffer mais pour d’autres raisons. Parce qu’un tel a eu une plus grosse portion, parce qu’un  a emprunté le pull d’un autre. Rien d’ingérable. Même la petite épidémie de grippe ne trouble pas les rangs. Chacun a le droit à sa petite poussée de fièvre mais rien ne dégénère. Jusqu’au jour où c’est le chef qui se retrouve fiévreux. Il leur dit que ça ira, que ça passera avec du paracétamol. Et eux, ils le croient. C’est lui qui tient tout ce petit monde, c’est lui qui observe chaque parcelle des gens qui reviennent de mission pour vérifier qu’ils ne dissimulent ni morsure, ni griffures. Mais lui, personne ne l’ausculte parce que tout le monde lui fait confiance. Tout le monde sauf James, qui lui, n’accorde sa confiance à personne. Seulement voilà, il ne peut pas s’imposer face à tous. Et pourtant, ce matin là, il s’en mord les doigts. Il entend des cris, des coups de feu, des grognements. Il débarque en courant dans le long couloir où se trouvent toutes les cabines. Le chef n’est plus lui-même. Ses mouvements sont saccadés, ses pas incertains. Son regard vide, voilé. Sa mâchoire claque, ses dents s’enfoncent dans toute la chaire qui s’offre à lui. Il est transformé. Dans son sillage, il a dévoré trois personnes. Il en a mordu quatre autres et griffé deux. Ce yacht devient une scène de théâtre morbide, la panique gagne les rangs. James dégaine au plus vite son revolver et tire. Il loupe le chef devenu rôdeur, sa balle se perd pour se loger dans le crâne d’une femme qui tentait de fuir. Il ne se laisse pas déconcentrer. Il inspire puis expire et cette fois-ci, il ne le rate pas. Le chef s’écroule. Les autres continuent d’hurler. James lui, ne les entend plus. Il fonce dans sa cabine, rassemble toutes ses affaires dans un sac à dos. Il rejoint son équipe au niveau des réserves. Ils sont déjà entrain de mettre toutes les ressources dans des grands sacs. Ils en sont tous venus à la même conclusion silencieuse : ils ne peuvent plus rester sur ce bateau. James les interpelle « il y a combien de places dans les canots ? »  La réponse tombe. Quinze maximums. À bord, il reste dix huit personnes vivantes, non mordues, non griffées. Ils doivent en sacrifier trois.

Mais personne n’ose parler. James se masse un instant les tempes, il se creuse la tête. Quelques longues secondes plus tard, il se décide à prendre la parole « Stanley, trop vieux. Lauryn, trop peureuse. Josh, trop lourd » ils le scrutent tous, à la fois étonnés et presque effrayés par son détachement « Ils seront des poids. On leur laisse un peu de bouffe, on fait le ménage entre les contaminés. Ça leur laissera une chance » son complice se redresse « de choisir leur mort ? Autant les achever direct tant que t’y es » James hoche la tête. Ils n’ont pas d’autres choix. Si sacrifice il doit y avoir, ce ne sera pas lui qui laissera sa place. Les autres acceptent, à contre cœur. Ils embarquent les survivants et, silencieusement, enferment les trois malchanceux, se débarrassent des autres. Sur le canot, les survivants s’interrogent sur l’absence de Stanley, Lauryn et Josh. James affirme, sans broncher, qu’ils se sont fait griffer, qu’il est trop tard pour eux.    



Décembre 2016, Tacoma

Cela fait dix mois qu’ils ont quitté le yacht, dix mois qu’ils ont retrouvé la terre ferme. Ils ne sont plus quinze mais dix. Trois d’entre eux sont morts, deux ont décidé de partir tenter leur chance en duo. Ils errent de villes en campagnes. De maisons délabrées à camps de fortune. Ils savent tous plus ou moins se défendre contre les rôdeurs, un peu moins contre les vivants. James et les cinq de la sécurité restants ne font plus de différence entre zombies et les humains menaçants. Ils défendent leur groupe comme ils le peuvent mais sont très souvent mis à mal par plus forts qu’eux, plus nombreux ou mieux armés. James a l’impression de faire du sur place, il a l’impression que la seule ambition de ce groupe est de se terrer, de se faire tout petit. Ils souhaitent rester correctes, ils ne veulent rien voler, seulement trouver. Ils refusent d’admettre que maintenant, c’est la loi du plus fort. L’anglais a cette désagréable sensation, comme avant l’invasion, d’être à nouveau tiré vers le bas. Il est intimement persuadé qu’un jour, ils se feront avoir. Ils se feront tous massacrés à cause de ce laxisme. Mais lui, il ne veut pas mourir. Il veut vivre, il veut prendre tout ce que ce monde en pleine désolation peut lui offrir. Il y a réfléchi pendant des semaines. Ce soir sera le bon. Il prend son tour de garde, comme chaque nuit. Il reste devant la petite maisonnette qu’ils venaient d’investir, comme chaque nuit. Jusqu’à ce que les autres ne s’endorment. C’est à ce moment là qu’il lâche son poste. Il entre à l’intérieur, il marche à pas de loup. Il attrape le plus grand sac à dos. Il le rempli au maximum des bouteilles d’eau, de boite de conserve. Il dérobe deux couteaux et un flingue supplémentaire. Il attrapa les clés d’une des voitures. Il referme la porte le plus discrètement possible. Il sait qu’à l’instant où il mettra le contact, il n’aura qu’une, deux minutes tout au plus pour s’éloigner le plus rapidement possible.

Il le fait. Il démarre la voiture, il appuie sur la pédale d’accélération. Il s’éloigne sans un regard en arrière. Il est seul mais se sent tellement plus léger. Il est libre.



Année 2017, entre Olympia et Tacoma

James ne reste jamais bien longtemps au même endroit. Il oscille, vogue de groupe en groupe ; cherchant toujours plus forts. Ou du moins, des gens à la hauteur de ses ambitions, comme il aime se le dire. Il opère toujours de la même façon. Il repère un groupe, il gagne leur confiance, donne de sa personne. Il met du cœur à l’ouvrage, s’investit, parfois même sentimentalement auprès d’une personne ; histoire d’être un peu plus intégré. Et puis, quand ce groupe ne l’élève plus assez haut, quand plus rien n’est à la hauteur de ses espérances ;  il s’en va. Comme avec son groupe de départ. Il remplit son sac, vole quelques armes et tourne les talons, sans un mot. C’est devenu son quotidien. Il prend juste soin de changer de bourgade, pour ne pas recroiser les mêmes personnes.



Mars 2018, Medina

L’anglais a intégré un groupe depuis deux mois qui réside dans la mairie de la ville. C’est un petit groupe qui a pour ambition de s’agrandir, qui veut sécuriser les rues de la ville et recruter un maximum de personnes. Le leader, du haut de ses cinquante-cinq ans,  a visiblement la folie des grandeurs, rien de tout ça ne lui paraît réalisable. Pas maintenant, pas ici. Il accorde sa confiance à n’importe qui, James en est la preuve parfaite. L’escort boy s’est même entiché de la fille du chef, Eleanor, avec la totale bénédiction de son paternel. Ça l’aide, une fois encore, à être en parfaite harmonie avec le reste du groupe. Ils ne sont qu’une petite quinzaine pour l’instant et si James s’y sent bien, il sait qu’il va devoir partir rapidement. Car ce groupe est en pleine expansion, il ne veut pas prendre le risque de se trouver coincé ici. Alors, comme à son habitude, il se fixe une date limite. Il choisit un jour précis, une nuit précise. Il compte partir à l’abri des regards, comme toujours. Il pend sa garde, comme d’habitude. Il remplit un sac, comme toujours. Mais quelque chose, quelqu’un vient perturber ses plans.

Il est là, devant la grande porte lorsque la voix d’Eleanor l’interpelle. Il fait volte face «tu fous quoi là ? » James dégluti. « C’est vraiment pas ce que tu crois, j’te jure » elle braque un flingue sur lui. L’anglais se crispe légèrement. « Laisse-moi t’expliquer » il s’approche d’elle, les mains levées « elle a intérêt d’être bonne ton explication putain » elle a les larmes qui monte. Elle est déçue, triste. Il peut l’utiliser à son avantage. « T’as entendu comme moi non ? Il y a de plus en plus de pilleurs dans le coin, ils attaquent de plus en plus. Je voulais juste préparer des sacs, au cas où il faudrait partir précipitamment. » Il fait un nouveau pas vers elle, alors qu’il baisse lentement ses mains « tu me fais confiance non ? » Encore un pas «tu crois vraiment que j’oserai te trahir ? Toi ? » Elle baisse son arme et lui, il n’est plus qu’à quelques longs centimètres d’elle. Il fait un ultime pas, encadre le visage de la brune entre ses mains et, avec son pouce, balaie la larme qui coule « Je t’aime. Tu le sais ça ? » Il la serre dans ses bras, elle lui rend son étreinte.  Eleanor obtempère, range son arme dans le holster à sa taille. James continue de la serrer, seulement d’un bras. Son deuxième s’abaisse imperceptiblement, sa main tâtonne l’arrière de son propre jean. Ses doigts se referment sur le couteau militaire. Il dépose un baiser sur les lèvres de son amante qui, elle, a totalement baissé sa garde. Lentement, il remonte son arme blanche. Il s’éloigne légèrement du visage d’Eleanor et, d’un geste vif enfonce le couteau sous la mâchoire de la jeune femme, appuyant jusqu’à ce que la lame ne disparaisse complètement dans la bouche d’Eleanor. Ses yeux sont grands ouverts, James la fixe, continue de la serrer pour ne pas qu’elle tombe au sol. Silencieusement, il porte le cadavre à la voiture. Il entre à nouveau dans la marie et griffonne sur un papier « On revient dans deux jours. El & James ».  Il regagne la voiture, roule sur plusieurs kilomètres, pendant des heures. Une fois qu’il juge être assez éloigné de Medina, il s’arrête, dépose le corps inerte au sol, coupe une mèche de cheveux brune « [color=#ff6600]Je suis désolé, tu m’as pas laissé le choix… » Il remonte dans le véhicule, sans plus de cérémonie. James se sent troublé. Il se questionne sur ce fameux choix. Mais en avait-il seulement un autre ? C’était nécessaire, Eleanor était juste au mauvais endroit, au mauvais moment. Ce trouble lui passera, ça lui passait toujours.



Année 2019, aux alentours de Seattle

James se rapproche de plus en plus de Seattle. Il avance lentement, s’arrêtant dans chaque campagne, dans chaque petite ville où il trouve un groupe. Durant toute cette année, l’anglais n’a pas changé son mode opératoire. Il passe toujours de groupe en groupe, s’y fait toujours bien voir. Il repense souvent à cette fameuse nuit à Medina, il repense à ce trouble qu’il a ressenti. Il a, des mois durant, reproché ça à l’attachement qu’il a pu ressentir pour Eleanor. Jusqu’au jour où il recommence. Jusqu’au jour où il se rend compte que ce trouble est tout autre. C’est un trouble lié à l’adrénaline, à l’excitation. Cette sensation de puissance qu’il ressent lorsque son couteau s’enfonce dans la chaire d’un être innocent,  inoffensif pour certains. Il lui a fallu du temps pour admettre que cette part de folie était en lui. Au début, il se trouvait des prétextes inconscients, cherchant inconsciemment à avoir un témoin pour assouvir cette faim qui couve en lui. James n’a plus aucun scrupule. En fait, il fait même durer le plaisir parfois en ôtant la vie de celui ou celle qui ne lui revient pas.

Comme cette nuit de juillet où il a sciemment appelé un type pour qu’il ne vienne à lui. James était prêt à partir, il avait déjà chargé sa voiture mais son instinct l’a poussé à réveiller ce gars qui lui tapait sur le système. Il lui a dit de venir voir, que quelque chose clochait dehors. Il a attendu que l’homme ne soit de dos pour lui planter une lame dans la nuque. Il a refait le même schéma qu’avec Eleanor. Il a mis le corps dans la voiture, il a roulé sur des kilomètres et l’a abandonné là. L’homme étant chauve, James lui arrache un bouton de sa chemise, en souriant. Fier de lui. Il a trouvé son nouvel exutoire.



Eté 2020, Seattle

Il a évité soigneusement les grandes villes pendant longtemps. Il est bien conscient qu’ici, les groupes sont nombreux et trouvent des ententes entre eux. Ça réduit considérablement ses actions mais James n’a plus vraiment de choix. Il a épuisé tout son stock de petites villes, de petits villages et de petits groupes durant ces cinq années. Il souhaite juste se poser un peu, reprendre des forces pour, pourquoi pas, changer d’état.

Seattle a bien changé depuis 2015, l’anglais ne reconnaît plus certaines parties de la ville, en découvre d’autres. Comme cette piscine transformée en zone de combat et en bar ; comme cet entrepôt transformé en un immense marché. Ici, la vie semble doucement reprendre ses droits ; des droits chancelants mais tout de même. James se questionne. Peut-être qu’il pourrait rester dans cette ville plus longtemps que prévu.



Automne 2020, Seattle

James a changé son fusil d’épaule. Il a rejoint un énième petit groupe mais ne compte pas déserter de suite. Parce qu’ici, tout le monde semble se connaître. Il ne peut pas prendre des risques inconsidérés en volant ou tuant n’importe qui, n’importe comment. Alors, l’anglais s’ancre dans cette bande à laquelle il n’est pas attaché. Il attend, sans vraiment savoir quoi. Le bon moment peut-être ?

Ce bon moment. Ce jour où James est entrain de faire une ronde et qu’il repère une femme, pas plus âgée que lui. Si elle est invisible aux yeux des autres, lui l’a bien remarquée. Il n’est pas dupe, elle n’est pas là pour faire une simple promenade de santé. Il la laisse sciemment analyser les lieux mais il ne la laissera pas repartir sans lui avoir parlé. Il l’interpelle, lui propose son aide pour piller son propre groupe en échange de ne pas le tuer. James négocie comme il a toujours su le faire, l’inconnue accepte. Il ne sait pas si elle tiendra parole mais lui, il tiendra la sienne.



Décembre 2020, Seattle

Il se fait approcher par cette inconnue qu’il a aidé, elle lui propose de rejoindre son groupe mais le prévient que c’est un aller simple. James accepte et intègre donc The Devil's Rejects

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Re: Tout s’achète: l’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi.

Mar 22 Déc 2020 - 22:01

Spoiler:

Enfin, le voilàààà ! Tout s’achète: l’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi. 953076943 Re-bienvenue, M. Gray !  :125:  Tout s’achète: l’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi. 3537465503  :111:

Sympa, ce titre Tout s’achète: l’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi. 279361377 *sort son chéquier*
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Re: Tout s’achète: l’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi.

Mar 22 Déc 2020 - 22:07

Spoiler:


Heelloo monsieur Tout s’achète: l’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi. 4081257363
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Re: Tout s’achète: l’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi.

Mar 22 Déc 2020 - 22:09

Rebienvenue Tout s’achète: l’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi. 1342238320



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Re: Tout s’achète: l’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi.

Mar 22 Déc 2020 - 22:19

Owyyyyy :smile25:

rebienvenue a toi!!!!

(la maison fait crédit? C'est pas pour moi c'est pour un ami)
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Re: Tout s’achète: l’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi.

Mer 23 Déc 2020 - 8:50

Re bienvenue par ici James !!! cheers I love you cheers
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Re: Tout s’achète: l’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi.

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